Cette année, la Via Campesina, mouvement international de paysan-ne-s, indigènes et pêcheur-e-s, appelle à des actions partout dans le monde contre l’accaparement des terres agricoles.
Ces dernières années, nous avons souffert de la mise en œuvre de nouvelles politiques et d’un nouveau modèle de développement basé sur l’expansion des plantations et l’expropriation des terres. Ce phénomène est connu sous le nom d’accaparements de terres. C’est un phénomène mondial, mis en oeuvre par des élites locales, nationales et transnationales ainsi que par des investisseurs et spéculateurs, avec la complicité des gouvernements et des autorités locales. Il a pour objectif la mainmise sur les ressources les plus précieuses au monde.
Les accaparements de terres conduisent à la concentration de la propriété foncière et des ressources naturelles entre les mains de grands fonds d’investissement, de propriétaires de plantations et de grandes entreprises actives dans l’industrie forestière, dans les centrales hydro-électriques ou encore dans les mines. Mais elle est aussi pratiquée par des promoteurs touristiques et immobiliers et des autorités gestionnaires d’infrastructures portuaires et industrielles, etc.
Ce mouvement de concentration de la propriété qui a provoqué l’expulsion de leurs terres et le déplacement forcé des populations locales - en premier lieu les paysannes et les paysans - engendre des violations des droits humains et notamment des droits des femmes. Il a provoqué une augmentation de la pauvreté et de la fracture sociale à travers le monde tout en contribuant quotidiennement à aggraver la pollution de l’environnement. Les accaparements de terres dépassent largement les clivages Nord-Sud traditionnels des structures impérialistes : les sociétés multinationales se livrant à ces prédations ont leur siège aux États-Unis et en Europe, mais aussi au Chili, au Mexique, au Brésil, en Russie, en Inde, en Chine, en Afrique du Sud, en Thaïlande, en Malaisie, en Indonésie et en Corée du Sud, pour n’en citer que quelques unes.
[...]
Dès lors, La Via Campesina appelle tous ses membres et allié-e-s, les mouvements de pêcheurs artisanaux, les organisations de travailleurs et travailleuses agricoles, les étudiant-e-s et les groupes de défense de l’environnement, les organisations de femmes et les mouvements pour la justice sociale à se joindre à elle en cette journée du 17 avril, et à organiser des actions partout dans le monde pour faire entendre massivement la voix de la résistance populaire contre les accaparements de terres et pour renforcer la lutte contre la mainmise des entreprises privées sur les terres et les ressources naturelles.
Unissons-nous et luttons toutes et tous ensemble :
Pour mettre fin aux accaparements de terres et pour reprendre le contrôle des terres spoliées - la terre doit appartenir à celles et à ceux qui la travaillent.
Pour mettre en oeuvre une réforme agraire intégrale afin d’apporter la justice sociale en milieu rural.
Pour mettre fin au contrôle exercé par une poignée d’investisseurs et de sociétés transnationales sur les vies de milliards de personnes.
Pour s’opposer aux « principes d’investissement agricoles responsables » proposés par la Banque mondiale, étant donné qu’il ne pourra jamais être « responsable » de laisser des investisseurs et des multinationales s’emparer des terres des paysannes et des paysans.
Pour renforcer et promouvoir un modèle de production agricole basé sur l’agriculture familiale et la souveraineté alimentaire.Le 17 avril, tous les groupes et individus qui le souhaitent sont invités à organiser des actions et des événements dans leur communauté : action directe, projection de film, marché de producteurs, occupation de terres, un débat, une manifestation, une exposition artistique, ou tout autre événement faisant écho aux revendications ci-dessus.
l’appel complet de la Via Campesina.
Un forum a rassemblé 300 paysan-ne-s dans le sud du Mali en Novembre, pour résister face aux accaparements. Un compte rendu audio, par une paysanne présente, est disponible ici* :
-
- 17 avril : Accaparement des terres et résistances paysannes
En Europe occidentale, il n’y a pas à proprement parler de phénomène « d’accaparement », mais une artificialisation permanente qui fait disparaître des hectares de terres agricoles sous le béton, dans des zones industrielles, lotissements pour l’habitat individuel, routes, voies ferrées, projets mégalomanes comme des stades et des aéroports.
Un entretien avec un paysan haut-savoyard illustre cette situation, dans la région riche frontalière* :
-
- 17 avril : l’accès au foncier en Haute-Savoie
Près d’ici, il existe différents projets qui menacent les terres agricoles, et contre lesquels des paysan-ne-s et habitant-e-s se mobilisent :
OL LAND à Décines-Chassieu,
Autoroute A45 dans les coteaux du Lyonnais,
TGV Lyon-Turin, avec la résistance populaire très large côté italien, mais aussi actuellement le début du tracé lyon-chambéry dans l’avant-pays savoyard,
projets de forages d’hydrocarbures ou d’extraction de gaz de schiste, en Ardèche, dans l’Ain, en Haute-Savoie,
autres projets autoroutiers en cours (A51 Grenoble-Gap, autoroute transchablaisienne,...)
développement des agglomérations ou des zones touristiques (Lyon, Saint-Etienne, Valence-Grenoble-Chambéry-Annecy-Genève et le « Sillon Alpin », stations de sports d’hiver, etc...).
Partout, des paysan-ne-s et leurs allié-e-s résistent. Profitons du 17 avril pour les rejoindre.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info