Le verdict du gendarme Salesses qui avait exécuté le jeune Aurélien Joux dans le dos le 10 mars 2003 a été rendu le 16 juin 2005 au tribunal de Montbrison. C’est un véritable déni de justice :
18 mois de prison avec sursis.
Non inscription du « délit » au casier judiciaire. En d’autre terme le gendarme ne sera pas radié par la gendarmerie, ni donc, interdit de porter des armes.
Dans le même délibéré, le responsable d’une entreprise non conforme aux règles de sécurité s’est vu relaxé, alors qu’un accident très grave s’était produit mettant en péril la vie d’un ouvrier. Par contre, un chasseur s’est vu prononcer une interdiction de porter le fusil pendant deux ans parce qu’il avait dépassé son quota de chasse. La justice désire-t-elle protéger d’avantage les animaux que les humains ?
Exigeons une véritable justice
Pourquoi a-t-on tout fait pour entraver le déroulement de ce procès du 19 mai, et le laisser commencer à une heure si tardive (vers 20h30), et se terminer à près d’une heure du matin ? C’est véritablement indigne de le faire supporter à la famille d’Aurélien, déjà très éprouvée, et aussi pour les personnes n’étant pas de Montbrison, alors qu’un horaire avait été annoncé (15h30).
Pourquoi a-t-on tout fait pour que l’expert en balistique ne puisse pas intervenir au cours du procès ? C’était capital puisque cette expertise contrecarrait complètement les dépositions fantaisistes des gendarmes. Or l’expert n’était pas disponible après 19h, le tribunal le savait et a même refusé le report du procès qui aurait permis sa présence.
Pourquoi a-t-on refusé de faire des tests d’alcoolémie sur les gendarmes ? Alors que cela a été effectué sur le cadavre d’Aurélien Joux. (Il s’est avéré négatif.)
Pourquoi seul le gendarme qui a tiré a-t-il été mis en examen ? Son supérieur hiérarchique, qui est responsable d’une opération conduite avec une incohérence incroyable, n’est pas inculpé.
Pourquoi ce soir-là au sein de cette gendarmerie, les procédures n’ont-elles pas été effectuées dans les règles ? Le procès-verbal de garde à vue n’est ni enregistré ni signé. Les droits de la personne gardée à vue ne sont pas signifiés ; Aurélien n’a vu ni mèdecin, ni avocat.
Pourquoi ce soir-là au sein de cette gendarmerie, à Feurs, les actions ont-elles été entreprises dans la plus grande confusion et sans un minimum de réflexion ? Pourquoi emporter des fusils à pompe alors qu’Aurélien est menotté et coopératif, alors que c’est effectué en violation du décret du 20 mai 1903 ? Pourquoi s’occuper de faire enlever la camionnette en pleine nuit ? Pourquoi utiliser 12 gendarmes pour un délit mineur ?...
Pourquoi l’extrême incohérence dans les réponses du gendarme Salesses n’est-elle pas prise en compte par la justice ?
Pourquoi le gendarme Salesses avait-il complètement armé son fusil à pompe browning, alors que la situation ne l’imposait pas et que même le règlement l’interdit ? Pour tirer ce soir-là, il fallait avoir au préalable enlever la sûreté, charger le fusil en actionnant la pompe, avant de viser, en maintenant l’arme, dans la direction d’Aurélien (sinon le coup part en l’air), et d’appuyer sur la détente avec une pression de 2,7 kg, donc une pression très importante. Peut-on encore parler dans ces conditions d’homicide involontaire ?
Étant donné les conditions inommables de ce procès de Montbison, étant donné dans cette affaire la connivence évidente entre la justice et la gendarmerie pour couvrir ce meurtre de la part d’un gendarme, plusieurs interventions ont été faites auprès du pocureur général, car seul le parquet général pouvait ordonner que ce procès soit refait à nouveau, un appel de la famille ne pouvant porter qu’au civil, c’est-à-dire uniquement sur les indemnités financières.
Finalement le mardi 28 juin 2005, le Parquet général a décidé de faire appel de ce jugement. C’est pourquoi un nouveau procès peut avoir lieu le 20 avril à la cour d’appel de Lyon.
Nous restons vigilants pour qu’à l’occasion de ce procès en appel à Lyon le 20 avril à 13h30 aux "24 colonnes", la famille d’Aurélien Joux ait enfin droit à un procès équitable, tel que garantit la convention européenne des droits de l’homme.
Compléments d'info à l'article