L’Insoleuse expulsée : récit d’une réoccupation

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Mercredi 7 mars à 8h30, les flics
débarquent à l’Insoleuse,
accompagnéEs d’un huissier et d’un serrurier
pour expulser les occupantEs. Du
monde est rapidement appelé en renfort
afin d’évacuer toutes les affaires et le
matériel accumulés dans les lieux depuis
cinq mois. En l’espace d’une heure, plus
de quarante personnes et une dizaine de
véhicules sont là de sorte que tout a pu
être sauvé avant l’évacuation définitive.
A ce moment là, personne ne sait si l’expulsion
est légale, l’huissier ayant refusé
de présenter le titre de l’expulsion et
aucun procès n’ayant eu lieu à la
connaissance des habitantEs. Ce n’est que
le lendemain, en téléphonant au service
des expulsions locatives de la préfecture,
que l’on apprend qu’une ordonnance sur
requête a été ordonnée le 14 décembre
dernier (cette procédure, anonyme et non
contradictoire, permet au propriétaire de
faire expulser un squat sans que les
occupantEs ne s’en rendent compte et ce
dès que le jugement a eu lieu).

Le vendredi 9, une réunion a lieu au Boulon
et à laquelle plus de 60 personnes participent.
La proposition qui est faite est de
réoccuper l’Insoleuse juste pour le weekend
afin de maintenir le concert prévu le
samedi soir et de montrer aux flics qu’ils ne
peuvent pas faire exactement ce qu’illes
veulent. La réoccupation est décidée pour
le soir même et deux équipes sont formés
 : la moitié des personnes présentes rentrera
dans le lieu dès la fin de la réunion,
et l’autre moitié s’occupera de la logistique
depuis l’extérieur.

La nuit du vendredi a donc été passée à
barricader toutes les entrées de
l’Insoleuse avec tout ce qui était disponible
dans les lieux. A 7hoo du matin, tout est
terminé, des équipes de guets sont formées
afin de surveiller la rue pendant que
les autres dorment. Vers 11h00, tout le
monde est réveillé en catastrophe, les
pompiers sont montés au deuxième étage avec leur camion à échelle et ont surpris
l’un des guets. Branlement de combat, tout
le monde s’attend à ce que les flics
débarquent en force. A l’extérieur, et
tandis que les pompiers s’en vont, des
équipes de guets, en contact permanent
avec l’extérieur, sillonnent le quartier à
pied et en vélos.

Vers midi, le gardien chargé de la sécurité
et un de ses collègues essayent
d’ouvrir la porte de devant sans y parvenir.
Ils restent devant le bâtiment plus
d’une heure. A l’intérieur, tout le monde
est sur les nerfs, il faut absolument tenir
jusqu’à 18h00, heure à laquelle les renforts
doivent arriver (on attend au moins
100 personnes). Le reste de l’après midi
est passée dans l’anxiété mais les flics
n’ont pas l’air de montrer leur nez.

Un peu avant 18h00, et alors que plus de 50
personnes sont rassemblées sur la place
des maisonneuves et prêtes à rentrer, une
patrouille de flics se gare devant l’entrée
principale. Dedans c’est l’inquiétude,
comment faire rentrer les autres sans que
les flics s’en rendent compte. S’en suit
une suite de malentendus entre ceux chargés
de faire rentrer le groupe par l’arrière
du bâtiment, ceux qui surveillent la
porte d’entrée, avec qui le contact est
coupé, et touTEs les autres, rassembléEs
au deuxième étage et aveugles. Lorsque
finalement le groupe parvient à rentrer,
l’info de leur arrivée est transformée en
« les flics sont rentréEs ! » Au deuxième
étage c’est vraiment la panique, tout le
monde est persuadé que ce n’est pas le
groupe mais les flics qui sont rentréEs et,
au moment où la décision de soit monter
sur le toit, soit se barrer par derrière va
être prise, le groupe fait son apparition…
Le deuxième groupe, composé également
d’une cinquantaine de personnes
parvient également à rentrer une heure
plus tard de sorte qu’à 19h30, plus de 120
personnes occupent l’Insoleuse. Les flics
sont toujours devant, mais en nombre restreint
et ne semblent rien vouloir tenter.
Vers 20H00, l’équipe chargée de discuter
avec eux leur explique que nous sommes
très nombreux/euses à l’intérieur,
que nous ne comptons rester dans les lieux
que pour la soirée et qu’en conséquence,
l’intérêt pour tout le monde est
qu’aucune intervention n’ait lieu ce soir
là. A part une ou deux patrouilles qui feront
de timides apparitions pendant la soirée,
on ne les verra plus de la nuit.

Le concert a donc eu lieu (presque) normalement,
mis à part l’absence de GRZZZ et
d’Ethnopaire, qui ont préféré ne pas risquer
leur matos. Lexomyl et Passion
Armée, les deux groupes qui répétaient
à l’Insoleuse, les ont remplacés au pied
levé accompagnés de Daïtro (avec une
formation spéciale sans leur chanteur),
d’un split mythique IRD-Coche Bomba (en
la personne d’Yvan Brun)- Lexomyl, et
pour finir, le groupe Mammouth, venus
exprès de Bruxelles eux aussi sans leur
chanteur.

A 3H00 du matin, tout le monde était parti,
tout le matériel récupéré, et le maximum
de mobilier qui n’avait pu être repris le
jour de l’expulsion posé dans la rue. Cette
brève (mais intense) réoccupation fait
écho à la réoccupation de force du
Clandé à Toulouse à l’automne dernier
et aux nombreuses actions menées un peu
partout dans le monde en solidarité au
squat danois Ungdomshuset. Elle s’inscrit
dans cette même volonté offensive de lutter
pour ces espaces hors contrôles et nous
rappelle que si nous sommes suffisamment
nombreux/euses et suffisamment
énervéEs, rien ne nous empêche de faire
exactement ce qu’on veut.

Sur la façade extérieure, tout en haut du
bâtiment, les mots “1 squat fermé, 10
squats ouverts” et “ l’Insoleuse
Ungdomshuset, guerre sociale” resteront
inscrits jusqu’à ce que le bâtiment soit
détruit.

Squatatakfromouterspace

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