Février 2012, le maire de Lyon Gérard Collomb ainsi que toute la presse lyonnaise rivalisaient pour promouvoir un nouveau service aux lyonnais avec la mise en service par la société Car2go d’un système de prêt de courte durée (location à la minute) de voitures Smart.
Blog de Gérard Collomb le 1er février 2012 « : C’est aujourd’hui que nous avons mis en service Car2Go : 200 véhicules Smart pour faciliter vos déplacements. Lyon est la première ville en France à accueillir ce nouveau service déjà expérimenté en Allemagne ou au Canada. Nous franchissons ainsi une étape supplémentaire dans notre politique de mobilité urbaine. Notre objectif ? Construire une ville intelligente, une ville innovante pour une vie plus évidente ! »
Filiale du groupe allemand Daimler et du loueur de voitures Europcar , quelques extraits de la presse de début février : « Car2go ne coûtera rien à la ville de Lyon. Celle-ci percevra même une redevance de 70 euros par voiture et par mois au titre de l’occupation des places de stationnement. "Daimler et Europcar prennent tous les risques. (...) Le déploiement des 200 Smart représente un investissement de trois millions d’euros, soit environ 15 000 euros par véhicule. Selon Marcus Spickermann, directeur financier de Car2go, "la rentabilité sera atteinte en 2013". » (mobilicites.com)
3 mois après la mise en service de ce système, en mai 2012, la société Car2go perd un procès intenté par la société Cargo (qui n’a aucun lien avec Car2go), la justice considérant que les deux noms étaient trop proches et lui imposait de changer de nom ce qu’elle a fait.
Mais l’affaire se complique, notamment pour les salariées...
Au lieu de modifier les contrats avec les usagers et continuer l’activité sous un autre nom, la société décidait, après ce jugement, de rapatrier les voitures en Allemagne et de suspendre l’activité à Lyon. A la suite de cette décision brutale, des abonnés à ce service se sont retrouvés du jour au lendemain sans solution. Les salariées en Contrat à durée indéterminée (CDI) ou en Contrat à durée déterminée (CDD) devaient alors gérer une situation conflictuelle sans soutien de leur société.
Début juin les salariées en CDI étaient convoquées pour un entretien préalable pour un licenciement économique. Puis la Direction a annulé les entretiens sans aucune explication. Les voitures étant parties en Allemagne, les 5 salariées (2 en CDD et 3 en CDI) se sont retrouvées sans information sur les intentions de leur Direction allemande. Les employées ont subi une pression permanente en recevant des e-mails leur demandant de chercher du travail. L’objectif évident de leur entreprise était de les faire démissionner ou de les pousser à la faute (si elles ne se rendaient pas sur leur lieu de travail).
Il y a une semaine, les salariées recevaient une convocation en vue d’un licenciement pour motif économique pour les 3 salariées en CDI et une convocation pour un entretien sans motif pour les 2 salariées en CDD.
Des procédés illégaux et contraires à la réglementation du travail.
Convoquées le 16 octobre en début d’après midi, les 3 salariées en CDI étaient accompagnées par une conseillère du salarié de l’Union Syndicale Solidaires. L’employeur a fait pression pour que les entretiens se déroulent dans des conditions totalement en dehors du code du travail. Un entretien de licenciement doit évident se réaliser en Français. L’employeur, ne parlant pas notre langue, a tenté d’imposer cet entretien avec la présence d’un avocat français, ce qui est totalement illégal. Le refus des salariées et de la conseillère du salarié de l’Union Syndicale Solidaires de tenir cet entretien dans ces conditions illégales conduisait l’employeur à poursuivre les pressions et un chantage tout à fait déplacer dans cette circonstance.
A l’issue de la journée, une lettre indiquant « vous êtes dispensée de l’exécution de votre contrat de travail » a été remise aux 5 salariées. Les salariées continuent à percevoir un salaire et devraient être convoquées à nouveau dans les délais légaux dans les jours qui viennent. L’Union Syndicale Solidaires va continuer à soutenir les salariées dans cette période particulièrement difficile.
Des méthodes très contestables...
La situation dans laquelle les salariées ont été laissées depuis juin est totalement inacceptable et doit être mise en cause dans la mesure où on peut considérer que l’employeur n’a pas rempli ses exigences d’appliquer le contrat de travail « de bonne foi ». Ne pas donner de travail aux salariées ou bien des tâches sans rapport avec leurs compétences relève de la « mise en danger de la vie d’autrui » dans la mesure où cela avait comme objectif essentiel de les faire craquer.
Le licenciement économique n’est pas acceptable pour au moins deux raisons :
la justice a simplement interdit à Car2go d’utiliser ce nom, pas de cesser son activité. Il n’y
avait aucune raison « économique » de rapatrier les voitures en Allemagne et d’arrêter le
service
si bien même il y avait cessation de cette activité, Car2go est une filiale de Daimler et
Europcar et les salariées doivent être reclassées dans l’une de ces entreprises, ce qui ne leur a pas été proposé.
En fait cette affaire illustre le quotidien des salariés des très petites entreprises victimes d’employeurs qui ne respectent pas les lois du travail et traite les salariés comme du bétail qu’on envoie au chômage sans état d’âme. La présence d’un avocat ce 16 octobre n’avait qu’un seul but pour l’employeur : se « débarrasser » des salariées au plus vite et les envoyer au chômage sans aucune considération pour leur investissement dans la mise en œuvre de cette activité sur Lyon.
La responsabilité des politiques (et notamment de Gérard Collomb qui préside le Grand Lyon) peut aussi légitimement être questionnée et l’Union Syndicale Solidaires va, dans les jours qui viennent, interpeller les responsables de la situation que subissent aujourd’hui les 5 salariées de Car2go. Des contacts sont également en cours avec les syndicalistes allemands de Daimler.
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