Bonjour,
lundimatin n’a jamais publié d’éditorial. Nous n’avons d’ailleurs jamais jugé utile de nous présenter. Nous voulions que nos articles et leur agencement parlent d’eux-mêmes, sans coquetteries ni discours de surplomb. Le caractère exceptionnel des circonstances nous accule à déroger, pour une fois, à cette habitude.
Ces trois derniers jours, nous avons, comme tout le monde, parlé avec nos amis, épluché les journaux, écouté la radio, craint pour des proches. Nous voulions savoir ce qu’il importait de dire de tout cela. Nous n’y sommes pas vraiment parvenus. Il y a des choses à dire qui sont inentendables, des mensonges à pulvériser qui sont inébranlables et des évidences suffisamment partagées pour qu’il soit inutile de les répéter.
Notre seule certitude c’est d’être en guerre. Tout y accule. Reste à savoir laquelle.
Une guerre implique des partis, des prises de parti, des polarisations. La géographie produite par le 13 novembre ne nous convient pas. D’un côté, nous sommes les « croisés » et les « mécréants » du Bataclan. De l’autre, nous avons tous, à lundimatin, une fiche « S » pour « sûreté de l’État » qui semblerait devoir justifier notre prochain internement dans des camps.
Ce que nous propose le parti du gouvernement, c’est d’abandonner toute perspective de bouleversement en échange d’une sécurité que l’on sait désormais bien précaire. Ce que nous propose l’État Islamique, c’est la triste gloire d’un nihilisme à la fin parfaitement occidental.
« Rejetez les deux partis, n’aimez que le reste. »
C’est un temps propice à se noyer dans les considérations géopolitiques, sociologiques, psychologiques, et plus généralement, de comptoir. C’est d’ailleurs ce que veulent les partis en présence : nous acculer à l’absence propre au spectateur. L’indécision que nous payons aujourd’hui, écartelés entre tant d’aberrations, c’est de n’être pas parvenus à formuler et partager une perspective politique moins dégueulasse que celle de l’État Islamique et plus vivable, moins misérable que celle de ceux qui prétendent gouverner.
En réalité, nous n’avons pas envie d’être sécurisés et nous ne sommes pas terrorisés. Nous ne serons pas plus pétainistes que victimes de l’islamisme. Ce qui nous paralyse, ce qui nous étouffe, c’est l’absence d’une voie praticable. Dans cette guerre, c’est ce qu’il va s’agir de construire et de faire exister, malgré la bêtise et la peur, contre la bêtise et la peur.
Cette semaine, nous mettons à disposition les articles déjà publiés qui traitent de l’antiterrorisme. Certains lecteurs seront peut-être irrités du ton ou de la teneur de certains. Nous les estimons tous de qualité, et nécessaires.
Bonne lecture !
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info