Le cauchemar éveillé du peuple portugais

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« Dans mon pays, les gens sont totalement disposés à se sacrifier et à travailler plus afin que le programme d’ajustement soit un succès ». Ainsi parla Vitor Gaspar, ministre des finances du Portugal, en avril dernier. Une sortie inique mais qui avait le mérite de la franchise : dans un pays socialement ravagé par les politiques de rigueur, les « sacrifices » se multiplient sans réelle contestation populaire. Jusqu’ici.

Ces deux événements qui se sont télescopés par hasard dans le spectacle médiatique symbolisent parfaitement, chacun à leur manière, les deux tendances qui traversent la société portugaise en ces temps de crise. D’un côté, la radicalisation d’une minorité qui, pour la première fois depuis les années de la révolution portugaise de 1974-1975, prend en mains la nécessité de construire des alternatives à la morbidité du déterminisme économique. Dans ce camp, on trouve des jeunes précarisés, mais aussi des personnes des classes populaires, fatiguées des sacrifices mentionnés par Gaspalazar, chez qui l’épuisement de la patience lusitanienne fait place à une sourde haine envers les puissants. De l’autre côté, l’attitude servile de Gaspalazar traduit la bassesse de la bourgeoisie portugaise face aux seigneurs du monde financier. En toile de fond de ces deux histoires défile le paysage d’une société dévastée par les mesures de récession.

Il paraît de plus en plus évident que le mouvement de la démocratie de notre époque se réduit à l’alternance entre deux courants politiques siamois au sommet de l’État, soumis à une même logique économique. Au Portugal aussi, le fait électoral n’est plus un choix mais un rejet. Aux affaires pendant de longues années, le parti socialiste fut ainsi chassé au profit de son clone de droite, le parti social démocrate. Après avoir appliqué les premières mesures d’austérité dictées par la Troïka en échange du premier prêt de sauvetage2, les socialistes furent confrontés à une contestation inattendue. Le 12 mars 2011, des centaines de milliers de personnes descendaient dans les rues des grandes villes à l’appel d’un collectif informel de jeunes précaires. Paradoxalement, et alors que la passivité sociale est l’un des traits marquants de la société portugaise, le mouvement dit du 12M sera le premier d’une longue liste de mouvements, allant du 15M en Espagne, aux Indignés grecs et israéliens, et aux Américains de Occupy Wall Street. Se démarquant des messes traditionnelles de l’archaïque parti communiste portugais et de sa centrale syndicale, la CGTP, ces manifestations exprimaient une contestation moderne du système, un rejet de la corruption du monde politique, un questionnement sur les conséquences sociales de l’économie de profit et de la nature autoritaire du système représentatif. Contrairement aux autres mouvements de ce type, le 12M fut sans lendemain. Il était marqué par la frustration et la désillusion d’une jeunesse étudiante qui s’accrochait encore à l’idée de la « réussite », caractérisée par le statut social et un niveau de consommation conséquent.

(...)

La suite à lire sur : http://www.article11.info/?Le-cauchemar-eveille-du-peuple

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