Copenhague : Entre écologie de façade et hypocrisie capitaliste

1837 visites
2 compléments

Personne n’aura pu y manquer, le sommet international
pour l’écologie se tient du 7 au 18 décembre à
Copenhague en présence des grands de ce monde qui
décideront quelles voies suivront notre économie et donc
notre planète pour les années à venir.

Comme Kyoto en son temps, nul bouleversement
majeur ne saurait sortir de cette réunion des tenants -et
bénéficiaires- de l’ordre établi. Quinze fois déjà depuis Rio
en 1992 en passant par Kyoto en 1998, les gouvernants
des pays industrialisés ont promis de moraliser leur économie
pour freiner les cataclysmes écologiques qu’elle
provoque, avec le peu de succès que l’on sait.

Mais le protocole de Kyoto, sur lequel la plupart
des gouvernements se sont mis d’accord (hors USA) témoignait
déjà d’une vision biaisée de l’écologie : le dogme
capitaliste de primauté du marché économique avait alors
poussé les participants à mettre en place un « marché du
carbone » organisé autour de la vente et l’échange de
« droits de quotas d’émissions de gaz à effet de serre »
censés freiner la production des dits gaz. Deux idées
sous-tendaient cette mesure inefficace, premièrement
celle que la loi du marché est toujours bénéfique (sic !) et
est donc à même de faire face à ce problème toute seule,
deuxièmement celle que même face à la crise écologique
sans précédent qui touche la planète il y a toujours
du bénéfice à faire... Le capitalisme
devrait simplement
s’adapter à la nouvelle donne
sans rompre avec ses principes
fondamentaux. Et la
nouvelle conférence
ne devrait pas en
cela différer des précédentes
puisque son
action écologique est
toujours liée profondément
aux institut
i o n s
économiques,
et en premier lieu
la Banque Mondiale et les autres structures liées à la
convention-cadre des nations unies sur les changements
climatiques.

Mais c’est bien la logique intrinsèque du capitalisme
qui est incompatible avec l’environnement : la logique
de profit oblige à une production toujours plus
importante et à une recherche accrue d’une croissance
que ni les hommes ni la planète ne sont capables de soutenir
pour le simple plaisir des actionnaires et autres puissants.
Créer des besoins, produire, vendre, rejeter, la roue
du capitalisme ne fonctionne qu’en détruisant.

Et pendant qu’ils discutent sous les feux des caméras
de la valeur de leurs actions-carbone et de la
façon d’empêcher les pays du Sud de polluer comme eux,
l’environnement souffre toujours autant de leur économie
 : déforestations, extinctions, pollutions diverses, accidents
chimiques, etc... Sans compter l’humain qui, déjà sacrifié
comme rouage de l’économie, voit son cadre de vie et l’environnement
dans lequel il s’insère s’effondrer peu à peu.
Et même si un méfait écologique ou un autre venait à être
mis à bas, les grandes multinationales accaparent des brevets
sur les énergies dites propres et entrainent la marchandisation
du vivant pour s’adapter à ce nouveau marché.

Seul la rupture avec cette machine économique
peut amener à sauver la planète et les hommes qui la peuplent
alors même que le point de non-retour s’approche. La
prise en main de nos besoins, de nos ressources et d’une
place que nous avons à avoir dans l’environnement, et
non pas en parallèle, peuvent avoir raison de ces logiques.
Si nous ne prenons pas nos responsabilités en agissant
nous mêmes pour abattre ce système, il continuera à fonctionner
indéfiniment, et dans ce cas ce ne sont pas les petits
actes individuels qui seront à même de sauver la
planète. Enfin organiser nous même la production : quoi,
pour qui, pour quoi, comment ?

Parce que ce n’est qu’en agissant à la base
pour nos intérêts collectifs que nous pouvons changer
les choses, n’attendons plus de croire le mensonge
de nos gouvernants, Do It Yourself !

Pour continuer la réflexion, lire aussi : Pour une écologie sociale, égalitaire et libertaire !, Texte extrait du journal de la CGA69

Coordination des Groupes Anarchistes

JPEG - 41.8 ko

La Plume Noire, 19 rue Pierre Blanc, 69001 Lyon.
Tél : 04 72 00 94 10

Permanences du mercredi au vendredi de 17h à 19h, le samedi de 15h à 19h

Groupes associés à l'article

CGA - Coordination de Groupes Anarchistes

  • La plume noire, 8 rue diderot, Lyon 1er
  • groupe-lyon (at) c-g-a.org
  • Autres infos :

    Site Web : https://www.cgalyon.ouvaton.org/

    Twitter : https://twitter.com/cgalyon1

    Fbk : https://www.facebook.com/coordinationdesgroupesanarchisteslyon

    Ouverture de la librairie La Plume Noire les mercredis de 17h à 19h et les samedis de 15h à 19h

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Le 22 décembre 2009 à 20:09, par Pensée-Critique

    La question fondamentale de l’écologie n’a jamais été, dans le fond, la sauvegarde de la Terre, de la Nature, de la Vie en tant que telle. La planète possède la capacité de se régénérer, de s’autoréguler, de produire de la vie. Elle n’a pas besoin de l’humanité ni des autres espèces pour exister. Si la question de l’écologie se pose aujourd’hui, ce n’est que dans la mesure ou le développement des activités humaines tend vers l’anéantissement d’un certain nombre d’espèces. Cependant, en dehors d’une poignée d’écologistes radicaux affectés par le sort animal et végétal, l’écologie politique ne se soucie de la sauvegarde des autres espèces que dans la mesure où leur existence constitue la condition de survie de l’espèce humaine. Ce qu’il s’agit alors, c’est de sauver une catégorie abstraite qu’est l’Humanité. Abstraite parce que dans ce cadre réflexif, l’Humanité est considérée comme une catégorie homogène, indifférenciée. Cette réduction de l’Humain à sa simple dimension mécanique et fonctionnelle est la pirouette héritée de la pensée occidentale, du christianisme au scientisme, qui permet d’isoler les corps et d’envisager la transposition de l’être dans n’importe quelles conditions d’existences, sans lui faire subir de dégât.La théorie de l’évolution darwinienne est une catastrophe envisagée sur le plan humain, dans la mesure ou elle fait de l’homme une entité passive, qui évolue dans un milieu sans jamais chercher à interférer sur son monde. A la vérité, toute évolution des conditions d’existence d’un groupe d’hommes est une destruction sa forme de vie antérieure, une décomposition de certains de ses rapports. Il est néanmoins nécessaire de distinguer évolution de type désirante et évolution imposée, notamment en ce qui concerne le plan politique. L’évolution désirante se pose sur le plan éthique, elle est la détermination d’un groupe à se diriger vers des formes de vie plus en phase avec ses besoins. L’évolution imposée se constitue soit sur le plan matériel, dans le rapport avec la matière, ses nécessitées, ses potentialités, soit sur le plan de la domination politique, et dans ce cas sur le plan moral, c’est-à-dire sur le plan du traitement des corps abstrait des conditions économiques, sociales, culturelles, psychologiques. Ce que prétend aujourd’hui l’écologie politique, c’est un traitement des populations qui implique la possibilité de les abstraire de leur dimension éthique afin de surimposer une nouvelle moralité, au nom de prétendues nécessités matérielles.

    Il n’est à notre avis pas nécessaire de faire un exposé approfondi sur le rapport du capitalisme à l’environnement, tant les recherches abondent à ce sujet. Nous tenons simplement à rappeler que la dynamique fondamentale du capitalisme, l’accroissement constant du taux de profit, impose la production et la consommation de masse, et par conséquent la consommation immodérée (le pillage, le gaspillage, la destruction) des ressources naturelles. (...) La question environnementale suppose une autre éthique que celle qui est à la base du capitalisme. Elle en appelle selon nous à un besoin urgent de communisme.

    On pourrait nous rétorquer que le communisme est également un système qui tend vers la consommation immodérée des ressources, pollue à outrance, et contribue au réchauffement climatique. Cependant, l’exemple historique du Socialisme Russe ne permet pas selon nous de statuer sur ce propos (...). Le communisme envisagé exclusivement au niveau socioéconomique peut tendre vers le productiviste, tandis que considéré dans une configuration sociale et environnementale, il est possible d’envisager une limitation de la production matérielle à la stricte nécessité, et ce dans une configuration plus égalitaire.

    Le problème actuel de la politique gestionnaire, de l’anarchisme (exceptél’anarchisme primitiviste) au fascisme, consiste en un consensus admis autour de la reconnaissance d’un risque systémique, dont l’unique réponse constitue un appel à l’accroissement du complexe technoscientifique. Seul un nouveau progrès technique peut nous sauver de la catastrophe provoquée par le progrès technique. Le paradoxe se pose alors en vue du fait que le risque technoscientifique protège et rend nécessaire la dynamique du progrès, et sous tend ainsi la nécessité d’une organisation économique, sociale et culturelle qui puisse l’accueillir. L’impératif du progrès présuppose donc l’absolutisation de la science et de la technologie ainsi qu’une organisation totalitaire de la société, une subordination des besoins humains aux nécessités du complexe technoscientifique.

    Si l’idéologie ne disparaît pas pour autant, comme on a pu le croire il y a quelques décennies, sa base discursive s’est profondément modifiée. Le discours idéologique se justifie et s’énonce aujourd’hui sur le plan technoscientifique et tout discours qui ne comprend pas cette dimension est immédiatement invalidé. Le degré de technoscientificité est ainsi devenu l’échelon de la valeur de tout discours politique.

    L’exercice du politique se constitue de plus en plus sur une base experte. L’information, le savoir, l’expertise y prennent une place de plus en plus importante. La démocratie ne peut plus exister qu’a l’état formel : il s’exerce toute une propagande en amont de la délibération pour la faire infléchir dans le sens que requiert la technoscience. La démocratie n’a définitivement plus pour fonction que de garantir auprès de la population une illusion de liberté qui masque cette domination experte. La démocratie véritable dans le cadre d’une société technoscientifique supposerait d’une part une scientifisation du politique, comme il a été précédemment expliqué, et d’autre part une modification radicale de la pensée du citoyen. En effet, en fonction de la technicisation et de la scientifisation du discours politique, la réflexion citoyenne et militante doit pouvoir s’appuyer sur un savoir technoscientifique approfondi pour être reconnue comme valide. Ceci implique que pour saisir les enjeux du débat politique et délibérer en connaissance de cause, le citoyen doit nécessairement avoir suivi une formation scientifique approfondie, sans quoi cette délibération est arbitraire et sans valeur au regard des nécessités du système. Ainsi, traiter les problèmes environnementaux de manière démocratique, implique la nécessité de modifier la pensée collective, la culture, en fonction des impératifs technoscientifiques, par conséquent de conformer la pensée, l’imaginaire, les affections de chaque citoyen à l’univers technoscientifique.

    Ce qui se dessine, à droite comme à gauche, dans les perspectives de gestion technoscientifique de la question environnementale, n’est rien d’autre que le maintient d’une tendance spécifique inhérente à la civilisation Occidentale : le principe de rendement. La logique productiviste se transfère de la production illimitée de marchandises à la production illimitée de savoirs scientifiques, de recherches, de technologies, de contrôles, de règlementations juridiques et administratives. Qu’il y ait décroissance ou non du système de production de marchandises, n’empêche alors pas l’accroissement exigé de complexes technoscientifiques. S’il y a décroissance du système productif, alors l’effort social sera concentré sur le développement plus rapide de ce complexe, tandis que si le système persiste et tente de développer de la marchandise verte, ce développement sera ralenti, mais il n’en demeurera pas moins que la quantité de travail exigée restera identique. Ce qui veut dire qu’à la répression capitaliste présente, la nécessité de « gagner sa vie », se surajoute une autre répression : la nécessité de restreindre ses déplacements, sa consommation en eau, en énergies, en marchandises. Or la fuite dans la consommation de spectacles marchands constitue la seule source de plaisir tolérée par le capitalisme, la seule compensation concédée à une existence consacrée au labeur et la l’administration de son existence. Ainsi, la répression environnementale pourrait très bien retirer le peu de joie compensatrice possible à l’intérieur du capitalisme et donner lieu à une situation potentiellement explosive.

    Ainsi, l’abandon tout espoir vis-à-vis d’un système qui n’en comporte pas, ne fait que nous libérer de son emprise, et nous permet ainsi d’entrevoir une autre porte de sortie. notre situation de précarité nos amène à penser que nous n’avons pas besoin d’une abondance de marchandise pour vivre. Nous estimons qu’il n’y a pas non plus besoin d’un accroissement du complexe technoscientifique qui aurait pour but de trouver comment maintenir le même niveau de production, mais version verte. Ce dont nous avons besoins aujourd’hui, au-delà des nécessités matérielles minimales, c’est de se réapproprier du temps, non exclusivement du temps consacré à l’oisiveté, mais du temps consacré à la politique, à l’amour, à l’amitié, au jeu, à l’art, à la compréhension du monde. Si ce projet semble de prime abord Utopique, nous soutenons que les projets pragmatiques proposés par les différents aspirants à la gouvernance ne constituent que le prolongement de la misère existentielle caractéristique de l’existence capitaliste. Notre projet n’est pas gestionnaire et technocratique, nous ne prétendons pas participer à la l’accompagnement de ce système en pleine nécrose. Ainsi, seul un soulèvement révolutionnaire peut rendre possible une existence qui serait débarrassée du surtravail, de la sur-répression, et qui laisserait libre cours à la joie et au développement autonome de la personnalité et des potentialités de chacun.

  • Le 13 décembre 2009 à 20:52

    Salut,
    Un article qui fait plaisir, mais je ne partage pas le côté catastrophiste du texte. Par exemple, l’extrait ci-après :

    « Seul la rupture avec cette machine économique peu amener à sauver la planète et les hommes qui la peuple alors même que le point de non-retour s’approche. »

    - est typiquement un discours catastrophiste.

    Je ne pense pas qu’un quelconque point de non-retour concerne la planète. La planète est ce qu’elle est, et la planète comme l’univers, existe avec ou sans l’humanité qui la peuple. En bon Darwiniste, je pense que la planète survivra à l’humanité comme elle a existé essentiellement sans l’humanité. L’humanité est un détail de l’univers, mais est tout pour nous. Ce que nous disons et faisons, ce que nous construisons, nous le construisons pour l’humanité et non pour la planète. Nous sommes vigilants en ce qui concerne la planète en tant que substrat de l’humanité, et non pour la planète elle-même. Pas de transcendance, enfin, je crois...

    Et pas un mot sur le nuclèaire ! Le nucléaire, c’est un cancer de la nature et on doit se méfier des cancers, et les résorber. Tous les humains raisonnables qui ont un cancer du poumon arrêtent de fumer.
    L’humanité devrait arrêter de nucléer, et bien d’autres choses.

    Merci pour ce texte vigoureux.

    Un lecteur entre deux luttes, qui attend la lutte prochaine.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info

Derniers articles du groupe « CGA - Coordination de Groupes Anarchistes » :

› Tous les articles "CGA - Coordination de Groupes Anarchistes"

Derniers articles de la thématique « Écologie / Anti-productivisme » :

>Conférence Stop barrage Rhonergia mardi 16 avril

📣 Viens rencontrer le Collectif STOP Barrage Rhônergia lors d’une conférence pour s’informer et échanger autour du projet de barrage sur le dernier tronçon encore sauvage du Rhône en aval de la centrale nucléaire du Bugey.

› Tous les articles "Écologie / Anti-productivisme"