Olivier Brachet a été directeur pendant 25 ans de Forum Réfugiés, juge assesseur à la Cour Nationale du Droit d’Asile, et même vice président en charge du logement et de la politique de la ville à la Métropole de Lyon. Sa rhétorique sur la « liberté et l’enfermement », on la connaît déjà (petit florilège de l’époque où il dirigeait Forum Réfugiés) :
À propos des tests ADN sur les étranger·es : « C’est un sujet absolument tabou à cause du quiproquo invraisemblable sur l’eugénisme. C’est un outil, il faut savoir s’en servir. Cet outil est d’ailleurs déjà très utilisé dans les programmes de réinstallation quand on ne maîtrise plus les frontières. Je suis certain que les tests ADN reviendront sur le tapis. Non pas imposés par les Etats mais réclamés par les candidats à l’immigration. Dommage qu’en France ça fasse partie de ces débats impossibles. »
« En France on est gavé, on a l’impression qu’on ne peut plus circuler sans que tout le monde nous surveille. Mais ce n’est pas le cas de la majorité des gens. Beaucoup aimeraient être surveillés par quelqu’un qui s’occupe d’eux. On a une vision de riches. Le progrès ça serait plus d’administration des individus. C’est le seul moyen de garantir l’équité. »
Nous on appelle ça la société du contrôle, au faciès surtout, qui ne cache plus son racisme institutionnel ; la société des flics qui traquent les étranger·es sans papiers, les raflent et les déportent pour les enfermer en CRA [Centre de Rétention Administrative].
D’ailleurs, « Que fait-on des gens qu’on veut éloigner du territoire si on ne les place plus en CRA ? Pour assurer la protection des réfugiés il faut une frontière qui sépare les bourreaux des victimes [N.B elle ne protège pas les étranger·es des agents de la Police Aux Frontières]. ». Pour rappel, les CRA sont des prisons pour étranger·es, détenu·es en attente de leur déportation faute de répondre aux critères du droit d’asile. En 2018 en France, plus de 45 000 personnes ont été enfermées dans les CRA et 20 000 ont été expulsées.
« Vers le rêve » est encore un événement qui cherche à servir la figure humanitaire de Forum Réfugiés… qui prétend œuvrer, on le rappelle, pour « l’accueil des réfugiés, la défense du droit d’asile et la promotion de l’État de droit ». À ce titre, l’association gère des plateformes d’accueil et est présente dans des centres d’hébergement pour migrant·es sur tout le territoire pour y assurer le tri des étranger·es.
A partir de 2010, dans le cadre d’un appel d’offre public, Forum Réfugiés a obtenu l’attribution d’un lot de Centres de Rétention Administrative, dont celui de Lyon St-Exupéry. Sa mission proclamée y est « l’information et l’aide à l’exercice des droits auprès des personnes retenues ». En y étant présente, Forum Réfugiés contribue volontairement à l’application des politiques migratoires racistes et répressives. Prétendant « promouvoir l’État de droit », Forum Réfugiés collabore activement avec l’État et la Police Aux Frontières, qui organisent les rafles et les déportations. Sous couvert d’apporter une aide juridique et sociale, et prétendant s’inquiéter du « confort de vie » à l’intérieur des CRA, Forum Réfugiés réduit leur violence à l’absence de conditions matérielles qu’iels jugent convenables. À aucun moment, iels ne remettent en cause l’enfermement, la répression et les déportations. Pire, Forum les approuve, réclamant plus de places au sein des CRA.
Par ailleurs, Forum Réfugiés tait les actes de violences physiques et psychologiques qui ont lieu à l’intérieur des murs, et va même jusqu’à démentir dans la presse les révoltes récurrentes des prisonnier·es.
Les propos aberrants de Brachet font écho à ceux de Asssane Ndaw, directeur accompagnement au CRA de Lyon Saint-Exupéry : « On ne dit pas qu’il ne faut pas renvoyer les personnes, mais on dit qu’il faut quand même un esprit de discernement dans le placement des personnes (…) On demande simplement que la rétention soit utilisée pour son but, le temps nécessaire pour l’éloignement. Que ça ne soit pas une garderie, et c’est ce qui se passe aujourd’hui ! ».
Pour toutes ces raisons, on était là le 21 octobre, pour distribuer ce texte au public, histoire que tout le monde sache bien à qui on avait affaire.
À bas les CRA, à bas les frontières, et soutien à tous·tes les prisonnier·ères !
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