Un pétard dans l’urne, retour sur les incidents du 27 avril à Lyon 2

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Après 13 semaines de mobilisation, la présidence de l’université Lyon 2, qui se dit « favorable »
au mouvement contre les réformes LRU, a décidé d’organiser un vote à bulletin secret, avec
carte d’étudiant, pour mettre fi n au blocage voté d’AG en AG par les étudiant-es.

Pour encourager les « usagers » de
Lyon 2 à voter comme il faut, une
propagande de grande ampleur avait
été menée à coups de mails citoyennistes.
Pas de doute, l’université est
bien une institution de la République :
elle reproduit les rituels démocratiques
pour rétablir l’ordre normal des choses
dès que la situation dérape. Du pays des
droits de l’homme à l’Irak, les élections
sont systématiquement utilisées pour
pacifi er le réel.

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Confrontés à ce mode de contrôle, des
grévistes ont décidé que le vote ne se
passerait pas sans eux. Certaines personnes
voulaient opposer à la démocratie
pacifi catrice et aliénante des logiques
d’auto-organisation et de prises d’initiative,
d’autres cherchaient simplement à
défendre une « vraie » démocratie, plus
pittoresque et tout aussi stérile : celle des
AG et de leur fameuse légitimité. Bien
consciente de ces menaces, la présidence
avait fait appel à une meute de vigiles
pour défendre les bureaux de vote. Le
mythe démocratique ne suscitant plus
l’adhésion citoyenne attendue, l’institution
s’arme pour protéger les urnes. Les
étudiants faisaient donc la queue entre
des barrières de sécurité, se faisaient checker
par des vigiles comme à l’entrée des
boites de nuit… pour aller voter. Vers 15 h,
la tension commence à monter : des gros
pétards explosent dans différents coins
de la fac et du monde s’approche de l’entrée
de la salle de vote. Sentant l’attaque
imminente, les vigiles stressent à mort et
s’emballent : ils bloquent l’accès à la porte
avec leurs barrières métalliques, des cris
fusent, des gens poussent. Les moutons
citoyens se reculent et sortent leurs portables
pour fi lmer la situation, à défaut de
la vivre. Des gens se masquent un peu,
d’autres pétards explosent à la gueule des
vigiles qui se replient et gazent. Ça y est la
démocratie se révèle : du gaz lacrymogène
sort du bureau de vote. Comme en 2007,
après le sacre de Sarkozy, élections riment
dans nos corps avec odeurs de gaz. À ce
moment, l’ambiance est extrêmement
tendue. La porte est fermée, des vigiles
et des bons citoyens en profitent pour
frapper deux grévistes enfermés dans le
bureau de vote. Dehors, on reprend son
souffle. Des pétards explosent devant la
salle de vote, un vigile sort pour gazer à
nouveau, il se fait chasser. Des coups de
pieds font résonner les vitres de la salle,
la porte est réouverte par les insurgés,
fumigènes et pétards sont balancés à l’intérieur,
un extincteur est vidé sur les types
de la sécurité, et une barrière est utilisée
comme bélier pour briser la barricade
montée par les vigiles pour défendre les
urnes.

Une rumeur se répand : « les flics arrivent
sur la fac ». Complicité pratique,
la dispersion se fait spontanément ; en
un éclair tout est fini. Très vite la police
assiège la fac en bloquant tous les accès,
la BAC rôde devant la bibliothèque Chevreul.
Toutes les personnes « louches »
sont contrôlées, puis la présidence décide
de boucler elle-même les accès de la fac.
Les dernières personnes présentes, dont
des profs et des gens de l’IEP, décident de
sortir collectivement. Une fois dans la rue,
le groupe se fait encercler par la police,
et la BAC charge pour arrêter des grévistes
bien en vue. Des chiens sont utilisés
pour intimider la foule, et surtout les fl ics
balancent des décharges de Taser pour
briser les solidarités. Cinq personnes se
font ainsi embarquer et ça se termine en
rassemblement de soutien devant le commissariat
de Jean-Macé. Trois des interpellés
sont relâchés après une nuit au poste,
les deux autres passent en comparution
immédiate après 48 heures. Une centaine
de personnes est présente dans le tribunal
rue Servient le jour de l’audience, et une
cinquantaine à l’extérieur. Les deux grévistes
refusent la comparution immédiate,
leur procès est reporté au 10 juin, verdict
le 1er juillet au tribunal correctionnel. Le
proc’ a requis 3 et 6 mois de prison avec
sursis et 3000 € d’amende.

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