Cette mort prématurée nous est insupportable, car les dangers de l’amiante sont connus depuis des décennies et rien n’a été fait par l’état ni par les dirigeants de la SNCF pour protéger la santé des salariés.
Pourtant le premier décès lié à l’amiante date de 1899 par le docteur Murray à Londres, à peine 20 ans après le début de l’exploitation des mines d’amiante en Angleterre.
Au début du vingtième siècle, la dangerosité de l’amiante sera confirmée à de nombreuses reprises jusqu’au premier cas français de mésothéliome en 1965 diagnostiqué par le Pr Jean Turiaf.
Il faudra attendre plus de trente ans pour que l’état français interdise l’amiante en 1997.
Mais le mal était fait car les industriels de l’amiante en ont vendu des millions de tonnes (5 millions de tonnes en 1975) sur tout le territoire et aujourd’hui l’héritage est lourd car il ne reste pas moins de 50 kg d’amiante par habitant.
Les industriels, les lobbies de l’amiante ont pesé de tout leur poids pour vendre ce matériau mortel, ils sont responsables de milliers de morts en France et partout dans le monde.
En France l’institut de veille sanitaire chiffre à 118 000 décès directement liés à l’amiante entre 1995 et 2009 et la caisse de prévoyance SNCF recense 36 décès en 2015.
Aux ateliers SNCF d’Oullins, 21 ans après l’interdiction de l’amiante en France nous dénombrons 33 victimes de l’amiante et parmi eux 11 décès.
Ainsi, avant André, il y avait eu Bernard Guerpillon électricien au montage décédé en 1987. Courant 2008, Pierre Adamo de la logistique atteint également d’un cancer nous quittera précipitamment, puis en 2009 ce fut notre collègue Marc Patural dit « patu » conducteur de fenwick à la logistique, qui vint ajouter son nom à cette sombre liste des victimes de l’amiante aux ateliers d’Oullins. A ces cheminots décédés en activité, s’ajoutent les décès de retraités, comme André Jalla, André Tabaret et au printemps c’est un ancien tourneur de l’atelier de bobinage Jean Raphoz 62 ans qui fût lui aussi victime de l’amiante.
Locomotives, voitures, wagons, locotracteur, TGV, autorail, automoteurs, tous les engins de la SNCF sont pollués par l’Amiante et plus encore ceux qui ont été construit dans les années 70 à 80, car en 1975 la consommation d’amiante en France avait atteint son maximum avec 5 millions de tonnes d’amiante.
En 1996 quelques mois avant son interdiction la France en importaient encore 35 000 tonnes, destinée principalement à la fabrication de l’amiante ciment (par exemple, cheminée de contacteur).
Aux ateliers d’Oullins grâce à la lutte menée par la CGT, la prise en compte de l’amiante s’est améliorée avec les constructions du local amiante au bâtiment 9 et des cabines de tronçonnage au bâtiment 22, mais beaucoup reste à faire, notamment dans les esprits de nos dirigeants car l’amiante ne doit pas être un prétexte pour vendre les terrains des ateliers d’Oullins.
La SNCF doit assumer ses responsabilités en dépolluant le site d’Oullins afin d’y reconstruire des ateliers et bureaux répondant aux normes environnementale en vigueur et ainsi assurer un avenir aux cheminots sur le site historique d’Oullins
Face à ce terrible constat, l’année dernière le syndicat CGT des cheminots d’Oullins a porté ce dossier en justice pour manquement de l’employeur sur la santé et la sécurité des salariés. Notre avocate vient de nous confirmer que l’instruction des 302 dossiers est ouverte, mais que cette affaire a été transmise à la section judiciaire économique et finance à St Denis de La Réunion !!!
Cette volonté de délocaliser l’instruction à 10 000 km de Lyon, montre que rien ne sera facile pour faire reconnaître le tort de la SNCF et rendre justice aux cheminots d’Oullins.
Commémoration André Triadon et des victimes de l’amiante vendredi 9 mars 2018 à 11h15 devant le bâtiment 7 aux ateliers d’Oullins
Syndicat CGT des cheminots d’Oullins
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