Cet entretien permet de saisir de l’intérieur les réalités et les enjeux d’une expérimentation locale dont la résonance traverse les frontières et qui s’inscrit dans un mouvement de révolte historique.
Tu es allée quelques jours à la CHAZ de Seattle… Peux-tu d’abord nous expliquer ce qu’est la CHAZ ?
Oui ! Seattle est à une douzaine d’heures de route de là où j’habite, en Californie. Je suis arrivée samedi 13 et je suis repartie lundi 15. Je ne suis donc pas restée très longtemps, mais j’ai essayé de discuter avec un maximum de personnes et de me joindre, autant que possible, aux activités politiques en cours.
La CHAZ (Capitol Hill Autonomous Zone) est, comme son nom l’indique, dans le quartier de « Capitol Hill », dans le centre de Seattle. C’est un quartier LGBTQ, où les activités culturelles et alternatives sont nombreuses, et qui est très fréquenté par la population étudiante de la ville.
La CHAZ comprend plusieurs pâtés de maisons et un parc, le Cal Anderson Park (carte). Aux entrées, il y a des barricades tenues généralement par quelques personnes. À l’intérieur de la zone, certains commerces sont encore ouverts, d’autres sont fermés et barricadés.
Quand et comment la CHAZ a-t-elle été créée ?
La CHAZ a été créée le 8 juin, après une semaine de manifestations appelées notamment par Black Lives Matter (BLM) qui se sont focalisées autour de l’East Police Precinct (« Commissariat de Police Est ») à Capitol Hill. Les policiers ont abandonné le commissariat : il n’est pas occupé, mais il est fermé et a été rebaptisé « People Precinct ». Son entrée (où figure un gigantesque poster d’Angela Davis) est devenue un mémorial aux victimes des crimes policiers, avec beaucoup de fleurs et de bougies…
Depuis le 13 juin, la CHAZ a été rebaptisée CHOP (Capitol Hill Occupational Protest). L’abandon de l’expression « zone autonome » (qui fait référence aux « Zones Autonomes Temporaires » et aux « Zones À Défendre ») ne fait pas l’unanimité. Il a été justifié par certaines personnes comme un moyen de souligner que les luttent continuent…
Concrètement, comment se présente la CHAZ/CHOP ?
Il y a d’un côté plusieurs bouts de rue dans lesquelles il y a des tentes (et parfois des générateurs) sur les trottoirs, avec notamment un service de soins médicaux et la « no cop co-op » (« coopérative sans flic ») où sont distribués librement de la nourriture, des boissons et des produits de première nécessité. C’est dans cet espace qu’il y a le « conversation corner » (« coin pour discuter ») où on peut venir à tout moment discuter, notamment sur des thèmes établis. Pas loin de là, il y a souvent quelques tables de presse avec des zines ou des réseaux d’échanges de livres qui sont présents.
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