Pour ceux qui l’ont connu, ces mots suffisent. Pour les autres on dira au strict minimum que membre de la Communauté de l’Arche, Pierre Boisgontier fut l’un de ces rarissimes insoumis à la guerre d’Algérie, à sauver l’honneur de la gauche française et à le payer d’emprisonnement.
Membre du PCF, du PSU, puis de la Gauche Prolétarienne, il s’épuisa tant qu’il put à tisonner les braises de l’après-68 à Grenoble, dont il fut le principal animateur. Notamment lors de l’épisode des barricades en 1970, rapporté par Paris Match sous le titre : « Grenoble, le campus de la peur ».
Pour lutter contre les mensonges du Daubé, il a fondé avec ses camarades le journal Vérité Rhône-Alpes puis l’imprimerie du même nom d’où est issue, de génération en génération et de médium en médium, la meilleure part de la contre-information locale.
Membre de la communauté de la Monta, il avait été l’un des meneurs du comité Malville dans sa phase de succès initial (1975-77). Il habitait depuis plus de trente ans à Saint-Egrève, dont il avait été conseiller municipal, et où il continuait de militer.
Il est mort ce samedi 27 octobre 2007 à la clinique des Cèdres, des suites d’une maladie suppliciante, à l’âge de 73 ans.
Ces quelques lignes froides ne font pas justice à la mémoire d’un homme qui était la chaleur même et le dernier révolutionnaire que l’on ait rencontré à Grenoble dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Extrait de Réfractaires von-violents à la guerre d’Algérie
14 octobre 1960 : Les réfractaires et les volontaires commencent le travail dans le bourg de Terrasson (Dordogne) qui vient d’être inondé. Il s’agit essentiellement de nettoyer, et de sauver ce qui peut être sauvé des récoltes avant qu’elles pourrissent. Ils sont là une douzaine dont trois jeunes (Pierre Boisgontier, Jack Muir et Jean-Pierre Hémon). Cécile est arrivée de la Chesnaie pour jouer le rôle de maîtresse de maison. Ils sont hébergés par la municipalité, qui a réquisitionné pour eux l’auberge de jeunesse du village.
20 octobre 1960 :
Pierre Boisgontier est arrêté. Ses compagnons se déclarent solidaires de lui, affirment : « Nous sommes tous Pierre Boisgontier » et refusent de présenter leurs pièces d’identité. Ils sont séparés de lui par la force. Le soir même, ils se présentent sur le quai de la gare de Brive, où arrive le train qui doit emporter Pierre. ils se mettent autour de leur ami et parviennent, sans répondre aux coups, à ne pas se séparer de lui : le train part, sans eux. Des renforts de police accourent. Pierre se retrouve lié à un des volontaires par une paire de menottes. Pierre part par le train suivant à destination de Mourmelon. Les volontaires seront relâchés le lendemain soir...
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