Horreur à la prison de Valence ! Jérémy a été assassiné

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Contrairement à ce qui avait été annoncé comme un suicide, l’autopsie a révélé que c’est bien un meurtre qui s’est produit à la prison de Valence. Celui qui y a été tué, et est mort le 4 mars, était un gamin de 19 ans. La prison tue ! Supprimons définitivement la prison ! Un rassemblement de solidarité aura lieu devant la prison de Valence le mercredi 26 mars à 16h30.

Ce n’est pas un suicide, c’est un assassinat !

Jerémy Martinez, jeune de 19 ans, originaire de St Étienne, est mort le mardi 4 mars 2008 des suites de blessures infligées dans la cellule de la prison de Valence où il était incarcéré depuis à peine trois mois. C’est le procureur de la République de Valence, Jean-Pierre Nahon, qui le dit : « Les résultats de l’autopsie, réalisée en Avignon, montrent que la personne décédée n’est pas morte des suites d’un suicide, mais d’un acte homicide perpétré vraisemblablement pas son co-détenu. Des traces de strangulation forte relevées sur la victime sont à l’origine du décès. »

En effet, on avait annoncé au départ, comme cela arrive souvent de la part de l’administration pénitentiaire, que ce jeune s’était suicidé. On avait retrouvé Jérémy inanimé dans sa cellule avec un sachet plastique sur la tête afin de faire croire qu’il s’agissait d’un suicide. La justice a fait diligence pour une fois pour reconnaître qu’il y avait bien un meurtre. Le procureur de la République a d’ailleurs ajouté : « Mais l’enquête devra dire si le sac, qui recouvrait la tête de la victime lorsqu’elle a été retrouvée, est une mise en scène ou pas. »

Après une enquête réalisée par le Collectif Solidarité Prisonniers de Valence, on peut se poser cependant un certain nombre de questions.

Jérémy n’avait aucune raison de se suicider, pourquoi avoir parlé de suicide ?

Les proches de Jérémy Martinez n’ont jamais cru à la thèse du suicide.
« Il ne voulait pas se suicider : il avait des projets, il préparait même sa réinsertion et devait sortir cette semaine avec un bracelet électronique pour passer un examen scolaire. » Condamné en comparution immédiate à un an de prison ferme pour vol, le jeune garçon, embastillé depuis mi-décembre, devait sortir dans la semaine-même après sa mort pour passer un examen. Quelle raison aurait-il eu de se suicider ? C’était un gamin comme les autres « qui aimait le foot et les jeux video ».

La maman de Jérémy n’a plus que son chagrin et quelques mots à lire de son fils qui pour rien au monde n’avait indiqué l’envie de se suicider. Ces mots concluaient toujours les lettres de Jérémy :
« Ma petite maman je vous aime plus que tout au monde. Quand je sortirai, je vous serrerai très fort dans mes bras. »

Le jeune suspect d’assassinat n’avait pas sa place en prison

Jérémy a sûrement perdu la vie à cause d’un malaise de son codétenu qui souffrait de malheureux troubles psychiatriques. Le meurtrier présumé, qui partageait la même cellule que Jérémy, a été placé sous mandat de dépôt criminel et sera entendu à la diligence du juge d’instruction chargé de cette affaire. Ce suspect, âgé également de 19 ans et qui ne connaissait pas sa victime, était en détention provisoire pour une tentative d’homicide sur son co-locataire depuis avril 2007. Une expertise psychiatrique avait été ordonnée dans le cadre de cette affaire, dont les résultats n’ont toujours pas été communiqués.

Ce drame humain aurait pu être évité par de nombreux mécanismes qui aujourd’hui n’appartiennent plus à la prison. Jérémy a pu être assassiné grace à la logique d’enfermement psychiatrique (rétention sécurité). Les politiques de droite comme de gauche sont responsables avec leurs logiques d’abandon de la réflexion sur les dégradations psychiques dû à la précarité. Depuis des années le secteur hospitalier a subi des coupes sombres, une dégradation des conditions de vie quotidienne, et un enfermement carcéral de plus en plus important de personnes présentant des troubles psychiatriques. On confond soins et peines ! L’enquête des magistrats a pour but d’alourdir l’avenir d’un jeune homme de 19 ans qui en fait est un malade psychiatrique, selon les dires du procureur.

Pourquoi l’administration pénitentiaire n’a pas écouté les craintes justifiées clairement exprimées par la famille de Jérémy ?

Jérémy Martinez se serait plaint durant trois mois, qui ressemblent à un calvaire, à plusieurs reprises de son codétenu. Cette affaire déjà atteint le sordide, pendant des semaines et des semaines un détenu est tabassé par son codétenu.

Deux jours avant les faits, sa soeur, sa mère et sa grand mère l’avaient vu au parloir et déclaraient : « Il avait des bleus au visage et dans le dos. Il avait même aussi très mal au bras. » Véronique, la maman de Jérémy, insistait : « Il nous a dit qu’il avait été battu par son compagnon de cellule ». Sa grand mère a déclaré « On a signalé ces coups à des membres du personnel pénitentiaire. On a demandé à ce qu’il soit vu par un médecin. »

Pendant les parloirs la famille la grand mère de Jérémy supplie les matons de faire intervenir le médecin pour changer Jérémy de cellule.
Aussi inquiétant que cela puisse paraître, ni le bricard de service, ni le médecin, ni le directeur de la prison n’ont fait le nécessaire !

Le personnel pénitentiaire dont la déontologie est de cibler les détenus qui jouent la comédie et de sanctionner ceux qui sont peu, ou moins soumis, n’ont pas tenu compte des propos de sa famille. C’est dans cet univers des laissés pour compte que ce drame humain s’est produit.

La responsabilité de l’administration pénitentiaire et de l’État reste totalement engagée ?

C’est évident, puisque le personnel pénitentiaire est au courant. La famille déclare « On l’a remis à son bourreau. C’est un scandale ! La responsabilité de la maison d’arrêt et de l’État est engagée. »

Responsable aussi la logique d’enfermement pratiquée par l’État à l’heure actuelle. Responsable aussi l’appareil judiciaire qui n’effectue pas les contrôles au minimum nécessaires. Responsable aussi l’Administration Pénitentiaire qui a été sourde face aux plaintes de Jérémy. Responsables aussi en bas de l’échelle sociale du contrôle sécuritaire : les matons.

Le capitalisme réussit à faire croire que la guerre de classes qui fait rage actuellement a quelque chose d’individuel (dans un malaise psychique). La guerre se retourne avec une guerre entre pauvres. Capitalisme assassin !

Mise en danger de la santé d’autrui...

Le médecin psychiatre qui intervient 4 heures par semaine à la maison d’arrêt de Valence a laissé un homme de 19 ans en très grande souffrance mentale à proximité d’un autre homme de 19 ans durant plusieurs mois. Les traces de coups sur le dos et le visage de Jérémy prouvent les tortures qu’il subissait par son codétenu.

La responsabilité de l’administration pénitentiaire et de l’Etat dans cette affaire est évidente. Magistrats, juges et procureurs sont pourtant censés veiller à la bonne marche de l’institution carcérale. Le Comité pour la Prévention de la torture chargé de contrôler les prisons françaises a observé de nombreuses fois des conditions de détention lamentables.

Cette tragique histoire met en évidence que le secteur médical est désormais inscrit dans la machine judiciaire au même titre que les juges et les matons. Nos corps enfermés, nos vies sont laissées au bon vouloir, à la sensibilité ou aux contrariétés du personnel pénitentiaire. Les médecins ont maintenant le pouvoir de prescrire des peines (loi Dati de rétention de sécurité).

Le directeur inter-régional des services pénitentiaires, déclarait : « Une enquête administrative est en cours à la maison d’arrêt ». Ce n’est pas pour autant que nous arrêterons de dénoncer les pratiques de grave mépris de la dignité.

Le racisme n’a-t-il pas favorisé ce meurtre ?

Jérémy faisait partie d’une famille des gens du voyage. Natif de St Étienne il a été enterré mercredi 12 mars dans cette ville. Mais l’horrible de cette histoire c’est que la famille de Jérémy faisant partie des gens du voyage, le racisme peut expliquer l’omerta qui enveloppe cette histoire. Même dans le Dauphiné Libéré, de magnifiques articles écrit par Benjamin Boutier et Fabrice Margaillan ont donné de nombreux témoignages dans ce domaine. Pourquoi ne l’a-t-on pas du tout écouté ? Voulait-on par racisme le laisser au rebut ?

On ne peut pas laisser la famille seule à se battre contre l’administration pénitentiaire. Soyons solidaires et soutenons la !

La prison tue !

La prison tue :
- par manque de soin approprié, promiscuité...
- par des mauvais traitements (mitard, isolement, fouilles à corps)
Vider la société de son contenu et de son essence pour mieux remplir les prisons, est-ce là le nouvel axiome du pouvoir en place ?

Incapable de gérer sans réprimer, inscrit dans l’exclusion des minorités, attaché à administrer les sous espaces sociaux par une ethnologie carcérale... mais on crève dans les prisons.

Le silence assourdissant des sans voix de cette ville de Valence empêche de visualiser une riposte dans cette ville nucléaire où tout le monde a peur de se montrer comme contestataire. Dénonçons cette histoire de meurtre entre pauvres, commis avec la complicité du personnel de la prison. Il ne faut surtout pas que ce meurtre de ce gamin de 19 ans reste caché au nom de la bonne conscience.

Supprimons les prisons !

Pour que ça n’arrive plus...

Ce meurtre impose un rassemblement devant la prison afin de soutenir la famille de ce jeune et dénoncer ces tortures infligées dans le cadre d’une institution d’un pays dit démocratique.

Rassemblement le MERCREDI 26 MARS à 16h30
devant la Prison de Valence (avenue de Chabeuil)

P.-S.

Collectif Solidarités Prisonniers de Valence
c/o Le Laboratoire 8, place St Jean 26000 Valence

Radio Labo : émission de radio de 18h15 à 19h le dernier lundi du mois sur Radio Mega 99.2
radio.labo (Arobase) yahoo.fr

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  • Le 21 août 2015 à 11:37, par Filipe

    Quand on sait que le jour même à la relève du repas de midi Jérémy avait demandé à être changé de cellule car selon ses propres mots il allait y avoir un mort dans la journée... Cette histoire me hante depuis presque 10 ans.

  • Le 17 septembre 2010 à 21:37, par postiches62

    interphone dans toutes les cellules des prison de france

  • Le 4 février 2010 à 08:28, par elody

    je suis une petite cousine de Jeremy, je suis désolé de ne vois cet article que maintenant, j’en veux aussi à la prison de valence, ce qu’il lui est arrivé est horrible et je me suis rendu à son enterement même si cela faisait des années que je ne l’avais pas vu ! comme sa marraine l’a dit il ne faisait pas partit des gens du voyage, je le sais car ma grand mère, une martinez aussi est la tante de son grand-père ! et ils ne sont pas du tout des gens du voyage !

  • Le 18 septembre 2008 à 08:37, par luc Baylion

    Est ce que la marraine est consciente du fait que depuis six mois à Valence , un tout petit collectif se bat pour la vérité, contre l’administration pénitentiaire régionale, je ne peux pas dire plus, la répression a assez frappé sur le collectif.
    Prenez contact avec le collectif : adresse:radio labo, radio mega 35 rue Prompsault Valence , c’est ensemble qu’on réussira de casser la chappe de plomb sur cette affaire ( petit article lundi 15 dans le dauphiné).

  • Le 17 septembre 2008 à 19:15, par lolo

    comment ça sa famille fait partie des gens du voyage ???????????
    ses parents ont un métier stable à st étienne ou dans la région stéphanoise, ses grands-parents ont travaillé toute leur vie à st étienne. ils se battent tous pour savoir la vérité.
    arrêtez de dire des « conneries ».
    sa marraine

  • Le 18 avril 2008 à 14:28

    Pour info : Jérémy n’était pas d’une famille des gens du voyage ! son père travaille dans une entreprise de transport et sa maman travaille dans une crêche. Ne parlez pas de racisme dans ce drame . Une amie de sa maman Véronique.

  • Le 25 mars 2008 à 10:06, par florette

    Pour en finir avec toutes les prisons !

    Jeremy Martinez est mort à la prison de Valence le 4 mars 2008. Il y était depuis trois mois. Trois pendant lesquels l’indifférence la plus noire était la seule réponse face à ses plaintes contre les blessures que lui infligeait son codétenu.
    Raphaël Loubières, accusé du meurtre, a 19 ans lui aussi. Il était sans profession et SDF quand une affaire d’homicide l’a expédié en taule. Il souffre de troubles psychiatriques sérieux.
    Le mercredi 26 mars, à 16h30, nous nous rassemblerons devant la prison de Valence, non pas pour juger Raphaël (il fait partie, comme nous, des « indésirables ») mais pour soutenir les détenus et leur famille et manifester notre colère contre le système carcéral.
    La prison tue physiquement et mentalement les individus, en les bourrant de cachetons, en les humiliant (mépris de la dignité), en faisant d’eux des animaux.
    Quelle est, aujourd’hui, la fonction de la prison ? Est-elle là comme elle le prétend pour aider l’individu, pour lui faire comprendre ses erreurs, ou n’est-ce qu’un des placards de l’Autorité et de la Répression ? Protége elle la société ou aide elle le capitalisme à proliférer en étouffant les révoltes ? Pourquoi en construire sans cesse de nouvelles, plus grandes (400 places supplémentaires à Valence) et plus blanches ? Le pouvoir en place est- il incapable de gérer sans réprimer ? Et pour qui sont-elles ?
    Ils les érigent pour ceux qui se révoltent contre ce système, ceux que la consommation ne rend pas heureux et qui refusent d’être identifiés à une carte bleue.
    Ils les bâtissent plus sécurisées pour ceux dont on entretient la misère, ceux qu’on parque dans les cités-zoos et qui refusent de se soumettre.
    Ils en font des éducatives, pour des gosses toujours plus violents et de plus en plus tôt.
    Ils en font pour les sans papiers, coupables de fuir la misère et la peur.
    Tout le monde sait que les délinquants, avant d’être coupables, ont été victimes. Tout le monde sait que ce sont les injustices sociales, multipliées par le capitalisme, qui font les criminels. La révolte ne sera pas matée par l’emprisonnement, les laissés pour compte étant de plus en plus nombreux.
    En 1898, une citation de Zo d’Axa « Il n’y a pas de justice, et je n’ai pas de pain-on m’a tout pris- plus rien à perdre ! Et pas de travail, et je ne veux pas faire le trottoir. Et je ne veux pas que mon vieux père, dépouillé par un magistrat, meure de faim en hiver, sans qu’on sache qui l’assassinat. »

    Fermer les yeux sur ce qui se passe en taule, c’est être complice d’un Etat qui a inventé une nouvelle race de sous-Hommes et s’est assis sur la Déclaration des Droits de l’Homme. C’est cautionner un système qui cherche à faire du monde une prison à ciel ouvert et fait de notre vie une peine perpétuelle. C’est collaborer, comme le Comité de Prévention de la Torture qui est devenu Comité de Propreté de la Torture.
    Nous entendons de plus en plus parler de ces morts derrière les barreaux, de ceux qui sortent de taule les pieds devant.. Ces cadavres ne sont pas de simples bavures, ils sont la conséquence même de notre Etat carcéral. La prison est un non-lieu dans lequel toutes les pratiques barbares trouvent leur justification.
    La prison tue, crève la taule !

  • Le 22 mars 2008 à 16:24

    S’il vous plaît, pouvons-nous organiser des départs en voiture à partir de Lyon (avec partage de frais, par exemple à 13H30 place guichard) ? Qui serait intéressé ? Qui a une voiture ? Perso, j’ai pas de voiture. Merci d’avance mes frèrEs et mes soeurEs.

  • Le 22 mars 2008 à 10:16

    héhé gens du voyage ne veut pas forcément dire gitan, je porte le même nom que ce jeune homme et ma famille est manouche.

  • Le 22 mars 2008 à 08:10

    Sordide affaire en effet.

    Par pitié arrêtez de dire « gens du voyage », le mot gitan est-il devenu tabou ?
    Je vous rappelle que le l’expression « gens du voyage » a été inventée par les français, qu’elle ne prend pas de singulier (comme si un-e gitan-e ça n’existait pas), et qu’elle sufe sur la même vague que « personne de couleur » ou encore « français d’origine étrangère ». Bref toutes ces expressions édulcorée qui signifient trop de racisme ordinaire.

    A bas la prison, toutes les prisons. Liberté pour tous.

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