Expulsion surprise du Maria : les magouilles de la Métropole pour contourner une décision de justice

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Après plus de deux ans d’occupation, le dernier immeuble du squat le Maria Carré à la Guillotière vient d’être expulsé ce jeudi 10 mars. La Métropole de Lyon a décidé de pondre du jour au lendemain un arrêté péril pour expulser la soixantaine de personnes qui y habitaient, qui n’ont eu que quelques heures pour partir. Une grosse magouille politicienne des écolos et de la gauche, digne des vieilles méthodes mafieuses de Gérard Collomb, pour éviter de respecter le délai accordé par la justice aux habitant-es.

Le tribunal avait interdit toute expulsion du squat avant juin 2022. Visiblement, ça n’a pas plu à Grand Lyon Habitat (GLH), bailleur pseudo « social » et propriétaire de l’immeuble squatté le Maria Carré. GLH est donc allé pleurer auprès de la Métropole. Et comme le président de GLH est le tonton de Bruno Bernard (Népotisme : Bruno Bernard place son oncle à la tête de Grand Lyon Habitat), président « écolo » de la Métropole, ce dernier lui a fait un petit cadeau (la famille c’est la famille).

Prétextant un « danger électrique », la Métropole a mis un arrêté péril sur l’immeuble. Ce qui a permis à Grand Lyon Habitat de faire expulser les habitant-es en 24h, s’évitant de respecter la décision du tribunal.

L’installation électrique était bien meilleur dans le squat que dans la plupart des logements que GLH fait payer

Cette décision a officiellement été prise pour « protéger les habitant-es », alors qu’aucun lien n’a été établi entre l’incendie dans le bâtiment voisin (L’incendie rue Salomon Reinach, prétexte pour une expulser des sans-abri en toute illégalité) le mois dernier et l’installation électrique. Pour appuyer la décision, Grand Lyon Habitat a fait venir un pseudo "expert" qui a dit que l’installation électrique de l’immeuble était dangereuse. Pourtant, jusqu’en 2021, des locataires habitaient l’immeuble et utilisaient cette installation. Mais comme ces locataires "officiels" lui rapportaient du pognon, à l’époque GLH ne s’en inquiétait pas du tout. Ce bailleur est d’ailleurs bien connu pour ne jamais se soucier du bien être de ses locataires et a déjà été condamné en justice pour ça (https://www.rue89lyon.fr/2022/01/27/logements-indecents-lyon-9-grand-lyon-habitat-condamne-travaux/).

En revanche, depuis l’ouverture du squat, de nombreux travaux de rénovation ont été faits par les occupant-es, qui ont installé des câbles et protections électriques toutes neuves respectant les normes de sécurité. Si au-lieu de se contenter de quelques photos de vieux câbles poussiéreux, "l’expert" de GLH avait effectué la moindre mesure lors de son intervention, il aurait constaté qu’aucun courant électrique ne passait plus dans les vieux câbles mais uniquement par la colonne électrique toute neuve refaite par les squatteureuses. Celle-ci est d’ailleurs sûrement en bien meilleur état que les installations électriques de la plupart des logements que GLH a l’indécence de faire payer à ses locataires. Car dans les faits, on sait la vraie raison de cet arrêté péril : faire du pognon.

« On ne peut pas couper l’électricité pendant la trêve… donc on expulse »

Les habitant-es n’avaient même pas fini de sortir leurs affaires que le personnel de Grand Lyon Habitat commençaient déjà à parler de commencer les travaux dès lundi. Des travaux pour faire… une résidence étudiante. Vu les prix des loyers dans le quartier de Guill en pleine gentrification, on comprend pourquoi Grand Lyon Habitat était si impatients de récupérer leur immeuble, au point d’appeler la Métropole pour contourner la décision de justice. Virer des gens pour se faire plus de thunes, une belle pratique pour un bailleur « social » et une Métropole « de gauche » ?

L’arrêté péril pointe uniquement des risques électriques : pourquoi n’avoir donc pas juste coupé l’électricité ? Réponse délirante de GLH et de la Métropole : « comme c’est la trêve hivernale, on ne peut pas couper l’électricité… » donc iels expulsent, logique ! Malgré tous les prétextes du style « c’est pour leur bien » que pourra sortir la Métropole, un personnel de GLH le reconnaissait lui-même : « je vous cache pas que ça nous arrange ».

Ça rappelle il y a quelques années, à l’époque de Gérard Collomb et sa politique anti-squat, qui signait des arrêtés à tout-va pour virer les gens (Collomb lâche ses braillards sur deux ministres). On a du mal à voir la différence avec la gauche et les écolos, qui utilisent les mêmes combines dégueulasses.

Disperser les gens dans des hôtels pour pouvoir les expulser discrètement plus tard

La soixantaine de personnes qui vivaient là n’ont eu que des hébergement d’urgence pour quelques semaines. Iels n’ont eu que quelques heures pour préparer leurs bagages et n’ont donc pu prendre que le minimum avec elleux (alors qu’iels habitent là depuis deux ans et ont toutes leurs affaires dans l’immeuble) et abandonner le reste sur place. Priver des gens précaires des quelques affaires qu’iels possèdent, on repassera sur le social...

D’ailleurs, pour une décision prise "en 24h", La Maraude, service de la Métropole, est pourtant bien passé sur place trois fois la semaine précédente... Bonjour la dissonance cognitive. A 3 mois de l’expulsion, aucun réel diagnostic social n’avait été réalisé sur les lieux. Suite à ce pseudo "comptage des habitant.es", la Métropole a prévu 42 places d’hôtel. C’est presque bien joué, mais il en manquait 20. "On a compté seulement ceux.celles qui nous ont ouverts la porte...", si vous n’êtes pas chez vous en semaine à 15h, d’après la Métropole, c’est que personne n’habite dans votre appartement.

Pour l’instant, tout le monde ou presque sont réparti-es dans des hôtels aux quatre coins de la métropole, mais évidemment les politiques n’ont pris aucun engagement sur le long terme. Alors que le jugement du tribunal leur accordait le droit de garder leur logement jusqu’en juin, le Grand Lyon ne leur donne aucune garantie d’ici la fin du mois. Éparpiller les gens dans des chambres d’hôtel individuelles pour les expulser discrètement quelques semaines plus tard : encore une vieille magouille que les écolos et la gauche reprennent sans problème !

On notera tout de même que quand elle veut, la Métropole est capable de trouver 60 places d’hébergement en 24h, alors qu’il y a des milliers de gens qui dorment chaque nuit dehors à Lyon pour qui elle n’a soit-disant pas de solutions. Comme quoi, quand on veut, on peut... Mais c’est plus facile d’organiser des tables rondes et des séminaires sur le sans-abrisme que d’aider vraiment les gens. On a d’ailleurs bien prévenu les soutiens sur place "on ne reloge que les personnes du 47 rue Pasteur, pas de personnes qui n’habitaient pas sur les lieux". Le message est clair : pour obtenir un peu d’attention de la part de la métropole, il vaut mieux avoir pris un bâtiment de force avant.

Même si nous avons perdu notre bâtiment, nous restons solidaires et vigilant-es face à ces pratiques et nous nous tenons prêt-es à réagir. Si des solutions dignes et adaptées ne sont pas rapidement trouvées pour toustes, nous n’hésiterons pas à reprendre des logements par tous les moyens nécessaires.

Nique la propriété privée, nique les politicard-es.
Vive le Maria Carré, squat partout !

Le collectif du Maria Carré

P.-S.

Maria 3 bientôt, Maria 18 s’il le faut ! A méditer.

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