Combien de films rares et précieux ne sont passés que dans les salles obscures des CNP [1] ? Si les grandes structures passent de plus en plus des films en V.O., ou bien sortent le dernier Woody Allen, c’est qu’elles tentent de satisfaire un public qui existe. Mais quid des films rares, qu’ils soient européens, asiatiques, américains, qu’il s’agisse de fictions ou de films documentaires ? Ces films qui nous ont parfois énervés par leur côté élitiste, ces films qui nous ont émus, ces films qui n’existent ni sur le web, ni en DVD, et qui ne passeront jamais à la télé, pas même sur Arte... Où pourrons-nous les voir ?
Faut-il rappeler que Lyon est la ville où fut inventé le cinéma en 1894, par les célèbres frères Lumière ? Il parait impensable que la deuxième agglomération de France qui abrite l’institut Lumière se retrouve à très court terme sans une salle « d’art et d’essais ».
Au même moment la ville de Lyon, à coup de grandes subventions, décide de promouvoir un festival du cinéma à Lyon en septembre. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose, mais quand la ville cessera-t-elle de penser la culture seulement en terme d’évènementiel ? Pourquoi un tel silence sur des fermetures de salles pourtant prévisibles ? Les pouvoirs publics ne peuvent-ils aider les salles labellisées « art et essais » et « recherche et découverte » ?
Décidément le désert culturel lyonnais ne cesse de s’approfondir...
Il faut ajouter que cela semble rentrer dans des plans plus globaux de gentrification [2] du centre ville. Il y a quelques années déjà, un cinéma rue de la Ré était transformé en... Monoprix. De même les « scènes découvertes » du centre ville sont menacées de disparaître faute de subventions. Nous les remplacerons à coup sûr par un magasin de sapes ou une grande enseigne...
Quant au cinéma Odéon il se trouve dans le quartier de la Presqu’île [3] en plein centre d’un projet de gentrification majeure du centre ville. Il s’agit du projet « Up in Lyon, the place to be » pour faire du shoping de luxe. Je vous laisse jeter un œil sur leur site pour vous faire une idée de la chose... Vu l’augmentation galopante des loyers dans la Presqu’île il n’est pas surprenant qu’un cinéma pointu ne soit pas rentable. On pourrait même considérer qu’il fasse un peut tache dans le ghetto-à-shoping-bourgeois qui se prépare...
Galeshka Moravioff est le propriétaire des CNP lyonnais depuis 1998. Depuis 10 ans ce patron des CNP fait du business avec des salles classées « art et essais » mais aussi « recherche et découverte ». Il semble assez éloigné de préoccupations artistiques et cinéphiles.
Quel mépris pour ses employé-es que de fermer et vider une salle, sans dialogue, pendant la torpeur estivale ! Que deviendront les personnes qui travaillent dans cette superbe salle de cinéma ? Et les autres, puisqu’il semblerait que les deux autres CNP de Lyon [4] soient eux aussi menacés ?
Que compte faire M. Moravioff de ses deux autres salles ? Que compte-t-il faire de ses employé-es ? Continuera-t-il à se comporter avec autant de mépris et à vider les salles de leurs matériels la nuit, le week-end,... ?
Parce qu’il n’est pas possible de traiter des employé-es de cette manière, parce que de nombreux-ses cinéphiles et lyonnais-es sont attaché-es aux salles du CNP, il est plus qu’important de se mobiliser, d’interpeller les pouvoirs publics, de soutenir les employé-es du CNP...
Des actions semblent se profiler pour début septembre. Nous les relayerons et y participerons.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info