Le samedi 26 novembre, Dora Bakoyannis et Giannis Préténdéris sont venus à Lyon afin de participer au débat « La Grèce sous tutelle européenne », au Forum organisé par le journal « Libération ».
Lors de l’allocution, un groupe d’étudiants et de travailleurs grecs de Lyon a pris la décision d’intervenir, en essayant de montrer une autre face de la réalité grecque que celle qui a été présentée par les intervenants, tout en exprimant son mécontentement au sujet de la situation actuelle du pays. Il faut noter que Monsieur Préténdéris a été présenté par le coordinateur du panel comme le « représentant du peuple ».
C’était le même coordinateur qui nous a demandé trois fois d’être brefs, tandis qu’au début de notre intervention, un agent de sécurité s’est mis du côté de l’intervenant.
Les coordinateurs du forum, inquiets du fait que leur panel puisse être dérangé et qu’une opinion différente soit entendue, nous ont démontré que le choix des invités n’était guère fortuit.
Les déclarations de Mme Bakoyanni et M. Préténdéris concernant l’extrême droite, en la caricaturant par les expressions « non sérieuse » et « rigolote », nous ont fait mauvaise impression. Il s’agit de déclarations hypocrites, car les invités ont tout d’un coup « oublié » qu’ils ont soutenu et qu’ils continuent à soutenir le parti en question, soit par leur vote de confiance au gouvernement auquel il participe, soit par des articles dans la presse. Bien sûr nous n’avons pas raté l’occasion de le leur rappeler.
Notre intervention s’ajoute à celles, réalisées à Paris, à Bruxelles et à Berlin, qui démontrent d’une manière effective que la classe des gouvernants ne nous représente pas et n’a aucune légitimité. C’est pourquoi nous nous dresserons constamment en face d’eux, en Grèce et à l’étranger.
Ni à Lyon, ni ailleurs,
Berlin, Bruxelles, Paris, Lyon... La solidarité est l’arme des peuples
Voici le texte qui a été lu :
En tant qu’étudiants et travailleurs grecs de Lyon, on voudrait exprimer notre étonnement sur le fait que Libération, un journal historiquement de gauche, aie invité ces deux personnes de parler de la situation actuelle en Grèce.
Pour nous mais aussi pour une grande partie de la société grecque, il s’agit de deux personnes qui représentent la politique qui a amené le pays dans l’impasse dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
Vu que le sens de la démocratie en Grèce se rétrécit de plus en plus et que la voix du peuple n’est plus entendue, nous intervenons aujourd’hui en exprimant notre mécontentement et notre opposition sur les événements politiques qui se déroulent en Grèce.
En ce moment un nouveau front néolibéral s’est créé dans le pays, après la formation du nouveau gouvernement de coalition entre le parties socialiste, de droite et d’extrême droite qui est soutenu par les grands médias. Les deux invités d’aujourd’hui représentent bien ce front néolibéral.D’un côté, vous avez monsieur Pretenderis, présentateur d’un journal télévisé qui se positionne systématiquement contre tout type de manifestations contestataires et qui évidemment, soutient les décisions du gouvernement du PASOK.
L’équipe du journal télévisé que M. Pretenderis co-présente, n’hésite pas à manipuler les images comme bon lui semble. Deux courts exemples :
Le 17 novembre a eu lieu une manifestation relativement calme. Or, lors du reportage couvrant cette journée, des images d’émeutes datant de l’été ont été ajoutées.
Une manipulation du même ordre avait déjà été faite lors d’un reportage sur l’assassinant d’Alexis Grigoropoulos par la police en décembre 2008.De l’autre côté, vous avez Mme Bakoyannis qui fait partie d’un système où les grandes familles politiques gouvernent la Grèce depuis très longtemps.
Aujourd’hui, en tant que leader de son propre parti politique, elle condamne les rassemblements des indignés et les considère comme « un grand problème ». Paradoxalement, à travers d’un certain populisme elle reconnaît l’injustice que le peuple subit.
Pour finir, elle et M. Pretenderis comptent parmi les premiers supporters du gouvernement de coalition, qui sous forme de coup d’Etat, a été constitué il a quelques jours.Ce gouvernement n a pas été élu par le peuple grec, il n’a donc aucune légitimité. Y siège par exemple M. Voridis, ministre des transports, qui est connu pour ces relations avec Jean-Marie Le Pen et Carl Lang. Il était président de la jeunesse du parti de l’ex-dictateur Papadoupolos, et est également connu pour ces actions fascistes violentes durant les années 80.
Notons par ailleurs, qu’aucun des députés qui a conduit la Grèce à la faillite n’a été démis de ces fonctions, ou même puni.
Pour conclure, un gouvernement dans lequel se trouvent des membres de l’extrême-droite, dirigé par un premier ministre technocrate, et mis en place pour servir les intérêts financiers et politiques des banquiers, constitue le résultat d’un système capitaliste qui bloque les valeurs démocratiques et renforce les inégalités sociales.
Pour une grande partie du peuple grec et des européens l’espoir pour sortir de la crise réside dans la solidarité et les luttes sociales.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info