L’entreprise Microsoft est une nouvelle fois mise en accusation le 14 janvier 2008 à Bruxelles pour abus de position dominante.
Je
vous avais déjà parlé en septembre 2007 sur Rebellyon, dans l’article Gégé fait informatique à Lyon avec Bill, de l’accord qu’a signé le maire de Lyon et président du Grand Lyon Gérard Collomb avec Bill Gates, le patron de l’entreprise-voyou américaine Microsoft, pour l’installation de logiciels propriétaires dans une grande partie de l’administration municipale, des bibliothèques municipales et les écoles [1] [2].
L’université Lyon 1, en toute connaissance de cause, a également signé un accord avec la firme de Redmond en novembre 2007 ; Lionel Collet, le président de l’université, déclarant alors : « nous n’avons pas attendu la loi Pécresse pour nous intéresser au milieu de l’entreprise » ; même crapuleuses, donc ! À noter qu’ainsi, pour un droit d’entrée de quelques clopinettes, Microsoft rentre aussi dans les hôpitaux de la région, où elle va mettre son nez dans la gestion des dossiers médicaux dans les centres hospitaliers universitaires (CHU), qui dépendent en partie de Lyon 1.
À l’Insa, des accords avec Microsoft existent depuis 2004, et Microsoft France participe aux comités pédagogiques des filières Informatique et Télécommunications, Services et Usages de l’INSA de Lyon !
Pourtant, et nos compères ne pouvaient l’ignorer, la firme avait déjà été condamnée en 2004 à 497 millions d’euros d’amende pour "abus de position dominante", peine confirmée en septembre 2007. Bruxelles a notamment obtenu de Microsoft qu’il commercialise une version de Windows expurgée du lecteur multimédia Media Player, et qu’il fournisse une meilleure documentation technique sur Windows à ses concurrents, y compris aux concepteurs de logiciels libres. Microsoft a finalement décidé fin octobre 2007 de ne pas faire appel de cette condamnation.
On attend toujours par ailleurs la confirmation de l’amende de 280,5 millions d’euros infligée par Bruxelles suite à la non-conformation de Microsoft aux premières injonctions , quant à d’une part la vente liée de Windows et Internet Explorer, et d’autre part ses obligations quant à la qualité et au prix des informations techniques fournies dans les documents sur l’interopérabilité de Windows.
Et voilà que la Commission européenne a annoncé, lundi 14 janvier 2008, l’ouverture de nouvelles enquêtes sur Microsoft, toujours pour des soupçons d’abus de position dominante. Les enquêtes concernent cette fois-ci, entre autres, la suite Office, contenant par exemple le logiciel de traitement de texte Word ou le tableur Excel, et le navigateur Internet Explorer ; et le fait que le groupe américain refuse aussi, encore et toujours, de divulguer à ses concurrents des informations techniques permettant d’assurer l’interopérabilité non seulement de ces logiciels , mais aussi « d’une large série de produits. »
Il est à noter que cette démarche fait suite aux plaintes déposées par le fabricant de logiciels norvégien Opera et par le Comité européen pour des services interopérables (ECIS), qui regroupe des entreprises comme IBM, Nokia, Oracle ou Sun Microsystems ; on voit donc que les critiques faites à Microsoft ne sont pas simplement celles de geeks hurluberlu.es !
Sans compter que Bruxelles indique aussi avoir été alerté sur l’incorporation à Windows d’autres produits logiciels tels que Windows Live ou Windows Desktop search.
Ça fait beaucoup, non ? En tout cas suffisamment à mon goût pour que la mairie de Lyon et les universités lyonnaises dénoncent les accords passés avec des voyous, fussent-ils en col blanc !
Quand l’UNESCO soutient le développement et la libre diffusion de matériel éducatif ; quand, pour des raisons et de coût, et de facilité d’utilisation, et de confidentialité, l’assemblée nationale, la gendarmerie, le ministère de la Défense, l’administration de pays entiers comme la Corée du sud ou Israël, ont fait le choix de systèmes non-propriétaires ; quand pour les mêmes raisons, le gouvernement et tous les services publics des Pays-Bas passent au libre dès avril 2008 et qu’une ville comme Paris poursuit sa migration vers les logiciels libres, il est aberrant qu’une ville comme Lyon et ses universités nous livrent pieds et poings liés à Microsoft l’arnaqueuse.
Protestons auprès de la mairie de Lyon et de ses universités !
Halte aux racketiciels !
Exigeons la dénonciation des accords lyonnais avec Microsoft !
Ferker
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