Ville sans-achat

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Le 29 novembre 2003, partout dans les pays riches, des personnes vont fêter la Journée sans achat. Fêter, car cette journée n’est pas une nouvelle pénitence religieuse destinée à faire une pause entre deux goinfreries. Ce ne sont pas non plus vingt-quatre heures de pleurs continuels afin de nous offrir à moindres frais une bonne conscience pour continuer à regarder la télévision et à rouler dans nos automobiles.

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Dans notre société de con-sommation, c’est-à-dire société où la consommation n’est plus un moyen mais une fin en soi, toute fête est appel à encore plus de consommation. Nous sur-surconsommons pour fêter notre société de surconsommation ! Nos fêtes, d’essence spirituelle, religieuse ou républicaine, n’ont plus comme objectif que de relancer la production. J’ai rencontré voici six mois une personne de 35 ans qui ne se souvenait plus que la fête de Noël avait pour origine la naissance de Jésus-Christ. Pour elle, Noël était la « fête des cadeaux et du père Noël ». Il est vrai que le père Noël est plus adapté à cette sacralisation des marchandises que ce hippie chevelu et barbu qui ne cessait de louer les vertus de la pauvreté. Les fêtes sont donc devenues des moments de célébration des objets que nous croyons détenir, mais, qui en réalité nous possèdent, qui soi-disant sont des signes de richesse mais sont le plus souvent les révélateurs de notre incapacité de nous affirmer par notre seule personnalité. Des béquilles au vide engendré par la civilisation marchande.

La Journée sans achat est la dernière fête pour célébrer l’humain. On s’arrête vingt-quatre heures, on réfléchit. On constate le caractère absurde et aberrant d’une civilisation qui voudrait une croissance infinie alors qu’elle touche aux limites de la planète. Une société qui ne parle plus d’êtres humains mais de consommateurs-trices, c’est à dire de tubes digestifs dont la fonction est devenue purement économique : bouffer et faire caca et surtout, surtout, oublier qu’ils sont des êtres conscients aux dimensions multiples. Leur bonheur est mesuré à l’aune du PNB. écoutez tous les jours France Inter, la voix de son maître, et les grands médias ; « Les Français sont heureux car la consommation augmente » ou « Les Français sont malheureux car la consommation régresse ». Bien sûr, tout cela est faux, on surconsomme comme on se drogue, par peur du vide. Tout cela est humainement intenable ? Alors abrutissez-vous, la télé, l’automobile, le boulot, les loisirs, sont là pour ça. Et si ça ne suffit pas, nous avons du Prozac. Ceux et celles qui ne s’y résolvent pas sont des malades mentaux !

Stop ! Résister, c’est exister. Guy Debord disait : « La Révolution ne montre pas la vie aux gens mais les rend vivants ». La Journée sans achat est la fête de la conscience, conscience qui nous fait humains. Organisons des débats, des fêtes, des manifs, mais en rigolant !

Raoul Anvélaut

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