Nous n’avons pas la gueule de bois suite au résultat des élections européennes et à l’annonce par Macron de la dissolution de l’Assemblée Nationale, laissant présager une cohabitation avec l’extrême droite.
Car nous assistons sobres et lucides à l’inévitable. Macron le dit lui-même : l’heure est à la clarté.
Soyons clairs alors : l’arrivée de l’extrême droite parlementaire peut apparaitre comme un choc pour beaucoup, elle n’est pourtant que la continuité d’une politique de classe, raciste, coloniale, et dangereuse pour les travailleur⋅euses, les chômeur⋅euses et toutes les minorités d’ici et à l’internationale. Elle est un poison qui gangrène une Europe déjà forteresse essoufflée et prisée par les charognards de la haine et des dominations. Cette politique, c’est celle des frontières cimetières, celle des tentes déchirées par la police, celle du capitalisme.
Nous n’avons pas la gueule de bois car notre mémoire est vive et que nous n’oublions pas le soutien inconditionnel de l’Etat Français à Israël, au joug colonial qui s’abat sur les palestinien⋅nes, non pas depuis le 8 octobre mais bien depuis 75 ans. Nous sommes solidaires des victimes de la férocité coloniale française qui s’abat en Kanaky, privant sa population d’autodétermination.
Nous n’oublions personne : ni en France, ni en Europe, ni au Moyen-Orient, ni nulle part.
Nous n’avons pas la gueule de bois car ce n’est pas le RN/FN qui a permis la construction de centres de rétention administrative (CRA), ce n’est pas lui qui enferme massivement et maintient les prisonnier⋅es dans des conditions carcérales parmi les pires d’Europe provoquant en moyenne un mort par jour. Ce n’est pas lui qui a constitutionnalisé et pérennisé l’état d’urgence. Mais l’extrême droite a bien un rôle dans ce qui nous réunit : elle dicte en partie l’agenda parlementaire et vote main dans la main la plupart des lois avec Renaissance et LR. Son seul horizon, c’est la mort.
• Mort sociale : en votant contre l’augmentation du SMIC, contre le retour de l’ISF, contre une taxe sur les jets privés et les yachts, etc. S’il devenait 1er ministre, Bardella a déjà clairement assumé qu’il ne reviendrait pas sur la réforme des retraites qui va pourtant fracasser quelques années de plus les corps des travailleur.euses. Le RN, c’est le tapis rouge pour le grand capital.
• Mort raciste : en élargissant le pouvoir et l’impunité policière sur tout le territoire, particulièrement dans les quartiers populaires, en votant une énième loi immigration issue en grande partie de son programme.
• Mort pour les LGBTQIA+ : en abreuvant des groupes fascistes comme Civitas ou Génération identitaire, en ne s’opposant pas aux thérapies de conversion, en proposant une loi pour l’encadrement des transitions de genre chez les mineurs.
• Mort validiste : en participant activement à des politiques eugénistes et ségrégationnistes qui conduisent à déshumaniser jusqu’à la mort les personnes handicapées.
Bien sur, nous aimerions simplement avoir à rappeler que le RN est un parti créé par des anciens Waffen SS et que Jean-Marie Le Pen était un tortionnaire de l’OAS, pour que cela dissuade tou⋅tes ses électeur⋅ices. Mais nous refusons cet argument : car il est inefficace auprès de trop nombre d’entre elleux et que l’histoire de ce parti ne dérange visiblement pas, ou plus assez. Surtout parce que cela ferait du RN le seul danger alors que la bourgeoisie organise méthodiquement le saccage de nos libertés, des mouvements sociaux et des soulèvements insurrectionnels, qui sont pourtant de plus en plus nombreux. La contre-révolution réactionnaire est déjà au pouvoir et depuis bien longtemps. Leur persistance conduit à la création et au maintien de groupes fascistes et racistes qui nourrissent la bête.
Nous préférons nous tenir du côté de celleux qui luttent. Nous comprenons que la bataille électorale est une stratégie immédiate qui vise à contenir, très ponctuellement, le déchainement d’une haine et d’une violence sociale de plus en plus prononcée. Mais aller voter ne suffira pas.
Organisons-nous pour créer une société plus égalitaire et plus juste. Car s’ils nous proposent la mort, nous au contraire, nous nous enivrons de libertés, de libertés qui nous construirons collectivement par le rapport de force.
Le comité de lutte Lyon
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