Il y a quelques semaines le patron du kebab Istanbul, situé rue Constantine près de la place des Terreaux, téléphone à une fille pour lui décrire minutieusement et sans détour un viol, qu’il menace de mettre à exécution si cette personne se prend le droit de se promener dans la rue de son kebab et venir dans son restaurant.
Cette copine s’est tournée vers le collectif non-mixte meufes dont elle fait partie pour solliciter une solidarité et trouver une solution collective à cette agression. La création de ce groupe de discussion affinitaire a pour premiers buts de créer un espace de discussion autour des différentes formes de domination masculine que ce soit dans la rue, dans les relations amicales, amoureuses, dans les collectifs de vies, groupes politiques etc…
Libérer les paroles pour s’émanciper de tous ces schémas d’oppression !
Lutter et se battre au quotidien contre ce sexisme et les différents comportements qui en découlent !
Face à ces situations sexistes, nous réagissons.
Nous sommes allées toutes ensemble dans le dit kebab. Il est essentiel que notre copine renvoie la balle à cet homme, en existant physiquement face à lui, en tant que nana non soumise, soutenue par ses copines et de lui dire qu’il est un agresseur et qu’il ne peut pas proférer de telles menaces. Par ailleurs, une main courante a été déposée chez les flics au cas où cet homme mettrait ces menaces à exécution.
Lutter contre le sexisme généralisé et invisible, savoir le dire et se battre est le point de départ pour renverser cet état de fait. Nous pensons indispensable que la violence reçue lors de ce coup de fil se transforme en une colère libératrice et que le rapport de force se retourne contre cette personne. Nous avons choisi d’aller assaillir son resto et de faire vivre et exister une parole féministe et de ne pas rester dans la position de victime passive où il voulait l’enfermer par ses menaces. Nous n’attendions rien de lui : ni excuses, ni justifications. Nous n’étions pas là pour lui, mais pour que parle notre copine.
Après qu’elle lui ait exprimé sa rage et l’inacceptabilité des dires, l’homme a réitéré ces menaces de viol devant témoin, s’enfonçant dans sa bitardise viriliste et machiste, nous gratifiant lorsque nous avons décidé de quitter les lieux d’un retentissant « bande de salopes ». Manque de pot pour lui, si s’exprimer librement et ne pas se laisser faire veut dire être une salope, nous sommes fières d’être des salopes !
La personne concernée ne souhaite pas que d’autres actions soient menées contre cet endroit et son propriétaire. Nous avons conscience que, en groupe et préparées, nous nous sommes senties assez fortes pour soutenir notre copine lors de cette confrontation directe, et que malheureusement, tout-e-s ne trouvent pas cette ressource. C’est pourquoi nous assumons avoir déposé une main courante, d’une part pour faire pression sur ce salaud qui a peur d’autres salauds : on constate que la menace des flics, ayant une autorité qu’on rejette, est malheureusement efficace.
D’autre part, une question se pose à nous : dans quelles mesures cette action a t-elle été efficace ? L’homme a répété ses menaces. Malgré ça, nous avons existé publiquement en tant que femmes sur son territoire à travers une parole directe et incisive sans intermédiaire. Et pour le moment, notre amie n’a plus eu de ses nouvelles. Cependant, lors d’agressions sexistes et de viols, les femmes et autres individu-e-s les subissant se retrouvent souvent seules et se taisent. Par cet article, au delà d’un appel au boycott du kebab, nous aimerions faire exister une parole de lutte face aux agressions et dominations sexistes, homo/lesbophobes, transphobes (etc.) quotidiennes pour rappeler qu’existent ces violences sournoises et invisibles. Écrire des témoignages n’aurait surtout pas le but de faire naître des sentiments de voyeurisme, ni d’indignation, mais au contraire montrer les luttes et les réactions diverses et possibles face à ces situations. Nous voulons visibiliser ces formes d’autodéfense menées collectivement par des collectifs meufes/lesbians/trans et peut-être autres...
Et BAM, les sales meufes ont agi !
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