A l’image de nos lieux de vie, ce texte ne sera jamais exhaustif et
témoignera seulement d’un point de vue particulier.
Le squat apprend à lire au delà des cases, à entrevoir les autres au
delà des postures et des codes consensuels que sont les
représentations de l’état.
Nous savons que des lieux peuvent accueillir en leur sein un tas de
pratiques différentes qui cohabitent en se nourrissant les unes et les
autres et qu’opposer les formes de vie que peuvent prendre nos luttes
n’a servi, jusqu’à présent, qu’à nos oppresseurs.
En zone libre, ce sont nos contradictions qui nous rassemblent.
Un lieu, c’est avant tout une somme d’individus uniques. En soi, il
ne peut ni être défini, ni être réduit à un ensemble. Chaque instant
y est imbriqué dans un contexte dont il sait souvent se libérer. Un
lieu, c’est un multiple de moments qui le compose. On ne pourra jamais
l’entrevoir dans sa globalité. Ce n’est pas fait pour « être saisi »,
ou alors, sur le vif, loin d’une totalité aveuglante.
Nous ne sommes pas de celles et ceux qui envisagent le squat comme une
fin en soi réservée à une élite qui en détiendrait le monopole des
codes représentatifs.
Être « du milieu », c’est déjà refuser de voir ce qui peut exister de
subversif dans d’autres sphères. Se définir « du milieu », c’est faire
de nos pratiques le centre d’un monde mythique et idéalisé.
Nous disons aujourd’hui que nos richesses affectives seront toujours
plus grandes que vos représentations et que plus nous créerons
d’espaces différents et de passerelles entre eux, plus nous pourrons
inquiéter l’ordre à dés-établir.
Nous menons tou.te.s des doubles, triples vies par instinct et par
volonté d’explorer d’autres espaces à défricher. Nous pensons qu’il
nous faut quitter nos visions confortables et duelles car l’esprit de
ce siècle condamne à la simplification des modes de pensées et des
relations entre les individus.
Nous savons que nous sommes faibles quand nous sommes attendus et
qu’alors, nos comportements prévisibles sont autant d’ennemis qui nous
empêchent de nous redéfinir sans cesse, librement.
« Toto », « antifa », « punk », « hippie », « queer », sont autant de
catégories enfermantes qui suffiraient, dans nos jargons, à définir
nos identités opposées.
Nous savons qu’un « toto » ne justifie pas toujours la fin par les
moyens, qu’un « antifa » n’idéalise pas systématiquement la violence
et ne jubile pas à chaque nouveau coup porté, qu’un « punk » ne squat
pas forcément par nécessité, qu’un « hippie » sait parfois s’organiser
et qu’un « queer » n’est pas systématiquement hétérophobe. Je suis
« pro-machin ». Et toi, t’es « anti-quoi » ?
Nous ne voulons, en aucun cas, pouvoir être assimilé.e.s à un groupe.
Nous laissons le fichage à celles et ceux qui opèrent dans les
services de l’état.
Nous désirions « qu’untel, qu’unetelle » puissent, d’un moment à un
autre, endosser des postures différentes, en fonction de sa
sensibilité du moment.
Soyons de plus en plus nombreu.s.e à vouloir cramer les postures et
les comicos.
Des gens
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