Généraliser les pratiques de lutte, aujourd’hui et demain...

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Mouvement sur les retraites 1 complément

Malgré huit journées d’action particulièrement suivies, il apparaît que même avec 3,5
millions de personnes dans les rues, les défilés ne permettent pas d’être correctement
entendus. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais beaucoup d’entre nous l’avaient un
peu oublié... tract CNT42.



Malgré huit journées d’action particulièrement suivies, il apparaît que même avec 3,5
millions de personnes dans les rues, les défilés ne permettent pas d’être correctement
entendus. Ce n’est pas vraiment une surprise, mais beaucoup d’entre nous l’avaient un
peu oublié.

Partout en France, les blocages dans les raffineries, dans les centres de traitement des
ordures et dans bien d’autres sites se multiplient. Incontestablement, l’obstination de
l’État et du patronat à imposer leur réforme des retraites pousse la lutte à retrouver des
pratiques syndicales disparues depuis trop longtemps.

L’unité à la base

Le mouvement social actuel permet de retrouver des pratiques intersyndicales à la
base, fondées sur une représentativité de terrain. Malgré les divergences entre
syndicats, les travailleurs et travailleuses privilégient leurs intérêts en développant une
mobilisation commune, loin des défilés par cortèges syndicaux cloisonnés.

L’interprofessionnalisme

Alors que depuis plusieurs années, l’heure était plutôt au repli sur soi et à la lutte
catégorielle ou par entreprise, la mobilisation contre la réforme des retraites permet de
retrouver des actions où se mêlent tous les corps de métiers et d’industrie, chacun
soutenant l’autre avec un même objectif.

Et si nous arrivons au retrait de la réforme ?

Rien ne sera gagné car les luttes défensives sont toujours un aveu de faiblesse. Il nous
faut porter des perspectives nouvelles. À la CNT, nous pensons que la gestion des
caisses d’assurances doit être assurée par les travailleurs eux-mêmes comme ce fut le cas
dans le passé avec les sociétés de secours mutuels. Utopique ? Non, car il ne s’agit que
d’étendre les pratiques de lutte aujourd’hui en place. Que les patrons paient leurs
cotisations sociales sans exonérations, nous saurons très bien les redistribuer
égalitairement par nous-mêmes !

L’unité face aux provocations policières

L’État sait bien que quand les intérêts de ses maîtres financiers sont menacés, il faut
utiliser la répression. Fermetures administratives d’universités, police devant (voire
dans) les établissements scolaires, CRS envoyés sur les piquets de grève ou les
opérations de blocage, réquisition des travailleurs par décrets, utilisation de l’armée pour
nettoyer les rues, installation de la terreur par l’utilisation du Flash-Ball ou de gaz
lacrymogènes, harcèlement des jeunes des quartiers populaires, instrumentalisation de
l’extrême droite, et surtout vrais policiers déguisés en faux « casseurs » pour faire
dégénérer les manifestations. Ne cédons pas aux rumeurs et aux différentes provocations
étatiques. La seule réponse à ces provocations est le maintien de la prise de décisions
à la base par les travailleurs eux-mêmes et la construction d’un rapport de force
collectif et solidaire.

L’action directe des travailleurs

Souvent montrée du doigt, l’action directe des travailleurs s’est largement développée
depuis quelques semaines, dans son sens premier : loin de la violence individuelle ou
d’une avant-garde éclairée, qui reste sans effet, il s’agit de mettre en avant l’action
collective des travailleurs et travailleuses sans passer par des intermédiaires ni
procuration. Plus concrètement, organiser des actions syndicales à la base sans attendre
le feu vert des dirigeants syndicaux ni déléguer à des représentants qui négocient et
décident sans tenir compte de l’avis des travailleurs et travailleuses.

L’autogestion des luttes

Les assemblées générales souveraines se sont multipliées, dans le public comme le privé,
sectorielles ou interprofessionnelles, pour décider collectivement de la grève, de sa
reconduction ou non, ainsi que des actions syndicales à mener. Avec, en outre, un
respect des décisions prises par chacun, vers une réelle autonomie des travailleurs et de
leurs collectifs de travail.


La solidarité de classe

Tous les salariés ne pouvant faire grève en même temps – notamment les précaires et/ou
isolés –, les syndicats ont repris à leur compte les idées de caisse de grève, de blocage
par des camarades extérieurs à l’entreprise, pour éviter les sanctions pour les travailleurs
de l’entreprise elle-même. Ce mouvement renforce la conscience de classe de tous : face
au patronat et à l’État, nous avons tous les mêmes intérêts, et nous sommes solidaires
pour gagner.

Le blocage de l’Économie

Contrairement à ce qu’affirme la propagande d’État, les grèves reconductibles et les
blocages ne sont pas un choix mais une nécessité ! Comment penser sérieusement que
des grèves peuvent se résumer à des défilés dans les rues, encadrés par les forces de
l’ordre ? L’histoire, notamment en juin 1936, a souvent montré que nos droits, nos
acquis sociaux ont été arrachés (et pas demandés poliment) à l’issue de luttes très dures
et généralement en utilisant le seul moyen à la disposition des travailleurs et des
travailleuses : la grève et le blocage de la production sur le lieu de travail. C’est ce que
nous redécouvrons dans le mouvement actuel !

Généraliser, aujourd’hui et demain...

Ce sont ces pratiques de lutte, intergénérationnelles, fondées sur l’action collective et
la solidarité de classe, qui peuvent nous permettre de gagner aujourd’hui et de forcer le
gouvernement et les patrons à reculer. Cette lutte nous sert de base pour renforcer les
réflexes et pratiques nécessaires à nos victoires actuelles et futures. Soyons sûrs de
notre force, car c’est bien nous qui travaillons et qui produisons les richesses : unis
nous pouvons tout, isolés nous ne pouvons rien.

Ne lâchons rien ; continuons de développer, dans le mouvement actuel, comme dans
ceux qui suivront

– l’unité syndicale à la base ;

– les prises de décisions collectives en assemblées générales souveraines
pour permettre
à tous les grévistes de s’approprier la lutte ;

– les actions collectives de blocage d’entreprises et voies d’accès aux zones
où sont produites les richesses ;

– le partage des informations sur les luttes et initiatives ;

– la solidarité interprofessionnelle ;

– les caisses de grève pour nous permettre de tenir et de gagner ;

– les grèves reconductibles ou tournantes, qui bloquent la production
des richesses et donc des profits…



C’est nous qui travaillons,

C’est nous qui décidons !

C’est tous ensemble qu’il faut lutter,

C’est tous ensemble qu’on va gagner !

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  • Le 2 novembre 2010 à 11:57, par durruti

    Pour ne pas lâcher. Débordons-les !

    Depuis deux mois, un puissant et profond mouvement de contestation sociale s’est progressivement installé dans le pays. Des millions de personnes ont exprimé leur colère par des manifestations, des grèves, des actions, des blocages, des affrontements et des émeutes.

    Nous assistons depuis quelques semaines à des convergences inédites entre salariés diversement exploités, lycéens, chômeurs, retraités, (quelques) étudiants... Sur tout le territoire, des personnes de tous les âges partagent leurs refus, leurs rages, leurs indignations, leurs volontés de transformer le système social à plus ou moins grande échelle et, consciemment ou non, leur haine de classe. Il y a fort longtemps que les patrons et leurs sbires, les dirigeants politiques, n’avaient pas été aussi vilipendés et exécrés. Une telle étendue géographique et intersectorielle de la contestation sociale n’a pas eu lieu dans le pays depuis plus de quarante ans.

    Malgré la répression judiciaire, les brimades et menaces patronales, l’incessante et matraqueuse propagande du gouvernement des patrons, leurs désinformations médiatiques et les manœuvres syndicales de toutes sortes exercées à leur égard, partout, des milliers de grévistes de divers secteurs continuent de se retrouver dans des actions, légales ou pas, pour bloquer l’économie.

    Au delà des raffineries, dont les grèves ont, pendant deux semaines, menacé et paniqué les patrons, leur gouvernement et leurs médias, ce sont des centaines d’usines, d’entreprises publiques ou privées, de lieux publics (Pôle emploi, musées, centres commerciaux, grands magasins, hypermarchés...) , d’axes routiers, de lycées, collèges, écoles et universités qui sont encore quotidiennement occupés ou bloqués par des milliers de résistants sociaux. Parfois même, des antennes du medef ou de l’ump sont magnifiquement saccagées.

    De plus, à mesure que la colère sociale s’amplifie, les revendications se multiplient et les idées se radicalisent. Dans les AG, le blocage de l’économie et la grève générale dans cet objectif, sont réapparus pour beaucoup comme les seuls moyens de faire plier les patrons et leur pouvoir politique de quelque bord qu’il soit.

    Aujourd’hui, alors que tous les éléments (colère et combativité de la base, syndiquée ou non) et les raisons (on n’a rien obtenu et on nous a réprimé comme jamais) sont réunis pour continuer la lutte, les dirigeants des principaux syndicats, craignant à présent d’être débordés par leur base et soucieux de préserver notre bon vieux système, mettent tout en œuvre afin d’éteindre la flamme de ce mouvement social historique.

    Nous ne retrouverons pas avant longtemps une pareille occasion de faire reculer les patrons et leur pouvoir. Dès à présent, réunissons nous en Assemblées Générales souveraines pour continuer à lutter en décidant nous-mêmes de nos moyens d’action pour les faire céder. Ce mouvement est le nôtre, pas celui des leaders syndicaux ! Créons ensuite une coordination de nos Assemblées Générales pour nous organiser. PORTONS CE MESSAGE DANS TOUTE LES AG

    . GREVE GENERALE ! BLOQUONS L’ECONOMIE !

    Des révoltéEs en guerre sociale

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