Il faisait bien froid cette nuit-là. Ce SDF s’était installé dans l’un des endroits les plus fréquentés par les touristes à Lyon. Il a été retrouvé mort vendredi matin place Bellecour à quelques mètres de la grande roue censée faire rayonner la marque lyonnaise, « Only Lyon ». France info explique :
Le trentenaire se serait endormi jeudi soir accompagné d’un compagnon de rue d’origine polonaise. Afin de se protéger du froid, les deux hommes étaient sous des couvertures. Cependant, cette nuit-là, les températures étaient descendues en dessous de zéro degré dans l’agglomération lyonnaise.
Mauvais symbole quand même pour la ville censée incarner le clinquant. Mais les défenseurs du merchandising de Lyon peuvent se rassurer : c’est quand même un peu la faute du sans domicile décédé vendredi. Bien informée (par la pref a priori, toute la presse lyonnaise ayant repris les mêmes « éléments de langage »), France info explique que, en plus d’avoir pris de la méthadone et de fréquenter un Polonais, la personne « avait bu ». Sans blague, essaie de passer une nuit par -5°C dans la rue et de t’endormir sans boire.
Selon nos informations, ce sans domicile fixe avait bu dans la soirée et pris de la méthadone, généralement utilisée comme analgésique et substitut à la dépendance à certaines drogues. La justice a ordonné une autopsie pour connaître les raisons de sa mort.
Quand un SDF meurt dans les rues d’à côté, celles de Villeurbanne ou à l’hosto, ça passionne moins la presse. L’homme retrouvé vendredi, qui s’appelait Guillaume et était âgé de 35 ans, est au moins le 14e sans domicile à mourir à Lyon en 2016 [1] :
- Jean-Jacques, 53 ans, le 9 février dans le 8e ;
- Francisco, 46 ans, le 20 mars, dans le 4e ;
- Romaric, 41 ans, le 12 mai, dans le 6e ;
- Christian, 53 ans, le 6 juin ;
- Oleg, 45 ans, le 24 juin ;
- Eddy, 49 ans, 29 juin ;
- Hans, 50 ans, en juillet ;
- Georges, 44 ans, le 3 juillet ;
- Jaroslaw, 61 ans, le 13 juillet ;
- un homme, 56 ans, 16 juillet, dans le 6e ;
- Olivier, 53 ans, le 22 septembre ;
- Jacques, 38 ans, le 3 octobre ;
- Michel, 61 ans, le 5 octobre…
Au moins trois autres sans « chez soi », comme les appelle aussi le collectif « Les Morts de la rue », sont morts dans les autres villes du Rhône :
- à Villeurbanne, Antoine, 71 ans, le 14 mars, et Paul, 70 ans environ, le 15 avril ;
- à Francheville, Gabriel, 63 ans, mort le 28 avril.
Le collectif explique que l’espérance de vie des personnes sans domicile est raccourcie de 30 ans. Le froid est l’une des causes, mais la principale reste cette société fondée sur la compétition et l’exclusion, avec son corollaire de précarité, de logements aux prix exhorbitants. Et de préfets aux ordres qui expulsent toute l’année des personnes de logements ou de bâtiments inoccupés.
Pour d’obscures raisons, seules 25% des places d’hébergement d’urgence prévues pour l’hiver ont été ouvertes par le préfet jusqu’à présent, 320 sur 1200 au total. En décembre, la Fnars, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, recensait pourtant 2 000 personnes sans solution d’hébergement dans le Rhône.
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