Impressions après les premiers procès en appel des inculpé-es de la manifestive

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Jeudi 27 octobre avaient lieu les procès en appel de Luis et Christian, arrêtés par la police à la suite de la manifestive du 30 avril. Verdicts le 24 novembre.

Je ne reviens pas sur toute l’histoire, disponible sur Rebellyon, et j’en viens directement à mes impressions suite aux procès. D’abord l’ambiance générale : l’après-midi commence par l’énoncé des verdicts des procès déjà jugés, 100% de condamnations évidemment, supérieures en général à celle prononcées en première instance, la cour d’appel de Lyon tient ses promesses. Et après ça le juge, Finidori, dit Fini-de-rire, se permet de balancer à la gueule d’un prévenu, qui nie les faits dont on l’accuse : "pourquoi vous ne faites pas appel si vous êtes innocent ?"
Ce triste personnage a très bien compris le rôle de l’institution judiciaire, et cela transpire de ses interventions aggresives envers les accusé-es : « pas la peine de vous détruire » dit-il, moraliste, à une personne ayant des problèmes d’alcool, « vous vous détruisez tout seu »l. Plus tard, à une autre qui affirme avoir subi des pressions à la gendarmerie : « comment voulez-vous que les gendarmes vous mettent la pression, alors que nous avons mille fois plus de moyens qu’eux et que nous n’y parvenons pas ? » Mettre la pression et détruire les individus, quelle meilleure définition de la mascarade judiciaire ?

Mais, peut-être parce qu’effectivement il n’arrive pas à mettre la pression sur les accusé-es, qui pour la plupart témoignent leur mépris pour son rôle de juge en ayant pour seule réponse à ses questions un j« e sais pas » qu’il feint de prendre pour de la bêtise, Finidori doit imposer son autorité sur la salle, par exemple en expulsant une personne - qui venait soutenir les inculpés - parce qu’elle porte un sac à dos !

J’avais été mis au courant de la personalité du juge, et je n’étais qu’à moitié surpris, mais l’avocate générale le surpassait largement dans la haine et le mépris - dont elle témoigne et qu’elle inspire. Il faut dire qu’elle est payée pour ça, mais elle prend son rôle tellement à coeur qu’elle manque de s’égosiller du haut de son perchoir.
Je ne rapporterai pas tous ses propos, suintant la haine de classe, mais je signalerai juste que cette fine observatrice remarque u« ne tendance des jeunes à aggresser les gens sur la route ». C’est peut-être parce que je n’ai pas de voiture que je n’avais pas remarqué...

Venons en aux manifestants : Luis est passé en premier, et son avocat, cher mais efficace, a dû batailler ferme pour que“ Fini-de-rire” n’expédie pas le procès en s’en tenant à ce qu’il avait bien voulu lire dans le dossier : les flics ont formellement identifiés Luis leur lançant une cannette, pas la peine d’aller chercher plus loin.
Au mieux il n’avait pas vraiment examiner le dossier, au pire il a falsifié ce qui s’y trouvait : par exemple, le fait que le témoin que Luis a fait cité déclare l’avoir vu insulter les flics, alors qu’en fait il dit qu’il croyait cela avant de se rendre compte que Luis essayait de calmer les manifestant-es. L’enjuponné a aussi affirmé que Luis est le seul à déclarer qu’il portait un nez rouge (preuve qu’il était déguisé, ce qui justifie le fait qu’il portait un casque) alors que cela figure dans un des témoignages. Bien évidemment les flics parties civiles ont dit qu’ils ne se souvenaient pas du nez rouge, mais le flic témoin, qui n’a pas assisté au "débat" autour de l’artifice nasale (car au moins dans ce procès les témoins des flics n’ont pas été mis au courant de ce qui se passait dans la salle, comme lors de celui de Virginie) a soutenu Luis involontairement. D’ailleurs Versini, le tristement célèbre avocat des flics, n’a pas manqué de récupérer cette petite bourde en y voyant la preuve que contrairement à ce qu’on raconte, les versions policières ne sont pas du "copié-collé". De toute façon, ils ont tiré les leçons du procès de Virginie et se contente du minimum : « cet individu nous a lancé des cannettes ».

Le jugeur a été passablement énervé par le fait que Luis se déclare p« artisan de la paix entre les peuples ». En effet, pour ce sombre représentant de la justice républicaine et bourgeoise, comme pour sa compère avocate générale, « les forces de l’ordre font parties du peuple », et « avant de se proclamer de la paix entre les peuples, il faut reconnaître le frère dans le gardien de la paix ». Je me permets de faire remarquer qu’au contraire, les forces répressives d’État sont chargées de protéger les intérêts de la classe dominante qui opprime les peuples, ici et ailleurs. C’est parfois important de le rappeler.

Non content de menacer de condamner quelqu’un pour des faits qu’il n’a pas commis, le patron de ce comptoir d’injustice s’est pris pour un grand inquisiteur, en tentant de faire abjurer à l’accusé sa soi-disante haine de la police, et a voulu lui faire dire qu’il respectait « tous les être humains » (pourquoi pas) « spécialement les policiers » (ça va pas ?!)
Le réquisitoire était du même accabit, en plus virulant, limite insupportable même, et à la fin j’essayais de ne pas écouter pour ne pas trop m’énerver... Je me rappelle juste qu’à un moment on était d’accord : si on met en cause la version des flics, il n’y a plus moyen de juger. Ben oui, c’est con hein ! Ah ! Et on est aussi d’accord pour s’accorder le droit de trouver une décision de justice "lamentable" (elle parlait du verdict du procès en première instance, moi je parle en général) même si effectivement c’est interdit de l’exprimer.
Elle a requis du sursis et des TIG. Les deux flics ont demandé 800 € chacun. Au passage on signale la particularité de leurs certificats médicaux : 3 jours d’incapacité de travail et ... 0 jour d’arrêt de travail !
Enfin la plaidoirie de Luciani (avocat de la défense) a bien remis les choses en ordre, et prouvé que Luis n’était pas là pour aggresser les flics, mais je ne sais pas si cela sera suffisant pour empêcher une condamnation qui manifestement fait vraiment envie à "Fini-de-rire".

Le procès de Christian s’est passé un peu de la même façon, en moins tendu quand même vu l’abscence des parties civiles, représentées par un avocat moins mordant que Versini, et pas vraiment au courant du dossier apparemment (il a dit que les crs sont intervenus à st paul pour faire barrage et éviter la jonction avec les manifestant-es des Terreaux !). La pie sur son perchoir ( l’avocate générale, je connais pas son nom) a encore exposé ses conceptions de la justice : des témoignages « récoltés après coup » ne peuvent pas infirmer les PV des flics ! Effectivement cela serait plus facile d’avoir des témoignages avant, mais je suis sûr qu’elle y trouverait aussi à redire, jamais contente... Je rappelle aussi que les dépositions des flics arrivent également "après coup", et que c’est évident que les descriptifs qu’ils donnent correspondent aux personnes arrêtées (je pense même qu’on frôle l’outrage à agent d’imaginer qu’ils pourraient déclarer avoir vu un-e suspect-e avec le crâne rasé quand ils arrêtent quelqu’un-e avec les cheveux "type rasta"...).
Pour Christian seul le sursis, et éventuellement une amende ont été requis. Les flics réclament 100€ (symboliques d’après leur avocat) de dommage et intérêt.

Bref, pour conclure, on attend les verdicts le 24 novembre, et le procès de Virginie, reporté sur demande de ses avocates, fin novembre normalement.

  • Le 7 novembre 2005 à 21:24, par Eric

    comment peut-on jugé des jeunes qui defendent leur bifstek, quand on sait que des patrons eux ont le droit de te detruire irrémédiablement à coup de chomage.

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