Face à la hausse programmée des frais de scolarité, dans les facs, dès à présent, s’organiser !

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Pour nombre d’étudiant.e.s, s’acquitter des droits d’inscriptions à l’université, c’est déjà source de nombreuses galères. Et pourtant… !

Un rapport commandé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et par le ministère des Finances, qui était attendu de longue date, a été publié fin juin, au moment où les facultés se vidaient des dernier.e.s étudiant.e.s qui passaient leurs rattrapages.

Dans ce rapport de 300 pages, une phrase glissée préconise l’augmentation des frais d’inscriptions à 1 000 euros pour toutes et tous les étudiant.e.s de Licence et Master.

Il serait donc question d’une multiplication par 5 des frais de scolarité en Licence et par 4 en Master.

Les auteurs font en effet de la hausse des droits de scolarité « l’un des principaux leviers d’augmentation des ressources propres » des universités, sans toutefois l’intégrer formellement à la liste des 21 propositions préconisées… !

La ministre de l’Éducation Nationale Najat Vallaud-Belkacem et le secrétaire d’État à l’Enseignement Supérieur et la Recherche Thierry Landon réagiront quasi immédiatement, en « assurant » que la mesure n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement… mais la phrase aura eu le « mérite »-comme on dit- de « relancer le débat » et c’est toute la presse nationale qui en fera ses titres.

Ce n’est pas la première fois, l’année dernière déjà, un rapport parlementaire préconisait l’augmentation des frais de scolarité.

L’État prépare ainsi progressivement les esprits, teste les réactions et les capacités de mobilisation et attend le moment qu’il considérera opportun pour tenter de faire passer la mesure.

Les auteurs du rapport ne manquent en effet pas de rappeler que le sujet est « sensible politiquement et socialement »…

Leur ‘justice sociale’…

Dans les cercles capitalistes libéraux, on présente même la hausse des frais d’inscriptions comme une mesure de ‘justice sociale’.

En effet argumentent-ils, les enfants de cadres sont plus nombreux.ses à l’université que les enfants de smicards, ils bénéficient donc davantage de ce service public.

Dans la société capitaliste, accéder aux bancs de l’école ou des lycées a longtemps été le privilège d’une minorité.

L’instauration de l’école obligatoire sous le IIIe république pouvait ainsi permettre de discipliner et d’endoctriner les jeunes paysans et ouvriers par peur d’une révolution, suite notamment à l’insurrection de la Commune de Paris en 1871, et face à la nécessité de faciliter la conscription des masses dans l’armée (pour les conquêtes coloniales, notamment Tunisie, Algérie, Vietnam, Congo, Soudan, Mali, Madagascar, et la préparation de la revanche vis-à-vis de l’Allemagne). L’école était ainsi chargée de « créer le sentiment national ». Dès cette époque déjà, l’identité nationale (synonyme de nationalisme) est utilisée contre la conscience de classe des ouvriers et paysans et pour mobiliser les masses pour l’intérêt de la nation, c’est-à-dire l’intérêt de ceux qui la dirigent.

L’école républicaine doit également apprendre aux enfants de prolos de se contenter de la misérable condition qui leur est réservée, et légitimer les valeurs dominantes, c’est-à-dire celles des dominants…

L’enseignement supérieur : un accès de fait inexistant pour la majorité

Ainsi, les enfants de la bourgeoisie, – bien qu’archi-minoritaires – sont sur-représentés dans l’enseignement supérieur – et encore plus dans les filières d’élites (écoles de commerces, d’ingénieurs) – alors que la majorité des enfants du prolétariat et des milieux populaires sont très tôt orientés vers le travail ouvrier : apprentissage possible dès 14 ans, sur les chantiers, dans les cuisines ou dans les champs.. bref, sur des métiers éprouvants physiquement, dans des conditions de travail dangereuses et usantes.

Ils et elles constituent une main-d’œuvre pas chère pour le patronat (entièrement gratuite parfois : ainsi, lors de la première année de contrat, le salaire d’un.e apprenti.e mineur.e est intégralement pris en charge par l’État depuis 2015 ; tandis que pour les autres années, une bonne partie du salaire des apprenti.e.s reste subventionnée par l’État, c’est-à-dire par l’argent public).

Faire d’une pierre, deux coups !

Si la question de la hausse des frais d’inscriptions, présentée dans certains médias comme étant « sur la table » aura bien été relayée, le contenu du rapport est quant à lui totalement éludé.

Ainsi, ce rapport intitulé « la situation financière des universités » revient sur les moyens de « faire des économies », les restructurations mises en place jusqu’à présent, et indique où il convient dorénavant de couper…

Les moyens mis en œuvre jusqu’à maintenant :

Le rapport constate que les droits d’inscriptions des Diplômes Universitaires (D.U.) – qui ont pour particularité d’être fixés librement par les établissements, à la différence des diplômes nationaux de Licence, Master et Doctorat – se sont envolés de 89 % en cinq ans… mais les rapporteurs encouragent les universités à augmenter les droits de scolarité des D.U. estimant que « la marge de manœuvre [est] encore insuffisamment exploitée par une partie des établissements ».

Le rapport note également pêle-mêle : la réduction significative des dotations allouées aux composantes (facultés), qu’elles répercutent elles-mêmes par la suite, à la base ; la fermeture de formations et d’options ; les mutualisations de cours ; le développement des CM à la place des TD, etc.

Les gels d’embauche et les non-renouvellements sont également mentionnés à la catégorie moyens de « court terme » mis en œuvre par les présidences pour faire des économies. La conséquence pour les personnels restants, c’est concrètement l’augmentation de leur charge de travail. Le rapport mentionne aussi la pratique des dé-qualifications de postes : un agent nouveau affecté sur un même poste et pour un même travail, sera payé moins que son collègue qui l’occupait précédemment.

Les externalisations de services sont également une pratique courante. À Lyon 2 par exemple, la présidence actuelle qui, au moment de son investiture garantissait la main sur le cœur que jamais elle n’externaliserait les personnels du service de ménage (envisagée par la précédente, contrainte à reculer face à la mobilisation des personnels en question) est actuellement en train de tenter d’y procéder !

Bref, ce sont les personnels qui subissent concrètement, via leur précarisation et la dégradation généralisée de leurs conditions de travail. Et pourtant… !

Le rapport préconise des « mesures de redressement » :

Ainsi, dans le cadre des fusions d’établissements, liées à la création des COMUE (Communautés d’universités et établissements, en application de la loi Fioraso), de nouvelles réorganisations et restructurations doivent être réalisées, dans l’objectif de « rationaliser »…

Selon l’objectif assigné de « dégager des marges de manœuvre substantielles » il serait « nécessaire de réexaminer les activités « cœur de métier » des universités ». Selon les rapporteurs, il faut « réexaminer » l’offre de formation (loi Fioraso) et naturellement, pour faire des économies, de supprimer des formations ! Alors même que nombre d’étudiant.e.s se voient déjà refuser l’inscription pour motif de « capacités d’accueil insuffisantes » !

Il faut également « rééxaminer » la politique de recherche des universités « à l’aune de leur soutenabilité budgétaire ». Le rapport préconise ainsi l’instauration « d’outils de pilotage » centralisés, qui devront permettre d’indiquer… où couper !

Le rapport préconise encore également la « rationalisation du parc immobilier » des universités. Il convient ainsi de vendre les bâtiments, ce qui aura pour conséquence de.. diminuer encore le nombre de salles de cours et donc de places… !

Dans le contexte historique de crise que nous connaissons, où chaque jour nos conditions de vie, de travail et d’études sont attaquées par gouvernement et patronat, la hausse des frais de scolarité en France est une mesure crédible à plus ou moins court terme. Elle a d’ailleurs été tentée d’être appliquée en Angleterre, au Chili, au Québec, en Espagne, avec plus ou moins de succès, du fait des luttes importantes qu’elle a entraînées.

Avec ou sans papiers, une inscription pour tous et toutes à l’université, dans la filière de son choix !

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