Pour une campagne de refus des puces électroniques, dans l’élevage et ailleurs
Prises de position sur le refus de pucer les animaux
- Antoine Brégeon
- Martine Chaplot
- Christine Foissac
- Laurent LARMET
- Nathalie FERNANDEZ
- Léon et Jeanne NAMPEPUSSE
Déclaration collective d’éleveurs qui refusent le marquage électronique des animaux
Pour une campagne de refus des puces électroniques, dans l’élevage et ailleurs
Ces jours-ci, plusieurs éleveurs du Sud-Ouest de l’État français déclarent
publiquement leur refus d’installer les nouvelles boucles d’identification électronique à
l’oreille de leurs chèvres et de leurs brebis. Le groupe Faut pas pucer se déclare totalement
solidaire de leur démarche et appelle les autres éleveurs à se soustraire aussi à l’obligation
légale de « pucer » les animaux [1].
Ceux qui manifesteront ainsi leur désaccord avec la loi doivent s’attendre à des
représailles financières baisse des primes qui constituent une part importante de leurs
revenus et peut-être judiciaires procès, s’ils persistent. Ils auront donc besoin de soutien,
matériel, moral et politique. Le plus grand service à leur rendre est d’ores-et-déjà de susciter,
partout où cela semble possible, des débats sur les ravages de l’informatique dans la société,
le travail, la vie personnelle. Par débats, nous entendons aussi bien la mise en discussion
publique que le refus ferme des multiples contraintes bureaucratiques qui s’incarnent dans des
dispositifs de « haute technologie » (ici des puces RFID, là des logiciels, ailleurs des bornes
biométriques...).
Dans notre bulletin de l’hiver 2011, « Les robots rêvent-ils de moutons électriques ? »,
nous disions : « Un troupeau équipé de puces électroniques, c’est un troupeau qui sera géré
par ordinateur. Or on ne devient pas berger ou éleveur pour travailler derrière un écran, ni
pour suivre les procédures standard concoctées par de prétendus experts. Du moins, si l’on
pense qu’un élevage, ce n’est pas une usine à viande destinée à produire toujours plus et plus
vite.
Ce problème ne concerne pas uniquement les éleveurs : un peu partout sur les lieux
de travail, dans les écoles, les hôpitaux on automatise pour gérer la masse au détriment du
soin et de l’attention. Dans des maternités, on équipe les nouveaux-nés de bracelets
électroniques dotés de ces mêmes puces ; dans certains établissements scolaires, les élèves
munis de leur carte sans contact sont bipés à l’entrée et à la sortie le logiciel de « vie
scolaire » envoyant automatiquement des alertes aux parents pas sms.
De ces innovations, qui visent à « faire moderne » et à réaliser des gains de
productivité, les activités sortent appauvries, dénaturées. Et ceux qui les exercent sont plus
étroitement contrôlés, leurs compétences dénigrées. Jusqu’au jour où l’on se retrouve à dire
au client / à l’élève / à l’administré / au patient / à la brebis (rayez la mention inutile) : je suis
désolé mais l’ordinateur ne veut pas. À cela nous répondons : je suis désolé, mais je ne veux
pas l’ordinateur. »
À cela nous ajoutons aujourd’hui : désolés, mais nous ne voulons pas de la traçabilité
de tout et de tous comme remède aux pathologies d’une organisation sociale démesurée. Nous
rejetons la production de masse, qu’il s’agisse de nourriture ou des multiples faux besoins que
le capitalisme industriel a créés. S’il est impossible de garantir que la nourriture produite sur
le marché mondial ne soit pas du poison, c’est le marché mondial qu’il faut remettre en cause
et non les quelques pratiques agricoles qui restent jusqu’ici étrangères à la logique
industrielle. S’il paraît impossible d’avoir confiance dans ce que produisent quelque 900 000
agriculteurs (un peu plus de 3% de la population active en France), nous ne pensons pas qu’il faille contrôler plus étroitement ces 3%, mais plutôt qu’une société où si peu de gens
s’occupent de produire la nourriture à commencer par la leur ne tient pas debout. Et
qu’elle appelle une remise en question radicale.
Bien sûr, il est délicat de transgresser les règlementations édictées par des
bureaucraties dont nous sommes profondément dépendants, d’un point de vue matériel. Mais
c’est également cette question de la dépendance qui nous intéresse, dans l’affaire du
« puçage » : en Occident de nos jours, nous sommes tous des assistés, du patron de PME au
bénéficiaire du RSA, de l’agriculteur au cadre dynamique, du fonctionnaire à l’artiste
subventionné. Que l’on soit drogué au travail ou pas, notre mode de vie, basé sur la
monétarisation de tout, les télécommunications à haut débit, l’énergie illimitée et l’État
omniprésent, est en lui-même une forme d’assistanat généralisé.
Nous ne voyons pas quelle dignité et quelle liberté sont compatibles avec cela. À
l’heure où la catastrophe nucléaire en cours illustre la folie du développement industriel, nous
pensons qu’il est important de rejeter avec toute la fermeté possible l’embrigadement
électronique et le gouvernement des experts.
Nous encourageons toutes les personnes qui se sentent concernées par ce rejet à
diffuser largement cet appel, ainsi que les déclarations d’éleveurs refusant de pucer leurs
bêtes. Les personnes qui s’engagent dans une telle démarche ne doivent pas rester seules face
à l’administration et aux risques qu’elles encourent. Le refus de pucer implique l’organisation
d’une solidarité, et d’abord d’une solidarité de proximité, entre éleveurs et avec d’autres
personnes de leur voisinage. Au-delà de ce niveau local, c’est la dynamique nationale de cette
campagne qui indiquera l’opportunité, et le moment, pour les refuseurs, de se rencontrer afin
d’élaborer des perspectives de lutte plus précises.
Avril 2011, Le groupe Faut pas pucer
(correspondance :
Le Batz, 81 140 St-Michel-de-Vax,
ou
fautpaspucer(at)laposte.net)
Prises de position sur le refus de pucer les animaux
Antoine Brégeon
Martine Chaplot
Christine Foissac
Laurent LARMET
Nathalie FERNANDEZ
Léon et Jeanne NAMPEPUSSE
L’arrivée de la puce électronique dans nos troupeaux impose la traçabilité
et l’informatisation de notre activité. La traçabilité a pour origine le
secteur industriel. Elle a été mise au point au début du XXe siècle sur les
premières chaînes de production des usines et les premiers supermarchés des
USA. La traçabilité est une nécessité de la production et de la consommation de
masse. L’identification administrative des bêtes, quant à elle, a débuté en
France dans les années 60. Probablement pas, comme on l’entend souvent, pour
des raisons sanitaires, mais plutôt pour centraliser dans les mains de
l’administration et de la recherche ce que les chercheurs osent appeler
l’amélioration des races.
Il y a encore quinze ans, la traçabilité était un terme utilisé seulement
par les cadres de l’industrie et de la recherche. Aujourd’hui tout le monde en
parle et de manière positive. Le développement de la filière bio et de la
consommation responsable n’est pas étranger à ce phénomène. Désormais vernie
d’une éthique qu’elle n’a jamais eu la prétention d’avoir, la traçabilité est
devenue l’un des cache-misères de la production industrielle et de la société
qui va avec.
Que les experts des risques industriels et les gestionnaires des crises
sanitaires continuent de mesurer ce qu’ils veulent et de gesticuler dans tous
les sens si ça leur chante. Mais qu’ils ne viennent pas nous emmerder. Nous ne
voulons pas de leur monde industriel. Ce que l’agriculture industrielle a
détruit, empoisonné, nous n’y sommes pour rien. Nous ne sommes pas des
producteurs de viande. Nous sommes des éleveurs. Nous vivons avec des bêtes.
Leur compagnie nous est indispensable. Nous travaillons avec elles et pour
elles. Elles nous reconnaissent, nous font confiance. Elles s’attachent à nous
autant que nous à elles. Ce ne sont ni des choses ni des machines à produire.
L’élevage s’exprime avec des gestes de tous les jours échangés entre les bêtes
et nous. Cela ne nous suffit pas qu’elles aient à manger et à boire, on
recherche en plus une relation avec elles quitte à se compliquer la vie, se
torturer l’esprit quand il faut les soigner, les vendre, ou les tuer. Ces
gestes, ces habitudes, ces états d’âme, nous les préservons autant que possible
de la modélisation et de la folie gestionnaire. Nous avons beaucoup de pouvoir
sur la vie des bêtes mais nous refusons de les plier constamment à notre
volonté. Et surtout nous ne délèguerons jamais ce pouvoir à une mécanique
administrative et scientifique qui réduira les bêtes au rang de minerai et
nous-mêmes au rang de simples exécutants.
Nous avons les idées suffisamment claires sur l’élevage pour ne pas
vouloir être à notre tour domestiqués par les normes et la bureaucratie
agricole. Nous ne supportons pas que l’on pense et que l’on fasse les choses à
notre place, particulièrement quand les donneurs d’ordre sont impalpables
(normes, logiciel, règlement européen).
Je refuse de pucer mes brebis.
Depuis juillet 2010, je dois mettre à mes agneaux des boucles
électroniques, et d’ici l’année 2013 ce sont toutes mes brebis qui seront
concernées.
Parce que mes brebis ne peuvent pas devenir des machines, il m’est
impossible de leur mettre des puces électroniques. J’ai encore plaisir à passer
du temps au milieu de mon troupeau, à les observer, les distinguer par leurs
robes, leurs comportements. Ce sont des moments qui donnent sens à ma vie. Des
moments où les animaux nous apprennent à vivre, nous aussi. Le puçage de nos
animaux et l’introduction de l’informatique dans notre travail quotidien,
viennent faire écran aux relations que nous construisons tous les jours avec
eux. Cette situation qui nous est imposée est la poursuite de
l’industrialisation de l’agriculture.
Après la deuxième guerre mondiale, l’essor de la mécanisation aidant, les
paysans vont agrandir leurs surfaces pour élever plus de bêtes. Ils ne vont
plus travailler avec leurs voisins, mais seuls, et vont se spécialiser. Les
quantités qu’ils vont produire augmentent, entraînant la sélection des plants
et des races. Certaines vont même disparaître, ou presque. Leur savoir est
segmenté, parcellisé, ils deviennent naisseurs, engraisseurs ou céréaliers.
La condition des hommes est en rapport avec celle des bêtes. Dans les
ateliers d’engraissement on trouve des animaux qui ont une vie réduite au m²,
qu’ils occupent de leur naissance à leur mort. Ces paysans sont devenus des
opérateurs sous contrat. Ils ne décident ni de l’alimentation de leurs bêtes,
ni des soins à leur donner, ni de leur mort, ni de leur vente et ni de leur
prix.
Aujourd’hui, le génie génétique accélère le mouvement. La production
animale est en voie d’atteindre le stade ultime de son développement : la
production de viande in vitro, production biotechnologique de protéines
animales. Pour moi, la boucle électronique que l’on nous demande de mettre à
nos brebis ne fera que renforcer la filière industrielle.
Actuellement, l’administration justifie le puçage par une amélioration de
la traçabilité. Or, ceci est une supercherie. Le terme de traçabilité est
associé spontanément à « qualité », « sécurité » ; cela n’empêche pourtant pas
les crises sanitaires et la mauvaise qualité des produits. C’est surtout de la
logique productiviste et des circuits d’échanges mondiaux que tout cela
provient. L’industrialisation rompt l’équilibre entre les hommes et les bêtes,
et provoque un déracinement culturel et géographique.
Petit à petit, le paysan et ses bêtes perdent tout un savoir-faire, une
sensibilité, un imaginaire ; alors que « depuis les premiers temps des
processus domesticatoires, il y a de cela une dizaine de millénaires, les
animaux vivent, travaillent et meurent avec nous. Ils ont construit avec nous
les sociétés humaines, ils sont constitutifs de notre identité collective et
subjective. Nous avons besoin d’eux pour être ce que nous sommes, c’est-à-dire
des êtres humains » [2].
Par conséquent, je refuse de pucer mes brebis.
Les éleveurs d’ovins et caprins se voient obligés de poser une boucle
électronique à leurs animaux depuis le 1er juillet 2010. Pour les éleveurs de
bovins, dont je suis, les boucles existent et sont disponibles pour ceux qui
les désirent. Dernière étape avant de les imposer à tous, des réunions, en
énonçant les avantages, commencent à être organisées pour faire accepter aux
éleveurs cette nouvelle règlementation.
Les 2 arguments les plus assénés sont : l’amélioration de la traçabilité
sanitaire et le confort de travail procuré à l’éleveur.
Le puçage n’est pas une identification plus fiable : les systèmes les
plus simples sont les plus sûrs (tatouage). La technologie revêt l’idée
d’inviolabilité pour rassurer sur la traçabilité, cette notion si rabâchée
qu’elle se substitue à celle de qualité. La traçabilité, indispensable à
l’agro-industrie, est une sécurité illusoire, car cette même industrie est
souvent à l’origine des crises sanitaires (cf. crise de la vache folle).
C’est la localisation de la production qui améliorera les capacités de suivi et
la qualité, et non un gadget high tech !
Quant au confort de travail... il s’agit surtout de faciliter la gestion
administrative de nos troupeaux, tant on est soumis à l’accumulation de
réglementations et obligations, et ce sont cellesci qui créent le besoin de
passer à l’informatisation.
De plus, ce confort est surtout celui des élevages en route pour devenir
sous-traitants de l’agro-industrie. Ces élevages « saisiront l’opportunité du
puçage » : supporteront les coûts supplémentaires dus aux lecteurs, logiciels,
portails automatiques... Ils pourront grossir grâce à moins de manutention,
plus de fluidité du troupeau et d’automatisation de leur travail ( tris,
pesées, distribution de concentrés...). Grâce aux réseaux informatiques
auxquels l’animal est intégré via la puce, la connaissance individuelle d’une
bête (naturelle dans les petits troupeaux) sera possible : accès à sa
généalogie, aux événements de sa vie, à ses performances...
Certes, il n’est pas toujours facile à un éleveur de se soustraire à
cette logique industrielle, mais intégrer les discours des experts et être dupe
de l’artificialisation amenée par la technologie donnent la mesure de sa
compromission.
Il ne faut pas oublier que le puçage renforce l’idée et la faisabilité
des contrôles. Comme les revenus agricoles ne permettent pas de se passer des
primes, l’administration nous contrôle, nous dépossède de nos choix par ses
envies normalisées. L’humain est alors considéré comme le point faible, est
suspecté et donc à surveiller.
Dans ces perspectives-là, on imagine bien l’opportunité que sont les
puces !
Je terminerai par ce qui me parait le plus important : le rapport à
l’animal. Et ce rapport, qui est au coeur de notre métier, est remis en cause
par le puçage. Ce métier ne deviendra pas plus confortable grâce au pucage,
mais il se videra de son sens. L’animal ne sera plus lié à l’éleveur et sera
réduit à sa fonction alimentaire.
Quel intérêt y aura-t-il à être éleveur si nos pratiques nous sont
toujours plus dictées et étroitement surveillées, et si l’animal devient un
produit manufacturé niant son compagnonnage avec l’homme ?
C’est pour cela que j’ai décidé de m’opposer aux puçage de mes bêtes,
avec l’idée que rien n’est inéluctable : ce qui a été fait peut être défait !
Dans les livres d’histoire de l’école publique française, il était écrit
que la mécanisation de l’agriculture avait libéré la main-d’oeuvre des campagnes
qui, en allant travailler à l’usine, avait permis la révolution industrielle.
C’est sans doute ce goût prononcé pour la liberté qui a fait
qu’aujourd’hui, à l’échelle française, la plupart des gens ne produisent pas
leur propre nourriture.
C’est sûrement ce penchant pour l’usine qui fait que 99% de la viande
consommée dans ce pays est produite de façon industrielle.
Par exemple dans le cas des agneaux, pour chaque animal vendu, son
engraissement nécessite en moyenne 60 kg d’aliment industriel à base de soja
pour obtenir un poids moyen de 18 kg par carcasse.
La généralisation de ce mode de production, qui nourrit tous les animaux
avec les mêmes ingrédients (seule la formulation change un peu) aboutit à la
monoculture de soja en Amérique latine sur 45 à 50 millions d’hectares.
Nous, qui élevons des brebis et d’autres animaux, ne représentons plus
que le centième en terme de quantité de viande produite sans confinement du
bétail et recours à tous ces aliments plus ou moins nocifs pour la santé ;
Nous sommes encore là parce que par le passé nous avons refusé de nous
soumettre à des acheteurs qui, en tant qu’intermédiaires, exigeaient de nos
animaux une conformation standard et donc une nourriture standard.
« La qualité, c’est la régularité » venaient-ils nous dire. « Un produit
conforme et régulier, ça se vend bien. » rajoutaient-ils. Et ils terminaient en
disant que « La bonne camelote, c’est celle qui se vend bien ». Puis ils
remontaient dans leur bétaillère et nous on se débrouillait pour vendre nous-
mêmes nos animaux.
Aujourd’hui, ces maquignons ont presque tous disparu. Le marché, qu’ils
avaient construit en l’approvisionnant, les a supprimés par ce mouvement de
concentration qui ramène toujours la fortune vers ceux qui en possèdent le plus.
Donc nous sommes toujours là et nous refusons de nous soumettre à une
nouvelle exigence industrielle : ce coup-ci, de tracer électroniquement la
viande. C’est-à-dire qu’ils veulent continuer à vendre de la merde aux gens,
mais pour les rassurer, on leur dit que c’est tracé et donc que ça ne risque
rien.
Et par cette posture qui caractérise les puissants depuis toujours, ce
qui vaut pour eux doit être appliqué à tous.
C’est-à-dire que si l’industrie veut des puces, tout ce qui s’appelle
viande doit porter des puces.
Comme si tout ce qui n’est pas puissance et argent n’avait jamais rien
valu et n’avait plus d’intérêt.
Comme à l’époque coloniale, l’arrogance des dominants leur faisait
appeler oisiveté tout ce qui n’était pas travail et exploitation des gens et
des choses.
Et leur ôtait tout scrupule à s’accaparer le bien des indigènes en les
jugeant incapables d’en profiter eux-mêmes.
A ce point que quand les esclaves se soulevaient, les maîtres tentaient
de les calmer en leur donnant un peu plus de pain et de couvertures alors que
c’est de dignité qu’ils avaient faim.
C’est toujours cette suffisance qu’on affronte aujourd’hui.
En plus moderne bien sûr, rendue plus acceptable par les experts en com’.
Le mépris dédaigneux des autres s’est souvent changé en incompréhension polie,
en malentendus préparés d’avance.
Persister à refuser, c’est sûrement perdre des subventions, mais c’est
aussi affirmer que l’humiliation ne se compense pas avec de l’argent, qu’il est
possible de gagner moins et de ne pas échanger que de la monnaie entre nous.
Parce qu’il n’est plus possible de subir sans rien dire cette avalanche
d’obligations, d’interdictions, induites par l’industrialisation délirante de
tout, tout en continuant d’aller aux brebis avec le sourire,
Parce qu’il ne m’est pas envisageable de me taire,
Et pour tout le reste,
Je refuse de pucer mon troupeau.
Sur la traçabilité.
Nous sommes pour que les gens sachent la vérité sur ce qu’ils mangent.
On en a marre de voir sur les marchés ces saucisses et jambons de nos
montagnes, vendus par de joviaux moustachus, rondouillards à chapeau et petites
nappes à carreaux.
Médaille par ci, label par là, grand prix du festival de la qualité
alimentaire... Tout ça pour un cochon qui est né en Hollande, a grandi au
Danemark et est-ce qu’il est au moins mort par ici, pour avoir tant de
décorations ?
Il aura en tous cas passé sa courte vie à bouffer des saloperies
vitaminées à base de soja brésilien OGM ;
Mais ça a créé des emplois, dans le transport et l’emballage, surtout.
Bon, si tout le monde veut des puces, on peut en mettre, ça nous
rabaissera juste un peu plus, de toute façon on est presque au fond.
Mais avant ça, seulement une petite condition : dans un souci de
cohérence sur la prévention des risques alimentaires, nous exigeons au
préalable de la parfaite traçabilité de nos animaux que soit démantelée toute
installation nucléaire située à moins de 1000 km de tout élevage. Tant qu’on y
est, la certitude qu’aucune eau ne subisse de pollution chimique.
Dans l’attente, venez plus nous faire chier, bandes de cons-trop-leurs.
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