6 décembre 1989 : tuerie de l’école polytechnique à Montréal

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C’était en 1989, Marc Lépine tuait quatorze femmes à l’école polytechnique en vingt minutes. Ses paroles « J’haïs les féministes », la lettre retrouvée dans sa poche ainsi que le déroulement de la tuerie ont fait qualifier cet événement d’attaque antiféministe.

Quatorze femmes tuées en vingt minutes. Parce qu’elles étaient des femmes. Ainsi peut on résumer la tuerie de polytechnique. Un homme, Marc Lépine, entre le 6 décembre à l’école polytechnique de Montréal, avec pour objectif de tuer des femmes, des féministes. Pour cela, il se rend dans une salle de cours où il divise le groupe de 60 étudiantEs en 2 groupes : les neufs femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Ceux-ci sont mis dehors, menacé par un fusil semi automatique.
Il demanda ensuite aux femmes restantes si elles savaient ou non pourquoi elles étaient là, et lorsqu’une d’elles répondit « non », il répliqua : « Je combats le féminisme ». L’étudiante Nathalie Provost répondit, « Écoutez, nous sommes juste des femmes étudiant l’ingénierie, pas forcément des féministes prêtes à marcher dans les rues criant que nous sommes contre les hommes, juste des étudiantes cherchant à mener une vie normale ». Ce à quoi Lépine rétorqua : « Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n’êtes toutes qu’un tas de féministes, je hais les féministes ». Le tueur tire sur les femmes et fait ses six premières victimes.
Il se déplace ensuite dans le bâtiment, tuant encore huit femmes et faisant quatorze blesséEs. Il se suicidera quelques minutes après avoir achevé l’une de ses victimes à coups de couteaux.

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Il n’est pas question de montrer ici le meurtre de femmes comme exceptionnel, puisqu’il ne l’est pas.

Mais cet événement a mis en évidence l’immense ressentiment de certains hommes devant les avancées des femmes.
L’analyse du traitement politico-médiatique montre bien comment les femmes et les féministes ont encore été privées de parole et comment un questionnement autour de la misogynie et de l’antiféministe a été évité. Les seules paroles de femme rapportées dans les médias à l’époque ont été celles du reniement du féminisme d’une des victimes quelques secondes avant le drame.
A la suite de cet événement et de son traitement, on a pu constater deux phénomènes pour le moins gênants :
d’une part, la prise de distance des jeunes femmes par rapport au féminisme, qui est désormais vu comme un facteur aggravant de mise en danger face aux violences sexistes.
d’autre part, l’émergence d’un discours revanchard, victimaire, celui des masculinistes, contre les féministes qui seraient « allées trop loin ». De victimes, les féministes sont passées au statut de coupables. On les a fait taire et l’on s’est servi de cette tuerie comme d’un exemple pour faire penser que les féministes sont à l’origine de la violence des hommes envers les femmes.

Ainsi, la tuerie de polytechnique aura permis de mettre en avant l’image des féministes coupables et des hommes victimes, quand bien même ceux-ci tuent celles-là. L’apparition du Manifeste d’un salaud, premier manifeste masculiniste, sort l’année suivante...

Féministe tant qu’il le faudra...

Voir les articles sur sisyphe.org

Notamment 6 décembre 1989 – Comme un volcan mal éteint
par Diane Guilbault

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