Réunion publique sur la sécurité dans le 7e arrondissement

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Réunion mercredi dernier (6/01) à 18h30 à l’ENS. Tout le gratin « démocratique » (et bien-pensant !) est là, comme pour la 1re réunion (http://rebellyon.info/Reunion-publique-sur-la-securite.html), avec comme cerise sur le gâteau cette fois, M. Collomb, maire de Lyon.

M. Géraud (rappelons-le, Préfet du Rhône, ancien conseiller de Sarkozy !) est CHEF de tribune (autoproclamé) et nous dresse donc le bilan sécuritaire des deux derniers mois dans le 7éme arrondissement. après nous avoir rappelé les enjeux démocratiques d’une telle réunion permettant à chacun.e de s’exprimer et de dialoguer directement avec ces chers représentants politiques…

Comme un autre l’a dit, « Je vous ai compris ! »…

M. le Préfet va nous montrer qu’il a bien écouté les plaintes et problèmes des concitoyen.ne.s en nous donnant tout azimut le chiffre de la baisse de la délinquance en décembre dernier (18%), son décret de fermeture à une heure du mat du life (boite de nuit), les expulsions des squats et autres « indésirables » tels que les Rrom.e.s, et personnes sans papiers. Nous avons alors droit à l’énumération de tous les squats recensés dans le 7e,avec leur adresse exacte, et l’assurance qu’il expulsera leurs habitant.e.s, d’autant plus loin s’illes sont sans-papiers. Comme il le précise, « nous ne sommes pas dans une république d’ordre moral, nous avons un cœur. » Il parle également de l’extension de la zone anti-prostitution (cf. communiqué Association Cabiria du 6 janvier : http://rebellyon.info/La-repression-contre-le-dialogue.html) suite au décret du 18 décembre dernier. C’était le maire du 7e qui devait signer ce papier mais devant son refus, le Préfet s’est adressé directement à M. Collomb. A ce sujet, notons le lapsus suivant : « J’ai pris un arrêté, euh non, M. le Maire a pris son arrêté le 18 décembre ». Il précise d’ailleurs que ce ne sont pas les personnes prostituées qui sont visées mais seulement leurs camionnettes…
Le Maire de Lyon prend ensuite la parole. Son intervention complète celle du Préfet. Il parle de la sécurisation du quartier par la Police, grâce à la coordination dans le 7e de la nationale et la municipale, gratifie au passage leurs cheffes respectives, et explique ses projets d’acheter les immeubles autour de la place Ballanche pour ensuite faire des aménagements urbains dont « la disposition ne sera plus propice à la délinquance ». Enfin, il promet le nettoyage de la rue de Marseille, dégradée par les tags.
Pendant toute la soirée, les deux vont marcher main dans la main, se confortant mutuellement dans leurs constats. D’ailleurs, le Préfet l’a précisé, après une question embarrassante : « il ne faut pas qu’il pense qu’il va nous diviser le Maire et moi ». Comme quoi, le clivage gauche/droite est vraiment profond…

Soucis et Tracas quotidiens de l’autochtone du 7e

La parole est alors « donnée » à l’assemblée. Les personnes prenant la parole sont surtout des présidents d’associations de quartier puis des voisin.e.s, commerçant.e.s…
Nous allons alors évoquer rapidement les principales craintes, peurs, angoisses de nos voisin.e.s, toujours localisées dans un même secteur à savoir la place du Pont/rue de Marseille (« une poubelle géante ») et Gerland :
- La rue de Marseille/place du Pont : il a été question de « l’insécurité » place du Pont avec en vrac des plaintes sur les agressions verbales que subissent les habitant.e.s (« je courais parce que j’étais en retard pour le travail et un jeune m’a interpellée : va travailler, moi j’travaille pas, t’as vu ! »), de la perte de la clientèle due à la mauvaise fréquentation de la place (« qu’est ce que je leur dis à mes clientes qui ne veulent pas traverser la place, que c’est des chochottes ?! »), les trafics (« j’ai fais des photos des délinquants en bas de chez moi et je les ai envoyées à la police mais ils sont toujours là ! »), la saleté de la rue (« Regardez, j’ai pris des photos du caniveau du côté impair de la rue pendant 12 jours consécutifs, qu’est que vous proposez M. le Préfet ? », « et les tags ! », etc.), des Rrom.e.s qui "trainent" toute la journée (« Au moins en juin c’était plus calme, il y avait toujours 2 voitures de Police, puis elles sont parties et les Rroms sont revenus ») et le stationnement (« les Asiatiques (qui d’ailleurs sont forts sympathiques) occupent les places avec des palettes »). A tout cela, les réponses des maire et préfet on était de donner la parole aux cheffes de la police, de dire qu’ils allaient changer l’architecture pour ne pas laisser « les poches de délinquances » subsister.
- Le Life : boite trop bruyante, 5 ans que les voisin.e.s se battent contre, en plus la piste cyclable est toujours encombrées le matin, comment fait-on si on veut aller travailler en vélo ? Face à ces problèmes insurmontables, le préfet a assuré que « la circulaire qui va sortir très prochainement (le 15/01) sera appliquer de manière implacable ! Si le patron estime pouvoir jouer avec les pouvoirs publics… ».
- Le quartier Gerland : les doléances ont surtout porté sur les voiture-épaves qui se dégradent dans la rue et ne sont pas enlevées, notamment celle qui a cramé dans la nuit du 1er janvier. La réaction de la tribune a encore une fois de donner la parole à la cheffe de la police nationale du 7e qui a témoigné de l’arrestation en flagrant délit de l’incendiaire qui a pris 6 mois ferme en comparution immédiate. « Je l’ai pourtant vu en liberté dans la rue 3 jours après les faits Monsieur le Préfet ». La parole est alors donnée à un procureur de la république, présent à la tribune : «  le problème vous comprenez, c’est que depuis le mois de décembre, toutes les peines de moins de 2 ans doivent être aménagées. » Ca, c’est dit…
Le 2e fait dérangeant dans ce quartier : la prostitution, d’où l’extension de la zone anti-prostitution. « Cela peut-être très déstabilisant pour des enfants de voir des personnes aussi sordidement vêtues. » dixit le préfet. Les travailleuses du sexe présentes se sont défendues et ont déploré de ne pas avoir été consultées sur la question d’autant qu’une réunion a eu lieue au centre social de Gerland entre elles et les riverain.e.s. et qu’elle a permit à tou.te.s de se rencontrer et ainsi de faire tomber les tensions dues à la peur latente de l’autre… (Une autre rencontre doit se tenir là-bas le 20 janvier prochain à 19h avec l’Association Cabiria). Très vite, il a été temps de passer à un autre point (15 min contre 45 pour la voiture cramée…). On a quand même eu droit à une longue tirade du préfet sur les proxénètes et les pauvres femmes qui ne pouvaient pas se défendre. La Police a quand même réussi à neutraliser un réseau… il y a deux ans ! Merci pour l’info.

En résumé

En résumé du coup, quoi dire ? Difficile de tirer des points positifs de cette réunion, qui en fait faisait penser à un show citoyenniste dans lequel règne la bonne morale de la France bien-pensante.
La communication était axée sur le mythe de la démocratie et celui de l’insécurité. Ces gen.te.s tentent de nous faire croire que par le biais d’une de ces réunions démocratiques, les représentant.e.s comprennent mieux le point de vue des Français.e.s alors qu’illes se servent de problèmes anodins érigés en faits de société gravissimes pour manipuler l’opinion et maintenir leurs domination et privilèges sur l’ensemble de la société en stigmatisant et montant ainsi les gens les un.e.s par rapport aux autres. Illes se placent en hommes/femmes de terrain, prêt.e.s à apporter une solution instantanée au moindre problème des citoyen.ne.s en consultant des spécialistes, dans une réunion comme celle-ci, la commissaire de la police nationale du 7e. Les régimes totalitaires ont toujours recours à l’argument « scientifique » (ici, les scientifiques de la sécurité) pour justifier des pires abus. Déjà à la base, convoquer les gen.te.s à une réunion sur la sécurité publique les placent dans un sentiment d’insécurité, de peur de l’autre. Le but étant à terme dans le 7e, comme M. Collomb l’a précisé, de faire la même chose que dans le 1er arrondissement, à savoir occupation policière de la rue, vidéo-surveillance généralisée (en bonne voie), fermeture précoce des bars etc., avec comme bonus ici, faire en sorte que l’architecture prévienne la délinquance, devienne une police préventive en quelque sorte (et discrète de surcroît !).
Tout, dans leurs attitudes, leurs discours tantôt paternalistes, tantôt compatissants et mielleux à souhait, dans leurs airs graves et déterminés était voué à alpaguer le club du 3e âge présent dans la salle (moyenne d’âge 65 ans au bas mot…et c’est pas un reproche) avec comme arrière-pensée, on peut s’en douter, les régionales qui approchent. Populisme quand tu nous tiens...

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  • Le 16 janvier 2010 à 00:20, par juanpaolodelyon

    C’est vrai que le climat de cette « réunion publique » aux invitations triées sur le volet était puant avec des relents racistes à tous les coins de rue !

    Sur la question des personnes prostituées (sujet qui n’était visiblement pas le plus à mettre en lumière ce soir-là) on voit bien que l’arrêté « préfectomunicipal » est débile et n’est là que pour jeter de la poudre aux yeux des électeurs ... et remplir les caisses municipales via la fourrière !

    Rien que ce soir, en rentrant de mon travail, j’ai compté 15 camionnettes le long de la rue Challemel Lacour ... pourtant directement concernée par le précédent arrêté municipal.

    Vivement que cet arrêté soit cassé officiellement par le Tribunal administratif et qu’on se penche enfin sur un truc tout bête : autoriser dans les différentes communes du Grand Lyon les camionnettes à stationner la nuit sur les places publiques ... ce qui ne gênerait pas trop les voisins, permettrait de répartir le nombre de camionnettes sur 20 ou 30 villes et permettrait à priori de disposer d’endroits où sont déjà installées des toilettes et des poubelles .... C’est si dur que cela à décider ???

    Espérons qu’on pourra en discuter tranquillement le 20 janvier prochain au centre social de Gerland lors de la réunion proposée conjointement par Cabiria et le centre social.

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