Cette loi marque un tournant dans la politique de discrimination orale de notre gouvernement. De la parole on est passé aux actes. La discrimination est devenue ségrégation, la stigmatisation se mue en exclusion. La xénophobie est maintenant légalisée, la peur de ce qui est différent se voit légitimée et encensée. Alors, début d’une spirale infernale incessante ou goutte d’eau faisant déborder le vase ?
La compassion, voire, plus simplement encore, la compréhension vis-à-vis de ces femmes couvertes peine à franchir les barrières de clichés. Beaucoup de personnes, y compris au sein de la gauche (notamment chez certaines « féministes »), assimilent encore le voile aux quartiers, la femme islamique à la soumission, on parle de fantômes, de corbeaux, de prison, de femmes n’ayant pas choisi leur voile, de domination masculine... La liste des préjugés est encore longue. Mais elle explique en partie, étant solidement ancrée dans la société, la non-contestation de cette loi, la passive voire bienveillante neutralité à son égard. L’autre élément qui explique l’absence quasi-totale d’indignation dans notre société est que cette loi, tout simplement, ne nous concerne pas ! On a donc une loi qui non seulement vise des personnes « floues » (c’est à dire que nous les percevons par l’intermédiaire d’une visibilité biaisée, nous manquons d’information à leur sujet) mais qui en plus, d’apparence, ne semble concerner qu’elles seules (ce fait s’aggrave si l’on considère qu’il s’agit d’une extrême minorité de femmes, à savoir environ 2000 dans toute la France).
Il devient urgent, me semble-t-il, si ce n’est indispensable, de renverser cet état de fait. D’informer, pour commencer, la population sur ces femmes portant le voile intégral. Une juste compréhension, un retour à la lucidité permettrait, dans un premier temps, d’envisager plus sereinement le combat contre cette loi. Le manque criant de contestation à ce sujet me pousse à écrire ce texte. Je lance donc un appel à tous ceux qui, concernés de près ou de loin, anti-fascistes, féministes, libertaires, coco et j’en passe, souhaitent mettre en avant sur la table des revendications le droit à la liberté, à la dignité, au respect de ces femmes voilées. De faire en sorte que cette loi, une des pires ayant été mises en application ces dernières années, car ouvrant la porte à d’autres lois similaires, ne soit plus cantonnée au rayon de l’invisible, au domaine de l’irréversible.
L.Q.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info