Alors, quelles conclusions à ce forum ?

Pas grand chose, réunissant des « intellectuels » d’accord entre eux avant de venir, chacun est reparti d’accord, quoi de plus naturel... Réunir des gens sans confrontation, fuir la critique, une jolie mise en scène... peut-être n’ai-je juste pas eu de chance, n’ayant fait en trois jours que des tables pas très rondes (certaines paraît-il ont bien fait tourner la parole -immigration, éthique-) mais en temps que jeune, alter mondialiste, radicale pacifiste et refusée à l’entrée de la dernière plénière pour les raisons précédentes, je me permets une relecture de ce
forum auquel j’ai participé, fait des tables rondes à chaque horaire et pris la parole en toute démocratie.

"La nouvelle critique sociale" se posant sous l’image d’un forum
ouvert à tous et gratuit a en effet plus pris la forme d’un colloque. La « grande manifestation de débats et de projets » annoncées réunissant chercheurs et intellectuels s’est en fait refermée sur elle même ne réunissant qu’intellectuels du même bord (à quelque chose prêt) ou du moins ayant acceptés de jouer le jeu d’une gauche qui saura très habilement récupérer cette manifestation, comme un lieu qui aura été fruit d’échanges constructifs et significatifs d’une grande avancée...

Quant au public, venu pour la plupart du même milieu, d’un certain âge, que dire de sa béatitude face aux exercices de style déployés par la tribune pour convaincre ? (devrais-je dire persuader ?).

Si une réelle volonté d’ouvrir un échange avait été, une diffusion du forum aurait-eu lieu or celui ci n’a pas été signalé, absent au petit bulletin, et non tracté, autant dire que personne n’était au courant dans les milieux qui justement concernaient le forum, alors que la précarité est à la porte de la mc2 (Villeneuve), aucun invité n’y a mis les pieds, il est plus facile de débattre quand on ne sait pas, ou plutôt on croit savoir...

La mascarade, pour bien commencer, a débuté fort avec le discours de
notre cher maire et député de l’Isère Michel Destot, quelque peu interrompu par des jeunes. Ceux-ci avaient en effet décidé d’intervenir pour dénoncer l’hypocrisie de ce rassemblement. Une vingtaine de jeunes se sont fait expulser de l’auditorium par une sécurité musclée...

Michel Destot n’a pas dû faire beaucoup de discours ces derniers temps sans être interrompu mais son comportement est tel qu’il ne faut pas qu’il s’en étonne. Notre volonté de se faire entendre, notre critique du forum ( cf. tract « la nouvelle critique sociale s’insurge » se bute à une non écoute, à la répression et le clasch se fait, les politiques n’ont rien fait pour l’éviter.

Alors si l’identité de Grenoble est liée à la défense des libertés comme l’a rappelé notre cher maire devrais-je rappeler que Grenoble est aussi ville test en matière de répression et que nous en avons fait durement les frais dernièrement ? (la liberté...).

La première plénière

Enfin bon, la première plénière a gentiment démontré que la société française va mal et est en crise (comme si nous ne le savions pas), revenant sur des faits.
Or quelle facilité d’être d’accord sur des faits passés, constater c’est facile mais aller de l’avant moins, et aucun pas n’aura été fait...
Entre modèle Danois (idéal de la gauche ?) et non, petites querelles de table s’amorcent avec sourire, il faut bien faire semblant de débattre ! La salle n’aura que peu la parole (devrais je dire quasiment nullement la parole) : échec d’échange.
Une plénière n’appelle pas forcément la salle mais les tables rondes, si, or celles-ci seront aussi un échec pour la plupart... aucune excuse.

Première table ronde : « la France des 16-25 ans ».

La grande représentante des jeunes étant... Julie Coudry ! Jackpot !
Autant dire un syndicat sur médiatisé et sous présent dans les universités...
Si pleine d’élan, se concidérant comme porte parole d’une jeunesse elle déclare que les jeunes ont acceptés le système actuel, qu’ils sont prêts à rentrer dedans juste avec plus de sécurité (un fauteuil en cuir plutôt qu’un tabouret ?) elle n’a pas dû beaucoup mettre les pieds dans les manifestations et dans la jeunesse révoltée dernièrement (et encore aujourd’hui). Nous refusons le système actuel, nous voulons le changer, nous ré interroger sur la valeur du travail...

Alors, Julie Coudry, tu n’as rien compris, nous n’étions pas là « contre le cpe », nous étions là contre un système et la lutte n’est pas finie
 [1]. Son invitation n’était pas innocente... Alors entre petites querelles « l’université va mal » et « non l’université va très mal », alors que des profs nous parlaient de salaires avec pas vraiment de tact (« il » veut bien être payé à s’occuper de ses élèves comme cela « il » gagnera plus...) le débat n’a pas beaucoup avancé...
Alors... réforme du système ? Tout le monde est d’accord pour le dire, personne ne se bougerait pour le faire...
Alors constatons : rien ne va, pour les sans diplôme, pour les diplômés, erreurs d’orientation, sélections...
Comme si nous ne le savions pas encore une fois !

Deuxième plénière

Après une deuxième plénière sur « l’individu déchiré » entre les extrêmes, le rien et le trop, impossible à cadrer, pouvant à la fois être « bon » et « voyou », étalage de blablatage plat sur un sujet pourtant intéressant (chacun fait son speech et puis voilà...)

Table ronde « diversité et gratuité dans la culture »

me voici donc à la table ronde pas ronde « diversité et gratuité dans la culture » animée par le ridicule Frédéric Martel de la république des idées. Présents : PDG, internautes surtout, des « grands »... juste une tribune qui fait l’amalgame Internet et culture, le débat aurait dû s’intituler « la licence globale » mais non, son titre était bien le précédent...
Enfin bon, triste table ronde, étalage de culture de masse, les mots les plus souvent répétés étant industrie, marché, consommateur, offre... et... accrochez vous, la grande valeur montante de la culture est... les sonneries de téléphone portable ! (youhou, tout le monde est content !)

et la culture ? la « vraie » ? niet. On la laisse mourir, elle ne rapporte rien. Alors ils ont beau dire « la culture va bien, regardez la mc2 » on peut dire la culture va bien, regardez il y a moins d’un an on a mis dehors les 400 couverts approuvés par leur quartier, ce n’était pas les premiers, ils ne seront pas les derniers, regardez la culture va bien, les petites salles meurent, les petites galeries aussi mais bon "la culture va bien ». Alors que fait-on réellement pour la culture ? Celle qui s’inscrit dans le temps ? Dans la ville ? Dans un quartier ?
Celle qui s’engage ? La non académique que renient les « grands » ?

Notre cher animateur a habilement ignoré les questions qui dérangent, les critiques, ne reléguant que celles qui pouvaient servir à appuyer les discours de la table pas ronde qui nous faisait face.
Alors Internet ? Je préférerais toujours aller au musée plutôt qu’une image pixelisée, aller au théâtre et vivre la culture qu’être face à un écran, en gros voir fleurir une culture diverse, ouverte à tous... mais apparemment ce n’était pas le thème de ce faux débat.
Ridicule.

Table ronde sur les frontières de l’éthique

Le dernier jour avait pourtant bien commencé avec ma première table ronde « ronde », sur les frontière de l’éthique, une table et un débat intéressant contrastant avec la table sur « nouveaux médias et démocratie » où le PDG de skyrock est invité à parler d’information, laquelle on se le demande...

Si je suis sortie à midi pour dire bonjour à des amis, il se trouve que nous n’avons pas pu aller à la dernière plénière avec intervention de Lamy alors que nous avions tous notre ticket déjà pris quelques jours avant...
En effet nous étions bloqués dehors par les videurs sur directive du ministère de l’intérieur avec une consigne simple : ne pas laisser rentrer les jeunes alter mondialistes des rêves pleins la tête...

Les négociations nous étant refusées nous avons organisé une séance de lecture publique et de débat entre nous sur les thème de la démocratie, la liberté d’expression et la jeunesse sous les yeux des bleus et de la BAC, quels agitateurs nous sommes voyons !

Le forum ouvert à tous nous a été fermé pour délit de faciès certains d’entre nous ayant été prévenus que s’ils voulaient rentrer ils devaient passer tout droit quand ils arrivaient comme s’ils ne nous connaissaient pas. Ceux à la « bonne tête » sont passés les autres non... dehors avec nous. Mais on nous le répète, le débat est ouvert, on veut nous écouter, la discussion est possible c’est de notre faute si le dialogue ne se fait pas ! Certains à l’intérieur ont demandé le micro (sagement en
levant le doigt bien sûr...) mais les RG dirigeaient la parole, autant dire qu’ils ne l’ont pas eu...

Alors que dire ? Mascarade de la démocratie ? Faux forum ? Alors que la « banlieue » qu’ils redoutent tant est juste à côté pleine de vie, les costards ont repris le TGV, bien content d’avoir parlé de crise et de précarité, content de savoir que son voisin de chaise soit de son avis et content que le public soit de son avis aussi vu que le peu qui ne l’était pas n’était pas entendu car de toute façon ils n’étaient pas invité à la fête privée qu’il fallait déclarer comme telle avant de commencer...

Que dire ? Rien.

Il n’y aura eu aucun dialogue, beaucoup de blablatage étalé, aucune proposition...
Nous n’avons pas avancé, une fois de plus on nous aura refusé la parole.

Une fois de plus les politiques mènent bien leur jeu