Je me suis bien adaptée, l’équipe en cuisine était sympa, l’exigence en terme de production à ma portée, bref tout allait pour le mieux. En milieu de semaine, après une discussion avec la personne qui m’avait recrutée et le chef du site, il a été conclu que c’était moi qui ferai la totalité du remplacement (accord verbal).
L’avant dernier jour comme chaque matin, je vais me changer dans le vestiaire et, là, une femme m’interpelle en me demandant « ce que je faisais là ». Je lui ai répondu que je me changeais, et elle m’a ensuite dit « non mais c’est le vestiaire des femmes, vous n’avez rien à faire là ». Je lui ai répondu que j’avais ma place chez les femmes et pas ailleurs, tout en me plaçant devant elle en sous-vêtements pour bien mettre les choses au clair. Et là elle répond : « Vous vous prenez pour une femme avec autant de tatouages ? C’est honteux, de toute façon il n’y a que mon mari qui me voit en sous-vêtements ».
Le ton est monté rapidement et elle a ajouté : « C’est comme si Alexandre (aide soignant gay) venait se changer chez nous. » Une jeune aide soignante s’est alors interposée en me disant de l’ignorer.
La journée a suivi son cours et mon chef m’a fait part de la venue d’une personne des ressources humaines en fin de journée pour régler le problème, car la veille déjà il avait reçu des plaintes de cette même personne.
Entre temps j’ai pu discuter avec la responsable de l’équipe infirmière qui allait totalement dans mon sens, ainsi qu’avec une grande partie du personnel féminin qui m’ont affirmé qu’il n’y avait aucun problème pour elles étant donné qu’elles sont témoin du fait que ma transition est terminée et que je possède bien à l’heure actuelle un corps de femme de la tête aux pieds. J’ai également appris que la femme qui s’est plainte n’en était pas à son premier dérapage et qu’elle tenait des propos homophobes assez régulièrement.
La réunion avec la personne des ressources humaines a eu lieu, et là la personne me dit : « Je comprends votre situation, mon beau frère est comme vous, vous êtes une femme ça se voit, cependant comme vous n’avez pas encore changé votre état civil, vous devez allez vous changer chez les hommes ». Le non fut catégorique, car il est absolument immoral que j’aille dans le vestiaire des hommes et je n’ai rien fait qui justifie que je quitte celui des femmes. De là j’ai bien expliqué que je ne possédais plus de pénis, etc. mais bien un vagin ; et que de ce fait, je ne lâcherai absolument rien. Restant sur leur position, j’ai été obligée de laisser tomber et de perdre le poste que j’avais acquis avec mes compétences professionnelles.
janvier 2012
Témoignage de Ava, une militante du Collectif Lesbien Lyonnais
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