L’épitaphe de Séverine : J’ai toujours travaillé pour la paix, la justice et la fraternité

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Née Caroline Rémy, écrivant sous différents noms de plume —Séverin, Séverine, Renée, Madame Rehn, Jacqueline…— du Cri du peuple à La Fronde, Séverine a été la première femme journaliste professionnelle.

Ce que je vais faire maintenant, c’est l’école buissonnière de la Révolution. J’irai de droite ou de gauche, suivant les hasards de la vie ; défendant toujours les idées qui me sont chères, mais les défendant seule, sans autre responsabilité que celle de ce qu’aura paraphé mon nom. (...) Mais mon bagage est plié dans un mouchoir rouge. Quand je voudrai que l’on sache où je suis, je casserai une branche sur la route et je le mettrai au bout... Les amis me suivront des yeux.
Séverine, le 28 août 1888

 

Texte : MLT - Dessins : OLT

 

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Née à Paris le 27 avril 1855, Caroline Rémy est mariée à 17 ans par ses parents. Elle fuit le domicile conjugal, obtient une place de lectrice en Suisse, pour être enlevée par Adrien Guébhard. Ils s’établiront à Bruxelles.
Là, Caroline rencontre Jules Vallès qui l’initie aux idées libertaires, à l’écriture et au journalisme.
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Retour à Paris en juillet 1880. Vallès relance le journal Le Cri du Peuple le 28 octobre 1883. Sous le pseudonyme Séverine, Caroline devient la première femme directrice d’un quotidien.
L’anarchiste Duval vient d’être condamné. Les marxistes de Jules Guesde l’attaquent. Séverine s’y oppose. Le 28 août 1888 elle quitte Le Cri du Peuple : Avec les pauvres toujours, malgré leurs erreurs, malgré leurs fautes, malgré leurs crimes !
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Aux États-Unis Nelly Bly a inventé le journalisme d’enquête. Embauchée comme ouvrière, Séverine infiltre une raffinerie parisienne pour mener son reportage sur « les casseuses de sucre » en grève.
A Saint-Étienne, le 3 juillet 1889, l’explosion du puits Verpilleux fait 204 morts dans la mine.
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Vêtue en mineur Séverine descendra au fond du puits. Pour aider les familles des victimes elle ouvre une souscription. La presse réactionnaire la surnommera « Notre Dame de la larme à l’œil ».
Adhérente à la ligue des droits de l’homme, elle est dreyfusarde avec Émile Zola. Le Pape Léon XIII n’approuve pas l’antisémitisme, Séverine ira l’interviewer à Rome le 3 août 1892.
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Sous différents pseudonymes Séverine collabore dans plusieurs journaux. Jacqueline pour Gil Blas, Renée pour Le Gaulois. Dans ce dernier elle rédige un article sur Séverine. Jacqueline critiquera dans Gil Blas l’article de Renée paru dans Le Gaulois. Séverine est devenue célèbre. Les rumeurs bruissent sur sa vie amoureuse. Renoir peint son portrait. Nadar la photographie.
Avec Marguerite Durand elle crée La Fronde le 9 décembre 1897. L’unique journal à être fabriqué, géré, rédigé et diffusé par des femmes.
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Le 22 janvier 1905, Séverine prononce l’éloge funèbre de Louise Michel au cimetière de Levallois.
Le 13 juin 1914, René Viviani est nommé Président du Conseil. Séverine organise la première manifestation pour le droit de vote des femmes rassemblant 2 400 personnes. Le cortège défilera des Tuileries à la statue de Condorcet.
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Militante pacifiste engagée Séverine perd ses chroniques dans plusieurs quotidiens qui la jugent anti-patriotique. Pour défendre Sacco et Vanzetti, elle fit sa dernière apparition publique au Cirque d’Hiver en 1927.
Séverine meurt à Pierrefonds le 24 avril 1929, son enterrement rassemblera une foule immense.

 

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  • Le 13 juin 2022 à 11:24, par Paul Couturiau

    Toujours heureux de lire un hommage à Séverine, mais il serait bon de corriger une petite erreur. Caroline n’a pas été lectrice « en Suisse ». Elle était lectrice à Neuilly au service de Mme Guebhard, la mère du Dr Adrien Guebhard ; en cette année 1878, Caroline était une femme mariée - séparée, certes mais mariée, la loi autorisant le divorce ayant été abolie par la Restauration en 1816 et seulement rétablie en 1884. Approuvant les sentiments de son fils pour Caroline, Mme Guebhard emmena les tourtereaux en voyage en Europe, par souci de discrétion. « Ils parcourront ensemble l’Allemagne, la Suisse, l’Italie… » En outre, même si Caroline n’était pas encore Séverine, elle n’était pas du genre à se laisser « enlever », surtout par un homme aussi réservé qu’Adrien.
    Cf. ma biographie « Séverine, l’insurgée », Éditions du Rocher, 2001.

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