Violences policières à la Cité Internationale : les mensonges du préfet

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Récit de la manif qui a fait deux blessées graves, à l’occasion d’une réunion de la chambre patronale de la FEHAP à Lyon. Une version bien différente de celle du préfet Carenco.

Communiqué de la CGT, dont l’une des responsables syndicales stéphanoises est grièvement blessée, de la CNT Santé Social du Rhône et de SUD Santé Social.

Mise à jour le 7 octobre :
Rassemblement de soutien ce vendredi après-midi à 14h30 devant l’UMA

Jeudi 6 octobre 2011, 10h, heure du débrayage pour la plupart des salariés non-cadre de mon établissement médico-social. Certains ont choisi de ne pas se rendre au rassemblement mais juste de déserter les ateliers... Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche, ils se mobilisent à leur façon, c’est déjà ça...

On laisse tomber l’argumentation avec les deux seuls non-grevistes, leur cas est désespéré.

Pourtant, l’heure est grave, la chambre patronale FEHAP a annoncé le 1er septembre dernier, et ce apèrs 15 mois de négociations, la dénonciation partielle de la Convention collective nationale de 1951.

L’opposition des organisations syndicales au projet patronal ne leur a pas plu, ils ont décidé de passer outre !!

Cette dénonciation peut entraîner à court terme la suppression de nombreux droits pour nos collègues de la 51, et une possible future dénonciation de notre Convention de 66.

C’est donc dans une optique de solidarité avec nos camarades de la Convention de 51 et pour annoncer haut et fort que nous sommes par la même opposé à un traitement similaire de la part de la FEHAP, que nous nous rendons à ce rassemblement devant l’espace Tête d’Or à la Cité Internationale.

Et là, bonne surprise, l’appel de l’intersyndicale (CGT-CFDT-SUD-FO-CFTC) semble avoir porté ses fruits car environ 2000 personnes bruyantes sont rassemblées et encadrées devant l’entrée par une bonne vingtaine de CRS qui empêchent de nous approcher de trop près (à une cinquantaine de mètres, nous notons 6 cars remplis).

Une délégation est reçue à l’intérieur du bâtiment.

Les membres de la FEHAP qui réussissent à entrer sont conspués...

Nous sommes plusieurs à penser qu’une entrée dans le bâtiment est possible (il faut marquer les esprits pour montrer notre détermination) : plusieurs groupes avancent petit à petit, les renforts arrivent ; s’en suit une petite montée de tension avec l’utilisation de gaz et de matraques pour faire reculer : les patrons sont escortés par la sécurité du bâtiment pour pouvoir rentrer.

D’autres membres de la chambre patronale tentent d’entrer mais sont bloqués par des manifestants et chassés un peu plus loin ; puis nouvelle tentative d’avancée de notre part mais c’est trop tard les portes sont bloquées, les CRS équipés et après un gazage, un petit mouvement de foule fait tomber 3 personnes sur une grille mal fixée qui les fait chuter de 2-3 mètres !!

Intervention des pompiers qui mettront une bonne heure pour réussir à les sortir en espérant qu’il n’y aura pas trop de dégâts pour nos camarades (deux ont été évacuées à Edouard Herriot et l’une d’elles semble assez gravement touché...)

Voilà où nous en sommes dans le secteur social sanitaire et médico-social : des patrons sourds à nos revendications qui essaient de nous retirer un à un tous les acquis obtenus ; des salariés prêts à se mobiliser pour défendre leur convention et une forte présence policière chargée de protéger ceux qui cherchent à détruire nos métiers.

Ne lâchons rien, continuons les mobilisations de solidarité entre tous les secteurs de notre branche car l’unité les fera plier !!

Un militant syndicaliste libertaire

(Publié sur http://tribune-syndicaliste-libertaire.over-blog.com/article-echos-de-luttes-journee-de-mobilisation-dans-le-secteur-sanitaire-social-et-medico-social-86019789.html)

La version du préfet : il ne s’est rien passé, ce n’est pas la faute des flics

"Ce matin, 1500 personnes environ se sont ainsi regroupées devant le centre des congrès. Ils ont
tenté à de multiples reprises de pénétrer dans le bâtiment. Ils en ont été empêchés par les forces de
l’ordre présentes sur les lieux. Lesquelles, pour se dégager face à une pression forte et agressive, ont
dû faire usage de gaz lacrymogènes.

Suite à cette action, 3 personnes qui avaient été incommodées par les gaz se sont rendues vers un
point d’eau pour se laver les yeux. A leur retour, elles sont passées sur une grille d’aération très
éloignée du lieu de la manifestation, laquelle a cédé à leur passage et a entraîné leur chute dans une
fosse de 3 mètres de profondeur.

Les blessures occasionnées aux personnes ne sont donc pas directement liées à une charge des
forces de l’ordre.

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Communiqué de la pref

Outre que cette version n’a bien sûr rien à voir avec celle du témoignage recueilli ci-dessus, il aurait fallu que les personnes soient vraiment très intimes pour, se baladant, se retrouver en même temps sur l’une des plaques retirées sur la photo :

JPEG - 90.1 ko

Sur la photo trois plaques sont ouvertes pour les secours, et on peut voir la proximité du lieu avec l’entrée de la Cité internationale.

Sans honte, le préfet se permet à la fin de son communiqué de rappeler les manifestant-e-s au calme, alors que la mobilisation contre les réformes des conventions collectives 51 et 66 dure depuis plus d’un an.

Il convient enfin de rappeler que le droit de manifester n’implique nullement le droit d’affrontement ;
par ailleurs, une critique est toujours mieux entendue dans le calme.

Sur ces mobilisations à Lyon, on peut lire :
-  Conventions collectives menacées dans les assos sanitaires et sociales : une lutte commune s’impose !
- Rassemblement conventions collectives de la branche associative sanitaire et sociale à Lyon à Montchat.

Dans le Canut Infos de ce jeudi 6 octobre , des syndicalistes de la CNT sont venu-es parler de la mobilisation contre la casse des conventions collectives 51 et 66 du secteur médico-social et de la répression violente du rassemblement de ce matin au Centre des congrès à Lyon (3 blessées dont une très gravement suite à l’action des CRS)... à partir de 19h30 (à peu près 30 min après le début du journal).

On y apprend que face au mépris du patronat et aux provocations policières, les manifestant-es ont spontanément décidé de bloquer les voies situées entre le Rhône et la Cité internationale de 14h à 16h.
- Et qu’en guise de communiqué à propos de l’état de santé très inquiétant des manifestantes, les patrons ont continué en fin de journée leur forum à l’hôtel de ville, invités par Collomb.

Pour ré-écouter le Canut Infos :
http://blogs.radiocanut.org/canutinfos/2011/10/06/jeudi-6-octobre-2011

P.-S.

Photos chopées au Progrès, de Joël Philippon et Sylvie Montaron.

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  • Le 11 octobre 2011 à 10:01, par djou

    Communiqué du syndicat CGT de la clinique mutualiste de St Etienne
    et de l’Union syndicale départementale CGT santé action sociale de la Loire.

    St Etienne, le 10 octobre 2011

    Tout d’abord, l’état de santé de nos 3 collègues :
    Valérie est toujours hospitalisée à l’Hôpital neurologique de Lyon, son état est très très grave. A l’heure actuelle, les médecins ne se prononcent toujours pas.
    Catherine, est à Lyon SUD, elle souffre énormément, ses blessures sont très sérieuses, elle est très fatiguée.
    Claire est à la clinique mutualiste où elle a été transférée jeudi soir, elle est très choquée, elle a vécu en direct la souffrance de Catherine et Valérie, ses blessures graves ne lui on pas permis d’intervenir, elle en aura pour des mois de soins et de rééducation.

    Nous demandons à Mutualité Française de la Loire la prise en charge intégrale des soins, de la rééducation et des salaires.
    D’autre part, en réponse au préfet et à toutes les rumeurs qui circulent, nous voulons contester certaines affirmations sur ce qui s’est passé :

    - L’usage de gaz lacrymogènes a été faite « pour se dégager face à une pression
    forte et agressive ».
    FAUX : Aucune agressivité, aucun projectile n’a été lancé, les manifestants avaient
    les mains nues face à des CRS qui avaient des matraques, des casques et autres
    protections et des gaz lacrymogènes qu’ils ont utilisé, ce qui a provoqué un mouvement général de recul. La violence c’est les forces de l’ordre qui l’ont générée, tout le monde peut en témoigner.
    Les salariés voulaient entrer pour rencontrer leurs employeurs pour exprimer leur
    rejet de la dénonciation de leur convention collective devant toute la salle du
    congrès. C’était leur droit…Il aurait du leur être accordé !

    NOUS VOULONS LA VERITE !
    La question se pose de savoir qui a donné l’ordre de faire usage de gaz
    lacrymogène mais aussi qui a demandé une telle présence de CRS à ce congrès.
    D’autres rassemblements de patrons de la FEHAP ont eu lieu sans les forces de
    l’ordre et jamais aucun employeur de l’économie sociale n’a été blessé.
    N’oublions pas que lorsqu’ils s’attaquent aux droits des salariés, les patrons,
    comme l’état, prennent des dispositions pour imposer leurs mesures, et celles ci
    peuvent être radicales.

    - Le drame se serait déroulé « en marge d’une manifestation », « sur un lieu très
    éloigné » :
    FAUX : C’était à quelques mètres seulement des véhicules sono CGT (une dizaine
    de mètres). Il y a eu usage de gaz, les manifestants se sont repliés, pour se protéger, se nettoyer les yeux ; c’est dans ce contexte là que la grille a cédé.
    Le drame a eu lieu dans le cadre immédiat du rassemblement après l’usage de gaz
    lacrymogène par les CRS.
    Nous savons que plus rien ne sera comme avant !
    En apprenant le drame, les directeurs de la FEHAP n’ont même pas eu la décence de
    suspendre leur congrès. Dans quel monde sommes-nous ?
    Nos directeurs sont-ils devenus des patrons seulement intéressés par l’abaissement du coût du travail au détriment des conditions de travail, des acquis et du soin ? Où est la morale ?

    Pour notre part, plus que jamais, nous revendiquons l’annulation de la décision de
    dénonciation de la convention collective 51 par les employeurs.
    Pour nos camarades qui ont été blessées, nous devons continuer la lutte.
    Nous proposons que les manifestations du 11 octobre qui vont avoir lieu partout en France soient aussi l’occasion de leur apporter tout notre soutien.
    Nous proposons que toutes les manifestations de France leur rende hommage avec une banderole :

    SOUTIEN À VALÉRIE, CATHERINE ET CLAIRE
    NOS VIES VALENT MIEUX QUE LEURS PROFITS
    HALTE ÀUX VIOLENCES POLICIÈRES ET PATRONALES
    UNIS POURFENDRE NOS DROITS

    Nous vous informons que les personnels de la clinique mutualiste de St Etienne, seront en tête du cortège de St Etienne.

  • Le 9 octobre 2011 à 20:53, par zora

    "La Fehap n’a pas pour autant interrompu sont congrès, et la mairie de Lyon
    (peut-être responsable de l’entretien des grilles à la cité
    internationale ?) n’a pas annulé sont buffet à l’Hôtel de ville en
    l’honneur de ces patrons.« Leçons »d’humanité et de respect« ... en plus des charges policières disproportionnées, du syndrome du »gazage facile" montant depuis quelques années...

    Ces grilles elles auraient pu rompre sous n’importe qui, il y a une responsabilité de la police vis à vis de sa charge disproportionnée (c’est pas parce que la disproportion est devenue la norme qu’il faut cesser en effet de le répéter), mais aussi vis à vis du repérage de terrain et de ses dangers (la préfecture a autorisé un rassemblement sur un terrain dangereux pour des personnes ?), et enfin une responsabilité, qu’on oublierait trop facilement, des entreprises dont dépendent ces grilles : quand je dis « elle aurait pu céder sous n’importe qui », je dis aussi « marcher sur une grille devant la cité internationale, ça peut vous coûter la vie, est-ce normal ? ».

    Qui a installé ces grilles sans faire les vérifications qu’elles étaient bien scellées comme il faut ?
    Allez, c’est comme la canalisation de gaz qui avait pété cours lafayette ... c’est la faute à personne, le travail mal fait. Surtout pas aux exigences de cadence et rentabilité démesurées vis à vis des agents gaziers ou poseurs de grilles. Surtout pas.
    Donc la police et préfecture fautives, oui, mais aussi les exploiteurs du BTP !

  • Le 8 octobre 2011 à 12:39, par djou

    Pronostic vital toujours engagé pour l’une des manifestantes...
    extrait d’un article sur site progrès :
    "L’onde de choc continuait à se propager hier. « Il y a eu un grand moment d’émotion parmi le personnel ce matin. Personne n’était capable de travailler », expliquait hier Catherine Sarda, la déléguée CGT de la clinique stéphanoise. Salariés et syndicats étaient choqués « qu’on manifeste pour ses droits et que cela se termine comme cela » mais ils étaient également en colère, jugeant le communiqué de presse du préfet du Rhône Jean-François Carenco « faux et honteux ».

  • Le 8 octobre 2011 à 10:41, par roro

    En complément des communiqués de la CGT et de la CNT, celui de SUD Santé-Social

    Violences policières contre les manifestants lors du congrès de la FEHAP le 6 octobre à Lyon

    3 salariées de la Clinique Mutualiste de St Etienne blessées

    Le 6 octobre 2011, les salariés du secteur sanitaire et social étaient rassemblés à la Cité Internationale de Lyon, pour protester contre la dénonciation de leur Convention Collective devant leurs patrons du syndicat FEHAP réunis en congrès.

    A l’appel de l’intersyndicale SUD, CGT, CFDT, FO, CFTC et CNT, près de trois milles manifestants venant de toute la France se trouvaient là pacifiquement.

    Lors de ce rassemblement, les forces de l’ordre – en nombre excessif – ont gazé les manifestants. Trois d’entre eux, salariées de la Clinique Mutualiste de St Étienne, refluant devant cette agression violente, ont fait alors une chute dans un trou de trois mètres, ceci occasionnant des blessures très graves. Pour l’une d’entre elles, le pronostic vital est engagé : elle souffre notamment d’un traumatisme crânien important et son état est très préoccupant. Les deux autres manifestantes sont également grièvement blessées.

    Le Syndicat SUD apporte son SOUTIEN SANSSERVE à ces trois camarades de la CGT hospitalisées, ainsi qu’à leur famille.

    En tant que co-organisateurs, le Syndicat SUD condamne la répression des forces de l’ordre et exige que la FEHAP, à l’origine des dispositifs policiers disproportionnés et brutaux, assume son IMPLICATION.

  • Le 7 octobre 2011 à 11:44, par Ari

    @Djou : celui de TLM non plus : http://www.kewego.fr/video/iLyROoaf2xLL.html

  • Le 7 octobre 2011 à 09:37, par djou
  • Le 7 octobre 2011 à 01:37

    solidarité avec les blessées. bon courage à toutes trois ainsi qu’à vos proches.

  • Le 7 octobre 2011 à 00:35, par Fred

    J’étais présent.
    Il y avait 2000 manifestants rassemblés devant la cité internationale où
    se réunissaient les patrons de la FEHAP, briseurs de convention
    collective.
    Des manifestants, de manière pacifiste (profitant de la faiblesse
    numérique de la police) ont tenté de pénétrer dans le bâtiment. Les CRS
    ont répliqué par des jets de lacrimo.
    Dans un mouvement de recul, trois personnes, syndiquées à la CGT, sont
    tombés dans une bouche d’aération dont les grilles étaient défectueuses.
    C’est donc bien directement lié à une charge de la police.
    Ces personnes ont fait une chute de plusieurs mètres. Deux d’entre elles
    sont très grièvement blessées.
    La Fehap n’a pas pour autant interrompu sont congrès, et la mairie de Lyon
    (peut-être responsable de l’entretien des grilles à la cité
    internationale ?) n’a pas annulé sont buffet à l’Hôtel de ville en
    l’honneur de ces patrons.

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