Il avait bien voulu en octobre 2007 parler de sa vie et de ses actions à RADIO CANUT, en direct dans l’émission BISTANCLAQUE.
Nathan CHAPOCHNIK n’avait pas d’âge , enfin c’est l’impression qu’il donnait quand on le rencontrait et qu’on parlait avec lui. Et pourtant à 89 ans toujours en pleine action et avec plein de projets en cours, son coeur l’a lâché.
89 ans et presque 80 ans de militantisme
Fils de juifs ukrainiens immigrés en France pour fuir les pogroms, il est né à Paris le 9 novembre 1920. Né français et républicain, il le reste même quand à 20 ans, la France n’est plus républicaine. Fin 40, il colle déjà des affiches antinazies sur les murs de Paris.
En décembre 1941, il s’installe à Lyon avec sa famille, poursuivant son activité professionnelle d’ouvrier fourreur à domicile. Il entre en contact avec les Jeunesses juives de Lyon, qui deviendront l’Union de la jeunesse juive (UJJ) avec qui il participe à des actions clandestines : collages d’affiches, distributions de tracts dans les transports en commun, les cinémas.
Les camps de concentration, il le dit, il le savait déjà depuis longtemps. L’étoile jaune il ne l’a jamais portée, il n’en était pas question. Tout de suite il a voulu se battre contre le nazisme et ses suppôts français, se battre vraiment, et il devient, sous le nom de "Francis", un des premiers membres des groupes FTP-MOI, donc un clandestin.
En juin 1942 c’est avec son camarade et beau frère Simon Zaltzerman (dit "Fred") qu’il est détaché de l’UJJ auprès des FTP-MOI : c’est ainsi qu’ils deviennent les deux premiers membres du bataillon CARMAGNOLE, formé à Lyon en juillet 1942, un des plus actifs maillon de la Résistance.
La résistance, des sabotages et des actions de guérilla avec le bataillon Carmagnole
Le 11 novembre 1942, pour accueillir les Allemands il est sur la passerelle Saint Vincent en couverture des résistants qui lancent la grenade qui n’explosa pas.
A partir du 11 novembre 1942, il participe avec Zaltzerman et Kugler à des actions armées contre les troupes allemandes et des sabotages de camions, de transformateurs électriques... ainsi que beaucoup d’autres actions contre les occupants dans la région lyonnaise. Il en contera quelques unes.
Il assurera pendant un temps le fonctionnement de l’imprimerie clandestine de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) à son domicile avenue Thiers à Villeurbanne, avant de lui trouver une cachette plus sûre. Vers la mi-mars 1943, il rentre dans la clandestinité totale cessant tout contact avec sa famille et toute activité professionnelle pour ne se consacrer qu’à la lutte contre l’ennemi nazi : « Ni travail, ni famille, ni patrie ».
Le 27 mai 1943, une opération pour récupérer des tickets d’alimentation se passe mal et son beau frère Simon Zaltzerman (dit Fred) est blessé, puis capturé et sera guillotiné.
Le 4 décembre 1943, il allait être guillotiné à la prison Saint-Paul par les soins de la "justice" française de Vichy. Le juge responsable de la condamnation sera abattu par un groupe FTP MOI de CARMAGNOLE. Pour échapper à sa condamnation, il quitte Lyon pour Grenoble, avec le bataillon Liberté, ce qui formera le bataillon Carmagnole-Liberté. Il sera à l’origine de la création, avec une douzaine de compagnons, du maquis Le Chant du Départ près du Mont Aiguille...
Puis il part à Nice où il devient "Paul", responsable militaire des FTP MOI du département. Grâce aux liens qu’il développe avec l’Armée secrète, il
parvient à armer ses groupes. Ainsi le maquis de Peille reçoit un parachutage d’armes et d’explosifs. Les actions se poursuivent contre l’occupant allemand : destructions de camions, d’une usine d’air liquide, attentat à la bombe dans un café, contre un blockhaus ; jusqu’à sa blessure
au Cros-de-Cagnes, le 6 juin 1944, qui l’oblige à interrompre ses activités. Il poursuit toutefois l’instruction militaire de groupes de combat (Arméniens)
jusqu’à la libération de Marseille le 15 août 1944.
Après la guerre il s’engage dans l’armée, et assez vite on l’envoie en Indochine. Mais comprenant tout de suite qu’il n’est pas question pour lui de devenir un artisan du massacre du Viet Minh [1], il démissionne de l’armée en 1951.
Il reprend ensuite à Lyon sa vie civile et de militant oeuvrant pour la cause de ses compagnons disparus dans la lutte (97 morts au combat sur les quelques 200 membres de CARMAGNOLE et LIBERTÉ), au sein de l’ANACR, et pour celle de la justice sociale et des droits des travailleurs. Avec d’autres résistants et déportés, Nathan participait activement à l’activité en direction des scolaires du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon.
Quelques jours avant sa mort, place Bertone sur le plateau de la Croix Rousse, il prononçait le discours de l’hommage annuel rendu au résistant lyonnais assassiné Marcel BERTONE et « Chapo », comme on l’appelait dans son quartier, parlait « du devoir de mémoire à poursuivre après notre disparition »...
NATHAN , nous y sommes.
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