Dans un article publié le 11 juillet, Médiacités raconte la lutte acharnée qu’a menée une famille pour faire casser la décision de la métropole de Lyon qui leur refusait le versement d’une prestation pour leur fille atteinte de trisomie 21 (Allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH)). Ce papier est l’occasion de dresser un portrait de la situation catastrophique qui règne à la Maison départementale et métropolitaine des personnes handicapées (MDMPH) de Lyon.
« La MDMPH fonctionne à flux tendu et avec peu de moyens humains, témoigne une source interne contactée par Médiacités. Une commission CDAPH, ce sont parfois près de 500 dossiers étudiés en une après-midi. On n’a pas le temps d’aller très loin dans les situations individuelles. » En mars 2018, 70 parlementaires ont ainsi visité une quarantaine de MDPH partout en France, pointant « un système à bout de souffle » devant être « revisité en profondeur ».
L’essoufflement du système ressemble fort à une stratégie habituelle de casse des services publics. Elle a pour conséquence à la fois de conduire à l’épuisement des personnels surchargés et de pousser des ayant-droits à ne plus demander les prestations auxquelles ils et elles peuvent prétendre.
« Il y a une surcharge réelle de la MDMPH de Lyon, le personnel souffre », admet pour sa part maître Laurence Cruciani, présidente de la commission “Tutelle et handicap” du barreau de Lyon. « Mais il y a aussi une stratégie d’usure : on refuse certaines prestations et on compte sur l’épuisement des familles pour qu’elles ne fassent pas de recours », affirme l’avocate pour qui « les MDMPH sont en train de devenir un outil qui entrave les droits des plus vulnérables. Les décisions ne sont pas motivées, on met des arguments prétextes. C’est généralisé et ça va en s’aggravant », assure-t-elle.
Le cas des enfants handicapés est particulièrement frappant. Les familles doivent justifier chaque année, au tribunal, de la véracité du handicap dont les enfants sont atteints. Ce qui engendre de la souffrance chez les familles et les place dans une situation de faiblesse stigmatisante. Surtout, comme le souligne une conseillère municipale lyonnaise, c’est une « logique comptable » qui est, en vigueur à la MDMPH. « Ils jouent sur les critères d’attribution pour dépenser le moins d’argent possible ». Au détriment de la santé des personnels, des personnes en situation de handicap et de leurs familles.
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