Compte-rendu de la comparution immédiate des deux étudiants de Lyon 2

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Lundi 27 avril, dans l’après-midi, cinq étudiants ont été interpellés, après une action contre le référundum de la présidence sur le blocage. Trois ont été relâchés mardi soir. Alexandre et Tayeb sont passés en comparution immédiate mercredi 29 avril. Les chefs d’inculpations sont particulièrement lourds.

Mercredi 29 avril, Alexandre et Tayeb, tous deux actifs dans le mouvement de lutte universitaire, sont passés en comparution immédiate. Plus de 200 personnes sont venues les soutenir, dont une grosse moitié a pu rentrer dans le tribunal et assister aux débats. Ce qui est relativement exceptionnel étant donné que pour les « grosses affaires » (celles dont les médias parlent), les flics filtrent l’accès à la salle G pour limiter le nombre de personnes présentes, et interdisent l’entrée quand toutes les places assises sont occupées. Rarement, il y a eu autant de gens pour assister à une comparution immédiate à Lyon. Rarement le témoignage d’une solidarité aura été aussi sensible.

Devant le nombre de personnes présentes, quelques CRS et policiers en civils sont présents dans la salle. L’atmosphère est assez calme, mais l’ambiance se tend quand chacun se rend compte de l’attitude du juge. En effet que peut-on attendre d’un homme qui s’amuse à railler les prévenus face à lui, comme ce vieil algérien invalide arrêté pour conduite sans permis et qui s’entend dire : « pourquoi n’avez-vous pas acheter une petite voiturette qui fait le bonheur des alcooliques ? » Et plus largement que peut-on attendre d’une organisation sociale qui institue des individus « avocats de la défense » et leur fait prononcer des phrases aussi humiliantes que « manifestement, c’est un individu malheureux qui ne sait pas organiser son existence ».

C’est bientôt au tour des deux étudiants d’être jugés.
Tayeb est accusé de violences en réunion, d’avoir volontairement détruit du matériel de Lyon 2, et d’avoir agressé des vigiles sans entrainer d’ITT*.
Alexandre est accusé des mêmes faits, auxquels s’ajoutent le fait d’avoir résisté avec violences à des fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction, lors de son arrestation.
Les personnes qui ont porté plainte sont M. Tiran, vice-président du conseil d’Administration et opposant acharné à l’occupation de l’université, et deux vigiles extérieurs à Lyon 2.

Cette affaire doit être jugée en même temps annonce la cour. Le juge déclare qu’il souhaiterait que les deux prévenus soient jugés plus tard, pour une plus grande « sérénité » des débats. Et pour des raisons pratiques également : le dossier ne lui a été remis que le jour même aux alentours de 12h15.
Alexandre et Tayeb demandent donc un délai pour préparer leur défense. Suit un bref interrogatoire quant à leur situation universitaire et locative. Tayeb est en droit et en sciences-po. Il demeure à Lyon et assume pleinement son engagement dans le mouvement étudiant.
Alexandre est aussi en sciences-po. Il demeure à Lyon et nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés. Il parle d’un quiproquo et d’un mouvement de foule au moment de l’arrestation. Tous deux n’ont pas d’antécédents judiciaires. Le juge conclut rapidement et c’est au tout du procureur de parler.
Le bonhomme est moins farouche que ses confrères, moins hargneux. Il se contente de réciter, sans style, ce qu’il sait du dossier, c’est-à-dire ce que la police a bien voulu lui communiquer : cette procédure de comparution immédiate s’inscrit dans un vote perturbé, le lundi 27 avril, par des étudiants (dont certains étaient masqués) qui se sont opposés physiquement à sa tenue. Ces événements constitueraient des «  faits préoccupants » ; il continue en dénonçant le fait de s’en prendre à des personnes pour empêcher la tenue d’un scrutin démocratique et finit en demandant de placer les deux étudiants sous contrôle judiciaire.

C’est à la défense de conclure. Qualifiant l’enquête de la police de « sous-travail  », leur avocat, maître Fauret, contre-attaque. Les policiers n’ont pris la peine que d’interroger une personne (en l’occurrence un vigile engagé par l’université), pas un seul prof ni aucun étudiant**. Selon lui, il n’y a pas eu un « regard objectif » sur cette affaire. Les policiers n’ont pas chercher le moindre élément à décharge L’enquête a été bâclée.

Les deux étudiants vont-ils partir en préventive ? Finalement, la comparution immédiate est repoussée. Aucune mesure de contrôle judiciaire n’est exigée. « Que tout cela se passe sereinement » demande le juge. Mais déjà la salle n’écoute plus et applaudit les deux camarades qui vont bientôt sortir.

Rendez-vous le mercredi 10 juin à 14h (a priori dans la même salle) pour soutenir Alexandre et Tayeb lors de leur jugement.

* Interruption Temporaire de travail

** dont Fauret dit pourtant que la parole ne vaut pas grand chose dans de telles circonstances (!).

P.-S.

Les témoignages sur les violences policières peuvent être envoyés à :
caissedesolidarite (Arobase) gmail.com

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  • Le 6 mai 2009 à 23:40, par jeo

    Le CR de camarades du Collectif TOUS ENSEMBLE RHONE ALPES....à mon avis plus précis

    Passage au tribunal : une leçon de choses

    C’est mardi dernier que deux camarades syndicalistes étudiants passaient en comparution immédiate au tribunal de Lyon. Cela a été pour les présents une drôle de leçon de choses

    Un forte mobilisation pour exprimer une solidarité réelle : environ 250 personnes (travailleurs et étudiants) 100 dans la salle minuscule du tribunal et 150 à l’extérieur sous le contrôle rapproché de policiers divers et variés. Malgré le délai très court les étudiants ont répondu en masse, « Tous Ensemble » était largement représenté et on remarquait quelques enseignants de Lyon2 scandalisés par la répression et venus témoigner leur solidarité.
    Il a fallu insister pour rentrer dans une salle ultra pleine et filtrée par la BAC . Un policier à l’entrée décidant de la forme de la démocratie : « Non, ça suffit les étudiants, il y en a déjà assez comme cela ! » . Un policier en civil parlant dans son portable « oui, il y a un groupe à l’intérieur et un groupe à l’extérieur ») : les 100 cents policiers réquisitionnés ne vont’ ils pas suffire ?
    A l’intérieur la salle est remplie, le public debout, des magistrats sont intrigués, manifestement peu rompus aux exercice de démocratie directe, des policiers encadrent tout cela, faisant bouclier entre le tribunal et les premiers rangs, où les familles angoissées se pressent. Bref une image intéressante de la justice indépendante se tenant sous la protection de la police.
    Après le passage de deux pauvres gars emberlificotés dans la misère et les moyens sordides pour survivre, c’est au tour de nos camarades. Tension dans la salle, les policiers s’agitent et font bloc, nos camarades apparaissent Les mamans poussent les gens debout pour voir leur rejeton et lui faire signe . Ce sont eux les dangereux criminels ??

    Le juge commence avec des paroles qui sonnent étrangement : « Nous allons donc traiter ces deux cas, dont je n’ai eu communication du dossier qu’à 12h30 ». Un peu énervé. La procédure de comparution immédiate, indispensable à la sauvegarde de cette société, serait peu compatible avec la sérénité de la justice ? Qu’importe, avançons.
    Après les demandes d’information sur les conditions de vie des deux inculpés, nous apprenons à la lecture de la plainte de Lyon 2 qu’elle porte sur la destruction de biens mobiliers de l’Etat et sur l’usage d’armes par destination (chaise brandie contre un vigile) et qu’elle a été déposée par délégation par un certain A Tiran, connu en d’autres temps pour ses activités syndicales et politiques, en délégation de la présidence de l’Université Lyon 2. Cela ne semble étonner aucun étudiant présent, ils doivent bien connaitre le plaignant.
    C’est donc un enseignant qui a chaussé les bottes sarkozistes et déposé plainte contre des étudiants qui luttent contre une loi de destruction de l’université ! Vive la tradition de démocratie de l’Université !
    Se rajoutera une plainte en rébellion venant des forces de police (ricanements dans la salle)

    Au même moment, une partie du public est dérangée par deux personnes dont l’une installe l’autre au premier rang , pourtant interdit au public. Il s’agit d’un haut magistrat qui nous amène le vigile qui va témoigner à charge contre nos deux camarades .
    S’ensuit un délicieux entretien entre ce vigile mal dégrossi et une greffière qui s’approche et en chuchotant lui demande pourquoi il est là . Le pauvre d’en sait pas grand-chose. Il ne connait pas le numéro de dossier, ne sait pas de quelle plainte il s’agi . Il s’énerve, la greffière aussi : « restez correct, je ne suis pas responsable de vos problèmes, vous savez bien pourquoi vous êtes là quand même » Il ne sait qu’une chose : « c’est pour Maupin ! »
    Le substitut du procureur entamera un discours profondément triste et peu convaincant : « il est inadmissible que des étudiants de ce niveau empêche par la violence le tenue d’un scrutin démocratique » Sic !!

    Oui mais voilà, les camarades nient tout recours à la violence et nient leur présence lors des faits. Ils ont été interpellés par la suite, à l’extérieur de l’université et ont subi des violences dont un camarade portera les traces et qui seront immortalisées par des photos : comment peut-on se rebeller quand on est plaqué sur le ventre, les mains dans le dos ??
    L’avocat attaquera l’extraordinaire faiblesse du travail (pour ne pas écrire autre chose) fourni par l’accusation : un vigile est interrogé, mais pas les étudiants et surtout pas les enseignants présents dans la salle de vote et qui peuvent témoigner de l’absence de nos camarades lors des faits. Ce procureur triste mais discipliné réclamera néanmoins leur mise sous contrôle judiciaire jusqu’à leur passage en procès différé en Juin. Trop gros quand même. Le juge les libère après que le tribunal se soit retiré pour une délibération express qui n’est guère de coutume « pour la sérénité des débats et pour libérer le public et les forces de l’ordre » . Pour qu’elles interviennent ailleurs ???

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