Compte-rendu de la réunion « La Grèce aujourd’hui … et nous demain » à l’Atelier des Canulars

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Le Courant Communiste International a organisé cette réunion avec deux étudiants grecs et nos sympathisants. Malheureusement nos deux étudiants n’ont pas pu se libérer car ils étaient en pleine période d’examen.

Nous étions une dizaine entre les militants et les sympathisants et entre 15 et 20 personnes que nous ne connaissions pas. Ils sont venus grâce à l’affichage en fac, la pub sûrement faite par les deux étudiants, l’annonce dans l’agenda de Rebellyon.

Pour organiser le débat il y avait deux camarades dont l’un a expliqué l’absence des étudiants mais leur participation à la préparation de cette réunion et aussi expliqué ce qu’était le cercle Rosa Luxembourg au niveau administratif, pour louer des salles, et a dit quelques mots sur l’apport de Rosa Luxembourg dans le mouvement ouvrier. Il a présenté aussi le rôle du FMI, ce qu’était une demande des étudiants grecs. L’autre personne a fait un court exposé pour donner des bases à la discussion à venir, sur la crise économique et la lutte de classe, et montrer a quel point ce type de discussion était primordial en ce moment alors que les conditions de vie de la classe ouvrière se dégrade chaque jour et cela internationalement.

Aucuns soucis dans l’organisation de la réunion, chacun levant le doigt pour s’inscrire.

La discussion a tourné autour de deux points essentiels aujourd’hui :

1) Mais c’est quoi la classe ouvrière ?

Cette question a parcouru toute la réunion et les réponses ont été dites simplement, de l’analyse marxiste jusqu’à la différence avec Bourdieu. La classe ouvrière et la classe bourgeoise sont bien deux classes qui s’affrontent. On peut même dire, comme une des participantes, que les ouvriers à l’heure actuelle n’arrivent même pas à vendre leur force de travail. Beaucoup d’entre eux voudraient se faire embaucher. Cette personne est d’ailleurs venue en étant attirée par le terme communiste dans Courant Communiste International. Elle dit que la difficulté pour la lutte de classe c’est que les ouvriers ne s’identifient pas à une classe, on ne se sent pas dans le même bateau. Elle trouve qu’il y avait plus de solidarité dans les cités ouvrières à Peugeot Sochaux, c’est là que travaillait son grand-père. Elle pense qu’il faudrait faire de la publicité, du marketing pour redonner une bonne image de la classe ouvrière. Nous avons pu dans la discussion, redonner la réalité de la classe ouvrière aujourd’hui qui ne se réduit pas aux bleus de travail. Les enseignants, les personnels de santé, les informaticiens, etc.. Tous sont de plus en plus exploités et corvéables à merci pour ceux qui ont un emploi naturellement. Avec l’évolution actuelle des conditions de vie on découvre que l’on travaille ensemble. Nous ne sommes pas des artisans. Qu’on le veuille ou non, nous travaillons de manière collective. Bien sur les administrateurs d’État font partie d’une classe qui participe à nous exploiter mais ce n’est pas le cas de la majorité des fonctionnaires. Une question a été posé à l’un des participants par le CCI est-ce que, par exemple, en Grèce aujourd’hui on ne voit pas qui est ouvriers et qui ne l’est pas ? Il a répondu qu’il ne poserait pas la question en terme de classe mais plutôt de dire qu’il y a un noyau autour de ceux qui sont riches et les autres qui dérouillent. Pour un autre les exploités sont une majorité, il faut faire contrepoids par rapport à ceux qui possèdent tout, mais pour cela il faut redéfinir la classe ouvrière. Pour un de nos sympathisants le concept de classe moyenne est une arme qu’utilise la bourgeoisie pour diviser la classe ouvrière, il ne faut pas se sentir comme les autres. Pourtant la crise est en train de nous montrer que nous devons être solidaires, que nous nous en sortirons pas tout seul, chacun dans notre coin.

Le CCI est intervenu pour appuyer sur la définition de la classe ouvrière et comment celle-ci a été crée par le capitalisme. Si aujourd’hui il est difficile de voir la classe ouvrière, rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps en 2006, c’est la peur de voir le mouvement initié par les étudiants faire tache d’huile vers la classe ouvrière (manifestation de plus en plus massives, les étudiants qui envoyaient des délégations dans les usines …) qui a fait reculer le gouvernement par rapport a la loi CPE qu’elle voulait mettre en place en France. Cela a fait aussi réfléchir d’autres gouvernements en Europe. Un exemple a été donné sur les luttes de 2006. Dans une assemblée générale à Paris les étudiants boursiers ont exprimé leur inquiétude de perdre leur bourse s’il n’y avait pas d’examen. Une autre assemblée générale des profs se tenait dans un autre amphi, les étudiants les ont rejoint pour présenter le problème des boursiers. Ils ont décidé une tactique commune (passer les examens sur ce qui a été vu en début d’année).
Aujourd’hui ce sont les ouvriers en Grèce qui ont besoin de notre solidarité. Mais ce sont tous les ouvriers du monde qui crèvent de l’exploitation ce système.

Ici, ce soir, ce qui nous unit c’est que nous nous rendons compte de la barbarie de ce système capitaliste et que nous ne voulons pas que celui-ci se perpétue. C’est pourquoi on s’écoute, on échange nos différences en se respectant. Ce sont dans ces moments de vie collective que l’on put retrouver l’humanité. Intervention appuyée par une de nos sympathisantes qui dit que dans cette société on est rien, si on travaille juste pour notre feuille de paye ou nos factures. Seule la force collective peut nous permettre de changer. Et continuer par une autre sympathisante, en plus de dire que l’on est rien le capitalisme développe une idée encore plus dangereuse, « L’homme est un loup pour l’homme », l’homme est naturellement violent, méchant. En fait c’est la définition de l’homme vu par la bourgeoisie toujours dans la concurrence les uns avec les autres. C’est créé dans l’inconscient collectif que l’on est dangereux les uns pour les autres.

2) De quelle crise on parle ?

Un participant d’origine colombienne se demande si on peut expliquer la crise économique. Car d’où il vient il y a toujours eu la crise, avec 80% de personnes sans emploi, ce qui ralenti les mouvements sociaux. La théorie marxiste peut expliquer certaines choses mais ce qui a changé ce n’est plus la classe ouvrière mais la classe populaire c’est à dire ceux qui sont touchés par des conditions de vie désastreuses. On disait que l’Europe était devenue riche car elle avait tout privatisé. Il se demande pourquoi nous n’arrivons pas à avoir des liens, à se présenter comme une classe, nous n’avons pas une identité collective. Pour lui c’est une vraie crise au sens de l ‘humanité. Il faut revenir à ce qu’est un être humain.

A noter que la discussion même plus directement sur la crise économique reste toujours en lien avec les difficultés de la classe ouvrière à se présenter comme une force collective. Un participant d’origine turque est intervenu sur le FMI qui est comme un seigneur au niveau national. Actuellement nous ne savons pas ou est notre classe. Pourtant il faut des contre- poids, dit il. Ceux qui ont le capital et le pouvoir sont alliés aux différents gouvernements successifs. Ce sont eux qui les mettent en place.

Pour un autre il y a eu beaucoup de propagande au cours de ces dernières années pour que les chômeurs développent leurs petites entreprises, ce qui a entraîné des faillites en chaînes. De l’extrême droite à l’extrême gauche personne ne parle de la dette pourtant depuis 1973 c’est la dette perpétuelle.

Pour un sympathisant la crise nous pousse dans l’insécurité totale. Il faut que chacun soit terrorisé dans sa famille, dans son travail. Pourtant la crise peut mettre en évidence que tout ce que l’on nous raconte est un bluff humain. Il ne faut pas perdre l’espoir de se révolter. Il soumet une réflexion à la réunion. SI l’on mélange l’économie globale et les accélérations brusques autour du FMI et des banques, n’y a t-il pas un risque de guerre ?

Une des personnes de l’Atelier est intervenu dans la discussion pour dire que la question de la destruction de l’emploi est une vision capitaliste des pays occidentaux, hors elle vient de nous car on épargne. La crise mondiale est finie car c’est la crise de l’Europe vieillissante. C’est intéressant de repenser le monde avec d’autres idées que celles de la colonisation.

Pour le CCI le capitalisme ne se définit pas que par les banques ou les patrons. On peut donner l’exemple de l’ex URSS qui était un Etat exploiteur et qui apparemment n’avait pas de patrons. Partout les capitalistes vivent de l’exploitation du travail des ouvriers, c’est le même système des pays pauvres de l’Amérique latine à l’Afrique et aux pays plus développés.

Dans la discussion on a pu voir que des opinions très différentes se sont exprimées notamment pour un participant, les puissants de ce monde sont proches les uns des autres car ils défendent les mêmes intérêts. C’est une discussion qu’il sera intéressant de reprendre car dans le capitalisme les pays sont tous concurrents et qu’ils ne peuvent pas vraiment dépasser le cadre national, même si certains organismes de moins en moins efficaces d’ailleurs, ont été mis en place pour donner un semblant d’ordre.

Nous avons aussi parlé du crédit qui existait déjà au moyen age. Au cours des dernières années la massification du crédit est devenue un vrai fonctionnement de société. Avec le décalage entre l’économie virtuelle et réelle, 2007 est un point de non-retour. Mais une personne a dit justement que ce n’était pas la dernière crise, que le capitalisme allait toujours de crise en crise, Marx a dit que c’est la classe ouvrière qui mettra en place un autre système. Nous avons commencé aussi à aborder la question de la démocratie bourgeoise, la classe ouvrière est-elle réformiste ?

Nous ne reprendrons pas ici toutes les idées importantes qui ont traversé cette réunion car ce serait trop long et 1000 excuses si une ou plusieurs idées ont été mal redonnées. La discussion doit se poursuivre.

Nous pouvons reprendre en conclusion ce qu’une personne a dit : « Ça fait du bien de rencontrer des gens avec qui l’on puisse discuter ». Nous pensons que la période dans laquelle nous entrons sera propice a ce besoin d’échanger, de mieux comprendre dans quelle situation nous sommes. Ce qui nous rassemble c’est de lutter contre un monde qui ne nous convient pas, à nous de réfléchir aussi à quel monde nous voulons.

Les étudiants grecs (c’est sur leur impulsion que nous avons organisé cette réunion)

Le Cercle Rosa Luxembourg

Le Courant Communiste international

Nous vous invitons a poursuivre ce débat sur le forum du CCI.

Fleury

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