Après Tassin la semaine dernière, c’est au tour d’Oullins d’armer sa police municipale. Et pas de n’importe quelle manière. Avec des semi-automatiques, grâce à un décret paru il y a moins d’un mois, qui autorise la dotation de sa « mumu » [1] avec des revolvers jusqu’ici réservés à la police nationale et à la gendarmerie.
Pas de quoi affoler un journaliste du « Progrès ». Vendredi, celui qui écrit le compte rendu du conseil municipal d’Oullins affirme sans rougir, en mode pseudo désintox, « Une dérive sécuritaire à Oullins ? FAUX. »
D’abord, contrairement à ce qu’écrit le journaliste du Progrès (FAUX ! clamerait-il), le conseil municipal de mercredi n’a pas décidé l’achat de dix armes "automatiques", (Uzi, Famas ou autres mitrailleuses). Il s’agit de "semi-automatiques", ce qui est déjà suffisamment inquiétant.
C’était depuis quelques mois la revendication des syndicats de flics. Fin novembre, ils ont obtenu un décret qui autorise l’armement des polices municipales avec des armes de calibre 9 mm. Elles correspondent à un certain nombre de revolvers à rechargement semi-automatique, utilisés notamment par la police nationale. Auparavant, quand ils étaient armés, les flics municipaux étaient limités à des armes de calibre 7.65, le plus souvent à un coup. La ville d’Oullins est ainsi l’une des premières au niveau national à se jeter dans cette surenchère sécuritaire.
Les élu·es oullinois·es doivent penser que l’Ouest lyonnais s’appelle désormais le Far Ouest. Ils ont également décidé d’attribuer deux Tasers à leurs flics. Ces pistolets à impulsions électriques sont pourtant décriés dans le monde entier. Une enquête scientifique anglaise les accusait fin 2015 de provoquer « des blessures oculaires, des crises tonico-cloniques (spasmes musculaires violents) chez les personnes en bonne santé, des crises d’épilepsie, des pneumothorax, des brûlures de la peau, et des atteintes articulaires. » Pire, en 2012, Amnesty International attribuait à l’engin la responsabilité de 500 décès aux USA. Pour la seule année 2016, le journal The Guardian l’accuse d’avoir tué 21 personnes aux Etats-Unis, dont 17 absolument désarmées.
En quelques années, Oullins s’est dotée d’un système de vidéosurveillance d’une trentaine de caméras, en constante augmentation. Elle a aussi construit un centre de supervision surdimensionné, pour lequel elle paie déjà trois personnes, bientôt rejointes par une quatrième. Pour rentabiliser tout ça, elle a décidé de mettre en place la vidéo-verbalisation en mars. En novembre, le conseil municipal a encore décidé d’investir 60 000 € d’écrans et de joysticks dans ce centre de supervision, qui lui avait déjà coûté 500 000 € à sa création. On dorlote bien les surveillant·es… Au total, depuis 2010, le budget « sécurité » d’Oullins a triplé [2].
Mais alors, c’est quand exactement la dérive sécuritaire pour Le Progrès ?
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