Introduction
La manifestation du 1er juin censée accueillir Macron à l’usine Arkema, fut l’objet de violences de la part de certains membres de la CGT envers d’autres manifestants. J’écris cet article pour témoigner et accuser. Après la manifestation, certainEs m’ont conseillé de ne pas m’attarder sur ça, de me focaliser sur nos victoires. Mais non, il ne faut pas taire ces violences, les brutes qui composent la CGT doivent être dénoncées, afin de ne pas créer un clivage entre organisations (ou avec les autonomes).
Ce qui s’est passé
Alors que la manifestation accueillait une belle foule de manifestants, des lycéens ont souhaité prendre la tête du cortège, alors tenue par des organisations syndicales. Il ne m’importe pas ici de juger de la justesse de cette action. Ils ont été rapidement stoppé par des membres du service d’ordre de la CGT et d’autres syndiqués. Ce blocage s’est effectué dans la violence, aucune place n’a été donnée à la discussion. Des gens ont pris des coups, la majorité des manifestantEs tentaient néanmoins de calmer les affrontements. J’essayais personnellement de leur rappeler l’objectif communs et l’absurdité de ces rixes. J’ai également constaté que la violences du SO était telle que d’autre membres du syndicat ont dû les rappeler à l’ordre. Je vous invite à lire ce témoignage d’un des lycéens ce jour-là.
Au micro, le speaker de la CGT ordonnait aux manifestants de faire ce que la CGT leur disait. En imposant sa vision de la manifestation. Aucun mot pour condamner la violence, pour rappeler notre objectif commun et appeler à la bienveillance. Seul un discours paternaliste et autoritaire sortait de sa bouche. Mon côté utopiste m’a donc poussé à aller vers lui pour parler. Je suis allé vers lui, seul, à côté du camion de la CGT et de plein de syndiqués. Je lui ai alors demandé quelle était sa légitimité pour ordonner quoi que ce soit sur ce ton. Sa légitimité, il me l’a clairement expliquée en me décochant une droite sans sommation. Juste après, son collègue m’a poussé violemment par terre puis un vieillard à tenter de me frapper avec sa canne tandis que j’étais à terre. Des gens de la CGT et autres sont alors venus à mon secours en me demandant si cela allait.
Heureusement, je n’ai eu aucun dommage physique. Ma condition physique fait que je crains particulièrement les affrontements physiques. En général, je sais m’en prévenir, mais là je ne présentais aucune menace (physique en tout cas, idéologique peut-être) pour lui, je n’ai donc pas fait attention. Le choc fut surtout psychologique, comment peut-on se battre entre militants, comment peut-on laisser des brutes au micro ? J’ai discuté avec différentEs syndiquéEs, moins portéEs sur la castagne durant la suite de la manifestation. En fond sonore la musique "Sans armes, sans haine et sans violences" diffusée par le camion de la CGT, douce ironie... Beaucoup ont déplorés cette violence, mais aucunE n’a condamné les auteurs de ces actes. Cette violence doit cesser, elle ne doit plus être tue.
Les méchants casseurs
Si les gens sont violents à la CGT, c’est parce qu’ils sont fatigués me dit-on, notamment à cause des « méchants casseurs qui décrédibilisent le mouvement ». Les « casseurs » sont souvent décris comme une bande de mecs violents mus par un excès de testostérone. Alors, ces « casseurs » je leur ai parlé. Premièrement, il y avait une bonne proportion de filles, donc question testostérone on repassera. IlELLEs m’ont parlé avec le sourire, justifiant leurs actes calmement en argumentant. Cette définition, elle correspond manifestement plus à certains membres du SO de la CGT, exclusivement composé d’hommes virilistes préférant taper plutôt que discuter. Je peux comprendre que vous condamniez la casse, mais pas que vous usiez de la force pour la combattre. Une vitre, ça ne vaut pas une vie. Si d’après vous la casse nuit au mouvement, la violence le tue. D’autant plus que vous amalgamez tout les jeunes sans autocollant à ces « casseurs ».
Diktat
Après que j’ai été mis à terre, un millitant CGT m’a expliqué comment ne pas me faire taper. Il m’a tendu un autocollant CGT. Maintenant, pour manifester sans se faire taper, il faut arborer les couleurs DU syndicat. "Rentre dans le rang", a-t-on ordonné à un ami. Certains membres de la CGT considèrent que le mouvement est celui de la CGT et elle seule. À les entendre, la CGT doit mener la révolution et prendre le pouvoir pour le peuple (mais surtout pas avec). Cette vision n’est pas partagée par toute la CGT, j’espère même que ce n’est qu’une minorité. Le problème, c’est que ces gens avides de pouvoir sont ceux qui montent dans les syndicats, on les laisse car ils sont investis. Les gens qui désirent le pouvoir sont également ceux qui sont le moins apte à l’exercer.
Purge
Face à ces comportements violents et inacceptables, je demande à la CGT d’agir. Pas pour moi mais pour la CGT elle-même et le mouvement tout entier. Ne défendez pas ces actes, ils deviennent la vitrine de la CGT. Dans un registre différent, j’ai entendu nombre d’histoires parlant d’organisations où des viols avait été tus. Et où cela avait fait fuir pleins de sympathisants. Taire les violences, c’est les laisser recommencer. L’homme qui m’a frappé, est connu par tout le monde comme quelqu’un de « sanguin », doux euphémisme pour ne pas dire brute. Il n’en suffira pas plus à certains pour savoir de qui je parle, il n’en est pas à ses premiers heurts. Cet homme est violent et dangereux ! Si la CGT ne condamne pas clairement ses agissements en prenant des mesures, je considérerais que la CGT les cautionne.
Mot de la fin
Être obligé d’écrire cet article ne me fait pas plaisir. J’aurais aimé parler de la belle convergence qui avait eu lieu. De cette belle entrée que nous aurions pu faire main dans la main dans l’usine. Merci aux syndiqués d’agir pour que cela devienne possible. Que la convergence des luttes soit plus qu’un slogan apposé sur un tract. Le mouvement va je l’espère s’intensifier, notamment après l’annonce des 39 heures du sénat, et il est essentiel que nous restions unis.
Un manifestant pacifiste
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