Expulsion du 13 rue Neyret : 70 MNA de plus à la rue le 31 août ?

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Faute de solution mise en place par les institutions compétentes, 70 Mineurs Non Accompagnés (MNA) de plus, dormiront à la rue au soir du 31 août.
Voici la lettre ouverte envoyée ce jour par le collectif soutiens/migrants Croix-Rousse à la préfète, au président de la Métropole de Lyon et au Maire de Lyon pour leur demander de proposer en urgence une solution digne et pérenne pour ces jeunes.

Madame la Préfète,
Monsieur le Président de la Métropole,
Monsieur le Maire,

Faute de solution mise en place par les institutions compétentes, 70 Mineurs Non Accompagnés (MNA) de plus dormiront à la rue au soir du 31 août.

Depuis le 6 mars 2023, aidés par le Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse, ces mineurs en recours pour la reconnaissance de leur minorité habitent dans les appartements, vides depuis un certain temps, d’un immeuble sis 13 rue Neyret, appartenant à la Fondation La Salle et mitoyen du lycée du même nom. Suite au procès intenté par la Fondation, le juge a acté l’expulsabilité du lieu au 31 août 2024. L’expulsion risque fort d’avoir lieu, la Fondation La Salle étant déterminée à faire appliquer la décision, ainsi qu’elle l’a récemment précisé.

Nous considérons qu’il est encore temps d’agir différemment et de trouver une solution pensée collectivement et ouvrant la voie à des pratiques respectueuses de la dignité des personnes concernées. Toute l’histoire du Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse est, malgré tout, émaillée de réussites de ce type :

  • La mise en place, par la Métropole, après l’évacuation du squat Maurice Scève (octobre 2020) de la première Station pour les mineurs en recours ;
  • La mise en place, par la Métropole, après l’évacuation du squat le Chemineur (juillet 2022) de la deuxième Station suite à un partenariat avec la Société immobilière ICF, propriétaire du Chemineur ;
  • La mise à l’abri dans des gymnases, ainsi que dans un bâtiment rue Paul Bert (juin 2021), par la Ville de Lyon (dont ce n’est pourtant pas la compétence), de mineurs très sommairement abrités sous des tentes dans différents squares ;
  • La prise en charge, en janvier 2024, de 30 jeunes par le Diocèse de Lyon, suite à l’occupation de l’église du Saint-Sacrement et à des discussions positives avec l’Évêché.

Il est donc tout à fait possible, cette fois, encore, de trouver à Neyret une issue favorable pour les jeunes.
Il y a, dans l’agglomération lyonnaise, quelque 15 000 logements vides. Il s’agit souvent de locaux devant faire l’objet de travaux ou être détruits, cela à plus ou moins long terme. Au lieu de les laisser vides, il serait judicieux d’y loger des personnes sans-abri temporairement, jusqu’à ce que les projets voient effectivement le jour. Cette pratique porte un nom, l’habitat intercalaire, et a l’avantage, outre de donner un toit à des gens qui vivent dehors par tous les temps, de diminuer l’impression d’épouvantable gâchis qui déprime notre société.

Une enquête récente de la Coordination Nationale Jeunes Exilé.es en Danger (CNJED), conclut au chiffre de 3400 mineurs étrangers en recours sur le territoire français, présents majoritairement dans les grandes villes, dont Lyon. Un nombre de personnes parfaitement intégrable pour un pays de 68 millions d’habitants pour peu que les institutions veuillent bien considérer la question au lieu de faire semblant de ne rien voir.

De ce point de vue, la répartition des rôles entre État et Métropole constitue un lourd problème, qui laisse, de fait, la gestion d’une bonne partie de la situation aux associations (Secours Populaire, AMIE, etc.), aux Collectifs, contraints d’occuper des lieux vides ou de monter des campements pour mettre à l’abri les jeunes, et à la solidarité de dizaines d’habitants et d’habitantes de l’agglomération.

Nous refusons l’idée qu’aucune solution n’existe hormis la répression et le rejet à la rue de 70 jeunes qui iront rejoindre celles et ceux, familles, enfants, bébés, qui s’y trouvent déjà. Rappelons que 140 mineurs isolés en recours dorment (depuis le 21 janvier 2024 !) sous des tentes au square du Béguin, dans le 7e arrondissement. Les 70 mineurs de Neyret devront-ils, eux aussi, connaître l’humiliation de dormir dans le froid aux yeux de tous, en plus de toutes les humiliations qui font déjà leur quotidien : files d’attente à rallonges aux restaurants sociaux, aux camions d’aide alimentaire, interpellations régulières par les contrôleurs TCL, etc. ? Veut-on vraiment laisser ces jeunes mineurs seuls, sans moyens de subsistance, sans encadrement adulte, intégralement livrés à eux-mêmes ?

Rappelons que la Défenseure des Droits recommande depuis plusieurs années que tout mineur bénéficie d’une présomption de minorité jusqu’à l’intervention d’une décision juridique. Depuis mars 2023, l’occupation du bâtiment de la rue Neyret a permis d’héberger 269 mineurs. Parmi eux, 175 ont déjà rencontré le juge pour enfants et 90 % ont vu leur minorité reconnue. Les autres, arrivés plus récemment, sont encore en recours et dans l’attente d’une audience. Sur les 70 jeunes qui dorment actuellement à Neyret, 22 sont déjà scolarisés en collège ou en lycée, 14 sont en attente de leur affectation pour la rentrée, quand les autres sont tous engagés dans un processus de scolarisation.

Cette lettre ouverte, dans l’extrême urgence où nous nous trouvons, demande l’ouverture de discussions qui rassembleraient enfin les institutions concernées et pourraient permettre de déboucher sur la mise en place d’une vraie politique publique de lutte contre le sans-abrisme, ceci avant que la situation n’évolue en véritable catastrophe humanitaire.

Collectif soutiens/migrants Croix-Rousse

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