Numéro 2 du Journal de Lyon II

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Novembre2007-...(LRU et retraites)

Le deuxieme numéro du journal de l’AG de lyon II (19 novembre 2007)

LIBERTÉ EGALITÉ FRATERNITÉ (2)

« Quand nos gouvernements violent les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple le plus indispensable des droits et le plus sacré des devoirs. »
Article 35 de la constitution de 1793.

Édito :
Sur la balance de la mondialisation…

…une tête d’enfant du tiers monde pèse moins lourd qu’un hamburger.
La loi Pécresse va permettre à nos esprits d’être les objets d’une grande foire.
Elle est la suite logique d’une loi du marché conquérante, qui cache la personne humaine derrière le capital.
Vendons la culture à ceux qui la vendront à d’autres, nous pourrons ainsi faire quelques économies et une sélection naturellement fiscale des produits qui en émergeront. Envoyons les agents de la société vers les filières productives, que l’éducation ne soit plus un moyen d’instruction mais un formatage des machines de cette immense industrie.
En bon marchand, choisissons aussi notre matière première, seuls les immigrés rentables sont acceptés, les autres sont expulsés, jeunes enfants scolarisés ou vieilles travailleuses retraitées, c’est une marchandise qui ne rapporte pas. Chaque année, 25 000 de ces articles doivent repartir vers la déchetterie, celle dans laquelle notre cupidité a jeté des corps par le colonialisme.
Les Hommes ne sont que les chiffres de quotas et de sondages.
Pour faciliter la tâche utilisons les tests ADN.
Nous ne sommes que des codes-barres dans différents rayons.
Le président, avec un salaire de 6 8O6€ brut/mois, est exploité ! L’Etat manque d’argent ! Mobilisons nous pour lui permettre de tripler la somme, trouvons l’argent ailleurs. Passons à 40 ans de cotisation pour la retraite de ceux qui mourront plus tôt, en espérant qu’ils décèdent avant que l’on puisse la leur payer. « Travaillez plus pour que je gagne plus ! ».
L’entretien des moyens de productions doit lui aussi remplir la caisse, évitons d’être franc et parlons de franchise médicale !
Ne nous résignons pas aux résultats d’une démocratie corrompue par une presse manipulée (qui ne dit que ce que nous voulons entendre et le monte en leur faveur), et des discours imparablement lyriques, soyons solidaires, c’est seulement tous ensemble que nous pourrons briser ce projet de société qui vise à souligner l’hypocrisie qui règne derrière l’éternelle devise « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Théo.


APPEL A LA MANIFESTATION AVEC LES TRAVAILLEURS MARDI 20 A 10H30 PLACE JEAN MACE.

Rendez-vous…

Aujourd’hui, lundi 19 :

    • Assemblée générale à 13 h à Bron pour Lyon II ;
    • Assemblée générale à 12h à Lyon I.

À venir, jeudi 22 :

    • manifestation étudiante et lycéenne ;
    • assemblée générale de Lyon II quais.

Les rebondissements du blocage…

La situation est grave. Vendredi matin, une étudiante gréviste s’est rendue au local d’Art’issa pour aller chercher des affaires personnelles. Elle découvre alors les membres de la présidence (M. Journès, M. Chvetzof et M. Valentin), accompagnés d’agents de sécurité et du personnel d’entretien, en train de vider des locaux associatifs. Des camions étaient déjà partis vers un lieu inconnu avec les affaires des différentes associations. Les locaux avaient entièrement été vidés : frigos, tables, canapés, chaises, papiers importants, fresques, matériel informatique, instruments de musique, 250 euros (à l’AECAL) et divers objets appartenant à des étudiants, ainsi que les réserves de nourriture prétendue périmées ,. Les organisations concernées sont Art’issa (Association culturelle), L’AECAL (association pour la culture africaine), Estigma (association de Sciences cognitives) et la FSE (syndicat étudiant). Certains étudiants s’y sont rendus immédiatement et attendaient quelques explications.

Cela leur a d’abord été justifié par une réparation qui devait avoir lieu suite à des « dégradations » que ces locaux auraient subies durant la nuit. Quelques minutes plus tard les étudiants réunis en Assemblée Générale (AG) sont venus constater ces agissements. Les explications avaient déjà changé…Cette fois-ci les préfabriqués devaient être désamiantés et ils avaient reçu l’accord des présidents des associations pour déplacer le matériel. Tout ceci est faux : pour désamianter, il faut des conditions spécifiques (périmètre de sécurité, personnel spécialisé, équipements, etc.) ; les présidents des associations n’ont pas été contactés et n’ont pas pu donné leur accord (nous avons nous mêmes dû les contacter pour leur en informer).

La présidence de l’université a encore envoyé un communiqué à l’administration justifiant encore autrement l’intervention dans les locaux. On ne parle plus de désamianter mais uniquement de réparations prévues depuis longtemps. Selon cette version des faits, les présidents des associations avaient réellement été prévenus !
Ces actions se sont déroulées sans préavis, rappelons-le, il s’agit d’une procédure totalement illégale sans rapport avec notre mouvement.

En ce qui concerne le colloque international de sciences humaines qui devait avoir lieu le vendredi matin, il a été annulé là aussi sur ordre de la présidence. L’explication avancée aux organisateurs était qu’ils risquaient de se feraient « caillouter » (terme employé par la présidence !) par les grévistes. Nous démentons formellement ces accusations. Les étudiants et les organisateurs étaient consternés !

Nous n’avons récolté que mécontentement et incompréhension devant de fausses accusations et de graves comportements, résultat qui semble fructueux pour notre chère administration, qui peu à peu perd sa crédibilité face aux étudiants mais aussi face au personnel de l’université qui n’avait pas été tenu informé de la fermeture administrative de l’établissement. Les étudiants réunis en AG avaient accepté le déroulement de ce colloque international et ce d’autant plus qu’un temps de parole des grévistes avait été négocié avec les organisateurs. Notons donc qu’il n’y avait aucune raison pouvant motiver des actes de vandalisme et nous réfutons par la même occasion l’image que veut nous faire porter la présidence : celle d’un mouvement violent se basant sur des méthodes répressives et de sabotage.

Le but de la présidence est clairement de discréditer le mouvement étudiant aux yeux des étudiants eux mêmes et de la communauté universitaire. Nous rappelons que la peur de la destruction des locaux engendrée par le souvenir récent des dégradations liées au mouvement anti-CPE n’est pas justifiée mais clairement construite par une désinformation émanant de la présidence.

À ce propos la police est venue constater les prétendues dégradations et n’a trouvé dans les locaux occupés que des matelas. Ils les ont photographiés comme preuve de nos dégradations (n’est-ce pas là une aberration que de considérer des matelas posés par terre comme une dégradation, surtout si on fait le lien avec les rumeurs de saccage qui circulent actuellement sur notre mouvement.)

Les autres dégradations ne concernant pas les locaux occupés mais bien les autres bâtiments (des graffitis et quelques serrures bouchées) ne peuvent être imputées au mouvement étudiant mais plutôt à quelques individus isolés. Elles sont condamnées à ce titre par nos assemblées générales et par la totalité des étudiants grévistes.

Sur le « web-étudiant » (voir lien en fin d’article), la présidence nous reproche de ne pas respecter la démocratie et ceci nous interpelle. La démocratie est-ce :
- Faire intervenir les CRS et les Gardes Mobiles (rattachés à l’Armée) pour expulser les étudiants et ainsi rompre tout débat possible avec la présidence ?
- Fermer administrativement les deux campus, ainsi que la bibliothèque universitaire et les salles informatiques (laissées ouvertes par les étudiants grévistes), et cela sans prévenir le personnel administratif et sans aucune discussion ?
- Saccager des locaux associatifs (représentant la liberté d’association, fondement de la conception démocratique française) et cela sans prévenir les présidents d’association (et donc de façon totalement autoritaire) ?
- Faire circuler des informations mensongères sur des dégradations largement exagérées ?

Cela nous amène à nous demander : « Comment établir une communication avec une administration qui met à mal toute tentative de dialogue ? »

Par ailleurs, le samedi 17 novembre, en milieu de journée, monsieur König, vice-président de la recherche à l’Université, est venu rendre compte aux étudiants bloqueurs d’une réunion de la direction ayant eu lieu la veille. Il nous a fait savoir, en bref, que les Assemblées Générales (AG) n’étaient pas légitimes et qu’un vote sur le web-étudiant allait être organisé. Il a par la suite annoncé l’organisation de journées banalisées les lundi 19 et mardi 20 novembre afin de débattre. Un débat que la direction nous accuse explicitement d’avoir fermé en bloquant l’université (voir le communiqué publié sur le web-étudiant, le 18 nov.), alors que dès le début de l’occupation, l ’AG avait voté en faveur de l’accessibilité à la bibliothèque universitaire afin que les étudiants, qui, par ailleurs, à cette période du semestre, sont invités à exécuter des travaux et des recherches, et ce pour la plupart de manière autonome, puissent avoir accès aux documents nécessaires. Cette décision appelait aussi à la présence d’étudiants sur le campus, afin de débattre sur les évènements actuels. La fermeture administrative, que la direction justifie par la dégradation du campus par ses occupants, a empêché la volonté de l’ AG de faire de cet endroit un lieu de réflexion et de débat. Étant donnée cette fermeture, nous, les étudiants, avons perdu l’accès à des documents qui nous sont utiles, voire indispensables. D’autant plus que des ouvrages pertinents auraient été bienvenus dans le cadre du mouvement, que ce soit pour nous informer ou pour le plaisir personnel. Nous répétons qu’en organisant ces journées banalisées, la direction cherche à se mettre en avant en faisant croire qu’elle ouvre un débat qu’elle accuse les étudiants d’avoir bloqué. Ces journées banalisées ne sont en fait pas un espace libre de débat pour tous, puisque le vice-président a par la suite ajouté que les professeurs souhaitant que leurs cours aient lieu ne rencontreraient pas d’opposition.

Monsieur König a ensuite évoqué les locaux des associations et d’un syndicat qui ont été saccagés, en affirmant qu’il n’avait pas eu connaissance des ces actes au moment des faits et a signalé que le matériel volé allait être restitué. Nous rappelons néanmoins à ce sujet, que des documents de l’association Art’issa ont été brûlés.
Sur ce, nous vous invitons à considérer ce qui ce passe réellement à l’université et à chercher à vous informer directement auprès des étudiants mobilisés qui sont, eux, ouverts à la discussion. Nous vous appelons ainsi à mettre en lien les agissements anti-démocratiques de la présidence et ses prétendues envies de débat « démocratique »…

Peu importe votre opinion sur le blocage, ne vous informez pas uniquement par le bureau virtuel, outil de l’administration. Il existe des médias alternatifs qui publient le journal des étudiants mobilisés et des communiqués des AG (rebellyon.info) ou alors le forum créé par les étudiants : liberteegalite.forumdediscussions.com
Et en dehors des médias, déplacez vous, allez discuter directement avec les étudiants mobilisés : c’est là que commence la démocratie. Vous êtes tous (Étudiants, lycéens, salariés, …) les bienvenus dans les AG et sur les campus afin de vous renseigner, vous exprimer, ou faire une petite promenade...

« Il y a deux types de directeurs d’école : les incompétents et les pires. »
(Ernest Abbé)


La visite surprise de l’UNI (droite étudiante).

Dans la nuit du 16 novembre, des étudiants de l’IUT de l’Université Lumière Lyon 2, accompagnés d’un travailleur, la cinquantaine, sont venus sur le campus de Bron, munis d’une barre de fer et d’un talkie walkie (dont nous sommes intimement persuadés qu’ils comptaient les utiliser pour sauver la… Oh, triste ! cause des étudiants « anti-blocage », dans un élan stratégique mis en place minutieusement, et à travers lequel ils se délectaient sûrement de la perspective d’une « mission » secrète, ou quelque chose comme ça…), afin de coller des affiches pour l’UNI. Ils avaient aussi, donc, un balai et de la colle, et ont placardé deux affiches sur la façade extérieure du campus.
Ils se plaignaient du fait que, étant apprentis, ils avaient perdu une journée de salaire à cause du blocage de l’université. Ont suivi une vingtaine de minutes de débat entre les grévistes et ces étudiants défavorables au blocage, dans un calme parfois fragile mais sans débordements. Des arguments ont été soulevés dans les deux camps, dont un qui nous a choqués, de la part d’un des étudiants de l’IUT, qui affirmait ne pas se sentir offusqué par le fait que nous soyons dans un gouvernement qui mène une politique où le capital passe avant l’individu : « Ben ouais, c’est normal que le capital passe avant ma vie » …(nous espérons vivement que c’est une lubie due à un instant d’égarement…ndlr) .
Ces étudiants sont tout de même partis en nous serrant la main, et ont apprécié le fait qu’un dialogue ait été possible, et qu’ils ne se soient pas trouvé en face, comme ils le pensaient en arrivant, d’étudiants prêts à tout, fermés et belliqueux.


La démocratie, quoi-t-est-ce ?

Un e-mail nous est parvenu, qui nous fait part dans le plus grand respect de sa vision des évènements : « « mdr » A quoi est-ce que vous ne dites pas non ? Vous n’êtes que des fascistes qui ne voulez pas de la démocratie en refusant tout dialogue ! Le vote démocratique, moi j’en suis ravie ! Fais moi plaisir, achètes toi un cerveau et une personnalité ! T’as envie de faire la révolution, va en Afrique, crétin. »
Merci, madame X.

On reproche souvent aux étudiants de ne pas respecter la démocratie, à la fois lorsque l’on s’oppose au projet de société du gouvernement élu, ou lorsque l’on utilise des moyens d’action tels que les Assemblées Générales (AG) ou le blocage.
- La démocratie ne s’arrête pas à l’élection d’un président et de son gouvernement, le citoyen a le droit et le devoir de contester les décisions qui lui paraissent inacceptables, contrairement à ce que déclare notre Président : « Il n’y a rien à négocier, j’ai décidé, j’ai été élu pour cela. ».
Voila une belle vision de la démocratie qui ne tient pas compte de l’avis des citoyens.

- En ce qui concerne nos AG, on nous a souvent reproché un manque de démocratie, et ce pour plusieurs raisons :
Le vote à main levée,
Le faible taux de représentation,
Les huées et les applaudissements

- Au sujet du vote à main levée, les gens oublient souvent qu’une bonne part des votes à l’Assemblée Nationale s’effectue à main levée. Lorsque la majorité est nette, ce n’est pas contestable. C’est dans le cas d’un vote se rapprochant du 50/50, que cela est délicat car un comptage précis doit être fait. On peut dans ce cas pratiquer la séparation en deux groupes qui facilite le comptage.
- Le faible taux de représentation est également un argument récurrent contre la légitimité des AG. Pourtant les AG sont prévues longtemps à l’avance et l’information est transmise au maximum d’étudiants, car le but de l’AG est de toucher le plus de monde possible pour que des décisions soient prises dans les meilleures conditions. On ne peut pas remettre en cause la légitimité des AG car c’est un espace ouvert ; libre aux gens de venir participer aux débats et aux prises de décisions. Nous tenons à rappeler qu’à l’Assemblée Nationale, si des députés ne viennent pas, les décisions se font sans eux… Nous invitons tous les étudiants à venir débattre avec nous, et ne pas seulement venir voter le blocage…
- En ce qui concerne les huées, la tribune de l’AG appelle à ne pas huer ni applaudir et ce à chaque fois que cela se produit. On peut déplorer qu’au niveau des faits cela ne se passe pas toujours comme ça.
Cependant, là aussi nous voudrions rappeler que ceux qui subissent le plus les huées sont les militants de l’Unef, du fait des prises de positions de ce syndicat vis-à-vis de la loi Pécresse. Les groupes en désaccord pratiquent tous deux les huées et l’applaudissement cela ne peut-être imputé qu’aux étudiants désirant le blocage. Enfin, nous tenons à répéter qu’aucun « anti-blocage » étant venu à nos AG de grévistes ne ce sont jamais fait expulsé et ont été écouté. Nous avons également mis un amphithéâtre à leur disposition pour l’AG des « anti-blocages ». Il est paradoxal que nous revendiquions les valeurs de la démocratie pour ne pas les respecter.

L’assemblée générale est une assemblée de débat et de discussion, véritable lieu de la citoyenneté démocratique. Elle permet à la base de s’organiser en vraie collectivité intelligente de débat et de réflexion aboutissant à une prise de décision commune. Elle améliore également la communication entre les individus, l’échange d’informations, et peut même permettre une organisation à plus grande échelle, comme la coordination nationale, assemblée des Universités françaises. Elle fait respecter un même temps de parole pour tous est tend à respecter le tour de chacun.

L’administration, en prônant le vote électronique, appelle seulement au vote, pas à l’exercice de la citoyenneté c’est à dire la pratique du débat, l’information, etc…
Elle transmet des informations tronquées ou censurées par l’intermédiaire du web etu, on en a fait l’expérience, ce domaine n’est absolument pas un domaine de libre échange des pensées, ce n’est pas un domaine citoyen mais presque un lieu de propagande tant la pression de la présidence de l’Université s’y fait sentir par la censure qui y est exercée… De plus, le vote électronique pose un souci : c’est un vote individualisé, non collectivisé. Ce n’est pas participer ensemble à une prise de décision, mais penser chacun dans son coin, et je vous le demande, pour penser quoi ? Sans compter que le vote électronique peut être manipulé et falsifié, notre présidence n’a peur de rien, rappelons-le, après ce qu’elle a fait aux associations (cf. « les rebondissements du blocage »)

C’est pourquoi l’AG a voté le boycott du vote électronique, en déclarant que seule l’Assemblée Générale est légitime pour les raisons citées précédemment.
Si la question de la légitimité se pose, qui osera dire que se battre pour ses droits fondamentaux en utilisant les moyens nécessaires n’est pas déjà légitime en soi ?


La nécessité du blocage

Quand au problème du blocage, nous tenons à réaffirmer notre position : le blocage n’est pas une fin en soi, mais un moyen, un moyen pour permettre aux étudiants de débattre, de s’organiser, et d’utiliser les autres moyens d’action (manifestations…) sans être pénalisés, que ce soit au niveau des bourses (2 absences en TD suffisent pour que la bourse soit retirée, et que le remboursement des mois déjà versés soit réclamé), ou simplement des absences aux cours et aux examens. Cela permet de pouvoir se mobiliser sans prendre aucun retard comme l’explique d’ailleurs un enseignant-chercheur à l’Université : "Le fait est que, quand il y a blocage, il n’y a plus cours. Des étudiants ont alors peur de prendre « du retard ». Mais du retard par rapport à qui ? Pas à leurs collègues de l’université, puisqu’elle est alors bloquée pour tout le monde. On pourrait objecter que cela induit un décalage par rapport aux étudiants d’autres universités où les cours continuent. Mais qui, en période « normale », se soucie de savoir quel programme est effectivement effectué dans une autre université ? Concernant le sacro-saint ’programme’, certains ont peur que les semaines sans cours les mettent en retard sur le programme. Mais quel programme ? S’il s’agit du programme officiel, le décalage avec le programme fait en cours est une constante, et ce ne sont pas quelques semaines qui y changeront quoi que ce soit. D’ailleurs le programme - supposé ou effectivement fait - n’apparaît nulle part sur un diplôme. De plus les examens universitaires sont faits et corrigés par les enseignants qui font le cours (contrairement aux concours de la fonction publique ou au baccalauréat par exemple), et le seul programme sur lequel on peut tester l’étudiant, c’est ce qui a été effectivement fait en cours. Ainsi le blocage n’a rien de dramatique pour la poursuite des études. On peut aller plus loin et se rendre compte que, pour qui a compris le sens des études universitaires, les blocages sont une aubaine. En effet un étudiant standard a toujours un temps de retard par rapport au cours. Un temps sans cours est un temps -toujours trop rare dans une année « normale »- où l’étudiant peut rattraper son retard et mettre à jour les connaissances qu’il est censé avoir acquises (et peut-être pour une fois les connaissances réelles de l’étudiant seront au niveau du fameux programme officiel..."


Pourquoi s’unir ?

Sarkozy a un programme qui penche vers le modèle du capitalisme américain. Pour l’appliquer, notre président adopte la tactique « diviser pour mieux régner ». En promulguant ainsi plusieurs lois qui ont un impact sur les différents secteurs, il nous empêche de pouvoir se placer sur tous les fronts, ce que lui ne se prive pas de faire. Il touche à la fois à l’éducation, à la fonction publique, aux cheminots et aux enseignants, à la médecine, aux juristes, aux immigrés et quelque part à la légitimité de la science, avec les tests ADN. Le président et son gouvernement ont ainsi pour objectif que chacun se penche sur ses propres intérêts, à sauver dans l’immédiat, et ne puisse se mobiliser massivement par solidarité sur un autre front. Briser la fraternité sans se soucier de la liberté de chacun et de l’égalité quant à la citoyenneté facilitera la mise en œuvre de son projet de société. C’est pourquoi les étudiants veulent rejoindre les mouvements de tous les secteurs touchés, nous ne nous battons pas pour les mêmes intérêts mais pour une cause commune, la sauvegarde de droits considérés comme acquis et nécessaires à l’endiguement des inégalités sociales.
Pour cela, nous nous sommes donnés rendez-vous ce lundi matin sur différents piquets de grève des cheminots et participons à leurs manifestations et à leurs AG.

De même, la "commission lycée" s’est formée lors d’une assemblée générale sur le campus des quais début novembre. Les lycéens, concernés en premier lieu par la loi sur l’autonomie des facs (sélection à l’entrée, orientation active en fonction des filières rentables, augmentations des frais d’inscription) sont touchés de plein fouet par cette réforme. Afin de les entrainer dans la lutte à nos cotés et dans un mouvement général de contre-attaque au gouvernement, nous nous sommes donc répartit les lycées de Lyon et de l’agglomération afin d’expliquer la loi. Nous appelons les lycéens à manifester à nos cotés le 20 novembre (10h30 Jean Macé) à présent c’est les lycéens eux-mêmes qui s’organisent, se dotent d’instances démocratiques pour organiser leur lutte de manière autonome.

L’organisation étudiante se fait aussi entre les universités de toute la France.


La coordination nationale étudiante s’est ainsi réunie à Tours le week-end du 18/11. Plus d’une cinquantaine de délégations se sont rencontrées, représentant une quarantaine d’Universités.

  • Les revendications adoptées à Rennes lors de la dernière séance ont été conservées, à savoir :
    • L’exigence de l’abrogation de la loi Pécresse
    • La solidarité avec les travailleurs
    • Opposition totale à la politique actuelle du gouvernement de destruction de nos acquis sociaux
    • Contre la politique actuelle d’immigration.
  • La coordination nationale a ensuite lancé plusieurs appels :
    • Appel à la manifestation du 20 novembre, avec les travailleurs
    • Appel à une manifestation conjointe des étudiants et des lycéens ce jeudi 22 novembre, manifestation se concluant par un débrayage massif des lycées
    • Appel à une autre manifestation interprofessionnelle actuellement en discussion avec les travailleurs dans la semaine du 26 novembre
    • Appel au boycott des votes à bulletin secret et autres votes électroniques…
    • …Et s’est également prononcée contre les fermetures administratives et l’emploi de vigiles appartenant à des entreprises privées.
  • Enfin, la coordination nationale a voté plusieurs points :
    • La rédaction d’un tract national pour les lycéens, bien concernés pour une part, par la réforme des universités.
    • La constitution d’un groupe de porte-paroles de la coordination, du nombre de seize, chargés de plusieurs missions telles que l’organisation d’une conférence de presse, la réalisation d’un site national d’information… Il est précisé que ces porte-paroles peuvent intervenir dans les réunions intersyndicales.

L’union fait la force.

Le gouvernement, une fois de plus, tente de nous opprimer par de nouvelles lois, qu’il justifie comme étant un remède aux problèmes économiques majeurs de la France. Pour ce faire, il entame diverses démarches qui touchent de nombreux secteurs. On augmente les cotisations, on commercialise le secteur médical, les institutions scolaires, on multiplie les emplois précaires, on utilise l’ADN comme moyen de contrôler l’immigration par les liens du sang, on vote l’immigration choisie…pour avoir en contrepartie, une augmentation du budget de l’armée, une privatisation des biens publics (EDF/GDF), le recul de l’investissement de l’Etat dans la sécurité sociale , l’enrichissement des entreprises pour leur seul profit, et la répression policière qui se manifeste de plus en plus, depuis les dernières présidentielles. Le fossé se creuse entre « l’élite » et le peuple, les différences se font de plus en plus flagrantes, au point que certains sociologues parlent d’un retour à la lutte des classes notamment Pierre Cour-Saliès dans son ouvrage Nouvelle lutte des classes ( qui s’atténuait avec la croissance importante de la classe moyenne dans la période des Trente Glorieuses) ; le peuple se serre la ceinture pendant que l’Elysée s’accorde un budget plus garni, que le président augmente son salaire, et que certains personnes du gouvernement attendent tranquillement leurs retraites s’élevant à 30 000 euros mensuels.
(‡dailymotion.com/video/x329rf_elus-le régime-spécial.)

Étudiants grévistes, nous dénonçons la commercialisation des études par la loi Pécresse, pour tenter de conserver la liberté qu’il nous reste, liberté d’avoir accès à des facultés publiques, et à une égalité des chances entre classe bourgeoise et classe populaire devant les choix d’orientation pour nous former à un métier, égalité qui est déjà très fragile dans les années qui précèdent l’arrivée à l’université.
La précarité devient omniprésente, installant un sentiment de fragilité des acquis. La lutte actuelle ne vise pas dans l’immédiat à améliorer les structures, mais à ce que les choses n’empirent pas. Il s’agit d’un combat pour un monde plus juste, plus égalitaire et plus humain ; notre mouvement est donc un combat pour une démocratie plus à l’écoute de son peuple. La force du peuple est dans l’union des cheminots, des lycéens, des fonctionnaires, des étudiants et de toutes les personnes qui sont prêtes à s’allier pour faire prévaloir leurs droits et se lever contre la politique de régression sociale à laquelle la France fait face.

Comme dans chaque crise qui a touché notre pays, et ce depuis 1884 ( loi Waldeck Rousseau qui reconnaît et autorise les syndicats), les syndicats représentent des tendances prédominantes au sein des luttes sociales. Les ouvriers militants sont souvent vus comme appartenant au syndicat de la CGT : pour les étudiants, il s’agit du syndicat de l’UNEF. Soulignons qu’il s’agit d’estimations infondées, car dans tout mouvement les idées divergent, les opinions diffèrent, et aucun syndicat ne rassemble la majorité. Ces préjugés sont perpétués par les médias ; on peut prendre l’exemple récent de la diffusion du discours de Bruno Julliard, président de l’UNEF, sur France 3, choisi pour résumer l’entretien entre Valérie Pécresse et cinq représentants étudiants. Cet homme ne souhaite pas l’abrogation totale de la loi, et ce discours choisi comme étant représentatif, mécontente la majorité des grévistes qui ne se reconnaissent pas dans ces propos. Ce genre d’information limitée peut amener des personnes mal informées à passer à côté des motifs de la lutte, voire de mal considérer le mouvement militant qui se développe. Nous souhaitons souligner le fait que nous sommes une unité, construite sur la base d’une grande diversité, et que cette unité n’englobe pas seulement le mouvement des étudiants grévistes, mais l’ensemble des militants français, prêts à se soulever pour faire valoir leur droits.


Lettre ouverte à Madame Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur

Madame la ministre,

A l’aube d’un nouveau millénaire que les institutions avaient annoncé comme l’ère de l’éveil spirituel, moral et universel, nous venons à vous en tant que citoyens français afin que vous fassiez la lumière sur les points obscurs de la loi sur l’autonomie des universités que vous nous avez soumise. Nous avons le devoir d’exprimer nos vives inquiétudes quant à l’avenir de notre liberté intellectuelle qu’offre le savoir. De nombreuses filières telles que la musicologie (déjà fortement touchée), l’anthropologie, la sociologie et tant d’autres matières indispensables à l’apprentissage et à la compréhension du monde vont être inévitablement supprimées par le manque d’intérêts économiques qu’elles suscitent auprès des entreprises susceptibles de sponsoriser les universités. Le recul progressif de ces acquis mis en place depuis des années par de nombreux chercheurs, est une perte de la sensibilisation à ce qu’est le monde, à sa genèse et à son évolution, à la possibilité d’accès à un point de vue distancé et réfléchi sur l’humanité et son histoire.

Pour être investi dans son parcours scolaire, il est indubitable que l’enfant, l’adolescent, le jeune adulte, doit suivre ses centres d’intérêt, ses passions, la ou l’une des voies qu’il serait susceptible de suivre. Or vous l’enfermez ainsi dans une perspective d’avenir où son choix ne dépendra plus d’un désir individuel profond et réfléchi mais d’une probable recherche de rentabilité financière.
Ce déclin ne touchera pas uniquement les différentes filières mais également les différentes régions, accueillant des universités dont les frais d’inscription dépendront d’investissements et seront donc variables. Nous avons déjà pu observer que pour le même master, les étudiants de Grenoble devront payer une somme de 900 euros contre 4500 euros pour l’université Aix/Marseille III.
C’est l’égalité des chances entre les différentes catégories sociales qui est grandement menacée, tant du point de vue financier que géographique.

Ainsi, par vos frasques législatives, vous lancez les générations futures dans un monde plongé dans un chaos hiérarchisé par de grandes multinationales qui réguleront à elles seules tous les renouvellements des actifs selon leurs propres besoins. Comment imaginer un monde dépourvu de connaissances fondamentales à l’essor culturel de la population ?
Nous reconnaissons malgré tout le bienfait de votre loi pour certaines filières, scientifiques et technologiques entre autres, celles-ci pouvant en effet compter sur l’appui financier conséquent d’investisseurs privés. MAIS tous les autres cursus universitaires courent un grave danger.

Nous voulons sincèrement savoir si vous vous sentez capables d’assumer un tel avenir pour le pays ?


Solidarité avec la Birmanie

Lors de la diffusion de la première édition du journal des étudiants grévistes, qui a eu lieu, entre autres, sur la place Bellecour, nous avons constaté l’agréable présence du Village de la solidarité internationale, dans lequel se regroupaient le temps d’un week-end acteurs, associations, ONG, syndicats, établissements scolaires, mouvements d’éducation populaire, collectivités territoriales... afin de présenter et discuter de sujets tels que le développement durable, le tourisme et les finances solidaires, le commerce équitable...
Une manifestation de solidarité avec le mouvement initié par les bonzes birmans, dénonçant les attaques virulentes qu’ils ont subi et subissent de la part de la junte militaire, était organisée le 19 août 2007. En effet, en raison de l’augmentation des prix du carburant, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues ; le pouvoir en place a eu recours à la force face à un mouvement prônant un idéal de non-violence. Beaucoup de victimes sont à déplorer du côté des manifestants, sur lesquels l’armée a ouvert le feu délibérément, et le pouvoir refuse de se remettre en cause. Ces bonzes savent qu’ils risquent d’être agressés, voire tués, mais continuent à manifester pacifiquement.

L’équipe chargée de la diffusion du journal a participé à cette marche silencieuse : nous nous sommes sentis concernés. Des infos sont disponibles sur un site web : nonviolence.fr
C’est une lutte sur laquelle nous devons porter notre attention, car il s’agit ici d’une atteinte aux Droits de l’Homme.

« Le courage vient en cultivant l’habitude de refuser que la peur guide l’action ».
Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix (1991).
Elle est assignée à résidence depuis 1989, pour avoir résisté à la junte militaire au pouvoir.


La dernière fois…

Le premier numéro de ce journal gréviste a été tiré à 2 550 exemplaires, imprimés par deux organismes qui ne désirent pas être cités et qui sont les seuls à avoir accepté de nous aider a concrétiser ce projet. Nous remercions par ailleurs l’UNEF pour les exemplaires qu’ils nous ont aidé a produire qui s’élèvent au nombre de… zéro (c’est tout de même mille de moins que les promesses faites). Nous l’avons distribué au centre ville, dans les boites aux lettres des résidences universitaires et dans les locaux des différents campus lyonnais. Les étudiants grévistes saluent l’accueil fait à ce journal par les personnes qui ont pris le temps de s’arrêter et de discuter avec ceux qui étaient chargés de le distribuer, car c’est bien là que réside la finalité de ce projet : que les étudiants et l’opinion publique puissent se lier dans la communication. Il est important de remarquer que Lyon compte 400 000 habitants intra muros et que le journal n’est diffusé qu’à environ 2 000 exemplaires ; donc parlez-en.

VENEZ DEBATTRE ET EMETTRE VOS CRITIQUES

P.-S.

Liens :
web-étudiant : http://etu.univ-lyon2.fr
Le forum du journal : liberteegalite.forumdediscussions.com
Le courrier du journal : nous contacter 2007.liberte.egalite.fraternite(arobase)gmail.com

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