Alors que s’est déroulée dans le plus grand silence en France la journée internationale des Rroms, les politiques lyonnaises menant à des actions répressives et répétitives à l’égard des réfugiés Roms installés sur Lyon ou dans les communes avoisinantes ont trouvé un écho particulièrement défavorable au sein d’une organisation internationale de défense des droits de l’Homme combattant le racisme et les discriminations anti-rroms.
L’ERRC a donc fait parvenir à nos élus un courrier des plus explicites quant aux droits des Rroms ainsi qu’aux mauvais traitements dont ils sont victimes par chez nous.
Dans son courrier en date du 21 mars, l’European Roma Rights Centre (ERRC) tient à informer les élus (maires et élus concernés) et le préfet de leur préoccupation quant aux multiples évacuations et violences survenues à Lyon et Vaulx-en-Velin ces deux dernières années [1].
Madame, Monsieur, (…)
Nous tenons à vous informer de notre préoccupation quant aux multiples évacuations et violences survenues à Lyon et Vaulx-en-Velin. Nous appelons les autorités à fournir un hébergement sûr à cette communauté Rom qui est aujourd’hui en danger.
La dernière évacuation eu lieu le 27 février, au total 130 Roms (dont 35 enfants) furent expulsés par la police nationale et la police aux frontières d’un bâtiment scolaire. Les familles étaient dans ce bâtiment car leur squat avait brûlé le 24 février 2012. Les familles sont entrées dans le bâtiment scolaire le 25 février4 et ce même jour la municipalité de Vaulx-en-Velin leur a notifié un ordre de quitter l’école.5 La police les a expulsé deux jour plus tard.
D’après les déclarations des représentants de la municipalité, la mairie n’était pas informée de la décision de la préfecture d’expulser les familles. L’évacuation fut exécutée malgré le plan initial de la municipalité qui était de recourir au juge administratif pour demander une ordonnance d’expulsion. Ce qui aurait laissé le temps effectif pour les personnes de se préparer. (…)
Après la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie, qui ont déjà donné lieu à des rapports transmis à la Commission Européenne par l’ERRC, voila que la région lyonnaise s’inscrit dans la liste des régions aux politiques les plus affligeantes...
Ce courrier leur demande très officiellement de respecter un certain nombre de droits, parmi lesquels différents articles de la Convention européenne des droits de l’homme :
- article 3 (interdiction de la torture ou les traitements inhumains ou dégradants),
- article 8 (respect de la vie privée et familiale et du domicile) et
- article 14 (interdiction de la discrimination),
- et (last but not least) l’article 6 (droit de demander réparation ou une satisfaction suffisante pour tout dommage subi à la suite de la discrimination) de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Et de rappeler ensuite sèchement :
L’Etat a une obligation d’offrir un hébergement à chaque personne se trouvant dans une situation exceptionnelle et personne ne peut la priver de son droit de rester dans hébergement aussi longtemps que durent la situation exceptionnelle.
Etant donné que tant la municipalité que la préfecture ont failli à pourvoir un logement adéquat ou un logement tout court en accord avec les standards internationaux pertinents, l’ERRC appelle les autorités concernées à :
Fournir un logement pour les familles expulsées ;
Mettre fin à la pratique des expulsions sans notification adéquate ni procédure régulière et
assurer un logement adéquat aux familles roms à Lyon et Vaulx en Velin ;
Veiller à ce qu’aucun rom ne soit fait sans-abri suite au processus d’expulsion ;
De développer des solutions durables de logements adéquats pour tous les Roms se trouvant en
situation précaire et mettre en oeuvre de projets intégrés d’accès à l’emploi, l’éducation et la santé pour promouvoir une réelle intégration des Roms à dans l’agglomération lyonnaise ;
D’assurer l’identification et la poursuite des auteurs d’agressions contre les Roms.
Rappelons qu’en 2010 l’Etat français avait été sérieusement rappelé à l’ordre par la Commission et le Parlement européens, nous avons vu la portée de ces avertissements sur les décisions et agissements politiques et policiers et la discrimination sans nom dont ont été victimes les Rroms jusqu’à aujourd’hui.
Pourtant, à Lyon comme ailleurs, des associations s’engagent pour les défendre et les aider à se nourrir , se reloger, scolariser les enfants, faire des démarches administratives, se portent garants... mais ce type d’aide est en plus réprimée. Finalement, et c’est certainement ce que veulent les politiciens locaux,
la majeure partie de la population préfère baisser les yeux sur les soucis des rroms et adhérer sans sourciller aux plus idiots préjugés qui ont perduré à leur encontre depuis des siècles.
L’éclat international de la ville de Lyon ne brille décidément pas des mêmes feux selon que vous serez prince saoudien ou défenseur des droits de l’homme, VRP américain ou rrom. On peut désormais dire au sujet des rroms en Europe, « Only Lyon et la Hongrie » [2].
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