Compte-rendu de « Voyage en Outre-Gauche », de Lola Miesseroff

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Dans l’ouvrage « Voyage en Outre-Gauche » de Lola Miesseroff, l’auteur dresse le tableau affligeant d’une mouvance influencée à la fin des années 60 par l’Internationale situationniste, et pour certains, par les courants communistes oppositionnels (ultra-gauche). Un salutaire exercice de dégrisement.

Tout au long ses années 70, j’ai des amis qui sont mort, suicidés, victimes d’accidents de moto, et d’autres qui ont fini en asile psychiatrique, quand ils ont compris, ou pressenti, que la « révolution dans un pays capitaliste fonctionnant bien » laissait la place à une révolution qui n’était pas la leur, d’autant plus difficile à comprendre et à combattre qu’elle avançait masquée des oripeaux de l’imaginaire et du désir, et que les véritables lignes de démarcation s’étaient brouillées à leur insu ; que l’aspiration au changement rencontrait les projets du nouveau pouvoir, résolu de balayer les archaïsmes entravant la modernisation de l’entreprise France en poussant partout les feux de la consommation ; quand ils s’est avéré, avec le reflux, qu’en ébranlant l’ordre ancien, mais sans l’abattre, ils n’avaient fait que se creuser un tombeau.

Si l’on peut consulter les ouvrages des éditions Libertalia en Enfer, au Paradis, ou au Purgatoire, ceux-là vont se retourner dans leur tombe, quand ils prendront connaissance de ce petit ouvrage, où l’on trouve merde, baiser, bouffer, picoler, bordel, con, foutre, connerie, gueule, chier, foutre, à presque toutes les pages ; où une litanie de vieux radicaux ravis, semble-t-il, qu’on leur donne une dernière fois la parole, 50 ans après, pour étaler leur trivialité, et bien souvent leur vulgarité, rabâchant les formules creuses de leur jeunesse, dont ils espèrent peut-être tirer sans risque aujourd’hui un petit bénéfice, en terme d’aura sulfureuse et de reconnaissance sociale. Car la radicalité, la rébellion de nos jours, ça se porte bien, et ça se monnaye. Et eux qui n’ont jamais travaillé qu’à détruire le vieux Monde, j’imagine, comme leur maître Guy Debord, ils aimeraient bien que ça se sache et qu’on leur en tienne gré [...]

La suite à lire sur : https://nantes.indymedia.org/articles/40314

P.-S.

Voyage en Outre-Gauche, Paroles de Francs-tireurs des années 68, Lola Miesseroff, Libertalia , 2018

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  • Le 11 juin 2018 à 16:00, par Lola Miesseroff

    Monsieur le Censeur, bonsoir !

    Comme vous avez eu raison de stigmatiser la vulgarité de notre langage ! Comment peut-on arriver, en 285 pages, à écrire (selon la fonction « rechercher » de mon Word) ?
    -  14 fois le mot merde (brut ou sous les formes « emmerder » et « se démerder »). Nous aurions dû dire « zut » et « ennuyer » et « se débrouiller », puisqu’il n’est pas question de défécation (Sachant que Constipation blues fut un de nos hymnes !)
    -  13 fois le verbe foutre (…le bordel, sa main dans la gueule, rien à foutre…) et sans jamais l’utiliser pour parler de coït ou de sperme, Donatien Alphonse François doit s’en retourner dans sa tombe !
    -  12 fois le mot bordel dont une seule fois pour évoquer les maisons closes auxquelles on a l’audace de comparer les syndicats. Non mais !
    -  12 fois le substantif gueule. Mais qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Vous reconnaîtrez qu’on peut difficilement dire : se taper ou se foutre sur le visage, ou se ficher ou se foutre de la face des maoïstes ou de qui que ce soit.
    -  Chier, qui apparaît 7 fois. Pas assez de Provençaux dans mes interviewés, « caguer » vous aurait peut-être mieux convenu. Et, je vous rassure, « ils nous font chier » n’est pas employé dans le sens laxatif !
    -  La ou les connerie(s), qui ont été prononcées 6 fois. Pas suffisamment à mon goût, compte tenu de nos errances (que vous dénoncez si justement, brûlant peut-être ce que vous avez adoré) et du nombre de têtes molles en circulation, hier comme aujourd’hui. On notera que si con a près de mille occurrences, c’est parce qu’il est contenu dans une foultitude de mots (contre, constituer, contemporain, quelconque etc, sans oublier économie et économique et…conseils ouvriers !). Impossible donc pour moi de compter le nombre de fois où il est apparu pour insulter ou dénoncer- ce qui, j’en conviens n’est pas très sympathique pour ledit organe dont je suis dotée comme la moitié de l’humanité.
    -  Quant à picoler, je n’en ai trouvé, à mon grand dam, qu’une seule occurrence. Sans doute est-ce notre hypocrisie qui l’a fait remplacer 3 fois par boire. Mais il est question 9 fois d’alcool, ce qui montre bien notre dépravation. Et personne ne m’a parlé de s’enivrer, voire de sacrifier à Bacchus, quel dommage !
    Le reste de votre argumentation est à l’avenant de votre lecture sélective. Vous passez sous silence la plus grande partie du livre, le réduisant par effet de métonymie à sa portion congrue et, comme par hasard, celle que vous désignez comme vulgaire et creuse. Je croyais que la réflexion et les analyses occupaient une large place dans les propos de mes interviewés. Il me semble aussi que les situationnistes et leurs affidés, même s’ils occupent une grande place, ne constituent qu’une partie des protagonistes, au sein desquels figurent notamment de nombreux anarchistes et communistes de gauche de différentes obédiences ou sans aucune obédience. Si vous savez lire, c’est moi qui dois en être incapable.
    Je vous signale par ailleurs que la phrase ludico-hédoniste qui vous tracasse tant n’est pas de moi, mais d’une camarade qui avait 15 ans en mai 68 et ne s’est pas contentée alors et depuis de « bien bouffer, bien boire et bien baiser ». Il faut également vous préciser que vous n’avez pas le monopole des amies et amis morts vite ou à petit feu dans le désespoir de la défaite et de la contre-révolution. Et je gage que les miens approuveraient d’outre-tombe ces mémoires collectives.
    Si vous semblez m’être reconnaissant de vous avoir « dégrisé », sachez que nous sommes nombreux, parmi ces « vieux radicaux » encore grisés, à être toujours en lutte, avec la prétention de tirer les leçons de notre passé, erreurs et stupidités comprises, pour mieux appréhender le présent…et tenter de mettre à la disposition de nos plus jeunes camarades notre petit bagage, même s’il est parfois un fardeau.
    Je vous laisse à vos aigreurs et ne vous salue pas une seconde fois.

    Lola Miesseroff

  • Le 20 mars 2018 à 12:12, par

    Un peu plus d’éclairage :

    Lola : « UNE DES » personnes du Front Homosexuel D’ Action Révolutionnaire

  • Le 18 mars 2018 à 17:53, par norbert

    Vous pourrez juger par vous même en venant écouter l’auteur-e Lola Miesseroff qui vient présenter son livre Voyage en outre-gauche le samedi 31 mars à la librairie La Gryffe, 5 rue Sébastien Gryphe, Lyon 7e.

  • Le 18 mars 2018 à 09:21, par a

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