Toujours plus captif de JCDecaux, le Grand Lyon pourrait introduire des panneaux publicitaires numériques dans les rues

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Pour avoir l’air moderne, mais aussi pour faire les affaires du publicitaire JCDecaux, la Métropole de Lyon pourrait échanger dès 2020 le fait d’avoir des Vélo’v à assistance électrique contre l’installation d’écrans publicitaires dans les rues. Ou quand la « smart city » s’accompagne de pollution lumineuse.

Les nouveaux modèles de Vélo’v arrivent en ville. C’est dans la nuit du 17 au 18 juillet que les 4 000 vélos en libre service (VLS) lyonnais seront remplacés.

Contrairement à Paris où un changement d’opérateur a provoqué l’effondrement du système Vélib, son homologue lyonnais restera bien dans les mains de la multinationale de la publicité JCDecaux. Et, à la différence de Paris, nous n’aurons pas de vélos à assistance électriques sur les bornes Vélo’v... en tout cas pour l’instant.

Dici 2020, de nouvelles stations (notamment en dehors des villes de Lyon et de Villeurbanne) verront le jour. Un système de location de vélos à assistance électrique en location longue durée, lui aussi baptisé Vélo’v, a également été inauguré en juin.

Des Vélo’v à assistance électrique en échange d’écrans publicitaires

Le contrat actuel de gestion des vélos en libre-service de JCDecaux est lié à son activité d’affichage publicitaire. En gros, JC Decaux « accepte » de prendre en charge l’entretien et l’installation des bornes en échange d’un droit à pourrir nos champs de vision grâce à ces panneaux publicitaires. En 2020, il est fort probable que le publicitaire échange le « service » d’offrir aux lyonnais·es des vélos en libre service à assistance électrique contre le droit de nous infliger des écrans publicitaires un peu partout. C’est ce que révèle Rue89Lyon.

Concernant le déploiement des Velo’v à assistance électrique en libre-service, il ne devrait pas intervenir avant au mieux 2020. Pourquoi ? Il faut trouver des sous et pour cela les panneaux publicitaires numériques soient autorisés par la Métropole via son règlement local de la publicité. Si JCDecaux peut avoir ses panneaux publicitaires, la moitié du parc des Velo’v deviendra alors électrique. Les engins ne seront pas remplacés, ils feront un petit tour en atelier pour être électrisés et munis d’une batterie.

Selon Médiacités, JCDecaux aurait proposé une centaine d’écrans publicitaires au Grand Lyon en échange de ce « service » [1]. Un format qui serait particulièrement rentable pour le publicitaire.

Objectif pour l’entreprise : vendre plus cher ses prestations aux annonceurs. Avantage pour la collectivité : augmenter sa redevance d’occupation du domaine public. « Cela permettrait de financer l’ensemble des surcoûts liés au passage à 5000 Velo’v et des 80 stations supplémentaires », argue Gérard Claisse (le vice-président de la Métropole chargé des achats publics).

Il existe un frein à l’installation d’écrans numériques : le règlement local de publicité (RLP) actuel ne prévoit la possibilité de tels dispositifs. Si le RLP est pour l’instant spécifique à chaque commune de l’agglomération, il devrait être transformé d’ici 2020 en un document unique commun à tout le Grand Lyon. Document qui devra être voté par les élus de la Métropole.

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Les élus détournent le regard

En principe, rien n’est donc fait. Mais, à lire, les déclarations des élus métropolitains recueillies par Médicacités, l’affaire semble pliée. Au nom de la désormais sacrosainte « smart city » mais aussi des clauses financières qui figurent dans le contrat signé par JCDecaux sur la période 2017-2032.

Si le Grand Lyon refusait d’autoriser les écrans publicitaires :« Cela signifierait que la Métropole toucherait 300 000 euros de redevance annuelle, là où elle aurait touché 1,4 millions d’euros, calcule Gérard Claisse. Mais nous pouvons tout à fait décider, à l’issue du débat politique, de prendre en charge cette somme. »

Au concours des arguments ineptes en faveur des écrans publicitaires dans les rues, Gérard Claisse est largement battu par son homologue Gilles Vesco, qui se prononce aussi en faveur d’une flotte de Vélo’v équipée à 100% d’une assistance électrique.

« 100 panneaux numériques, c’est 3% du parc publicitaire total, ce n’est pas Time Square non plus ! Je ne dis pas que j’adore la pub, mais je préfère la pollution visuelle parce que je peux détourner le regard. La pollution dans mes poumons, je ne peux pas l’arrêter. »

Rappelons à Gilles Vesco qu’au-delà de leur seule présence visuelle, ces écrans ont un coût environnemental certain, tout comme les batteries des futurs Vélo’v à assistance électrique. D’abord, il faut les produire, en recourant notamment à des métaux et terres rares dont l’extraction est très polluante. Ensuite, il faut les alimenter pour qu’ils diffusent les pubs. Et pour l’instant, l’absence d’impact environnemental de l’électricité d’origine nucléaire ou gazière (dont la part dans le « mix énergétique » est importante en hiver) reste à prouver... Contrairement à ce que semble penser Gilles Vesco, il ne suffit pas de détourner les yeux de la pollution pour qu’elle disparaisse.

Plus d’écrans, plus de pub, plus de pollution

Il est plus que probable que nous ayons vite droit dans nos rues à des panneaux diffusant des vidéos comme on en trouve désormais dans les gares et les stations de métro. Face à ce qui se présente comme la promesse de faire entrer encore plus d’écrans, de pollution dans nos vies, à nous d’être inventifs et inventives pour ralentir ces nouvelles modalités d’agression publicitaire.

Notes

[1Le détail, selon Médiacités : « JC Decaux a proposé 40 écrans sur 35 mobiliers stèle (30 écrans simples, 5 doubles) avec une alternance de message public et annonceur toutes les 10 secondes, et 60 écrans sur 45 abris voyageurs (30 écrans simples et 15 doubles) avec 100% du temps d’exposition réservé à la publicité. »

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  • Le 16 juillet 2018 à 21:22, par P’tit Louis

    De mémoire le Vélov’ n°1 avait été négocié avec déjà des supports publicitaires : « panneaux sucettes »
    Aussi le garde boue arrière était prévu pour support publicitaire et non pour éviter que la robe des CyclistEs se prenne dans les rayons...

    Decaux arrête de nous envahir l’espace et la tête...

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