Mise au point, du Comité Invisible

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Dernier communiqué du Comité Invisible.

« Tout le monde s’accorde. Ça va péter. On en convient, l’air grave ou crânement, dans les couloirs de l’Assemblée, comme hier on se le répétait au bistrot. On se complaît à l’estimation des risques. Déjà, on détaille par le menu les opérations préventives de quadrillage du territoire. » (...)

Tout le monde s’accorde. Ça va péter. On en convient, l’air grave ou crânement, dans les couloirs de l’Assemblée, comme hier on se le répétait au bistrot. On se complaît à l’estimation des risques. Déjà, on détaille par le menu les opérations préventives de quadrillage du territoire. Les festivités de la nouvelle année en prennent un tour décisif. "C’est la dernière année où il y aura des huitres !" Pour que la fête ne soit pas totalement éclipsée par la tradition du désordre, il faut les 36000 flics et les 16 hélicoptères dépêchés par Alliot-Marie, elle qui, lors des manifestations lycéennes de décembre, guettait en tremblant le moindre signe d’une contamination grecque. On entend toujours plus clairement, sous les propos rassurants, le bruit des préparatifs d’une guerre ouverte. Nul ne peut plus ignorer sa mise en œuvre affichée, froide et pragmatique, qui ne prend même plus la peine de se présenter comme une opération de pacification.

Les journaux dressent consciencieusement la liste des causes de l’inquiétude soudaine. Il y a la crise, bien sûr, avec son chômage explosif, son lot de désespérance et de plans sociaux, ses scandales Kerviel ou Madoff. Il y a la faillite du système scolaire qui ne parvient plus à produire de travailleurs, ni à calibrer du citoyen ; plus même à partir des enfants de la classe moyenne. Il y a le malaise, dit-on, d’une jeunesse à laquelle aucune représentation politique ne correspond, tout juste bonne à jeter des voitures-bélier sur les vélos gratuits qu’on veut bien mettre à sa disposition.

Tous ces sujets d’inquiétudes ne devraient pourtant pas paraître insurmontables à une époque où le mode de gouvernement prédominant consiste justement en la gestion de situations de crise. Sauf à considérer que ce que le pouvoir affronte n’est ni une crise de plus, ni une succession de problèmes chroniques, de dérèglements plus ou moins attendus. Mais un péril singulier : que se manifestent une forme de conflit, et de positions, qui précisément ne soient pas gérables.


* *

Ceux qui, partout, sont ce péril, ont à se poser des questions moins oiseuses que celle des causes et des probabilités de mouvements et d’affrontements qui, de toute façon, vont avoir lieu. Dont la suivante. Comment le chaos grec vient-il résonner dans la situation française ? Un soulèvement ici, ne peut être pensé comme la simple transposition de ce qui s’est produit là-bas. La guerre civile mondiale a encore ses spécificités locales, et une situation d’émeutes généralisées provoquerait, en France une déflagration d’une autre teneur.

Les émeutiers grecs ont eu à faire à un État faible, tout en disposant d’une forte popularité.

Il ne faut pas oublier que contre le régime des colonels, la démocratie s’est reconstituée, il y a tout juste trente ans, à partir d’une pratique de la violence politique. Cette violence, dont le souvenir n’est pas si lointain, semble encore une évidence pour la plupart des Grecs. Même les pontes du PS local ont tâté du cocktail Molotov dans leur jeunesse. En retour, la politique classique connait des variantes qui savent très bien s’accommoder de ces pratiques, et propager jusque dans l’émeute leurs niaiseries idéologiques. Si ce n’est pas dans la rue que s’est décidée et terminée la bataille grecque — la police y étant visiblement débordée — c’est que sa neutralisation s’est jouée ailleurs. Rien de plus épuisant, rien de plus fatal en effet que cette politique classique, avec ses rituels desséchés, sa pensée qui ne pense pas, son petit monde clos.

En France, nos bureaucrates socialistes les plus exaltés ne furent jamais que d’austères noyauteurs d’assemblées, des pisse-froid responsables. Ici, tout concourt plutôt à annihiler la moindre forme d’intensité politique. Ce qui permet que l’on puisse toujours opposer le citoyen au casseur. Et puiser dans un réservoir sans fond d’oppositions factices : usagers contre grévistes, antibloqueurs contre preneurs d’otages, braves gens contre racailles. Une opération quasi linguistique qui va de pair avec des mesures quasi militaires. Les émeutes de novembre 2005 et, dans un contexte différent, les mouvements sociaux de l’automne 2007 ont fourni quelques exemples du procédé. L’image des étudiants à mèche de Nanterre appaudissant aux cris de « Allez les bleus » l’expulsion de leurs condisciples par la police, ne donne ainsi qu’un mince aperçu de ce que l’avenir nous réserve.

Il va sans dire que l’attachement des Français à l’État — garant des valeurs universelles, dernier rempart contre le désastre — est une pathologie dont il est compliqué de se défaire. C’est surtout une fiction qui ne sait plus durer. Nos gouvernants eux-mêmes la considèrent chaque jour un peu plus comme un encombrement inutile, puisqu’eux, du moins, assument le conflit, militairement. Qui n’ont plus aucun complexe à envoyer les unités d’élite antiterroriste pour mater les émeutes de banlieue, comme pour libérer un centre de tri occupé par ses salariés. À mesure que l’État providence se craquelle, l’affrontement brut entre ceux qui désirent l’Ordre et ceux qui n’en veulent plus se fait jour. Tout ce que la politique française parvenait jusque là à désactiver est en train de se déchaîner. De tout ce qu’elle a réprimé, elle ne se relèvera pas. On peut compter sur le mouvement qui vient pour trouver, dans le niveau de décomposition avancé de la société, le souffle nihiliste nécessaire. Ce qui ne manquera pas de l’exposer à tout autres limites.

Un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par la contamination, mais par résonance. Quelque chose qui se constitue ici résonne avec l’onde de choc émise par quelque chose qui s’est constitué là-bas. Le corps qui résonne le fait selon son mode propre. Une insurrection n’est pas comme l’extension d’une peste ou d’un feu de forêt — un processus linéaire, qui s’étendrait de proche à proche, à partir d’une étincelle initiale. C’est plutôt quelque chose qui prend corps comme une musique, et dont les foyers, même dispersés dans le temps et dans l’espace, parviennent à imposer le rythme de leur vibration propre. À prendre toujours plus d’épaisseur. Au point que tout retour à la normale ne puisse être désirable, ou même envisageable.

Lorsque nous parlons d’Empire, nous nommons les dispositifs du pouvoir qui, préventivement, chirurgicalement, retiennent tous les devenirs révolutionnaires d’une situation. En cela, l’Empire n’est pas un ennemi qui nous fait face. C’est un rythme qui s’impose, une manière de faire découler et s’écouler la réalité. C’est donc moins un ordre du monde que son écoulement triste, pesant et militaire.

Ce que nous entendons du parti des insurgés, c’est l’ébauche d’une toute autre composition, d’un tout autre pan du réel, qui de la Grèce aux banlieues françaises cherche ses accords.


* *

Il est désormais de notoriété publique que les situations de crise sont autant d’occasions offertes à la domination de se restructurer. Ainsi Sarkozy peut-il, sans trop avoir l’air de mentir, annoncer que la crise financière correspond à la « fin d’un monde », et que l’année 2009 verra la France entrer dans une nouvelle ère. Cette fumisterie de crise économique serait en somme une nouveauté. L’occasion d’une belle épopée qui nous verrait, tous ensemble, combattre les inégalités en même temps que le réchauffement climatique. Ce que pour notre génération, qui est justement née dans la crise et qui n’a connu que cela — crise économique, financière, sociale, écologique — est, vous l’avouerez, relativement difficile à admettre. On ne nous refera pas le coup de la crise, du « on va repartir à zéro » et « il suffira de se serrer la ceinture pendant quelques temps ». À vrai dire l’annonce des chiffres désastreux du chômage ne provoque chez nous aucun sentiment. La crise est une manière de gouverner. Quand ce monde ne semble plus tenir que par l’infinie gestion de sa propre déroute.

On voudrait nous voir derrière l’État, mobilisés, solidaires d’un improbable rafistolage de société. Sauf que nous répugnons tellement à la rejoindre, cette mobilisation, qu’il se pourrait bien que l’on décide, plutôt, à abattre définitivement le capitalisme.

Ce qui est en guerre, ce ne sont pas des manières variables de gérer la société. Ce sont, irréductibles et irréconciliables, les idées du bonheur et leurs mondes. Le pouvoir le sait, nous aussi. Les résidus militants qui nous voient — toujours plus nombreux, toujours moins identifiables — s’arrachent les cheveux pour nous faire rentrer dans les petites cases de leurs petites têtes. Et pourtant ils tendent les bras, pour mieux nous étouffer ; de leurs échecs, de leur paralysie, de leurs problématiques débiles. D’élections en « transitions », ils ne seront jamais rien d’autre que ceux qui nous éloignent chaque fois un peu plus de la possibilité du communisme. Heureusement, on ne s’accommode pas longtemps de trahisons, ni de déceptions.

Le passé nous a donné beaucoup trop de mauvaises réponses pour que nous ne sachions désormais que c’étaient les questions elles-mêmes qui étaient mauvaises.

Ainsi, il n’y a pas à CHOISIR :

Le fétichisme de la spontanéité OU Le contrôle par l’Organisation

Le bricolage des réseaux militants OU La baguette de la hiérarchie

Agir désespérément maintenant OU Attendre désespérément plus tard

Mettre entre parenthèses ce qui est à vivre et à expérimenter ici et maintenant au nom d’un paradis qui à force de s’éloigner ressemble toujours plus à un enfer OU Remâcher du cadavre à force de se persuader que planter des carottes pourrait suffire à nous sortir de ce cauchemar

Choix de l’embarras.

Les Organisations sont un obstacle au fait de s’organiser.

En vérité, il n’y a pas d’écart entre ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous devenons. Les organisations — politiques ou syndicales, fascistes ou anarchistes — commencent toujours par séparer pratiquement ces aspects de l’existence. Elles ont ensuite beau jeu de présenter leur formalisme stupide comme le seul remède à cette séparation. S’organiser ce n’est pas donner une structure à l’impuissance. C’est avant tout nouer des liens, des liens qui ne sont pas neutres, des liens terriblement orientés. Le degré d’organisation se mesure à l’intensité du partage, matériel et spirituel.

D’ores et déjà, donc : « s’organiser matériellement pour subsister, s’organiser matériellement pour attaquer ». Qu’un peu partout s’élabore une nouvelle idée du communisme. Dans l’ombre des bars, des imprimeries, des squats, des cages d’escalier, des fermes, des salles de sport des complicités offensives peuvent naître ; de ces complicités depuis lesquelles le monde prend soudain comme une tournure plus appuyée. Il ne faut pas refuser à ces connivences précieuses les moyens qu’elles exigent pour le déploiement de leur force.

Là se situe la possibilité véritablement révolutionnaire de l’époque. Les échauffourées de plus en plus fréquentes ont ceci de redoutables qu’elles sont chaque fois l’occasion de complicités de ce genre, parfois éphémères, mais parfois aussi indéfectibles. Il y a là, assurément une sorte de processus accumulatif. Au moment où des milliers de jeunes gens prennent à cœur de déserter et de saboter ce monde, il faut être stupide comme un flic pour y chercher une cellule financière, un chef, ou une insouciance.


* *

Deux siècles de capitalisme et de nihilisme marchand ont abouti aux plus extrêmes des étrangetés, à soi, aux autres, aux mondes. L’individu, cette fiction, se décomposait à la même vitesse qu’il devenait réel. Enfants de la métropole, nous faisons ce pari : que c’est à partir du plus profond dépouillement de l’existence que se déploie la possibilité, toujours tue, toujours conjurée, du communisme.

En définitive, c’est avec toute une anthropologie que nous sommes en guerre. Avec l’idée même de l’homme.

Le communisme donc, comme présupposé et comme expérimentation. Partage d’une sensibilité et élaboration du partage. Évidence du commun et construction d’une force. Le communisme comme matrice d’un assaut minutieux, audacieux, contre la domination. Comme appel et comme nom, de tous les mondes résistants à la pacification impériale, de toutes les solidarités irréductibles au règle de la marchandise, de toutes les amitiés assumant les nécessités de la guerre. COMMUNISME. Non pour la raison que, le grand défilé des mots, il ne serait plus à la mode. Mais parce que nos pires ennemis l’ont usé, et qu’ils continuent. Nous insistons. Certains mots sont comme des champs de bataille, dont le sens est une victoire, révolutionnaire, nécessairement arrachée de haute lutte.

Déserter la politique classique signifie assumer la guerre, qui se situe aussi sur le terrain de langage. Ou plutôt sur la manière dont se lient les mots, les gestes et la vie, indissociablement. Si l’on a mis tant d’effort à emprisonner pour le terrorisme quelques jeunes paysans communistes qui auraient participé à la rédaction de L’insurrection qui vient, ce n’est pas pour un « délit d’opinion », mais bien parce qu’ils pourraient incarner une manière de tenir dans la même existence des actes et de la pensée. Ce qui n’est généralement pas pardonné.

Ce dont on accuse ces gens, ce n’est ni d’avoir écrit quelque chose, ni même de s’être attaqués matériellement aux sacro-saints flux qui irriguent la métropole. C’est qu’il s’en soient possiblement pris à ces flux, avec l’épaisseur d’une pensée et d’une position politique. Qu’un acte, ici, ait pu faire sens selon une autre consistance du monde que celle, désertique, de l’Empire. L’antiterrorisme a prétendu attaquer le devenir possible d’une « association de malfaiteurs ». Mais ce qui est attaqué en réalité c’est le devenir de la situation. La possibilité que se propage une idée du politique, anonyme mais rejoignable, disséminée et incontrôlable, qui ne puisse être rangée dans le cagibi de la liberté d’expression.

Il ne fait plus guère de doute que c’est la jeunesse, la première, qui s’en prendra sauvagement au pouvoir. Les dernières années, des émeutes du printemps 2001 en Algérie à celles de l’hiver 2008 en Grèce, ne sont qu’une succession d’avertissements à ce propos. Ceux qui, il y a trente ou quarante ans se révoltèrent contre la morale de leurs parents ne manqueront pas de réduire cela à un nouveau conflit de génération, si ce n’est à un effet prévisible de l’adolescence.

Le seul avenir d’une « génération » c’est d’être la précédente ; sur un chemin qui, invariablement, mène au cimetière.


* *

La tradition voudrait que tout commence par un « mouvement social ». Surtout au moment où la gauche, ne finissant plus de se décomposer, cherche benoîtement à se refaire une crédibilité dans la rue. Sauf que de la rue, elle n’a plus le monopole. Il n’y a qu’à voir comment, à chaque nouvelle mobilisation lycéenne — comme avec tout ce qu’elle ose encore soutenir — c’est un fossé qui ne cesse de se creuser entre ses revendications geignardes et le niveau de violence et de détermination du mouvement.

Ce fossé, il nous faut en faire une tranchée.

Si nous voyons les « mouvements sociaux » se succéder et se chasser les uns et les autres, ne laissant visiblement derrière eux, force est de constater que quelque chose y persiste. Une traînée de poudre relie ce qui à chaque événement ne s’est pas laissé mettre au pas par la temporalité absurde du retrait d’une loi ou de quelqu’autre prétexte. Par à-coups, et à son rythme, nous voyons quelque chose comme une force se dessiner. Une force qui ne subit pas son temps mais l’impose, silencieusement.

Le temps n’est plus de prévoir les effondrements ni d’en démontrer la possibilité joyeuse. Qu’ils viennent tôt ou tard, il faut s’y préparer. Il n’y a pas à faire le schéma de ce que devrait être une insurrection, mais à ramener la possibilité du soulèvement à ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un élan vital de la jeunesse autant qu’une sagesse populaire. À condition de savoir s’y mouvoir, l’absence de schéma n’est pas un obstacle mais une chance. C’est, pour les insurgés, le seul espace qui puisse leur garantir l’essentiel : garder l’initiative. Reste à susciter, entretenir comme on entretient un feu, un certain regard, une certaine fièvre tactique qui, le moment venu, maintenant même, se révèle déterminante, et constante source de détermination. Déjà resurgissent certaines questions qui hier encore pouvaient paraître grotesques ou surannées ; reste à s’en emparer, non pour y répondre définitivement, mais pour les faire vivre. Les avoir reposées n’est d’ailleurs pas la moindre des vertus du soulèvement grec :

Comment une situation d’émeutes généralisées devient-elle une situation insurrectionnelle ? Que faire une fois la rue acquise, parce que la police y a été durablement défaite ? Les parlements méritent-ils toujours d’être pris d’assaut ? Que veut dire pratiquement déposer le pouvoir localement ? Comment se décider ? Comment subsister ?

COMMENT SE RETROUVER ?

P.-S.

Le Comité Invisible est à l’origine de L’Insurrection qui vient, livre qui a beaucoup fait parler de lui depuis que les autorités en ont attribué la paternité à Julien Coupat - toujours en prison préventive à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Ce tract ainsi que d’autres textes sont disponibles sur http://www.bloom0101.org/

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  • Le 28 février 2009 à 16:10

    "Ce dont nous sommes capables

    L’essentialisation à partir de l’origine sociale supposée des gens ne me parait pas être un argument entendable. Présupposer de ce que sont les gens, outre que ça n’a pas beaucoup d’intérêt (on n’est que ce que l’on devient), c’est se tromper à coup sûr.

    Sur la critique des organisations politiques (et notamment anarchistes), l’impuissance dont celles-ci font preuve depuis plus de cinquante ans suffit à comprendre en quoi elles ne sont plus désirables pour toute personne soucieuse d’intensifier les luttes.

    Sur la manière dont sont traités les auteurs à La Fabrique, il me semble plus intelligent de les laisser s’exprimer eux-mêmes sur la question.

    Sur le fait de publier un livre chez un éditeur reconnu, voilà précisément le genre de morale dont beaucoup ne voudrait plus avoir à répondre, d’autant plus quand les textes en question sont disponibles gratuitement partout sur Internet.

    Sur la pose terroriste, sans compter que c’est le même argumentaire que la SDAT, un des meilleurs moyens d’éviter la posture, c’est de refuser systématiquement d’exister publiquement. Bien malin celui qui pourrait dire qui est précisément le CI ou qui est hakim bey.

    Sur la critique du « milieu » bourgeois, encore une fois, qui à part TF1 peut assurer que les protagonistes sont des bourgeois. Sur le milieu, la lecture des textes renseignera ceux qui doutent encore, fuir les milieux quels qu’ils soient constitue la plus sure chance de construire des forces politiques véritablement dangereuses pour l’etat et désirables pour tous les étrangers à ce monde.

    Le CI n’appelle pas à ce qu’on les rejoignent mais, à l’instar des zapatistes, à créer là où l’on se trouve une force communautaire de vie et de lutte qui prenne véritablement la mesure de la situation politique actuelle. Se donner ensemble les moyens de vivre et de se battre, en fonction des affinités qui nous portent, dans un territoire à reconquérir.

    Enfin, et c’est sans doute le plus important, il n’y a dans ce texte, comme dans tous les textes publiés par le comité invisible, aucune mise en cause de personnes. Ce qu’il vise, et c’est à mon sens ce qui donne à ces textes toute leur force, c’est un certain ordonnancement du réel. Un ordonnancement des dispositifs capitalistes, de la démocratie experte et de la pratique militante (et non des militants eux mêmes). En somme, personne ne peut dire ce dont chacun est capable selon les dispositions de l’instant, et c’est par notre capacité à briser ces dispositions que des devenirs insoupçonnés peuvent émerger [le moment où les flics jettent leurs matraques pour rejoindre le camp de l’insurrection].

    Bien sûr, on en est pas là, les tentatives échouent et la répression nous rappelle toujours plus nos faiblesses et nos incapacités. Bien sûr les forums sur internet n’ont souvent pour seul effet que de durcir des positions hostiles, là où un quotidien partagé pendant quelques jours pourrait faire voler en éclat les fausses oppositions. Bien sûr ce message ne va sans doute rien changer au shmilblik, mais chaque tentative, aussi vaine soit-elle, de rompre avec l’ordre des choses est à saisir sans hésiter.

    Le plus sur moyen d’intensifier les luttes aujourd’hui, c’est de ne pas présupposer de ce dont chacun est capable, c’est d’orienter la haine et la colère qui nous traversent vers les dispositifs qui nous empêchent de vivre pleinement. Le comité invisible tente de faire ça, de manière plus ou moins heureuse, en se plantant des fois un peu, mais en tranchant dans le réel et en affirmant une prise de parti qui mérite d’être prise en compte."

  • Le 26 février 2009 à 12:23

    Une excellente analyse des limites du CI et de sa glause prositu...qui croit parler au milieu du désert sans identifier les pratiques actuelles et les luttes en cours...

    Dommage en même temps, car l’écriture du texte ’l’insurrection qui vient’ révèle à la fois les réelles convictions des auteurs, les petites idées de son idéologie de l’insurrection et quelques idées fortes (souvent reprises de documents antérieurs depuis le droit à la paresse au fameux texte « un des documents les plus récents sur l’apparition de l’humanité »(http://divergences.be/IMG/pdf/lode.pdf)).
    Les luttes sont plurielles et il est toujours dommageable de lire une prose qui se croit la meilleure ou la plus radicale quand la guerre que nous mène le capitalisme est si forte.
    Mais enfin, les luttes sont plurielles et je les aiment comme cela
    Th.

  • Le 18 février 2009 à 14:32, par Johann

    Tu poses les mauvaises questions camarades et je vais te dire pourquoi.
    1) « le nombre impressionnant de réponses virulentes contre ce texte » s’explique par le sentiment d’avoir été joués par le double-langage du CI, pendant l’affaire dite des « épiciers » ;
    2) La prétendue « critique » des organisations n’existe pas chez le CI ( trouve une ligne qui y soit sérieusement consacrée ). Ce qui fait figure de critique de l’organisation, c’est la psychologie de l’organisation pas sa structure. Il n’y a pas de critique matérialiste de l’organisation ( économique, politique, sociale, etc.) ;
    3) Leurs textes ne sont pas trop « intellos », ils sont « intellos » d’une manière propice à la mystification. Les concepts ne sont pas explicités, tout est dans le ton et la parure.
    4) Leur « stratégie insurrectionnaliste » est surtout foireuse. Ils l’ont prouvé.
    5) D’accord sur le « catéchisme marxiste » mais le CI ne propose qu’un nouveau catéchisme. Il n’y a qu’à entendre les « disciples » : ils imitent.
    6)Les auteurs ne sont pas si « nihilistes » : gérer un capital demande un soucis de tous les jours pour la vie.
    Pour ce qui est du « mouvement », d’accord avec toi, mais réduire systématiquement les attaques au niveau des embrouilles persos, c’est une pratique du pouvoir, un truc de dominants pour écarter la légitimité des critiques.

  • Le 17 février 2009 à 16:49

    Une bonne fois pour toutes : c’est le contenu théorique débile qui est visé, ainsi que les pratiques également débiles qui en découlent. Avons-nous commis un « crime-pensée » ?

    Pas de Crime-pensée, jamais ! Je ne suis le gardien d’aucune chapelle. Je remarque juste le nombre impressionnant de réponses virulentes contre ce textes (et pas toutes articulées autour d’une critique théorique), on sent même une certaine « haine » contre le CI (et certain de ses membres ?)...
    Pourquoi ?
    Parce qu’il critique nos organisations (pourtant loin d’être parfaites ; ça se serait si on était efficace ; la révolution aurait déjà eu lieu ou au moins notre audience serait supérieure) ?
    Parce que leurs textes sont trop intelos (et donc petit bourgeois) ?
    Parce que la stratégie proposée (c’est à dire le complot insurrectionaliste) est dangereuse pour les prolétaires ?
    Parce que la stratégie proposée s’oppose avec le catéchisme marxiste (qu’il soit trostkiste ou communiste-libertaire,...) ?
    C’est à cause du nihilisme des auteurs ?
    Ma position est que loin d’être la réponse à la situation, il est important d’arrêter de « courir » après chaque nouveau mouvement et de se rende compte de la guerre sociale en cour et donc de s’organiser en conséquence (c’est à dire dans la durée).
    Mais le truc le plus important est surtout d’arrêter de penser qu’une seule solution existe pour renverser ce système...
    C’est la conjugaison de la grève trad’ sans trop de risque, des blocages pacifiques des axes, des actions médiatico-symboliques, du sabotage, et de l’embrasement de la jeunesse qui fera plier le pouvoir.
    Aucune de ces composantes seules n’y parviendra. Nous avons besoin d’unité... et de critiques.

  • Le 17 février 2009 à 15:27, par garance

    Mais, cher camarade, tu n’y es pas, il ne s’agit pas d’attaques contre des personnes mais contre des PRATIQUES ; PRATIQUES qui reproduisent la hiérarchie entre les êtres, les vieux trucs de la publicité commerciale, la dénégation des classes sociales et de leurs rapports, la subordination des questions stratégiques à des questions de style littéraire, la suffisance délibérée et ostentatoire en matière d’offensive,le désir secret d’être reconnu comme une force de la subversion, et j’en passe...
    Ce sont des PRATIQUES qui sont visées, peu importe les personnes qui les produisent. Une bonne fois pour toutes : c’est le contenu théorique débile qui est visé, ainsi que les pratiques également débiles qui en découlent.
    Avons-nous commis un « crime-pensée » ?

  • Le 17 février 2009 à 12:44

    Je ne comprend pas cet acharnement contre le CI ?!?
    Bien sur il ne s’agit pas de prendre au pied de la lettre tout ce qu’ils racontent dans leur textes. De même certain semble déçus car L’Insurrection qui vient, ou l’Appel, ne sont pas des programmes politiques (genre le Manifeste) avec toute la cohérence d’un texte de fond... Soit c’est une évidence à la lecture de ces ouvrages qu’ils sont imparfait, caricaturaux parfois...
    Mais quel souffle littéraire et poétique quand même !... Ca fait du bien de lire des textes où on peut sentir un certain souffle révolutionnaire. Bien sur l’analyse est parfois légère ; le complot entre quelques éléments de l’avant garde ne fera ni l’insurrection ni la révolution.
    Mais cette démarche n’est pas totalement inintéressante et ne s’oppose pas à la seule véritable façon légitime d’imposer une révolution : c’est à dire une grève de masse, générale, et reconductible.
    Pour autant cette logique de complot et d’organisation en amont d’un affrontement social fort n’est pas totalement dénuée d’intérêts. Premièrement le grand soir (ou sa version moderne LA grève générale) n’arrivent pas... Cette volonté de s’inscrire dès maintenant dans le rapport de force sans attendre une hypothétique grève générale (qui de toute façon ne s’annoncera pas trois mois à l’avance) est pour moi très important. Cela empêche cet espèce de défaitisme ambiant qui conciste à dire : « Je fais rien mais le jour où ça pète, je serais là... Promis ! »
    Deuxièmement il me semble que, même le jour où enfin les travailleurs se mettent en grève dure et reconductible, ça ne sera pas inintéressant d’avoir quelques éléments qui se sont organisés pour parraliser un QG de vidéo-surveillance, un centre de stockage de données bancaires, ou encore l’électricité d’une aglomération...
    Tout ça pour dire que ces attitudes groupusculaires n’ont aucune forces et aucun intérêts si elles sont déconnectées de la réalité du rapport de force et de la guerre sociale en cour. Mais si elles sont, à l’inverse, connectées à la réalité du mouvement social et politique alors ça devient une force de frappe pas inintéressante pour les mouvements.
    Enfin certain reproche à ces textes le côté « mystique »... Là je dérive peut être, et je ne veux comparer que ce qui est comparable mais pour moi les textes du CI on une force littéraire du même genre que les textes du sous-comandant Marcos (les déclarations de la forêt de Lancadaone).
    Bien sur ça fait rêver, bien sur on sent une sorte de mysticisme (genre s’appeler entre nous « frère » plutôt que « camarade ») mais il me semble qu’une révolution n’est possible que si on en rêve ; que si l’impossible devient possible ; et peut être que les révolutionnaire ont besoin d’une « mystique de gauche » (pour paraphraser Onfray -encore un auteur détesté dans les milieux radicaux-).
    Enfin y a un truc assez détestable dans plusieurs des critiques formulés dans les commentaires de cet article, c’est les attaques contre des personnes plutôt que les critiques de textes. Untel croit savoir que les auteurs sont comme çi ou comme ça ; l’autre que leur crédit n’existe plus à l’étranger, d’autres encore que les auteurs sont sectaires et pratiquent les purgent internes... Je ne dis pas que ce n’est pas vrai, j’en ai d’ailleurs aucunes idée ne connaissant personne du CI, mais je trouverais plus intéressant pour l’ensemble des lecteurs qu’on se concentre sur les textes plutôt que sur des personnes.
    Enfin je suis surpris de l’acharnement contre ce tract (rappelons que Mise au Point est un simple tract et non pas un programme révolutionnaire), le CI ferait-il plus peur qu’on ne le pense ?

  • Le 16 février 2009 à 16:24, par Giuseppe

    Oui, que le CI commence par expliquer ses relations troubles avec le monde de la gauche et des intellectuels d’Etat avant de venir faire la leçon. Car le CI, pour bon nombre d’insurrectionnalistes italiens et grecs, a perdu tout crédit. La bulle a explosé.

  • Le 16 février 2009 à 11:03

     !!!

    Le comité invisible n’est pas né d’hier, et rien n’évolue dans sa posture, il n’est qu’a lire ce tract pour s’en convaincre. L’avant-guardisme assumé de ses membres, bien qu’ayant trouvé ses limites, demeure problématique. Il ne saurait etre question, d’avaler en silence, au nom d’une solidarité qui ne peut pas tout, la prédication (le terme semble admissible du fait du caractère mystique des diverses interventions) d’un groupe dont l’aspiration première a pu sembler etre la destruction, la négation ou la décrédibilisation, de toutes tentatives et éxperiences, politiques ou communautaires hermetique a son entrisme incessant, a ses tentatives idéologues de détournement.

    le terme « comité invisible » nécessite pour etre admis, un bel effort d’imagination. il n’y a pas de comité plus unipersonnel, d’invisibilité plus spectaculaire. La cohésion du CI ,heureusement renforcée par les malheureux évènements de novembre , s’est révélée jusque la péniblement inconstante, au rythme des éloignements et des suspicions, aggravés par une nette tendance a la purge interne, au procés sans objets. La survie du CI n’est peut etre due qu’a la paranoïa collective qui l’habite, notons pour s’en convaincre que les réponses aux critiques qui le visent sont emplies de « jalousies, trahisons, milieu hostile, vendetta » etc etc...

    Depuis les douloureuses arrestations de tarnac et leurs suites préoccupantes, les espaces de partage, virtuels ou non, sont la cible d’un feu nourri d’une propagande multisupports qui ne peut s’expliquer par la seule et légitime préoccupation de distribuer une information nécessaire a la solidarité. S’il faut soutenir les prevenus de tarnac, comme tous les inculpés de l’antiterrorisme,alors le mieux est peut etre d’arreter de nous assener ces pages mensongères, tant quant a leurs objets qu’a leurs auteurs...

  • Le 14 février 2009 à 14:43, par Corinne

    Les petites mains du CI parlent de « séparation de la vie et de la politique » mais ils sont l’exemple même de cette séparation : pour eux tout tient en formules publicitaires, en phrases chocs, en concepts dont ils méconnaissent l’usage, à une existence familiale et de bande hystériquement cloitrée dans un esprit de côterie. Il y a les initiés ( risibles, vu le niveau ) et les profanes « qui font mine de ne pas comprendre ce qui est là ». Incapables de se confronter à la critique, ils réduisent tout aux « embrouilles parisiennes », ce qui leur permet de fuir toute attaque bien ciblée. Là voilà la séparation «  de la vie et de la politique » ! Ils l’incarnent à un point rarement atteint dans toute l’histoire du mouvement révolutionnaire. Qu’ils commencent donc à répondre mot pour mot aux critiques, à relier la « vie » qui s’exprime « politiquement », qui exprime le litige fondamental du politique, les antagonismes de classe, ils en sortiront renforcés. Sinon, la réalité des luttes, ne peut que les condamner à n’être que des épouvantails au service des médias ( ce qu’ils sont à présent).

    Quant à la question de l’Organisation, il n’y a pas plus fétichistes que le CI. Non, ce n’est pas « parce que l’on mange ensemble, parce que l’on partage nos moyens d’exister, que la politique devient possible », grave méconnaissance pratique de la guerre sociale en cours : c’est précisément parce que la lutte, le conflit social, la guerre sociale sont inéluctables, que la rencontre devient possible, jusqu’à faire de la rencontre elle-même un objet de la lutte. Mais les prescriptions de l’Appel et de L’insurrection qui vient sont des entraves systématiques à la rencontre car le CI pose que l’on doit d’abord se regrouper en côteries bourgeoises pour faire consister une politique. Ainsi le CI n’a pas besoin des luttes mais en a besoin tout de même, pour exister. Les luttes ne sont alors que des moyens pour lui de recruter, car la finalité du CI, c’est la constitution d’une communauté, aux dimensions de ses capacités ( inférieures à ce que produit une lutte ). Alors que ce sont la médiatisation et les milieux intellectuels qui ont surtout donné un semblant d’existence au CI, par leur ignorance crasse des pratiques réelles, le CI voudrait apparaître comme une existence auto-suffisante, auto-déterminée. Rien de plus faux : les moyens du CI, c’est le capital qui les lui fournit.

    Le CI ne propose rien de neuf mais enrobe tout dans un jargon alambiqué foucaldo-négriste qui paraît neuf. La réalité c’est que le CI lui-même, ne fait que répéter les vieilles formules organisationnelles bidons informelles de la bande, de la Famille, de la petite distinction, il y est contraint par le « désert » qu’il dénonce mais qu’il croit dénoncer en l’ayant dépassé, en croyant incarner un autre possible ( alors qu’il n’est qu’un autre désert possible ). Aussi prétendre « articuler autrement des agencements qui ne se reproduisent que par la répétition formelle de modes d’organisations qui ne sont que très peu questionnés », c’est aussi bien pour le CI avouer sa propre impuissance sur cette question fondamentale. Comme s’il suffisait d’être d’accord avec les gentils fans du CI pour voir cette question résolue, alors que ses promoteurs, n’ont jamais été en mesure de prouver, pratiquement, leur supériorité pratique, humaine, affective, sur ce point.

    Depuis le début le CI, nous les gonfle avec ses envolées lyriques surfaites, son vide de pensée stratégique, son existence très visible et tapageuse. Pour une conspiration c’est plutôt raté. Aussi, le contenu du CI se réduit à :
    - 1) La situation est grave ;
    - 2) organisons-nous ;
    - 3) soyons prêts pour la « vraie » guerre.

    Avec de telles lapalissades on va aussi loin que le CI lui-même, c’est-à-dire, nulle part. Le dispositif d’impuissance incarné par le CI et ses pratiques, c’est la reproduction de la séparation des classes sociales, des sensibilités politiques antagonistes, du mimétisme théorique le plus débile. Il faut être un sacré con pour faire reposer sur l’expérience de la prison la rencontre entre les différentes parties de la jeunesse. Au lieu de tenir une épicerie dans une région socialement pacifiée, il eût été plus cohérent de s’installer en banlieue. On y fait de belles rencontre, les antagonismes de classes s’y expriment franchement, et la belle sensibilité bourgeoise y est systématiquement piétinée, au grand dam des subjectivités non-conformes du CI. Il ne reste plus au CI que de s’exiler dans les bas-fonds pour vérifier ses prétentions. Bonne route !

  • Le 14 février 2009 à 14:29

    Assez surpris de l’usage systématique d’un « nous » qui laisse songeur.
    Les membres du CI se sont toujours distingués par la tentation de l’épuration, et par une distanciation avec tout groupes ou individus refusant la pure allégeance. Ce nous multiforme et multitache, international, recouvrant sans honte ceux qui luttent et qui tombent, est assez choquant de la part d’une microfrange bruyante et ouvertement sectaire,alanguie dans l’autofascination et les concepts labyrinthiques, et dont la seule action connue , meme si non assumée, se révèle malvenue, mal préparée, dénuée de fondements et se transforme par un fiasco, dramatique pour tous.
    Etre appelé « NOUS » dans la chute, par ceux qui « NOUS » y entrainent...

  • Le 14 février 2009 à 11:14

    le terme « comité invisible » nécessite pour etre admis, un bel effort d’imagination. il n’y a pas de comité plus unipersonnel, d’invisibilité plus spectaculaire. le rapport a la verité du CI semble quasi pathologique, analyses politiques globales tenant en 30 mots, pespective historique en un paragraphe, le tout habillé d’une ecriture pamphlétaire qui nous a tous transportés, quand nous avions 17 ans. la multiplication des textes et des revues habitées du meme verbiage ne saurait nous laisser penser qu’ils sont nombreux,non, ils s’agitent seulement plus que de coutume , paniqués par l’irruption dans cet imaginaire douillet de l’angle froid de la réalité.
    le CI a besoin de l état pour exister, de la repression pour légitimer la doctrine disciplinaire communiste qu’il s’auto inflige. a ce titre il a tout a craindre de ce que certains tentent de construire. les prisonniers de l’anti terrorisme sont nombreux ,et dpuis longtemps, et le CI ne s’est jamais particulierement illustré dans leur défense, tout occupé a singer ceux qui les ont conduit a l’ombre. la récupération programmatique de tout ce qui bouge( villier le bel, grece, et meme GAZA !!) en dit long sur le serieux de ces interlocuteurs masqués. ils nétaient rien parmi ce « milieu » qu’ils imaginent soupirant dans l’attente de la bonne parole, avant que la presse ne leur prete un peu d’envergure.s’il s’impose une solidarité pour tous les engeolé e s, rien n’implique qu’il faille s’abandonner a la fascination que cherche a provoquer le CI.

  • Le 13 février 2009 à 22:16, par H

    Anarchisme et fascisme sont bels et bien associés ici. Dans une critique/un refus de l’organisation politique. Admettons... Mais quelle alternative ? « Manger ensemble ». Point.

    Il n’est jamais question de politique dans ces textes, les justifications sont toujours l’évocation d’une vie quotidienne un brin bohème. Ou le ressenti. Le pouvoir, apellé « l’Ordre » ou l’Empire« ou »l’Organisation" - réhaussé et posé comme puissance quasi magique, il en est renforcé, rendu insaisissable-, est décrit comme structuré, son organisation est imparable. Le reste est toujours flou. Pour jouer cette carte de l’invisibilité. C’est un jeu ambigu, qui refuse toute règle et légitime la tricherie. A visage couvert. Alors évidemment les solidarités sont remplacées par des connivences. Alors évidemment la police n’est pas loin. Soit. Mais alors pourquoi rendre tout ceci public, n’est-ce pas contradictoire à la stratégie de l’invisible ? Pourquoi travailler avec les éditions La Fabrique ? Pourquoi diffuser médiatiquement et vouloir convaincre ainsi si ce jeu se joue autour d’une table de fins mets ou au fond d’une salle de boxe ?* (Effectivement un forum ne convient pas. Internet non plus. La publication non plus.) D’autres le font, discrètement. Cohérents à leurs choix.

    Il y a communication alors il s’agit d’autre chose. Car CI s’identifie à -ou s’approprie- certaines luttes, les plus « sauvages » (dixit), « les échauffourées » . Ce qui gardé des luttes, ce qui motive CI (les affirmations les plus claires sont des questions) : « Comment une situation d’émeutes généralisées devient-elle une situation insurrectionnelle ? Que faire une fois la rue acquise, parce que la police y a été durablement défaite ? Les parlements méritent-ils toujours d’être pris d’assaut ? Que veut dire pratiquement déposer le pouvoir localement ? Comment se décider ? Comment subsister ? COMMENT SE RETROUVER ? » Constat : Les stratégies sur lesquelles mise CI sont les crises, les situations de chaos / Les finalités : l’insurrection / Le reste, du vent. De l’attrape-militant.
    C’est cela l’insurrectionnisme. De l’agit-prop (http://fr.wikipedia.org/wiki/Agitprop).

    .

    De l’autre coté, certain(e)s seraient alors « constructionnalistes ». Bref, anarchistes (parfois nous voulons nous définir autrement, car les mots se vident vite de leurs sens ici ; je préfère aujourd’hui, quand la disparition du sens menace violemment des mots comme « ultra-gauche » ou « autonome » -ce dernier, si significatif à l’origine, vient de se faire pulvériser-, je préfère aujourd’hui affirmer ces mots, insister sur leur sens. Il n’y a pas de peut être « forme de communisme ». Surtout quand on joue l’avant-garde.). En tant que tels, évidemment nous effectuons la critique des organisations, politiques, syndicales, médiatiques, limitantes, nocives à l’individu, réactionnaires. Une critique du militantisme, de l’endoctrinement. Ces questions sont posées et débattues. CI refuse de le voir, intéressé à réduire réflexions et critiques, niant la même diversité qu’il sous-entend. Avant-garde et émeutisme n’en n’ont que faire, souligner un état des lieux chaotique sert mieux leurs jeux.
    Le constat est falsifié.
    Nous n’idéalisons pas le pouvoir, même en négatif. Les émeutes sont des moments de certaines luttes, elles n’ont rien d’idéalisable non plus et ne constituent pas nos plus grandes gloires -ce sont souvent des échecs, souvent le pouvoir s’y renforce. De la révolte grecque nous ne soulignons pas la violence mais la prise de mairies et l’auto-organisation de la vie quotidienne. Nous sommes autogestionnaires, c’est à dire que notre forme d’organisation refuse toute hiérarchie et offre une possibilité de vivre autrement qu’en bande, ailleurs qu’avec ses semblables. Une manière de construire, au quotidien. Selon moi, ce sont ces idées qui peuvent porter des luttes, des possibilités de changement.
    La réponse CI : « Les résidus militants qui nous voient — toujours plus nombreux, toujours moins identifiables — s’arrachent les cheveux pour nous faire rentrer dans les petites cases de leurs petites têtes. Et pourtant ils tendent les bras, pour mieux nous étouffer ; de leurs échecs, de leur paralysie, de leurs problématiques débiles. »
    Ok. Alors laisses tomber ces « résidus militants ».
    Qui « tend les bras, pour mieux nous étouffer ; de leurs échecs, de leur paralysie, de leurs problématiques débiles » ?!!

    .

    * Je répète d’autres questions de la discussion, postées ici ou là : Vous vous foutez pas un peu de la gueule du monde là ? qu’est ce que tu connais aux résistances et aux alternatives ?! Si quelqu’un se sent de prendre le risque de dire ce qu’il pense sur ce texte, cela participerait de l’intelligence collective. Allons-nous nous faire balader encore longtemps par cet éditeur qui se rêve en Machiavel au poches pleines ? Protéger le nom de domaine ? Où ça la protection ? pourquoi ces incessantes manipulations envers les anars et l’ultragauche ? Vous imaginez les éditions Agone, qui publient JM Rouillan, ou celles qui éditent Battisti, éditer quelques uns de leurs tracts de la grande époque pendant qu’ils sont en procédure judiciaire ?! En signant Action Directe ou Prolétaires Armés pour le Communisme ?!!!

  • Le 13 février 2009 à 17:25

    Sauf que le soucis de ce qu’on va manger, on en entend beaucoup parler de la bouche de gens qui n’ont jamais ce soucis là, au contraire. Faudrait pas non plus faire passer un « diner de cons » pour une auberge espagnole, si tu vois ce que je veux dire...

  • Le 13 février 2009 à 17:09, par la communauté qui vient

    Il n’est pas question de rapprocher fascisme et anarchisme dans ce texte mais bien plutôt de montrer (si tant est que l’on ait encore besoin de le faire), que le principe des organisations politiques existantes procède dans un premier temps dans la séparation de la vie et de la politique et dans un second temps s’institue en garant de la continuité entre les deux.

    Ainsi, la critique porte moins sur (le poncif de) la représentation politique que sur le principe fondamental de la séparation inhérent à l’Organisation politique. Les organisations libertaires n’échappent malheureusement pas à cette contradiction et ce quand bien même elles ont pour objet la lutte contre toute forme de hierarchie. C’est parce que l’on mange ensemble, parce que l’on partage nos moyens d’exister, que la politique devient possible. Prendre acte de ce constat ne veut pas dire que les militants sont des idiots, mais proposer d’articuler autrement des agencements qui ne se reproduisent que par la répétition formelle de modes d’organisations qui ne sont que très peu questionnés (parce que la perpétuation de l’organisation en dépend). Il n’y a aucun ennemis, que des multiplicités prises dans des dispositifs d’impuissance.

    La politique c’est avant tout la vie partagée, c’est faire exister une communauté réelle là où l’on se trouve et ce d’autant plus que le monde nous est hostile. Aujourd’hui, ce qui compte c’est notre capacité à nous donner les moyens d’une lutte permanente, et donc d’une vie partagée qui puisse servir de colonne vertébrale à l’action. Une forme de communisme, peut-être, mais qu’il ne tient qu’à nous de rendre libertaire...

    Je suis bien conscient que ce n’est pas par forums interposés que ces propositions pourront véritablement être prises en charge. Parce que l’hostilité est d’autant plus forte que les espaces de partages (dans la vie réelle) sont inexistants ou presque. La haine s’évapore lorsque les corps se mettent à table et partagent ensemble le soucis de ce que l’on va manger.

  • Le 12 février 2009 à 23:54

    Ce texte tente déjà de créer un mythe et n’aide personne, ni ceux qui sont inculpés ni les milieux militants. Au contraire.
    Sur Indymédia Nantes : « Mais de quoi cause ce texte ? C’est aberrant de débarquer comme ça, de jouer la provo pendant qu’un type est en prison ( »Mais ce qui est attaqué en réalité c’est le devenir de la situation.« Rien de plus. Julien Coupat sera ravi de l’apprendre, surtout si cette pose pseudo-terroriste est entretenue, en plus sous le label CI), pendant que les milieux militants les plus critiques sont dans le viseur des Rg (faire passer toute personne engagée pour des types qui trainassent »Dans l’ombre des bars, des imprimeries, des squats, des cages d’escalier, des fermes, des salles de sport [où] des complicités offensives peuvent naître.« Ça n’a rien à voir, qu’est ce que tu connais aux résistances et aux alternatives ?! Nous savons ce que nous voulons, nous lisons des livres, nous n’avons aucun goût pour la cage d’escalier, nous n’aimons pas le sport, nous construisons nos luttes consciemment et non à base de connivences douteuses. Les rapprochements entre fascisme et anarchisme, tout ça pour balancer quelques lignes plus loin »Comme appel et comme nom, de tous les mondes résistants à la pacification impériale, de toutes les solidarités irréductibles au règle de la marchandise, de toutes les amitiés assumant les nécessités de la guerre. COMMUNISME Ça recrute pire qu’au Npa, tendance hippie mystique psychopathe). Les arrestations de Tarnac et la publicité faite à l’ultra-gauche pourrissent déjà une bonne part des luttes mais il y en a qui en rajoutent une couche, qui jouent la confusion et attirent l’attention en faisant passer quelques fantasmes pour l’ensemble des luttes sociales. Vu comme ça, effectivement, ce qui est attaqué, c’est le devenir de la situation... »
    - "La Fabrique...un éditeur qui publie aussi un flic !!!
    http://www.lafabrique.fr/article_livres.php3?id_article=54"

  • Le 12 février 2009 à 21:55

    Ici quelques avis à propos de ce texte :
    http://nantes.indymedia.org/article/16223

  • Le 9 février 2009 à 11:36, par Jeremy

    Si quelqu’un se sent de prendre le risque de dire ce qu’il pense sur ce texte, cela participerait de l’intelligence collective.

  • Le 7 février 2009 à 22:54

    le site qui est sur la version originale fonctionne. Je crois qu’il y a un pdf de bonne qualité dessus : www.bloom0101.org

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