Le projet Aadhaar, porté par le gouvernement indien, a déjà numérisé les empreintes digitales, les iris et le visage de plus d’un milliard d’habitants. Objectif annoncé : intégrer l’ensemble des Indiens dans les registres de l’administration, ce qui faciliterait la redistribution d’aides sociales. (…) Dans le même temps, les acteurs de ce secteur en pleine expansion, comme l’entreprise française Safran qui a raflé le marché indien, exportent leurs systèmes de fichage biométrique sur tous les continents. (…)
Le projet Aadhaar (« la base »), attribue ainsi aux résidents de l’Inde un numéro d’identité unique à douze chiffres. Avant d’en recevoir un, chacun doit se plier au jeu de l’identification en fournissant trois données biométriques : les dix empreintes digitales de la main, les deux iris et le portrait. (…)
Les 140 millions d’utilisateurs de gaz subventionné, très utilisé en bonbonnes pour la cuisine dans les endroits non reliés à un réseau, doivent obligatoirement fournir leur numéro Aadhaar depuis le 30 novembre 2016. (…) Plusieurs universités exigent également le précieux sésame biométrique pour pouvoir s’inscrire, bénéficier d’une bourse, ou obtenir son diplôme. La compagnie des chemins de fer compte également demander l’inscription à Aadhaar en cas d’achats de billets à tarif réduit.(…)
Le gouvernement a annoncé à l’automne sa décision de conserver sept ans les informations de toutes les transactions ainsi effectuées via le numéro d’identification.
Un fichage qui se répand par ailleurs dans le monde entier et vise en premier lieu les populations les plus pauvres :
Les réfugiés de guerre n’échappent pas non plus à l’enregistrement biométrique. IrisGuard, une entreprise jordanienne, a mis en place un système de scanning de l’iris dans un supermarché du camp d’Azraq, qui accueille 30 000 réfugiés syriens dans le désert jordanien. Une fois l’oeil reconnu, le système déduit le montant des courses de l’allocation mensuelle accordée aux réfugiés par le Programme alimentaire mondial.
85% de réfugiés syriens qui vivent dans les villes jordanienne utilisent ainsi la reconnaissance oculaire pour retirer leur allocation. Décrié il y a encore quelques années, le fichage biométrique massif et l’amalgame entre citoyenneté – la carte d’identité – et données bancaires ou commerciales, est désormais un marché lucratif.
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