Appel à rejoindre la manifestation du 27 novembre 2021 à Lyon

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Appel du collectif « Lesbiennes contre le patriarcat » à participer à la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles, ce 27 novembre 2021 à Lyon

Nous, collectif « Lesbiennes contre le patriarcat », appelons à rejoindre la manifestation du 27 novembre 2021 contre les violences sexistes et sexuelles.
Le 25 novembre est la « journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ».
Nous marcherons le 27 novembre contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), derrière notre bannière « A bas l’ordre hétéro ». Rejoignez-nous !

Nous marcherons contre le système hétéro-patriarcal qui fait de la classe des hommes et de l’hétérosexualité le centre de nos référentiels, mais aussi leur sommet.
Nous marcherons contre ce système qui nous soumet à des hiérarchies dès l’enfance.
Nous marcherons contre ce système de dominations qui entretient les violences sexistes et sexuelles, qu’elles aient lieu au sein de la famille, des relations intimes, au travail, dans les institutions (justice, santé, accès aux droits, enseignement secondaire et supérieur, etc.), dans l’espace public et le cyberespace.
Nous marcherons contre ce système qui cherche à maintenir les dominations, qui ignore volontairement les violences qu’il produit, qui les banalise, les érotise, qui protège les agresseur-e-s, qui silencie les victimes.
Nous marcherons contre les personnes qui œuvrent activement au maintien de cette idéologie meurtrière.
Nous, lesbiennes, bies et pans de différents horizons et organisations politiques, marcherons pour faire reconnaître que nous sommes également victimes de ces violences. Longtemps absent-e-s des études sur les violences sexuelles et de genre, nous comptons pourtant parmi les victimes.

Les études récentes qui commencent juste à soulever ces questions en apportent les preuves [1]. Les formes de VSS à l’égard des personnes lesbiennes, bies et pans, sont plurielles et traversent tous les espaces, public comme privé [2]. Militant-e-s et personnalités publiques, nous sommes cibles de harcèlement sexiste et lesbophobe dans les médias et sur internet [3]. Le mot lesbienne est même censuré sur la plupart des réseaux sociaux, puisqu’il est à l’heure actuelle encore inimaginable qu’on l’utilise pour parler d’autre chose que d’une catégorie porno. Cette censure a pour conséquence de nous empêcher de nous organiser et de nous mobiliser, de nous empêcher de nous retrouver autour de ce mot qui pourtant nous définit et n’a rien de pornographique, de silencier nos expériences et nos paroles en plus de nous réduire au seul fantasme hétérosexuel [4]. Nous subissons également des VSS spécifiques dans la rue, dans nos familles, tout au long de notre scolarité, dans le cadre de notre travail et en milieu médical [5]. Nous nous mobilisons sans relâche pour obtenir les moyens de lutter contre les pertes insupportables que nous infligent les violences lesbophobes et misogynes [6].

Les schémas cis-hétéro-normatifs entachent nos représentations de nos propres relations et des violences que nous subissons.
L’effacement des réalités affectives et relationnelles des personnes lesbiennes, bies, pans, se ressent jusque dans nos manières de concevoir les VSS et de lutter contre. Trop souvent, des politiques étatiques jusqu’à nos luttes féministes, les VSS sont envisagées seulement sous le prisme hétérosexuel (« violences faites aux femmes », agression par « conjoint ou ex-conjoint », etc.). Cette représentation laisse penser que les personnes non conformes aux normes de sexualité et/ou de genre ne sont pas concerné-e-s par les VSS [7], ou encore que la sortie de l’hétérosexualité préserve de toutes les formes de violences hétéro-patriarcales [8]. Ces représentations impactent notre capacité à identifier ces violences et à nous défendre. Elles nous privent de nombreux accompagnements (pas ou très peu de prise en compte dans les dispositifs de prévention et d’accompagnement, professionnel-le-s non formé-e-s aux violences spécifiques, etc...).

Nous marcherons pour que soit reconnue la réalité des violences à l’égard des lesbiennes, bies, pans.
Nous marcherons pour que nos réalités soient prises en compte dans les efforts de tous-tes pour lutter contre les VSS.
Nous marcherons pour soutenir et mettre en avant les initiatives [9] qui s’intéressent aux violences envers et entre lesbiennes, bies, pans.
Nous marcherons pour nous soutenir les un-es les autres, et nous sentir plus fort-e-s ensemble face à ces violences.
Nous marcherons pour célébrer nos luttes, qui continuent, tant qu’il le faudra.

Notes

[1Rapport d’avril 2020 du Défenseur des droits sur les violences intrafamiliales : « Violences intrafamiliales : les filles et les jeunes lgbt sont les plus touché-es » (étude). https://www.defenseurdesdroits.fr/.../etude-resultats...
+ Rapport de l’association En avant toutes (2020), « Une écoute à l’écrit » : https://enavanttoutes.fr/assets/pdf/Etude_EAT_web.pdf
+ Enquête VIRAGE (Ined, 2015) et l’ouvrage Violences et rapports de genre (2020).

[2Rapport de SOS homophobie (2015) « Enquête nationale sur la visibilité des lesbiennes et la lesbophobie ».
+ Rapport de SOS Homophopbie (2021), chapitre relatif à la lesbophobie : "On en enregistre 215 spécifiquement lesbophobes. Les discriminations et violences ont principalement eu lieu dans le cadre familial (20 % des cas), sur Internet (16 %) et dans les lieux publics (14 %). Elles se caractérisent souvent par du rejet (72 % des cas), des insultes (44 %), du harcèlement (29 %) ou encore des agressions physiques et/ou sexuelles (17 %). Dans plus d’un quart des cas, les agressions visent des femmes en couple. Ce constat se renforce encore dans les lieux publics, où les victimes de lesbophobie sont 68 % à être manifestement en couple." On peut supposer que ces chiffres sont bien en dessous de la réalité des violences subies par les lesbiennes, précisément par ce que ces violences sont invisibilisées, banalisées et qu’elles sont silenciées. Le rapport 2021 comporte de nombreux témoignages (p34-36) d’agressions, harcèlements et violences intolérables subies par des personnes lesbiennes et souligne que dans une écrasante majorité des cas cités, elles sont silenciées par leur entourage, familles et par la police qui ne prend pas en compte leurs plaintes.
+ La ressource Payetagouine, aujourd’hui devenue Observatoire de la lesbophobie, qui recense des témoignages de nombreuses situations de violence vécues par des personnes lesbiennes, bies ou pan.

[3https://www.huffingtonpost.fr/.../alice-coffin-denonce...
Le 16 juin 2021, Alice Coffin subit une agression lesbophobe et antiféministe durant sa conférence à Rouen (voir notre communiqué pour les faits détaillés). Quand les lesbiennes occupent l’espace médiatique, elles sont immédiatement rappelées à l’ordre par les hommes qui tentent de dépolitiser leur discours en le limitant à une haine hystérique des hommes.

[4Retrait des hashtags « gay »/« lesbian »/« trans » sur tiktok : https://www.pinknews.co.uk/.../tiktok-admits-it-enacted.../

[5La lesbophobie médicale prends plusieurs formes : un accompagnement médiocre de nos problématiques spécifiques de santé, notamment en terme de santé sexuelle (praticien·nes quasiment jamais formé·es, incapables de nous parler de protection dans les rapports lesbiens). Ces lacunes entraînent souvent hostilité et mépris à notre égard, et nous amènent à subir une prise en charge insuffisante, des sous-diagnostiques de nos pathologies et de nos douleurs, de l’errance médicale et contribue à la dégradation de notre santé mentale.
Lire à ce propos l’article de Capucine Larouge sur les imbrications entre lesbophobie médicale et endométriose : https://noscorpsresistants.fr/lesbophobie-violence-medicale/

[6Le 4 octobre 2021, une adolescente de 14 ans, Dinah, s’est suicidée suite au harcèlement raciste et lesbophobe qu’elle subissait dans son collège. Le 24 octobre 2021, notre camarade Tal Piterbraut-Merx, militante juive gouine féministe, s’est suicidée. Il consacrait sa vie à lutter contre l’homophobie, l’antisémitisme et l’inceste.
Ces morts, parmi tant d’autres, sont les conséquences directes et concrètes de ce système et de l’absence de politiques de luttes et de soutiens efficaces. Les victimes sont laissées seules et ne peuvent souvent compter que sur le soutien communautaire que nous nous efforçons de maintenir, malgré l’hostilité de ce même gouvernement à notre égard.

[7Cf. le titre de la brochure du collectif Fracas « Les violences conjugales, ce n’est pas qu’un truc d’hétéro »

[8En août 2021, en Belgique, deux femmes lesbiennes en couple ont été assassinées par l’ex-mari de l’une d’elle. Les médias n’ont presque jamais parlé du caractère éminemment lesbophobe de ce féminicide.
+ lors d’une formation contre les VSS, il a été présumé que faire semblant qu’on est un couple lesbien avec son amie peut constituer une bonne stratégie de réponse à une situation de harcèlement de rue.

[9Observatoire de la lesbophobie (anciennement Paye ta gouine) https://www.instagram.com/observatoire_lesbophobie/
+ La fabrique du consentement : regards lesbo-queer (long-métrage documentaire, 2020)
+ Brochure sur la santé et la sexualité « Tomber la culotte »

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