We’re queer, we’re here, get used to it…

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A la fin des années 80 aux Etats-Unis, la rencontre entre les théories de la troisième vague féministe et des minorités lesbiennes féministes avec le mouvement LGBT donne naissance à la théorie queer dont les pratiques politiques s’inspirent de celles des LGBT.

Droit de réponse à l’article Critique du genre et réflexions sur la théorie queer.

L’article proposé dans le courant alternatif de février 2008 (critique du genre et réflexions sur la théorie queer) et sur Rebellyon mettait à mal la théorie queer sans lui laisser beaucoup de chance de rachat.
Nous souhaitons donc ici rappeler certaines notions inhérentes à la théorie queer et à ses vingt ans d’existence qui nous semblent avoir été mal interprétées ou trop vite jugées dans le premier article.

Notons également que pour nous, la théorie queer ne s’inscrit pas dans une mode mais dans une réelle démarche politique, théorique et pratique et que c’est même l’un des premiers mouvements à avoir réussi à allier théorie et expérimentations du réel. La théorie queer s’inscrit également comme la suite logique du mouvement féministe et se définit d’ailleurs souvent comme appartenant au féminisme de la « third-wave ». Mais si une filiation doit exister entre la théorie queer et un courant philosophique, il s’agit ici du post-structuralisme et des travaux de Deleuze, Foucault,...

Pour Judith Butler [1,2], les féministes de la vieille école ont tort de partir de la catégorie « femme » pour élaborer leurs théories et revendications politiques, puisque cette catégorie est une fiction régulatrice qui sert à renforcer l’hétérosexualité obligatoire. Le genre, invention de la culture dominante est « perfomativement » constitué par les expressions qui sont supposées en être le résultat. Le genre existe avant tout parce qu’il est dit, indépendamment d’un réel en soi. Il est aussi imitation. Quand une petite fille imite sa maman, ses proches disent « c’est normal, c’est une fille ! ». Or elle ne fait que reproduire un comportement observé chez sa mère, elle-même victime de siècles d’embrigadement. Il ne faut pas s’imaginer que ce qu’imite la petite fille doit quoi que ce soit à la nature. Elle imite une imitation, son comportement est un jeu, une performance comme celui qu’elle imite. Mais avant même d’être une performance, son comportement est la conséquence d’énoncés performatifs. Ses parents lui ont dit « tu es une petite fille », elle a répété « je suis une petite fille » donc elle est une petite fille. L’hétérosexualité régnante, qui se fait passer pour naturelle, et donc ne cherche pas à s’expliquer ou à se justifier, est redéfinie par Judith Butler comme un pur produit discursif. Le genre normatif sert à soutenir le système hétérosexuel. Il s’agit alors de « définir un féminisme de la subversion, et non de la dénonciation » [1].

Les mouvements queer parlent de performativité du genre. La performativité en linguistique c’est prononcer une phrase qui en même temps fait l’action (« je te baptise », « la séance est ouverte »). Le terme queer lui-même signifie « étrange », « louche », mais est aussi une insulte lesbo/gay/trans-phobe dont ont fait les frais plusieurs générations de personnes non hétérosexuelles. La réappropriation du mot par un ensemble de militant-e-s à la fin des années 80, aux Etats-Unis, marque donc un tournant générationnel dans le domaine des luttes autour des sexualités : ce terme est lui-même une performativité du langage où le dominé détourne le langage du dominant à son propre profit pour « déconstruire » le langage. Le nom choisi est un geste carnavalesque : subversif dans le renversement des rôles. Ainsi le queer porte en lui une dimension volontairement provocatrice.

A la fin de « trouble dans le genre », Butler consacre une partie de son étude à la subversion en acte, elle parle donc de subvertir la notion de femme et d’homme par la parodie ce que font les butchs et les fems en « surjouant » les normes hétérosexuelles. Et elle conclut par « Déconstruire l’identité n’implique pas de déconstruire la politique mais plutôt d’établir la nature politique des termes mêmes dans lesquels la question de l’identité est posée » (p. 275 de [1]).
Elle ne donne cependant que très peu de pistes pratiques qui sont et restent à inventer. Il s’agit donc de trouver des moyens d’action qui essayent de répondre aux problématiques posés en tentant d’interpréter ces idées telles que « l’« unité » de la catégorie « femme » n’est ni postulée ni désirée » (p. 82 de [1]) ou « [l’idéal du genre sera donc] un assemblage ouvert […] sans […] finalité normative qui clôt les définitions » (p. 83 de [1]).

Si l’on s’intéresse à présent au titre même de l’ouvrage de J. Butler « trouble dans le genre » ou plutôt en anglais « Gender trouble », l’idée principale à mettre en pratique reste donc de troubler « le genre » tel que défini sociétalement afin de « troubler » le regard et les perceptions classiques des personnes qui portent un regard. L’activisme queer s’adresse donc à toutes celles et à tous ceux qui se définissent en dehors des normes identifiées de sexe/genre et de sexualité, en contradiction avec elles, ou jouant sur le brouillage de ces catégories sur lesquelles se fonde l’organisation sociale hétérosexuelle. Le discours devient donc non-identitaire car le mouvement queer ne s’en prend plus seulement à l’intolérance ou à l’hétérocentrisme mais directement aux contraintes de la normalité. « La politique de la subversion peut donc aboutir, soit à une mutation des sexes, tels qu’ils deviennent interchangeables, méconnaissables et donc inédits, soit à leur diffraction, à leur multiplication » [3]. Les personnes transgenres et les personnes transidentitaires (ce terme étant préféré à celui de transsexuel, ce dernier portant en lui une connotation médicale et pathologisante) mettent en pratique quotidiennement le titre de cet ouvrage fondateur. « Elles-Ils font une utilisation maximale des ressources politiques de la production performative des identités déviantes. La force politique de mouvements comme Act Up, les Lesbian Avengers ou les Radical Fairies vient de leur capacité à investir des positions de sujets « abjects » (ces « mauvais sujets » que sont les séropos, les gouines, les tapettes) pour en faire des lieux de résistance au point de vue « universel », à l’histoire blanche, coloniale et straight de l’ « humain ». » [4].

Il s’agit donc de définir le queer comme une « multitude » politique permettant de lutter contre « la sexopolitique » (i.e. l’hétérosexualité comme système politique) et « l’empire sexuel » (i.e. l’hétérosexualité comme système capitaliste) [4]. « De notion mise au service d’une politique de reproduction de la vie sexuée, le genre est devenu l’indice d’une multitude. Le genre n’est pas l’effet d’un système fermé de pouvoir, ni une idée qui se rabat sur la matière passive, mais le nom de l’ensemble des dispositifs sexopolitiques (de la médecine à la représentation pornographique en passant par les institutions familiales) qui vont faire l’objet d’une réappropriation par les minoritaires sexuels. » (ibid, [4]).
« Le corps de la multitude queer apparaît au centre de ce que j’appellerai, pour reprendre une expression de Deleuze, un travail de « déterritorialisation » de l’hétérosexualité. Une déterritorialisation qui affecte aussi bien l’espace urbain (il faut donc parler de déterritorialisation de l’espace majoritaire et non de ghetto) que l’espace corporel. Ce processus de « déterritorialisation » du corps oblige à résister aux processus du devenir « normal ». » (ibid, [4]).
« On peut le penser à condition d’éviter deux pièges conceptuels et politiques, deux lectures (malheureuses mais possibles) de Foucault. Il faut éviter la ségrégation de l’espace politique qui ferait des multitudes queer une sorte de marge ou de réservoir de transgression. Il ne faut pas tomber dans le piège de la lecture libérale ou néo-conservatrice de Foucault qui amènerait à penser les multitudes queer par opposition aux stratégies identitaires, en prenant la multitude pour une accumulation d’individus souverains et égaux devant la loi, sexuellement irréductibles, propriétaires de leur corps et revendiquant leurs droits au plaisir inaliénable. » (ibid, [4]).

De même, lorsque, en 1978, Monique Wittig écrit « la femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » [5], c’est au sens de la dés-identification et de la rupture avec la norme hétérosexuelle « femme ». En tant que théoricienne du féminisme matérialiste, elle dénonce le fait que la catégorie « femme » (au sens de l’hétéronormativité) a été créée par et pour la domination hétérosexuelle-masculine. Ainsi, une femme qui ne se plie pas aux critères de « féminité » dictés par le régime politique de l’hétérosexualité n’est pas une femme mais une lesbienne. Monique Wittig appelle ainsi toutes les femmes à devenir « lesbiennes », le mot étant entendu d’un point de vue politique, pour un affranchissement de la classe femme, et non plus du point de vue de l’orientation sexuelle.

Un autre thème important de la théorie queer concerne le détournement des technologies du corps afin de se réapproprier et de détourner les discours de la médecine anatomique, de la pornographie et de toutes les formes d’oppression qui ont construit la norme des corps. (Pour ce qui concerne l’histoire hétéronormative de la médecine voir [6] et [7].) Il s’agit donc ici de se réapproprier des disciplines de savoirs/pouvoirs sur les sexes et de détourner les technologies qui définissent les corps « normaux » et « déviants » : « ce sont les drag kings, les gouines garous, les femmes à barbe, les trans-pédés sans bite, les handi-cyborgs… » [4]. On peut également se référer au travail de Dana Haraway sur le féminisme cyborg : « le monde cyborgien pourrait être un monde de réalités corporelles et sociales dans lesquelles les gens n’auraient peur ni de leur double parenté avec les animaux et les machines, ni des idées toujours fragmentaires, des points de vue toujours contradictoires. La lutte politique doit prendre en compte ces deux perspectives à la fois car chacune d’entre elles révèle et les rapports de domination et les incroyables potentialités de l’autre » (p. 38, [8]). Dans « la matrice de dominations complexes » (p. 81, [8]) qu’est l’ère postmoderne capitaliste et son encodage techno-scientifique de Guerre des étoiles, « la machine n’est pas un « ceci » qui doit être animé, vénéré et dominé. La machine est nous […]. Le genre cyborgien est une possibilité partielle de revanche globale » (p. 80, [8]).
Dans le manifeste contra-sexuel [9], Beatriz Preciado propose une généalogie des « technologies du sexe » à partir des pratiques prothétiques, autrement dit du gode. Ce dernier devient une possibilité transcendantale de donner à un organe arbitraire le pouvoir d’instaurer la différence sexuelle et de genre. Faire sortir sous forme de prothèse l’organe qui institue le corps comme masculin devient un acte décisif dans le processus de déconstruction de l’hétérosexualité comme nature. « Si le pénis est à la sexualité ce que dieu est à la nature, le gode rend effectif la mort de dieu annoncée par Nietzsche dans le domaine de la relation sexuelle. » [9]. De même, les injections de testostérone sont un détournement technologique effectué par les queers pour troubler le genre comme l’a fait elle-même Beatriz Preciado dans son dernier ouvrage « Testo Junkie » [10].

Il s’agit donc ici de réinventer non seulement des pratiques de genre différentes mais également de nouvelles pratiques sexuelles (qui seraient dites déviantes dans le monde phallocentré) mettant à mal la norme hétérosexuelle. Dans le manifeste contra-sexuel, Beatriz Preciado s’intéresse à l’utilisation des objets sexuels (gode, vibro, bondage, contrats masochistes, etc.) issus de la rencontre du sexe et de la technique en tant que gestes « contra-sexuels » qui subvertissent non seulement la fétichisation du pénis dans l’hétérosexualité, mais aussi la place symbolique donnée au phallus depuis la psychanalyse. Elle décrit donc « l’analyse de la transformation de ces technologies de répression/reproduction en technologie de résistance underground » (p.80, [9]). Ainsi, l’anus devient « le seul organe sexuel universel » (Beatriz Preciado, [9]).

Si le genre et la sexualité sont bien évidemment les thèmes centraux de la théorie queer, cette dernière s’intéresse également à la recherche sur la pornographie et la prostitution (dans le reste de ce texte, nous parlerons plutôt de travailleuses et travailleurs du sexe). Lorsque l’on parle ici de pornographie, il ne s’agit de la pornographie dite de « masse » (pour une analyse classique de la pornographie dite de masse voir Linda Williams [11]). « La pornographie de masse est violente. Toutefois, l’enjeu n’est pas tant la condamnation de la pornographie comme étant par essence violente, mai plutôt la critique du régime de véridiction qu’elle institue en matière de sexualité. Une pornographie, non sexiste, non lesbophobe ou non raciste, n’est possible qu’à la condition de déplacer les codes et les techniques de la pornographie de masse : de marginaliser cette vérité du sexe en donnant à voir d’autres vérités sur l’orgasme féminin, le rapport au corps propre comme au corps autre (ce qui implique une citrique des techniques d’altérisations liées au sexe, à la couleur, à la classe) ; en travaillant sur leurs conditions matérielles de possibilité : la connaissance de soi, de son anatomie, de sa santé, la parole exprimée et écoutée, le consentement, le jeu (entendu comme reconnaissance de la mobilité des positions de pouvoir dans les sexualités, mais aussi de la reconnaissance du « jeu » comme travail). » [3].

Quant à la position sur la « prostitution » défendue par l’article « Critique du genre et réflexions sur la théorie queer » qui nous semble fallacieuse, nous avons décidé de répondre en utilisant un long extrait de « king-kong théorie » de Virginie Despentes [12]. Si le-a lecteur-rice souhaite plus de détails concernant les arguments théoriques à l’origine de ce texte, il-elle peut se référer aux différents rapports de recherche de Cabiria [13], aux travaux de Paola Tabet [14] et de Gail Pheterson [15] (notamment concernant le continuum d’échanges sexuels économiques entre femmes mariées et prostituées).
« Depuis dix ans, ça m’est souvent arrivé d’être dans un beau salon, en compagnie de dames qui ont toujours été entretenues via le contrat de mariage, souvent des femmes divorcées qui avaient obtenu des pensions dignes de ce nom et qui sans l’ombre d’un doute m’expliquent, à moi, que la prostitution est en soi une chose mauvaise pour les femmes. Elles savent intuitivement, que ce travail-là est plus dégradant qu’un autre. Intrinsèquement. Non pas : pratiqué dans des circonstances bien particulières, mais : en soi. L’affirmation est catégorique, rarement assortie de nuances. […] Echanger un service sexuel contre de l’argent, même dans de bonnes conditions, même de son plein gré, est une atteinte à la dignité de la femme. Preuve en est : si elles avaient le choix, les prostituées ne le feraient pas. Tu parles d’une rhétorique… comme si l’épileuse d’Yves Rocher étalait de la cire ou perçait les points noirs par pure vocation esthétique. La plupart des gens qui travaillent s’en passeraient s’ils le pouvaient, quelle blague ! N’empêche que dans certains milieux, on répète à l’envi que le problème n’est pas de sortir la prostitution de la périphérie des villes où les prostituées sont exposées à toutes les agressions (conditions dans lesquelles même vendre du pain relèverait du sport extrême), ni d’obtenir des cadres légaux tels qu’ils sont réclamés par les travailleuses sexuelles, mais d’interdire la prostitution. Difficile de ne pas penser que ce que les femmes respectables ne disent pas, quand elles se préoccupent du sort des putes, c’est qu’au fond elles en craignent la concurrence. Déloyale, car trop adéquate et directe. Si la prostituée exerce son commerce dans des conditions décentes, les mêmes que l’esthéticienne ou la psychiatre, si son activité est débarrassée de toutes les pressions légales qu’elle connait actuellement, la position de femme mariée devient brusquement moins attrayante. Car si le contrat prostitutionnel se banalise, le contrat marital apparaît plus clairement comme ce qu’il est : un marché où la femme s’engage à effectuer un certain nombre de corvées assurant le confort de l’homme à des tarifs défiant toute concurrence. Notamment les tâches sexuelles. »

En guise de conclusion à cette réponse, nous avons décidé de recopier un extrait du « Queer Nation Manifesto » [16] :
« Je déteste avoir à convaincre les hétéros que les Gouines et les Pédés vivent dans une zone de guerre, que nous sommes entouréEs d’éclats de bombes que nous seulEs semblons entendre, que nos corps et âmes s’entassent haut, mortEs de peur ou tabasséEs ou violéEs, mourrant de
chagrin ou de maladie, débarasséEs de notre humanité.

Je hais les hétéros qui ne peuvent pas écouter la colère queer sans dire « hé, tous les hétéros ne sont pas comme ça. Je suis hétéro aussi, tu sais », comme si leurs égos ne recevaient pas assez de caresses ou de protection dans ce monde hétérosexiste arrogant. Pourquoi aurions-nous à nous soucier d’eux, au milieu de notre juste colère causée par leur société de merde ?! Pourquoi rajouter le réconfort d’un « Bien sûr, je ne parle pas de toi. Tu ne te comportes pas de cette façon ». Laissez les découvrir par eux mêmes s’ils méritent ou pas d’être inclus dans notre colère.
[…]
La prochaine fois qu’une hétéro t’emmerde parce que tu es en colère, dis lui que tant que les choses ne changent pas, tu n’as pas besoin de plus de preuves que le monde tourne à tes dépens. Et dis lui de ne pas essayer de nous faire taire avec des conneries comme « tu as des droits », « tu as des privilèges », « ta réaction est démesurée », ou « tu as une mentalité de victime ». Dis lui « dégage de ma vue, tant que tu ne changes pas ». Dégage et essaye un monde sans les queers courageux, forts qui sont sa colonne vertébrale, qui sont ses tripes, sa cervelle et son âme. Dites à ces hétéroflics de dégager tant qu’ils n’ont pas passé un mois marchant main dans la main avec une personne du même sexe. S’ils survivent à ça, là vous pourrez entendre ce qu’ils ont à dire sur la colère queer. Sinon, dites leur de la fermer et d’écouter.
Not gay as in happy but queer as in fuck you ! »

Quelques queers de la multitude.

Références

[1] Butler, Judith. « Gender Trouble », 1990. 2005 pour la traduction française.

[2] Voir le cours de Dino Felluga. « Modules on Butler ». Disponible sur http://www.cla.purdue.edu/english/theory/genderandsex/modules/butlerperformativity.html

[3] Dorlin, Elsa. « Sexe, Genre et Sexualités », PUF philosophies, 2008.

[4] Preciado, Beatriz, « Multitudes Queer », 2003. Disponible sur http://multitudes.samizdat.net/Multitudes-queer

[5] Wittig, Monique. « La pensée straight », 1992. 2001 pour la traduction française. Le texte « Les Lesbiennes ne sont pas des Femmes » date d’un colloque de juin 1978.

[6] Dorlin, Elsa. « La Matrice de la Race », Editions la découverte, 2006.

[7] Butler, Judith, « Défaire le Genre », 2004. 2006 pour la traduction française.

[8] Haraway, Donna « Manifeste Cyborg et autres essais », 1991. 2007 pour la dernière traduction française.

[9] Preciado, Beatriz, « Manifeste Contra-Sexuel », Baland Modernes, 2000.

[10] Preciado, Beatriz, « Testo Junkie », Grasset, 2008.

[11] Williams Linda, « Hard Core. Power, Pleasure and the « Frenzy of the Visible » », 1999.

[12] Despentes, Virginie, « King-Kong Théorie », Gallimard, 2007.

[13] Association Cabiria. Rapports de recherche disponibles sur http://www.cabiria.asso.fr/

[14] Tabet , Paola. « Du don au tarif. Les relations sexuelles impliquant compensation ». In Les Temps Modernes, n° 490, mai 1987, pp.1-53.

[15] Pheterson, Gail. « Le Prisme de la Prostitution », L’Harmattan, 2001.

[16] « Queer Nation Manifesto », 1990. Disponible en anglais sur http://www.digenia.se/andras texter/THE QUEER NATION MANIFESTO.htm

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  • Le 5 juin 2010 à 09:58

    Histoire de répondre au mail précédent :
    1) « que tu ais tes problèmes n’efface pas tes privilèges mecs et hétéros » : en clair, je suis donc un « salaud » de la « classe dominante » des « mecs hétéros ». Peut-être. Sauf que pour qu’il y ait classe, il faut que l’individu ait une certaine conscience de classe et s’y identifie. Ce n’est pas mon cas et c’est ce que j’ai essayé de dire dans mon premier message.
    2) « tu ne vois pas tes privilèges parce que tu es privilégié et ne fais pas l’effort de voir que les autres n’ont pas tes privilèges » : logique, imparable... Sauf que l’hétéro privilégié a milité activement et continue de le faire dans des mouvements contre le sexisme et pour l’avortement. Je ne le ferais pas si je ne pensais pas qu’effectivement il y a des problèmes liées à certaines catégorisations.
    3) « l’universalisme abstrait, ras-le-bol » : ce n’est certainement pas moi qui vais demander le rétablissement de « l’universalisme abstrait ». Si je me sens scindé, partagé par une norme dans laquelle je ne me reconnais pas, c’est bien parce que je ne me reconnais pas dans son « universalisme abstrait ».

    Finalement, quelque part tu m’attribues des intentions que je n’ai pas. C’est là que se loge l’incompréhension. C’est aussi le mode de fonctionnement des idéologies que tu dénonces (très) certainement : sexisme, nationalisme, ou bien encore racisme. Ces idéologies catégorisent les gens. Et c’est ce que tu viens de faire.

  • Le 1er juin 2010 à 19:50, par Boum

    « Je tiens à dire que je suis »hétéro« de sexe »masculin« . Ce qui est juste un mot et ne dis pas grand chose de mon quotidien. Alors quand je lis que nous vivons dans »un monde hétérosexiste arrogant« , qui finalement »caresse« les hétéros, j’ai envie de sortir de mes gonds. Je suis d’accord que nous vivons dans un monde hétéro-normé, mais je ne me sens pas particulièrement favorisé. »

    CQFD : tu ne vois pas tes privilèges parce que tu es privilégié et ne fais pas l’effort de voir que les « autres » (les non-mekétéro) n’ont pas tes privlèges.

    « Ce qui paraitra peu de choses à certain-e-s, mais suffit pour autant à pourrir par moments mon existence. »

    Que tu aies des problèmes n’efface pas tes privilèges mecs et hétéros.

    « j’ai le sentiment que vous souhaitez recréer une nouvelle norme, une nouvelle hiérarchie : les queer versus les hétéros, classés de fait comme les ennemis. Je ne vois pas trop l’intérêt de contester un ordre établi pour en constituer un nouveau. »

    Les queers souhaitent établir une suprématie queer, buter les hétéros ? Non. Alors pas de déni de structure d’oppression, merci. L’universalisme abstrait, ras-le-bol.

  • Le 30 mai 2010 à 23:06, par heterosexuel et dégenré ?

    Article très intéressent du point de vu de la manière dont certain queer à lyon conçoivent leurs engagement ...

    J’aurais plus de mal avec le commentaire qui me précède. La derniere fois que j’ai lut des argument de ce type ce n’etait pas du tout sur un site ami. (« on ne doit pas dire homo-sexuel, ce n’est pas une sexualité c’est une déviance// tu n’est pas hétérosexuel, l’hétérosexualité ce n’est pas une forme de sexualité c’est une norme »)
    En effet Homosexuel hétérosexuel bisexuel sont des concept crée en vue de décrire des comportements sexuel préférentielle. Ces mots on eux même prit un caractère normatif.

    Dire : « La catégorisation n’est pas du côté du queer, elle est le résultat d’une société séparée en catégorie genrée selon une matrice hétéro-normée. » c’est aller un peu vite en besogne quand on décide justement de redéfinir une catégorisation (qui en fait est juste du côté de l’humain).
    Attaquer cette outil de catégorisation pour tenté de le déplacé n’est pas une activité neutre.
    Et même si vous ne fait que « détruire les hétéro-flics, ceux assignant une identité là où il n’y a que fluidité. » vous ne pouvez pas nier que la façons dont vous le faite pose clairement une ligne de démarcation qui n’existait pas précédemment.
    Et qu’ainsi moi qui suit hétérosexuel mais pas heteronormé pour un sous (mais en réalité ça marche pour n’importe quel(le) non queer) je suis soit contraint d’accepté les terme du dialogue que vous m’imposer soit de maintenir l’intégrité de mon corpus conceptuel (et donc des champs idéologiques qui délimitent ma pensé) et donc m’opposer à vous.

    Ce probleme est notamment posé du fait qu’en utilisant le nom d’une partie pour décrire le tout vous neutralisé la capacité de recourir à cette partie.

  • Le 29 mai 2010 à 12:29

    Le sexe est en soi politique, nous ne faisons que politiser notre sexe et s’en servir comme arme.

    Un « homme couchant avec des femmes uniquement » n’est pas nécessairement « hétérosexuel ». La catégorisation n’est pas du côté du queer, elle est le résultat d’une société séparée en catégorie genrée selon une matrice hétéro-normée. Nous ne faisons que détruire les hétéro-flics, ceux assignant une identité là où il n’y a que fluidité. Nous ne recréons pas de fixité, nous les démultiplions et en jouons. Tu n’es pas obligéE de te considérer comme identité « hétérosexuelLE » si tu n’en a pas envie.
    De même, le queer est contre les « homosexuelLEs » en tant que catégorie fixe, commercialisée, reproduisant en son sein une domination genrée hétéro-machiste (actiVEf / passiVEf, homme / femme). Nous refusons les modèles et contre-modèles.

    Je ne suis pas queer. Personne ne peut se dire queer puisque nous refusons l’identification. C’est un outils, une arme de combat, qui te permet de subvertir l’ordre moral, en l’occurrence hétéro-machiste. Mon/mes sexe/s est/sont une arme de destruction massive. Et oui, Foucault appelait à mi-mots à politiser son sexe : « Il faut s’acharner à être gay », pour démonter les règles de la société, soit du coup l’amorce à la fois d’une théorie de l’identité politique / virtuelle et du queer - puisque Foucault n’utilise pas le mot « homosexuel » qu’il récuse mais « gay », faisant référence dans les années 80 à la subversion.

  • Le 29 mai 2010 à 10:28

    Je suis un peu énervé par le contenu de ce texte. Je tiens à dire que je suis « hétéro » de sexe « masculin ». Ce qui est juste un mot et ne dis pas grand chose de mon quotidien. Alors quand je lis que nous vivons dans « un monde hétérosexiste arrogant », qui finalement « caresse » les hétéros, j’ai envie de sortir de mes gonds. Je suis d’accord que nous vivons dans un monde hétéro-normé, mais je ne me sens pas particulièrement favorisé. Vivre dans ce type de société, c’est se voir imposer un modèle de virilité dominant, celui du mec musclé et baraqué sans poil. Du coup, je me mets à culpabiliser pour un ventre un peu trop gras, des bras plutôt maigres et du poil au ventre que je me refuse à raser. Ce qui paraitra peu de choses à certain-e-s, mais suffit pour autant à pourrir par moments mon existence. Comme quoi vivre dans un monde « hétéro-sexiste dominant » peut parfois être aussi difficile pour les « hétéros masculins » eux-mêmes...

    Par ailleurs, à la lecture de ce texte, j’ai le sentiment que vous souhaitez recréer une nouvelle norme, une nouvelle hiérarchie : les queer versus les hétéros, classés de fait comme les ennemis. Je ne vois pas trop l’intérêt de contester un ordre établi pour en constituer un nouveau. Et c’est paradoxal de la part de gens qui font référence continuellement à Butler, Foucault, Deleuze, etc. pour finalement vouloir réintroduire du politique dans la sexualité. Je crois qu’il y en a suffisamment du politique, pas besoin d’en rajouter...

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