« Le peuple invisible »
(Richard Desjardins et Robert Monderie, 2008, 97mn)
Suivi d’un débat sur la situation actuelle des autochtones du Canada, des luttes qui ont pu être menées ou qui peuvent l’être.
Samedi 13 Décembre à 15h
A la Plume Noire, 19 rue Pierre Blanc, Lyon 1er.
Bande Annonce du film :
Près de 10 ans après Erreur boréale, Richard Desjardins et Robert Monderie récidivent avec Le peuple invisible, un deuxième documentaire tout aussi corrosif.
Desjardins et Monderie n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Dès les premiers instants du documentaire, il est possible de constater de quel côté ils penchent. Appuyés par une étude historique, les réalisateurs nous démontrent le rôle qu’a joué l’État Canadien dans le dépeçage du territoire autochtone (Algonquin dans ce cas-ci) depuis la proclamation royale de 1773. Une stratégie visant à faire disparaître un peuple ou du moins le contenir dans un territoire restreint dans le but d’implanter une économie de marché d’un océan à l’autre. De gouvernement en gouvernement et au fil du temps, la tactique est toujours la même : enlever constamment une nouvelle parcelle de terre aux amérindiens. Les cinéastes constatent que l’autochtone gêne le développement du capitalisme car son mode de vie est en totale opposition à celui-ci et qu’il n’a aucune conception de frontière comme tend à nous faire gober l’État.
Avec tact, Desjardins réussit à obtenir des témoignages chocs de ces amérindiens qui ont dû affronter et affrontent toujours l’oppression de l’État. On nous rappelle l’épisode où le clergé québécois s’est joint à la partie avec une attitude ethnocentrique en voulant « civiliser nos bons sauvages ». On entend des histoires de viols dans les pensionnats des Oblats où ces charognes de prêtres, sans aucun remords, assouvissaient leurs bas instincts sur des adolescents.
Finalement, les réalisateurs nous dressent un triste portrait sociologique des réserves algonquines. L’État a réussi à implanter le même système d’exploitation, autoritaire et privilégié, tout en y dénonçant les problèmes sociaux qui y font rage : décrochage scolaire, délinquance juvénile, violence conjugale, viol, alcoolisme, suicide, etc. De plus, Desjardins nous fait remarquer que si les réserves amérindiennes étaient un pays, ce pays se classerait 63e au monde selon l’indice de développement humain de l’ONU.
Desjardins nous laisse sur une note désolante et termine le documentaire sur une question plutôt sérieuse : « Est-ce que le peuple algonquin va finir par disparaître ? ». Il aurait été intéressant que le documentaire fassent un lien avec les autres réserves au Canada qui sont en lutte contre l’État canadien. CertainEs AmérindienEs se lèvent face à cet État colonialiste et raciste afin de lutter pour l’autonomie des peuples autochtones. Mais il est clair que leur lutte est aussi la nôtre et que pour gagner leur autonomie, bloquer des ponts ne sera peut-être pas suffisant !
Pour plus d’information : un texte d’analyse globale de la question par la NEFAC (Québec)
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