« Bistrot de pays® » de l’Ardèche et bidonnage

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As-tu déjà entendu parler du label « bistrot de pays® » (jette un œil ici) ? Non ? Dommage car tu as raté alors une bonne occasion de te bidonner ! « Bistrot de pays® » (ha ils le veulent leur « ® », ils ont payé pour, et bien ils vont l’avoir !) est encore un de ces labels de propagande chargé de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Observons le cahier des charges et la volonté qui s’y affiche de maintenir de « l’activité » sur les « territoires ruraux » :

- le rade doit être placé dans une commune de moins de deux milles âmes
- il doit constituer le dernier, ou l’un des derniers, commerce du village
- posséder une licence 4
- être ouvert toute l’année
- organiser des animations (au moins trois par an)
- proposer au minimum une restauration de type casse-croûte à toute heure, basée sur des produits régionaux
- si une restauration complète est assurée, proposer des repas où les recettes et les produits du terroir tiennent une place prépondérante
promouvoir les produits de terroir
- disposer des principaux documents d’informations touristiques locales
offrir quelques services de base (épicerie, pain journaux...)

C’est marrant parce que quand on regarde ce programme, on voit tout de suite l’imaginaire qui va avec. En gros, c’est le village de l’immédiate après-guerre, dans lequel l’acculturation qu’entraîne l’artificialisation de la vie moderne n’est pas complètement intégrée dans les esprits d’individus qui ont donc encore des réflexes collectifs (en gros : solidarité et convivialité). Une sorte d’imaginaire à la Amélie Poulain, car il faut bien se mettre ça dans la tête : les organisateurs du bétail humain – généralement des bac+5 – sont désormais complètement incultes.

Bon, tout d’abord, une mise au point : c’est lâche, me diras-tu, de s’attaquer à une cible facile ayant fait moult fois montre de son... immense compétence mais qu’y puis-je si c’est encore la sémillante équipe du Pays de l’Ardèche Méridionale qui, une fois de plus, plante le décor ? Un mot pour celui qui ne la connaît pas. Lis la littérature de propagande du Pays de l’Ardèche Méridionale et tu verras s’exhiber le culot de ces techniciens petit-bourgeois qui n’ont pas peur de se payer de mots : un "territoire solidaire", "ouvert et accueillant", "productif", "un territoire d’excellence de vie, d’innovation", etc., etc. Toutes les tartes à la crème du développement, tous les mots de la novlangue des institutions bourgeoises sont présents. Mais soyons juste, que l’on regarde les plaquettes de propagande du Conseil Régional, du Conseil Général, des communautés de communes, c’est toujours la même litanie, la même obsession de présenter aux citoyens une pensée positive alors que ces mêmes organisations sont à la base de la destruction des terres et des peuples qui les habitent. Ainsi, par exemple, la propagande de la Région Rhône-Alpes annonce : une "terre d’excellence" (super original...), une région "Rhône Alpes citoyenne", "désirable" (si si ! Je te dis que c’est vrai, vérifie toi-même lecteur), "engagée", qui "tisse des liens entre ses territoires", etc. Je t’épargne tout le reste, on s’en branle.
Le Pays de l’Ardèche Méridionale, pour revenir à lui donc, est une structure de gouvernance locale, c’est-à-dire que l’on rassemble ce que le lexique néo-fasciste de la gouvernance nomme les acteurs (mot qui annonce un individu, scindé, schizophrène [1]), on leur fait croire qu’ils discutent de choses sérieuses et, au final, on leur fait accepter – généralement à l’unanimité (signe que les votes se passent sans pression aucune et que nous sommes en démocratie et non, comme certains aigris le laissent entendre, dans une oligarchie avec des structures dignes du politburo soviétique [2]) – les projets préparés à l’avance par des techniciens sans âmes qui fonctionnent dans l’idéologie dominante. Ca s’appelle du management politique c’est-à-dire de la gouvernance. Évidemment, il fallait que ce machin qu’est le Pays, qui tombe dans tous les panneaux du développement territorial, tombe également sur cette caricature que sont les "Bistrots du Pays®" et fonce dedans. En effet, le Pays de l’Ardèche Méridionale est une institution ardéchoise vraiment typique du vide d’idées qu’entraîne l’adoration de l’idéologie dominante. Mais ne soyons pas injuste : le Pays n’est pas seul dans ce projet auquel participent également le Conseil Général de l’Ardèche (alors là, il faudrait une thèse pour dénombrer les catastrophes dues à ce truc) et la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Ardèche Méridionale (eux, on ne les présente pas : leur seule obsession est d’exploiter tout ce qui est faible et qui travaille).

Avant de commencer la description de la pantalonnade que représente chacune des inaugurations de ces rades (qui ont eu lieu en 2008), rappelons que l’opération Bistrot de Pays® coûte 57 000 € au Pays de l’Ardèche Méridionale. Belle somme, n’est-ce pas ? Pour sûr elle va être bien utilisée par ces institutions qui se disent si préoccupées de l’utilisation rationnelle des fonds publics... Alors ça donne quoi les inaugurations de ces pauvres bars soudainement transformés en clinquant Bistrot de Pays® ? Chaque inauguration d’un des 15 Bistrots de Pays® de l’Ardèche Méridionale donne lieu à une animation et surtout à un buffet avec petits fours et boissons alcoolisées : ceux qui connaissent le monde des oligarques [3] vont pouvoir imaginer l’engouement de ces derniers. On n’a pas idée de la torture que représente de tels événements pour les gosiers des oligarques locaux, obligés d’attendre la fin des discours totalement vides de leurs confrères mus par la seule volonté de briller en société, puis sommés d’attendre la fin d’une animation artistique dont tout le monde se contrefout avant de pouvoir se jeter sur la bouffe et l’alcool. Notons que si les oligarques sont bien obligés d’écouter leurs pairs, à qui ils ne veulent pas déplaire au risque de se voir retourner un jour la pareille, il en va tout autrement des intermittents du spectacle qui, eux, auront beaucoup plus de mal à se venger d’un éventuel affront et, par conséquent, ne méritent visiblement pas le respect. C’est pourquoi le rush commence alors que les artistes essayent de bien faire pour ne pas déplaire à leurs obèses majestés.
De l’avis de plusieurs artistes interrogés, les spectacles sont plutôt nuls (coupés, retravaillés pour la circonstance). Mais les techniciens de Pays en sont très contents. Dans ce monde technico-scientifique, la marque du goût s’apparente à la capacité de discourir sur l’art. Et l’on voit fleurir des discussions dans lesquelles chacun essaye de se faire mousser : les techniciens affirmant que les spectacles sont très cohérents avec l’événement, les oligarques voyant là l’occasion de se montrer sous un jour positif - cela est d’ailleurs la principale activité de leurs mandats - bref tout le monde est content. Et l’on voit cette situation digne de romans de science-fiction dans laquelle une oligarchie d’obèses, secondée par de jeunes techniciens lèches-cul aux dents longues qui essayent de faire carrière et rêvent d’être, peut-être un jour, calife à la place du calife ; une oligarchie donc qui se gausse, pouffe, bouffe, picole, observée par un prolétariat artistique exploité qui la méprise autant qu’il se sent méprisé.
Un monde à la Bilal.
Attention, n’oublions pas l’acte de propagande, c’est-à-dire l’objet principal de tout ce micmac. Les journalistes, non moins lèches-cul que les techniciens, sont présents. Pour l’inauguration du Bistrot de Pays® dont il est question ici, ton serviteur a retrouvé et questionné des acteurs présents qui affirment – et je les crois volontiers – qu’on a monté une scène de toute pièce devant les caméras de France3 pour faire croire que le moment était vraiment convivial (c’est la scène de bouffe où le patron sert des assiettes faites à la hâte pour de faux clients). On en est là : des actes de propagande au quotidien digne de la grande époque de l’Union Soviétique (en fait, je suis sûr que la propagande n’était pas aussi systématique sous Staline, les moyens techniques n’existaient pas et surtout, j’ai du mal à imaginer que l’embrigadement idéologique était autant incrusté dans les individus). Enfin, les patrons des rades en question sont dégouttés parce que les petits fours et l’alcool sont à leurs frais. Ils ont donc eu l’honneur de débourser pour voir la clique élue accompagnée de sa cour s’en foutre plein le bide pour pas un rond. Et là, comment ne pas citer quelques lignes de la Tribune sur une de ces inaugurations, qui montrent bien que la presse locale n’est pas un sombre organe de propagande néo-fasciste comme certains jaloux l’affirment :

"Jean-Paul Laffont et sa compagne Florence avaient convié à cette symbolique et conviviale manifestation les habitants du village et leurs amis. [4]"

À cette inauguration-là, je n’y étais pas mais pour le "avaient conviés", comprenez que les patrons raquent et les oligarques débarquent parce que c’est le programme imposé. Merveilleux journalistes, pas du tout au garde à vous devant la clique. Je propose à la Tribune de se renommer La Vérité [5], tant ce journal démontre avec une passion toute professionnelle que dans le système totalitaire, un mot veut dire son contraire et que la vérité, on s’en fout puisque c’est les entreprises et les institutions, systématiquement à leurs bottes depuis la révolution française, qui la font et ce quelque soit la réalité.
Pour revenir au Bistrot Machin®, précisons qu’en plus, on va faire chier les patrons avec des formations qui, soyons en sûr, vont faire honneur au monde de la formation déjà réputé pour ne pas être du tout une nébuleuse de fumistes qui pompent des salaires pour apprendre aux gens ce qu’ils savent déjà ou ce qui ne leur servira jamais. Non, le monde de la formation n’est pas un rite de passage entièrement symbolique qui remplit une fonction totalement différente de ce qui est annoncé officiellement.

Au delà de l’aspect ubuesque de ce genre de manifestations de merde, essayons de comprendre dans quel monde nous pénétrons. En gros, une fois de plus, les institutions tentent de nous faire croire que, bien que leur rôle soit d’imposer le système qui détruit la planète sur toutes les terres qu’elles contrôlent, elles sont capables de sauver les traditions, c’est-à-dire les us et coutumes élaborés de façon autonome par les milliers de générations qui nous ont précédés. En maintenant cet apparat de tradition qu’est cette fausse convivialité et ce service [6] qui n’en est pas un puisque d’une part il rentre dans un échange monétaire et que d’autre part, il est voulu par une autorité extérieure, les institutions exhibent une image dégradée de la tradition. Ainsi, elles effectuent une double trahison. Tout d’abord, elles confirment aux gens de gauche que la tradition est un fait asservissant (ainsi, bien que contestataires vis à vis de l’autorité, ils acquiesceront aux stratégies du pouvoir central destinées à nous faire rentrer dans sa modernité). Ensuite, elles trompent les gens de droite, qui s’en accommodent d’ailleurs fort bien, en leur faisant croire que la tradition ne peut vivre que par elles. Pour toute une partie de la population, la tradition est liée aux idées d’autonomie, de convivialité, et c’est cette strate du peuple qui, méprisée par les individus dits « de gauche » qui n’entendent rien à la tradition et sont par conséquent modernistes, se retrouve dans les bras de la droite. Nous avons donc des institutions qui vendent pour leur plus grand profit une idée dégradée de la tradition, un folklore, un truc complètement réactionnaire, alors que dans les faits, la tradition n’est pas un système en tant que tel (bien qu’elle puisse en fonder) mais juste la manière dont les humains sont ensembles, en communauté, en se souvenant du passé [7]. Il n’y aura jamais de convivialité sans autonomie. Or les institutions altèrent toute autonomie. Il suffit de nous regarder tous dans la rue : tout le monde tire la gueule, nous ressemblons à une communauté de gens qui n’ont pas envie d’être ensemble.

Le décalage entre la destruction de toute forme d’humanité et la propagande gentiment débile des institutions ferait rire si les enjeux n’étaient pas aussi immenses. Ainsi le label Bistrot de Pays®, avec tout son folklore ridicule, est en réalité une marque déposée [8], tu l’auras compris. Tout est parfaitement organisé pour faire croire au péquenot lambda qu’il baigne dans de l’authentique. En réalité, tout est structuré, mesuré, évalué, contenu par des techniciens. Il n’y a plus rien d’autonome là-dedans. C’est un peu le même principe que Disneyland : on crée un monde enchanté pour prévenir toute possible prise de conscience de l’artificialisation du monde qu’entraîne l’action de ces mêmes institutions. Dans les dispositifs que mettent en place ces dernières, il y a un double mensonge. Tout d’abord, bien que totalement inefficaces, ils sont, si on prend la propagande au sérieux, en fait destinés à atténuer les effets des politiques que le pouvoir central, donc les institutions, met en place (ainsi, les institutions renforcent-elles les tendances oligopolistiques des marchés en désenclavant - encore un mot de propagande – les terres transformées en territoires, c’est-à-dire en zones fonctionnalisées. Par conséquent, elles dévitalisent les aires les plus sensibles, aires qu’elles annoncent ensuite vouloir revigorer avec des projets bidons comme Bistrots de Pays®. Les institutions créent les problèmes et leurs solutions : elles se renforcent des catastrophes qu’elles provoquent). Ensuite, second mensonge, la vraie efficacité de ces dispositifs tient en l’impossibilité dans laquelle ils mettent la population de conscientiser collectivement l’affadissement de la vie. Voici le nouveau visage du fascisme. Ne t’attends plus à voir un malade haranguer les foules en leur promettant la Solution Finale. Non, le néo-fasciste est un manager, un technicien sympa qui parle positif pendant que le système artificialise la vie et le monde. Au final, c’est bien dans les petits événements quotidiens que se lit le mieux la gigantesque tragédie que représente la Modernité.

totof

Notes

[1Dans le management politique, c’est-à-dire la gouvernance, la notion d’acteur est primordiale car elle implique que l’individu accepte les règles managériales (évaluations, modules de réflexion, médiations, etc.) mais aussi et surtout le fait que le marché gère toutes les activités humaines. Soumis à ces contraintes indépassables, l’individu est scindé, il est quelqu’un d’autre que lui-même et joue un rôle : il est un acteur. La gouvernance gère le marché total avec des individus soumis, scindés par la coupure entre la vie réelle et ce qui est possible dans les institutions bourgeoises.

[2Ainsi, pour la petite histoire, la charte du Pays de l’Ardèche Méridionale, a été votée à l’unanimité. L’histoire de ce vote à main levée (comme ça, tout dissident est soigneusement identifié, comme nous allons le voir) est passionnante car en réalité, il y eut lors du vote, une voix discordante qui vota contre la charte : le représentant du Réseau Education Nature Environnement. Et bien figure-toi que, comme par magie, au bout de quelques jours, le Réseau Education Nature Environnement changea son vote et que l’on n’entendit plus jamais parler du pauvre hère qui avait voté contre : disparu, volatilisé... Étrange, non ? Tout cela sent les pratiques on ne peut plus démocratiques. Donc sur environ 80 votants, personne (moins une personne donc mais qui s’est volatilisée) n’a rien trouvé à redire à une charte typique de l’idéologie néo-fasciste actuelle dans sa déclinaison développement durable. Encore bravo à tous ces acteurs locaux qui ont brillé pour leur courage.

[3Un oligarque est un représentant élu (Cf. ARISTOTE, Les politiques, IV, 9, 1294b4). Un oligarque est nommé, dans la novlangue officielle, un « élu ». Ainsi, le langage est détourné pour empêcher le crime de la pensée et une possible prise de conscience du fait que représentation politique et démocratie sont incompatibles. Sur cette question de l’antinomie de la représentation et de la démocratie, cf. Cornélius CASTORIADIS, Domaines de l’homme – Les Carrefours du labyrinthe 2, éditions du Seuil, 1986, pp. 358-364.

[4La Tribune, Chez Barratier, n°42, 16 octobre 2008, p.19.

[5La Pravda, en russe.

[6Le terme service est un mot irrémédiablement mutilé. Des services publics aux services à la personne, ce mot a été vidé de sa substance par la monétarisation et le déséquilibre en terme de don que son acceptation moderne implique. Soyons exigeant avec les mots, n’acceptons aucune dégradation ! Bordel, réveillons-nous !

[7Cher citadin, je te vois déjà tirer la gueule du fait que je ne flingue pas la tradition. Mais la tradition que nous connaissons depuis deux cents ans est une tradition dégradée par la désorganisation que le pouvoir central impose aux sociétés traditionnelles pour éliminer toute autonomie en vue d’asservir les populations au profit d’une classe sociale. Il n’y a pas à tortiller du cul : c’est la tradition ou la Modernité. En d’autres termes, c’est l’autonomie de gens qui décident de façon autonome la manière dont ils vivent, avec leurs propres références, ou c’est la domination, avec présentement une oligarchie républicaine qui fait elle-même ses traditions et mène droit au totalitarisme (nous y sommes désormais). Comme je vois que tu t’étrangles, ami citadin, parce qu’il est interdit de dire que la tradition c’est bien, je précise qu’il faut faire attention et que la tradition ne protège pas forcément de l’ injustice (il y aura toujours un rapport de force pour tendre vers plus de justice) mais évite en tous cas la tragédie de masse qu’engendre la dialectique de la raison au sein de la modernité.

[8marque déposée à l’Institut National de la Propriété Industrielle sous le numéro 93489688. Super poétique, super convivial ces Bistrots de Pays®, pas vrai ? Et tellement spontanés...

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  • Le 26 août 2010 à 15:10, par lodge

    Intéressant votre article, réflexions justes, drôles, très proches de la réalité dans un style littéraire un poil caricatural.
    Mais le fond de tout ça c’est quoi ? une opération marketing et des méthodes énervantes certes, mais au final, cet outil n’est il pas le moyen de faire survivre des commerces qui ne s’en sortiraient pas autrement, en vendant un peu leur âme à la tendance bling bling de l’autentiquement créé et de l’eternel terroir, permettant aux « locaux » de conserver une activité de proximité local en ces temps de désertification ?
    « Rien n’est parfait » comme disait le renard.
    Merci qu’en même pour ce bon article

  • Le 10 janvier 2010 à 18:11, par sylvie

    Bonsoir,
    je tombe sur votre site par hasard et sur votre papier bidonnant. La classe ! malgré votre effort pour parler chartier. Bravo vous me donnez envie de faire pareil avec ceux que j’ai dans mon coin (Haute-Loire).
    On construira après, ou en même temps.
    Ruines contre ruines.

  • Le 19 novembre 2009 à 00:59, par totof

    salut,

    Bon, honnêtement, chère « serviteuse », je ne sais pas si ton commentaire nécessite une réponse. Pour ce que j’en ai compris, je te renvois à l’article lui-même qui répond, quand il est lu correctement, à peu près à tout ce que tu écris. Car quand je lis :

    « L’artificialisation de la vie à cause d’un logo »

    Je me dis que si c’est ça que t’as compris de l’article, reprends-en la lecture mais lentement et sans t’énerver.

    Quand même, il ne s’agit pas de dire aux gens s’ils doivent aller dans tel troquet ou dans tel autre pour voir si la bière est meilleure, il s’agit d’indiquer que le label bistrot de pays est une arnaque qui s’inscrit dans une stratégie institutionnelle globale destinée à nous aliéner, à nous rendre étranger à notre propre monde.

    Tu dis que l’article prend tout le monde pour des cons. C’est faux, je ne dis rien contre les patrons des bistrots et me trouve même plutôt sympa avec les gens de droite et aussi finalement avec ceux de gauche. Je nous considère tous comme trahis par des idées. C’est pas parce qu’on est trahis qu’on est un con. Faut pas tout mélanger.

    Tu dis que fourrer son nez dans la réalité « qui pue » et dire ce qu’on a vu, c’est prendre les gens pour des cons... Ben, je sais pas... Les auteurs des bouquins politiques de ton pote bistrotier que t’encensent habitaient-ils sur une autre planète ? Ne sont-ils pas allés la voir la réalité pour écrire leurs livres ?

    Tu écris :

    « Penser que le peuple, de gauche et de droite, est trop bête, le cafetier y compris, pour savoir que ce type de »promo« est autre chose que de la promo dans des coins qui se cassent la gueule ? »

    Heu je ne comprends pas tout là mais veux-tu dire que tout le monde a le point de vue que l’article adopte sur les bistrots de pays ? Si c’est ça, faut te réveiller je crois... Sinon, ben l’article a toute sa raison d’être.

    Ensuite... le premier paragraphe de ton « 2) » me confirme que tu n’as pas compris grand-chose à l’article donc je passe. Ne compte pas sur moi pour te mâcher le travail de lecture.

    « Que des cons pourris » Mais pourquoi écris-tu une chose pareille ? Quels passages te font penser à ça dans l’article ? Ton pote qui tient un bistrot du côté de Huelgoat est peut-être très sympa mais il s’est fait avoir par une stratégie institutionnelle. Si tu refuses de voir ça au nom, peut-être, d’une amitié, et bien tu commets une faute et tu ne rends pas service à ton ami.

    Et en te relisant, je chope ta première phrase :

    « Les gentils artistes brimés rémunérés pour réaliser une inauguration, et les vilains techniciens méchants rémunérés pour organiser l’inauguration ? »

    Si je comprends bien le sens, c’est quand même assez grave. Ca veut dire qu’on ne peut plus juger les places qu’organise le mode de production et les stratégies, souvent collectives, que les agents développent en fonction de ces places. Typique de cette soupe idéologique qu’on nous sert actuellement où l’on est intellectuellement bloqué par l’interdiction de juger les gens en fonction de leurs actes. Comme si plus rien ne portait à conséquence : le règne de l’insignifiance, quoi. Dans cette idéologie de l’entre-deux, dès qu’on juge un truc bon ou mauvais, on est « manichéen ». Encore un mot dégradé qui, à l’image du « nihilisme », n’est plus qu’une caricature qui nous rend impuissant. Donc, tes « gentils » et tes « vilains »... Si tu vois ce que je veux dire...

  • Le 17 novembre 2009 à 22:08

    1) Les gentils artistes brimés rémunérés pour réaliser une inauguration, et les vilains techniciens méchants rémunérés pour organiser l’inauguration ?

    L’artificialisation de la vie à cause d’un logo, dont l’usage permettra aux bistrots de travailler en groupe ( ouais, peut être bien même de la collectivisation par la suite...) , et le salvateur fourrage de nez dans la réalité qui pue à destination de gens tous trop cons pour choisir un bistrot parce que la bière est bonne et les discussions intéressantes ?
    Penser que le peuple, de gauche et de droite, est trop bête, le cafetier y compris, pour savoir que ce type de « promo » est autre chose que de la promo dans des coins qui se cassent la gueule ?

    Ceci n’est pas une pipe, mais bien une artificialisation de la connerie des gens, non ?

    2) Ceci dit, me rendant parfois dans les bistrots de Pays, c’est vrai que c’est beaucoup de changements : les mecs, au lieu de proposer des plats avec des trucs du coin, de rajouter de la binouse locale dans leurs fûts, et d’avoir un soutien pour essayer de faire des animations culturelles, ils rajoutent des toboggans en plastique jaune qui brille, ils se font faire des comptoirs plaqués or, ils branlent plus rien en attendant assis à l’entrée de leur bouge que les touristes se fassent tatouer un par un un numéro pour aller profiter du grand centre aqua-ludique installé par bistrotdepays (j’arrive pas à faire le petit r).

    Que des cons pourris...en attendant, si vous allez en bretagne, passez à « l’autre rive » du côté de Huelgoat. Café librairie à la solde des technocrates et du grand capitalisme, puisque bistrot de pays, il se fait chier à avoir le meilleur rayon politique que j’ai jamais vu, dans le grand nomansland du centre bretagne. Il a même « barricada », c’est dire, et il vous expliquera certainement comme il se fait bouffer par des techniciens bac+5 avec des dents qui rayent le plancher.

    Tout ca pour dire que c’est certainement un peu bidon, « Bistrot de Pays », mais finalement comme un peu tout, ceci ne devant pas amener à mélanger les torchons et les soviets ( et à prendre les gens pour des cons)

    Votre serviteuse

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